La conjugaison des verbes français sous leur forme écrite est d’une grande complexité. Elle est une source de difficultés et de perplexité permanentes pour une grande partie des francophones, et, à plus forte raison, pour les apprenants de français comme langue étrangère. C’est ce qui explique le succès des manuels de conjugaison et le nombre important de sites internet consacrés à la conjugaison des verbes.
Si on séparait toutes les types de conjugaison possibles dans leur forme écrite, avec les différents verbes irréguliers, on obtiendrait une centaine de modèles différents, et c’est de cette manière que les formes des verbes français sont souvent présentées dans les divers manuels ou ressources en ligne.
Le grand nombre de formes verbales s’explique par le fait que la manière d’écrire le français (et les formes verbales), ce qu’on appelle communément l’« orthographe » du français, représente un état de langue vieux d’au moins 300 ans et, donc, démodé, inadapté, inefficace. Pour le grand public qui n’a pas étudié le latin (et même pour les latinistes), c’est un système arbitraire et imprévisible. On continue d’écrire des lettres qui, à une date de l’histoire du français, se prononçaient (donc elles transcrivaient un phonème, voir Guide de prononciation), mais dont, aujourd’hui, un grand nombre ne se prononcent plus. Et pourtant on coninue de les écrire.
Par exemple, la forme verbale /paʁl/
peut être écrite parle, parles, parlent. De même la forme /paʁlᴇ/
peut être écrite parlé, parlez, parlais, parlait, parlaient, parlée, parlées, parler (dans le français oral courant, les finales ai, ais, é, ée(s), er, ez, aient etc. sont généralement réalisées de la même manière sous forme d’un /ᴇ/
relativement fermé, voir ci-dessous). Dans toutes ces formes, on trouve pourtant un élément prononcé de façon identique, /paʁl/
. Dans la description du français oral, on définit cette forme comme la base du verbe parler.
Radical et base : dans la description traditionnelle (de la forme écrite) des verbes, on appelle radical (fi. vartalo) la partie du verbe à laquelle on ajoute les terminaisons :
chant-er, fini-r, attend-re, j’attend-s, nous chant-ons, il fini-t, on finir-a, vous finiss-ez, nous finiss-ions
Le verbe finir, par exemple, a trois radicaux : fini-, finiss, finir-, le verbe savoir en a cinq, très différents : sai-, sav-, sach-, saur-, su-. Souvent, le radical ne change pas beaucoup dans la conjugaison, mais parfois il faut ajouter un e au radical, une cédille (ç) ou un accent circonflexe :
mang-er, mang-es, mange-ons, commenc-iez, commençaient, finî-mes (au passé simple) etc.
Le radical des verbes manger, commencer, finir peut donc varier.
Contrairement au radical, la base est une unité phonique invariable, qui porte son sens propre, et à laquelle on ajoute des terminaisons. Comparer :
manger 1 base mɑ̃ʒ
. Exemple de formes :
mɑ̃ʒ-ᴇ
(= manger/mangé/mangez/mangeaient etc.)
mɑ̃ʒ-ʁᴇ
(= mangerai, mangerais, mangerez, mangeraient etc.)
finir base 1 : fini
. Exemple de formes :
fini-ʁa
, fini-ʁa
(= finirez, finirai, finira, finiras)
finir base 2 : finis
. Exemple de formes :
finis-ᴇ
, finis-jᴇ
, finis-sɑ̃
(finissais, finissez, finissiez, finissant)
Dans certains cas, la même forme écrite (autrement dit le même radical), peut transcrire deux bases orales différentes. Par exemple attend- peut transcrire atɑ̃
(j’attends) ou atɑ̃d
(vous attend-ez), de même répond-, romp-. Le verbe finir a deux radicaux dans la forme écrite (fini-, finiss-) et deux bases orales (fini
, finis
).
Dans la réalisation orale (parlée) du français du XXIe siècle, au lieu des 110 tableaux de conjugaisons (et des centaines de formes) décrits dans des manuels et sur des sites internet, la conjugaison des verbes courants est simple. La description des verbes par base permet de regrouper un très grand nombre de verbes traditionnellement présentés comme appartenant à des modèles de conjugaison distincts (« irréguliers ») et de montrer que la conjugaison des verbes français est nettement moins compliquée que ce que semblent indiquer les guides de conjugaison. Un modèle de conjugaison par bases contient en général moins d’une dizaine de formes au total et peut donc facilement être acquis par un apprenant de français langue étrangère.
Dans la description de la conjugaison des verbes par base, on ne classe pas les verbes par groupes (1er groupe, 2e groupe, 3e groupe) contenant des verbes réguliers et irréguliers, avec des terminaisons différentes à l’infinitif, mais par nombre de bases : verbes à 1 base, à 2 bases, à 3 bases etc. Chaque groupe de bases peut contenir des verbes classés traditionnellement dans des groupes verbaux différents. Par exemple, les verbes suivants (du 1er et du 3e groupe traditionnels) sont tous des verbes à une seule base :
jouer, essayer, apporter, cueillir, conclure, courir, rire etc.
Un très grand nombre de verbes ont deux bases. Les verbes à trois bases sont assez nombreux aussi. Les verbes qui ont plus de quatre bases deviennent moins nombreux, et le verbe qui a le plus de base (15) est le verbe être. Certains verbes ont une base principale avec seulement un cas où on utilise une base différente (finir et les verbes à base en -iss-), si bien qu’on peut les considérer comme des verbes à une base.
Le nombre réduit des formes orales du verbe dans le français moderne est aussi le résultat d’autres facteurs :
Dans le français oral courant, les finales ai, ais, é, ée(s), er, ez, aient etc. sont généralement réalisées de la même manière sous forme d’un /ᴇ/
relativement fermé (et par chance pour les finnophones, il est très proche /e/ du finnois, voir L’opposition e/ɛ en syllabe ouverte en finale dans le Guide de prononciation).
Cet /ᴇ/
final est (ou peut être) prononcé un peu ouvert par certains locuteurs ou dans certaines régions, mais cette différence n’a aucune valeur distinctive dans le français parlé. D’une façon générale, dans le français parlé de 2023, les groupes ait/ais/aient/é/ez en fin de mot sont habituellement tous prononcés /e/
et l’apprenant de français n’a pas besoin d’apprendre à produire de /ᴇ/
différents.
Dans le français parlé, on utilise moins de personnes verbales que dans le code écrit. La forme nous est quasi systématiquement remplacée par on. La forme du verbe à la personne verbale 4 est donc identique à celle de la personne 3 (on court = quelqu’un court ou nous courons) :
il court, elle court, on court ; il vient, elle vient, on vient etc.
Le résultat est que, dans le français parlé, au présent, à l’imparfait, au conditionnel et au subjonctif, la majorité des verbes n’a que deux formes (voir aussi le tableau ci-dessous) :
présent | subjonctif | imparfait | conditionnel | |
je | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁᴇ |
tu | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁᴇ |
il/elle | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁᴇ |
on | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁᴇ |
vous | ʒuᴇ | ʒujᴇ | ʒujᴇ | ʒuʁjᴇ |
ils/elles | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁᴇ |
Au présent de l’indicatif, c’est donc la même situation qu’en anglais, où le présent de l’indicatif n’a que deux formes, à la différence qu’en anglais c’est la personne 3 qui porte une marque supplémentaire (I/you/we/they speak, he/she speaks).
On peut bien sûr utiliser (bien que cela soit vraiment rare dans le français parlé) la forme du code écrit de la personne 4 (nous). Dans ce cas il suffit de se rappeler qu’elle correspond à la forme de la personne 5, mais avec la voyelle finale /õ/ (nupaʁlõ
).
En français, on peut compter au total jusqu’à 23 temps verbaux (voir la liste des temps), dont une partie est utilisée uniquement dans le code écrit. Une grande partie de ces temps sont des temps composés (fi. liittomuoto), formés d’un temps simple et du participe passé (il y a aussi des temps surcomposés). Au total, il y a tout de même dix temps simples.
Dans le français parlé, certains de ces temps simples sont inusités, notamment le passé simple (et le subjonctif imparfait). Il n’y a donc pas besoin de mémoriser ces formes verbales pour la communication orale, et même assez peu pour le français écrit courant.
Cependant, dans les textes écrits (littéraires), même en 2023, le passé simple est tout à fait banal et courant. Au niveau B1/B2, il faut donc au moins savoir reconnaitre et interpréter la valeur temporelle du passé simple (il n’est pas utile de savoir l’utiliser, à moins qu’on ne souhaite écrire des romans en français). Au niveau C1, on peut aussi connaitre l’imparfait du subjonctif et le plus-que-parfait du subjonctif, ainsi que le conditionnel passé 2e forme.
Pour conjuguer les verbes aux temps composés, on utilise comme les temps simples des verbes avoir et être, auxquels on ajoute le participe passé (comme en finnois le verbe olla + participe passé) : j’ai écouté, ils sont partis, je suis revenu, vous aviez réservé etc. On peut donc réduire la liste des temps simples en usage dans la communication orale :
1) infinitif 2) participe présent 3) participe passé
4) présent de l’indicatif (+ participe passé = passé composé)
5) imparfait (+ participe passé = plus-que-parfait)
6) futur simple (+ participe passé = futur antérieur
7) conditionnel présent (+ participe passé = conditionnel passé)
8) subjonctif présent (+ participe passé = subjonctif passé)
En tenant compte de ces facteurs, on trouve en français une grande quantité de verbes qui ont une seule base, avec laquelle on peut former les huit formes conjuguées du verbe dans le français parlé. Par exemple le verbe jouer comporte une seule base, ʒu
. Elle permet de produire 8 formes différentes, qui couvrent toutes les formes de la conjugaison des temps simples courants du français parlé :
ʒu
, ʒue
, ʒuje
, ʒue
, ʒuʁa
, ʒuʁe
, ʒuʁõ
, ʒuʁje
, ʒu
,
présent | subjonctif | imparfait | futur | conditionnel | participe | infinitif | |
je | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁᴇ | ʒuʁᴇ | présent | ʒuᴇ |
tu | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁa | ʒuʁᴇ | ʒuã | |
il/elle | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁa | ʒuʁᴇ | ||
on | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁa | ʒuʁᴇ | passé | |
vous | ʒuᴇ | ʒujᴇ | ʒuʁᴇ | ʒuʁjᴇ | ʒujᴇ | ʒuᴇ | |
ils/elles | ʒu | ʒu | ʒuᴇ | ʒuʁõ | ʒuʁᴇ |
Comme le montrent les couleurs, on constate aussi que certaines formes sont utilisées pour plusieurs temps à la fois : ʒu
à presque toutes les personnes du présent de l’indicatif et du présent du subjonctif, ou ʒue
au présent et à l’imparfait de l’indicatif, au participe passé et à l’infinitif.
Il y a plusieurs moyens de classer les verbes par base :
L’objectif est de présenter un classement des verbes par bases qui réduit le plus possible les nombre de cas à mémoriser.
Sauf indication contraire, les formes verbales données comme exemples sont données dans l’ordre suivant : présent de l’indicatif, présent du subjonctif, imparfait (indicatif), futur simple, conditionnel présent, participe présent et infinitif.
Les verbes à une seule base ont un infinitif terminé en ‑er, comme chanter ou en ‑r et ‑re, comme courir, rire. La base de ces verbes s’obtient en ôtant la terminaison de l’infinitif. Sur cette base, on ajoute les terminaisons des différents temps :
présent | subjonctif | imparfait | futur | conditionnel | participe | infinitif | |
je | lɑ̃s | lɑ̃s | lɑ̃sᴇ | lɑ̃sʁᴇ | lɑ̃sʁᴇ | présent | lɑ̃sᴇ |
tu | lɑ̃s | lɑ̃s | lɑ̃sᴇ | lɑ̃sʁa | lɑ̃sʁᴇ | lɑ̃sã | |
il/elle | lɑ̃s | lɑ̃s | lɑ̃sᴇ | lɑ̃sʁa | lɑ̃sʁᴇ | ||
on | lɑ̃s | lɑ̃s | lɑ̃sᴇ | lɑ̃sʁa | lɑ̃sʁᴇ | passé | |
vous | lɑ̃sᴇ | lɑ̃sjᴇ | lɑ̃sjᴇ | lɑ̃sʁᴇ | lɑ̃s(ɶ)ʁjᴇ | lɑ̃sᴇ | |
ils/elles | lɑ̃s | lɑ̃s | lɑ̃sᴇ | lɑ̃sʁõ | lɑ̃sʁᴇ |
présent | subjonctif | imparfait | futur | conditionnel | participe | infinitif | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
je | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒᴇ | mɑ̃ʒʁᴇ | mɑ̃ʒʁᴇ | présent | mɑ̃ʒᴇ | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
tu | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒᴇ | mɑ̃ʒʁa | mɑ̃ʒʁᴇ | mɑ̃ʒã | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
il/elle | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒᴇ | mɑ̃ʒʁa | mɑ̃ʒʁᴇ | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
on | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒᴇ | mɑ̃ʒʁa | mɑ̃ʒʁᴇ | passé | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
vous | mɑ̃ʒᴇ | mɑ̃ʒjᴇ | mɑ̃ʒjᴇ | mɑ̃ʒʁᴇ | mɑ̃ʒ(ɶ)ʁjᴇ | mɑ̃ʒᴇ | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
ils/elles | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒ | mɑ̃ʒᴇ | mɑ̃ʒʁõ | mɑ̃ʒʁᴇ |
présent | subjonctif | imparfait | futur | conditionnel | participe | infinitif | |
je | pɔʁt | pɔʁt | pɔʁtᴇ | pɔʁtʁᴇ | pɔʁtʁᴇ | présent | pɔʁtᴇ |
tu | pɔʁt | pɔʁt | pɔʁtᴇ | pɔʁtʁa | pɔʁtʁᴇ | pɔʁtã | |
il/elle | pɔʁt | pɔʁt | pɔʁtᴇ | pɔʁtʁa | pɔʁtʁᴇ | ||
on | pɔʁt | pɔʁt | pɔʁtᴇ | pɔʁtʁa | pɔʁtʁᴇ | passé | |
vous | pɔʁtᴇ | pɔʁtjᴇ | pɔʁtjᴇ | pɔʁtʁᴇ | pɔʁt(ɶ)ʁjᴇ | pɔʁtᴇ | |
ils/elles | pɔʁt | pɔʁt | pɔʁtᴇ | pɔʁtʁõ | pɔʁtʁᴇ |
présent | subjonctif | imparfait | futur | conditionnel | participe | infinitif | |
je | ʁi | ʁi | ʁiᴇ | ʁiʁᴇ | ʁiʁᴇ | présent | ʁiʁ |
tu | ʁi | ʁi | ʁiᴇ | ʁiʁa | ʁiʁᴇ | ʁiã | |
il/elle | ʁi | ʁi | ʁiᴇ | ʁiʁa | ʁiʁᴇ | ||
on | ʁi | ʁi | ʁiᴇ | ʁiʁa | ʁiʁᴇ | passé | |
vous | ʁiᴇ | ʁijᴇ | ʁijᴇ | ʁiʁᴇ | ʁiʁjᴇ | ʁi | |
ils/elles | ʁi | ʁi | ʁiᴇ | ʁiʁõ | ʁiʁᴇ |
présent | subjonctif | imparfait | futur | conditionnel | participe | infinitif | |
je | akœj | akœj | akœjᴇ | akœjʁᴇ | akœjʁᴇ | présent | akœjiʁ |
tu | akœj | akœj | akœjᴇ | akœjʁa | akœjʁᴇ | akœjã | |
il/elle | akœj | akœj | akœjᴇ | akœjʁa | akœjʁᴇ | ||
on | akœj | akœj | akœjᴇ | akœjʁa | akœjʁᴇ | passé | |
vous | akœjᴇ | akœjjᴇ | akœjjᴇ | akœjʁᴇ | akœj(ɶ)ʁjᴇ | akœji | |
ils/elles | akœj | akœj | akœjᴇ | akœjʁõ | akœjʁᴇ |
Les formes avec un double /jj/ sont couramment prononcées avec un /j/ simple (vous accueilliez /akœjᴇ/)
Dans le cas des verbes terminés par ‑ger (manger, changer), on ajoute dans la graphie un e devant les terminaisons commençant par a ou o : nous changeons, je mangeais. Dans le cas des verbes en ‑cer (commencer, lancer), on ajoute une cédille au c devant les terminaisons commençant par a ou o : nous lançons, ils commençaient. La base orale de ces verbes reste inchangée.
Il faut noter aussi que la personne 5 du conditionnel des verbes en -er dont la partie finale est formée de la suite orale [voyelle]+consonne+er (porter, manger etc.) ont une forme de conditionnel avec un /ɶ/
supplémentaire avant la terminaison, mais cela dépend des habitudes des locuteurs (on peut prononcer /mɑ̃ʒɶʁjᴇ/
ou /mɑ̃ʒʁjᴇ/
.
La base 1 de ces verbes est la forme qu’on utilise majoritairement à presque toutes les personnes et tous les temps simples du verbe. Elle s’obtient généralement en ôtant la terminaison de l’infinitif (er, ir, r, re), mais dans le cas de certains verbes, elle peut être différente de la forme de l’infinitif. Sur cette base, on ajoute les terminaisons des différents temps :
verbes en ‑eter, ‑eler : acheter, jeter, appeler
base 1 : achèt-, jett-, appell-
base 2 : achet-, jet-, appel-; la base 2 est utilisée à la personne 5 du présent, ainsi qu’à toutes les personnes de l’imparfait.
présent | subjonctif | imparfait | futur | conditionnel | participe | infinitif | |
je | aʃɛt | aʃɛt | aʃtᴇ | aʃɛtʁᴇ | aʃɛtʁᴇ | présent | aʃte |
tu | aʃɛt | aʃɛt | aʃtᴇ | aʃɛtʁa | aʃɛtʁᴇ | aʃtã | |
il/elle | aʃɛt | aʃɛt | aʃtᴇ | aʃɛtʁa | aʃɛtʁᴇ | ||
on | aʃɛt | aʃɛt | aʃtᴇ | aʃɛtʁa | aʃɛtʁᴇ | passé | |
vous | aʃtᴇ | aʃtjᴇ | aʃtjᴇ | aʃɛtʁᴇ | aʃɛt(ɶ)ʁjᴇ | aʃte | |
ils/elles | aʃɛt | aʃɛt | aʃtᴇ | aʃɛtʁõ | aʃɛtʁᴇ |
verbes en ‑ayer, ‑oyer, ‑uyer : payer, nettoyer, appuyer
base 1 : pay-, nettoy-, appuy-
base 2 : pai-, nettoi-, appui-; la base 2 est utilisée aux personnes 1, 2, 3 et 6 du présent (dans le cas des verbes en ‑ayer, on utilise aussi couramment la base 1 à ces personnes).
présent | subjonctif | imparfait | futur | conditionnel | participe | infinitif | |
je | esɥi | esɥi | esɥijᴇ | esɥiʁᴇ | esɥiʁᴇ | présent | esɥije |
tu | esɥi | esɥi | esɥijᴇ | esɥiʁa | esɥiʁᴇ | esɥijã | |
il/elle | esɥi | esɥi | esɥijᴇ | esɥiʁa | esɥiʁᴇ | ||
on | esɥi | esɥi | esɥijᴇ | esɥiʁa | esɥiʁᴇ | passé | |
vous | esɥijᴇ | esɥi(j)jᴇ | esɥi(j)jᴇ | esɥiʁᴇ | esɥiʁjᴇ | esɥije | |
ils/elles | esɥi | esɥi | esɥijᴇ | esɥiʁõ | esɥijᴇ |
verbes en ‑eter, ‑eler : acheter, jeter, appeler
base 1 : achèt-, jett-, appell-
base 2 : achet-, jet-, appel-; la base 2 est utilisée à la personne 5 du présent, ainsi qu’à toutes les personnes de l’imparfait.
verbes en ‑ir : finir, choisir. La base 1 de ces verbes est une formes en ‑iss‑
base 1 : finiss-, choisiss-, utilisée à presque toutes les formes
base 2 : fini-, choisi-. La base 2 est utilisé aux personnes 1, 2, 3 du présent de l’indicatif et de l’impératif.
Verbes en ‑re et autres verbes en ‑ir. La base 2 « courte » de ces verbes est utilisée seulement aux personnes 1, 2, 3 du présent de l’indicatif et de l’impératif :
attendre, répondre, interrompre, battre, mettre, croire, voir, traduire, rejoindre, connaitre, suivre, écrire, lire, plaire, suffire, dormir, servir, sortir, partir :
Verbes en ‑re et autres verbes en ‑ir. La base 2 « courte » de ces verbes est utilisée seulement aux personnes 1, 2, 3 du présent de l’indicatif et de l’impératif :
base 1 : attend-, répond-, interromp-, batt-, mett-, croy-, voy-, traduis-, rejoign-, connaiss-, suiv-, écriv-, lis-, plais-, suffis-, dorm-, serv-, sort-, part-
base 2 : attend-, répond, interromp-, bat-, met- (toutes avec d/p/t final non prononcé), croi-, voi-, tradui-, rejoin-, connai-, sui-, écri-, li-, plai-, suffi-, dor-, ser-, sor-, par
Certains verbes ont trois ou quatre bases, ou même plus. La distribution des bases est visible généralement dans la conjugaison du présent. Une des ces formes sert aussi de base à l’imparfait, et peut être considérée comme la base principale. Quand le nombre de bases devient important ou que leur distribution n’est pas partagée, il est sans doute pédagogiquement plus économique de s’approprier les conjugaisons une par une.
Rem. Des tableaux de conjugaison comparatifs seront ajoutés prochainement. En attendant, les liens renvoient vers Grammaire actuelle et contextualisée du français en ligne. Dans celle-ci, on mentionne la personne 4 nous), mais on peut toujours la remplacer par la personne 3, comme expliqué ci-dessus.
recevoir, devoir : recev-/dev- (base principale), reçoi-/doi-, reçoiv-/doiv-
boire : buv- (base principale), boi-, boiv-
tenir/venir : ten/ven- (base principale), tien-/vien-, tienn-/vienn-
prendre : pren- (base principale), prend-, prenn-
dire : dis- (base principale), di-, dit (verbe à deux bases avec une personne 5 exceptionnelle au présent)
savoir : sav- (base principale), sai-, sach- (subjonctif)
vouloir : voul- (base principale), veu-, veul-, veuill-
pouvoir : pouv- (base principale), peu-, peuv-, puiss- (subjonctif)
faire : fais- (base principale), fait-, fon-, fass- (subjonctif)
Le verbe aller a cinq bases : all- (base principale), vai-, va-, von-, aill- (subjonctif)
Les verbes avoir et être ont des bases multiples :
avoir : av- (base principale), ai-, a-, a, on-, ai-, ay-
être : sui, somme-, êt-, son-, ét-, soy- (subjonctif)
40. La conjugaison des verbes - français parlé. Mise à jour 26.2.2024