Grammaire du français
pour finnophones
Gammaire contextualisée

41. La conjugaison
des verbes
Description
traditionnelle

1. Une longue tradition

2. Les groupes de verbes

3. Voix, modes et temps

4. Les terminaisons

5. Les radicaux des verbes

6. Verbes défectifs et impersonnels

7. Temps composés et surcomposés

8. Formes et emploi des auxiliaires

  Index alphabétique

1. Une longue tradition

Cette section décrit la conjugaison des verbes comme elle est présentée et enseignée, encore en 2023, dans l’enseignement scolaire francophone et dans les manuels de français langue étrangère. La conjugaison des verbes français sous leur forme écrite est d’une grande complexité, et source de difficultés pour une grande partie des francophones, et, encore plus, évidemment, pour les apprenants de français comme langue étrangère. C’est ce qui explique le succès des manuels de conjugaison comme le fameux Bescherelle - La conjugaison pour tous: pour conjuguer les verbes français sans faute, un des ouvrages les plus vendus en France en 2023 également (voir par exemple Amazon.fr), et le grand nombre de sites Internet consacrés à la conjugaison des verbes. Si on séparait toutes les types de conjugaison possibles dans leur forme écrite, avec les différents verbes irréguliers, on obtiendrait une centaine de modèles différents, et c’est de cette manière que les formes des verbes français sont souvent présentées dans les divers manuels ou ressources en ligne.

Le grand nombre de formes verbales s’explique par le fait que la manière d’écrire le français (et les formes verbales), ce qu’on appelle communément l’« orthographe » du français, représente un état de langue vieux d’au moins 300 ans et, donc, démodé, inadapté, inefficace. Pour le grand public qui n’a pas étudié le latin (et même pour les latinistes), c’est un système arbitraire et imprévisible. On continue d’écrire des lettres qui, à une date de l’histoire du français, se prononçaient (donc elles transcrivaient un phonème, voir Guide de prononciation), mais dont, aujourd’hui, un grand nombre ne se prononcent plus. Et pourtant on coninue de les écrire. Certains usagers de la langue trouvent un plaisir à cultiver les formes anciennes et connaitre toutes les formes.

✍ Il est évidemment utile de connaitre la terminologie utilisée dans les descriptions traditionnelles, qui sont majoritaires dans l’enseignement francophone (et dans les manuels pour apprenants étrangers) et qui correspondent à la manière dont les francophones se représentent en général la conjugaison des verbes. Mais pour apprendre à conjuguer, c’est-à-dire comprendre et produire les formes des verbes plus rapidement, pour communiquer plus efficacement et avec moins d’effort, il peut être utile d’apprendre la conjugaison telle qu’on l’utilise dans le français parlé.

Rappel : dans la terminologie traditionnelle (encore nettement majoritaire dans les manuels et sur les sites de grammaire en ligne), on utilise le terme de radical pour désigner la forme de base du verbe à laquelle on rattache les terminaisons aux différents temps et personnes du verbe, et on a conservé ce terme dans la présente description traditionnelle. Dans la description du système verbal du français parlé des années 2020, il est plus précis d’utiliser le terme de base verbale.

2. Les groupes de verbes

2.2. Trois groupes verbaux traditionnels

On distingue habituellement dans la tradition grammaticale du français écrit trois groupes de verbes, classés en fonction de leur terminaison à l’infinitif :

La pratique scolaire finlandaise de séparer les verbes français en deux groupes (réguliers et irréguliers) n’est pas idéale : il y a des verbes réguliers et des verbes irréguliers dans tous les groupes. Le 2e groupe est celui où il y a le moins d’exceptions. Inversement, même dans le 3e groupe, il y a des verbes parfaitement réguliers.

La plus grande partie des verbes français sont des verbes du 1er groupe. Les verbes nouveaux (néologismes) sont pratiquement exclusivement du 1er groupe. Malgré sa simplicité apparentFe, le 1er groupe contient de nombreuses exceptions (voir tableaux de conjugaison).

Le 2e groupe comporte d’une part d’anciens verbes d’origine germanique (haïr, bâtir), d’autre part surtout des verbes dérivés d’adjectifs (grossir, rougir). C’est aussi une classe fermée : les quelques rares néologismes sont amerrir laskeutua merelle, alunir laskeutua kuuhun, et il n’y en pas eu d’autres.

Dans le 3e groupe, on trouve plusieurs modèles de conjugaisons tout à fait réguliers. De même, les terminaisons sont régulières et les radicaux des verbes réguliers sont faciles à retrouver. Les verbes irréguliers posent des difficultés justement parce qu’ils peuvent avoir plusieurs radicaux.

Le 3e groupe est « fermé  » : ce ne sont que des verbes dont la conjugaison, souvent complexe, est le résultat d’une longue évolution historique. On ne peut pas produire de nouveaux verbes du 3e groupe ; au contraire, certains sont devenus trop rares ou trop compliqués par rapport aux modèles de conjugaison normaux pour pouvoir survivre, et ont tendance à être remplacés par des verbes refaits sur le modèle du 1er groupe (par exemple résoudresolutionner).

2.2. Alternative : sept modèles réguliers

Au lieu de distinguer seulement trois grands groupes contenant au total plus cent modèles de conjugaison réguliers ou irréguliers, il serait plus simple de distinguer sept groupes de conjugaison pratiquement toujours réguliers (avec des cas particuliers dans les verbes en -er). Dans le 3e groupe, on peut identifier 5 modèles de conjugaison réguliers et dans ce cas, le nombre de verbes irréguliers véritablement productifs et importants à connaitre se limite à une vingtaine de verbes.

Modèles de conjugaison des verbes français
réguliersirréguliers
-er-ir-irconsre -aindre
-eindre
-oindre
-aitre-uire-oir
voyellere
-autres consre- autres -ir
marcherfinirsortirattendrecraindreparaitretraduirevoir, taire, prendre, tenir

Voir le détail dans les tableaux de conjugaison.

2.3. Les personnes verbales

Pour désigner les personnes verbales, on utilise ici les termes devenus habituels dans les descriptions linguistiques récentes (par exemple personne 4 au lieu de 1e personne du singulier) :

terme utilisé désignant terme traditionnel
personne 1 je 1e personne du singulier
personne 2 tu 2e personne du singulier
personne 3 il, elle, on 3e personne du singulier
personne 4 nous, on 1e personne du pluriel 
personne 5 vous 2e personne du pluriel 
personne 6 ils, elles, eux 3e personne du pluriel 

En effet, au pluriel, nous n’est pas à proprement parler le pluriel de je : deux, ou trois, ou quatre fois « je  », mais « je  » + un certain nombre d’autres actants (par exemple 1, 4, 10 ou 230 etc.). Il en va de même pour vous, qui n’est pas un tu « multiplié  ». Inversement, le pronom ils/elles renvoie à des personnes dans lesquelles ne se trouve pas forcément un il ou elle singulier mentionné antérieurement.

3. Voix, modes et temps

3.1. Des étiquettes…

On distingue dans la terminologie grammaticale française :

– deux voix (pääluokka) : la voix active et la voix passive, qu’on désigne aussi en abrégé par « l’actif  » et « le passif  » ;

– cinq modes (tapaluokka, modus): l’indicatif, le subjonctif, l’impératif, l’infinitif et le participe. Certaines grammaires présentent encore le conditionnel comme un mode à part ; en réalité, il faut le considérer comme un des temps de l’indicatif, voir GMF p. 556.

À cela s’ajoute un nombre variable de temps (qui varie selon les modes : douze à l’indicatif, quatre au subjonctif etc.). Les noms finnois des formes et des temps présentés dans ce tableau ne sont pas tous ceux qu’on trouve dans les grammaires françaises conçues en Finlande. Dans la terminologie grammaticale finlandaise des études de français, il n’existe pas de terme pour le conditionnel passé 2e forme.

3.2. … illogiques

Mélange de mots latins et de formations récentes, les termes utilisés en français ont aussi des équivalents en finnois, mais ils ne se répartissent pas tout à fait de la même manière. Comparaison finnois-français :

(indikatiivi)preesensimperfektiperfektipluskvamperfekti
indicatifprésentimparfaitpassé composéplus-que-parfait
subjonctifprésentimparfaitpasséplus-que-parfait

À l’intérieur du français, il y a aussi des disparités, puisqu’on utilise tantôt l’adjectif passé, tantôt l’adjectif antérieur :

conditionnel présentconditionnel passéchanterais - aurais chanté
subjonctif présentsubjonctif passéchante - aie chanté
passé simplepassé antérieurchantai - eus chanté
futur simplefutur antérieurchanterai - aurai chanté

Le passé composé n’est donc pas la forme composée du passé simple, comme on pourrait le penser logiquement, puisque celle-ci s’appelle « passé antérieur  ». De même, la forme composée du futur simple n’est pas le futur composé, mais le futur antérieur. Les franco­phones eux-mêmes ont du mal à s’y retrouver.

Voix, modes et temps
ModeTempsFormationexemple






I
n
d
i
c
a
t
i
f
présent preesensen général radical de l’infinitif + terminaisonsobéir :
obéi-s
obéiss-ons
imparfait imperfektiradical de la personne 4 du présent de l’indicatif + terminaisons de l’imparfaitobéiss -ais
plus-que-parfait
pluskvamperfekti
imparfait de l’auxiliaire + participe passéavais obéi
passé simple
yksinkertainen perfekti
radical vocalique propre (1 : -a-, 2 : -i-, 3 –i-, -u-, -in-) + terminaisonsobéi-s
passé composé
1. liittoperfekti
présent de l’indicatif de l’auxiliaire + participe passéai obéi
passé antérieur
2. liittoperfekti
passé simple de l’auxiliaire + participe passéeus obéi
passé surcomposé
3. liittoperfekti
passé composé de l’auxiliaire + participe passéai eu obéi
futur (simple) futuuriinfinitif + terminaisons du futurobéir-ai
futur antérieur
futuurin perfekti
futur de l’auxiliaire + participe passéaurai obéi
conditionnel présent
konditionaalin preesens
infinitif + terminaisons de l’imparfaitobéir-ais
conditionnel passé 1e f.
konditionaalin 1. perfekti
conditionnel présent de l’auxiliaire+ participe passéaurais obéi
conditionnel passé 2e f.
konditionaalin 2. perfekti
imparfait du subjonctif de l’auxiliaire + participe passéeusse obéi
S
u
b
j
o
n
c
t
i
f
présent preesensradical de la personne 3 du présent de l’indicatif + terminaisons du subjonctifobéiss-e
imparfait imperfektiradical vocalique du passé simple + terminaisons en -ss-obéi-ss-e
passé perfektisubjonctif présent de l’auxiliaire + participe passéaie obéi
plus-que-parfait
pluskvamperfekti
imparfait du subjonctif de l’auxiliaire + participe passéeusse obéi
Im

ra
tif
présent preesensen général identique à l’indicatif présentobéis !
passé perfektiimpératif de l’auxiliaire + participe passéaie terminé !
P
a
r
ti
ci
p
e
présent preesensradical de la 1e personne du présent de l’indicatif +ant (avec exceptions)obéiss-ant
passé perfektiradical vocalique, variableobéi
forme composée
liittoperfekti
participe présent + participe passéayant obéi
In
fi
ni
tif
présent preesensradical du verbeobéir
passé perfektiinfinitif présent + participe passéavoir obéi

4. Les terminaisons

4.1. Terminaisons vocaliques et terminaisons consonantiques

Dans le 1er groupe, les terminaisons des verbes sont vocaliques (elles commencent par une voyelle). Dans le 2e et le 3e groupe, les terminaisons sont normalement consonantiques (un s ou un t) au singulier à certains temps (notamment présent de l’indicatif, impératif, passé simple), et vocaliques en général au pluriel. Dans certains verbes irréguliers du 3e groupe, on trouve aussi des terminaisons vocaliques au singulier du présent de présent l’indicatif, ce qui constitue d’ailleurs un des caractéristiques d’irrégularité de ces verbes.

Les tableaux ci-dessous présentent les terminaisons des temps simples. Les temps composés se forment avec les auxiliaires correspondants (voir ci-dessous).

Terminaisons des verbes à l’indicatif 
Indicatif
présentimparfaitfuturconditionnelpassé simple
groupe12 31 2  31 2  31 2  3123
 Personnei +i, u, in+
1
2
3
-e
-es
-e
-s
-s
-t (-)
-ais
-ais
-ait
-ai
-as
-a
-ais
-ais
-ait
-ai
-as
-a
-s
-s
-t
4
5
6
-ons
-ez
-ent
-ions
-iez
-aient
-ons
-ez
-ont
-ions
-iez
-aient
-âmes
-âtes
-èrent
-^mes
-^tes
-rent
Terminaisons des verbes aux autres modes
SubjonctifImpératifParticipe
présentimparfaitprésentprésentpassé
groupe1 2 312312  3123
 personne-a- +-i- +-i/u/in- +-ant-i-i -u -s -t 
1
2
3
-e
-es
-e
-sse
-sses
-^t
-ssions
-ssiez
-ssent
-e-s

-ons
-ez
4
5
6
-ions
-iez
-ent
4.2. Terminaisons à surveiller
4.2.1. Impératif singulier des verbes du 1er groupe

Au singulier de l’impératif, la terminaison des verbes du premier groupe est sans s. C’est également le cas de l’impératif d’aller (verbe irrégulier du 1er groupe) et d’avoir :

Mange ! Arrête de chanter ! Aie de la patience ! Va chercher le journal !

Cependant, quand l’impératif est suivi du pronom en ou y, on ajoute un s à la forme verbale, ce qui permet de faire la liaison :

penses-y, manges-en, vas-y etc. Prends suffisamment d’argent, et aies-en toujours sur toi pendant le voyage.

Cette particularité pose des problèmes aux franco­phones eux-mêmes, qui ont bien des hésitations à ce sujet, notamment dans le cas du verbe aller, dont l’impératif va est fréquemment écrit de façon erronée vas (sous l’influence de la forme vas-y et tu vas). 

On a ainsi lu un jour le graffiti suivant : Va te faire voir ! en-dessous duquel un orthographiste amateur avait corrigé C’est « Vas te faire voir,! tu connais pas l’orthographe !  » Outre le fait que c’est le donneur de leçons qui avait tort, il est remarquable que cette leçon de mauvaise orthographe se déroulait sur le mur d’un W.-C. finlandais (elle était vraisemblablement le fait de deux étudiants Erasmus).

4.2.2. Passé simple et imparfait du subjonctif

Le passé simple et l’imparfait du subjonctif sont formés sur le même radical et dans les deux il y a un accent circonflexe à certaines personnes. Mais ce n’est pas aux mêmes personnes : au passé simple, l’accent est sur la forme des personnes 4 et 5 ; à l’imparfait du subjonctif, l’accent est sur la forme de la personne 3. Cette bizarrerie est source constante d’erreurs, même et surtout chez les franco­phones, qui, par hypercorrectisme ou par simple ignorance, ont souvent tendance à mettre un accent circonflexe à la personne 3 du passé simple. L’apprenant FLE peut trouver des centaines de milliers d’occurrences de ces formes erronées sur Internet. Il y a pourtant une explication rationnelle : le paradigme de l’imparfait du subjonctif repose sur un radical en s. Le circonflexe de la personne 3 signale la présence de cet ancien s qui s’est amuï (eust > eût). Le passé simple a un radical vocalique, il ne peut donc pas y avoir eu d’s devant le t final de la personne 3, et il n’y a donc pas de circonflexe.

L’accent circonflexe au passé simple et à l’imparfait du subjonctif
passé simpleimparfait du subjonctif
Accent circonflexe aux personnes 4 et 5Accent circonflexe à la personne 3
il eut
nous eûmes
vous eûtes
qu’il eût
que nous eussions
que vous eussiez
il parla
nous parlâmes
vous parlâtes
qu’il parlât
que nous parlassions
que vous parlassiez
il prit
nous prîmes
vous prîtes
qu’il prît
que nous prissions
que vous prissiez

5. Les radicaux des verbes

Rappel : dans la terminologie traditionnelle (encore nettement majoritaire dans les manuels et sur les sites de grammaire en ligne), on utilise le terme de « radical » pour désigner la forme de base du verbe à laquelle on rattache les terminaisons aux différents temps et personnes du verbe, et on a conservé ce terme dans la présente description traditionnelle. Dans la description du système verbal du français parlé de 2023, il peut être plus simple et plus efficace d’utiliser le terme de base.

5.1. Verbes réguliers

Pour obtenir les formes des verbes réguliers, il suffit de connaitre deux radicaux (perusmuoto, vartalomuoto), celle de l’indicatif présent et celle du passé simple. Toutes les autres formes peuvent se déduire de ces radicaux. Et avec les formes correspondantes d’avoir et d’être, on peut former tous les temps composés. Comment déduire le radical ?

  1. en ajoutant des terminaisons directement à la forme de l’infinitif, on peut former le futur et le conditionnel : chanterchanter ai(s) ; dormirdormirai(s) etc. (si l’infinitif se termine par e, cet e tombe) ;
  2. en ôtant la terminaison de l’infinitif, on obtient en général le radical sur lequel former le présent : chant-erchant- ; dorm-irdorm- ; batt-rebatt- etc. ; à partir de ce radical, on peut former l’impératif, l’imparfait de l’indicatif, le subjonctif présent ;
  3. dans le cas des verbes réguliers, le radical du passé simple se déduit de celle du présent, puisqu’il est formé en ajoutant une voyelle au radical du présent : chanterchant- → chant-a- ; fin-irfin- → fin-i- ; dormirdorm- →dorm-i- etc. En général, le participe passé se forme sur le même radical que le passé simple.

Le tableau suivant présente un résumé du principe général de fonctionnement. Les exceptions sont assez nombreuses et ne sont pas présentées (notamment les verbes du deuxième groupe).

Comment trouver le radical du verbe
infinitif+ terminaison ai, ais etc.futur
conditionnel
terminer-a
bâtir-ais
dormir-ez
battr-ont
infinitif− terminaison de l’infinitifprésent de l’indicatif
impératif
imparfait indicatif
subjonctif présent
termin-
dorm-
batt-
radical du présent+ voyelle a i u inpassé simpletermin-a-
dorm-i-
batt-i-
5.2. Le singulier du présent de l’indicatif ou SPI
5.2.1. Une irrégularité régulière

Dans un grand nombre de cas, des conjugaisons qui semblent irrégulières (comme dormir, battre etc.) n’ont d’irrégulier que les formes du singulier du présent de l’indicatif (et de l’impératif, voir ci-dessous NB.), abrégé dans cette grammaire en SPI. Pour des raisons dues à l’évolution phonétique de la langue, ces formes sont plus « courtes  » ; toutes les autres formes dérivées du radical du présent conservent le même radical (voir tableau ci-dessous) :

dormir : radical dorm- à toutes les formes,
sauf SPI : je dors, tu dors, il dort, radical dor- ;

battre : radical batt- à toutes les formes,
sauf SPI : je bats, tu bats, il bat, radical bat-

déduire : radical déduis- à toutes les formes,
sauf SPi : je déduis, tu déduis, il déduit, radical dédui- etc.

Il suffit donc de faire abstraction du SPI dans un certain nombre de conjugaisons, ce qui permet de réduire considérablement le nombre des formes irrégulières.

Remarque : les formes courtes particulières du présent de l’indicatif se retrouvent aussi au présent de l’impératif (sauf très rares exceptions). Le terme SPI désigne donc également le singulier du présent de l’impératif.

5.2.2. Verbes du 3e groupe réguliers

Si on prend en compte l’exception du SPI, un grand nombre de verbes réputés irréguliers du 3e groupe redeviennent parfaitement réguliers :

radicaux des verbes du 3e groupe
terminaisonsexemplesconjugaison
-cons. +re rompre
entendre
rompre
Les terminaisons s’ajoutent au radical. de l’infinitif. Dans le cas des verbes avec radical en -d, on n’ajoute pas de t à la personne 3.
je romps, il rompt
je perds, il perd
j’entends, il entend
nous rompons, ils rompent
nous perdons, ils perdent
nous entendons, ils entendent

SINGULIER
(SPI, forme exceptionnelle)
PLURIEL
(radical en rouge)
-ir


dormir
sentir
servir
chute de la cons. finale
du radical de l’infinitif :
radical principal
je dors, il dort
je sens, il sent
je sers, il sert
nous dormons, ils dorment
nous sentons, ils sentent
nous servons, ils servent

-aindre
-eindre
-oindre
craindre
peindre
rejoindre
Le d de l’infinitif tombe
voyelle + gn-
je crains, il craint
je peins, il peint
je rejoins, il rejoint
nous craignons, ils craignent
nous peignons, ils peignent
nous rejoignons, ils rejoignent
-aitre*
connaitre*
paraitre*
radical vocalique -ai
-aiss-
je connais, il connait*
je parais, il parait*
nous connaissons, ils connaissent
nous paraissons, ils paraissent
-uire
conduire
produire
radical vocalique -ui
-uis-
je conduis, il conduit
je produis, il produit
nous conduisons, ils conduisent
nous produisons, ils produisent

*Graphies non rectifiées avec î : connaître, paraître, il connaît, il paraît. Les formes « irrégulières  » (en brun) sont assez peu nombreuses. Les verbes vraiment irréguliers du 3e groupe sont présentés à part.

5.2.3. Verbes irréguliers

Le plus souvent, le radical des verbes irréguliers varie au sein d’un même temps, certains verbes peuvent même avoir trois radicaux au sein d’un même temps verbal, par exemple venir ou pouvoir au présent de l’indicatif :

vien-, ven-, vienn- ; vin-
peu-, pouv-, peuv- ; pui-, puiss-, pu- etc.

5.3. radicaux au présent/imparfait/impératif/participe présent

Les temps du présent et de l’imparfait de l’indicatif, de l’impératif et du participe présent des verbes réguliers sont formés sur le même radical.

5.3.1. Indicatif présent

a.  1er groupe : pour obtenir le radical, on ôte la terminaison -er de l’infinitif :

chant-er, jou-er, cri-er, répar-er etc.

Le radical des verbes terminés par les lettres suivantes subit des variations phonétiques importantes: 

-cer, -ger, -oyer, -uyer, -ayer, -eler, -eter
et les autres verbes en e-consonne-er ou é-consonne-er :
-emer, -éder etc.

b.  2e groupe : la conjugaison est régulière ; le radical du verbe est -iss- partout, sauf au singulier de l’indicatif présent et de l’impératif :

fin-ir : je fin-i-s, il fin-i-t, nous fin-iss-ons, ils fin-iss-ent
roug-ir : je roug-i-s, il roug-i-t, nous roug-iss-ons, ils roug-iss-ent

c.  3e groupe : il y a beaucoup d’irrégularités, le radical peut être différent de celle de l’infinitif et le verbe peut avoir plusieurs radicaux à l’intérieur d’un même temps. Dans certains cas (limités), même les terminaisons sont irrégulières (être, faire, dire etc.). La plus grande partie des verbes obéit toutefois à un schéma régulier. Dans cette conjugaison, très souvent, seul le singulier de l’indicatif présent (SPI) et de l’impératif forme une exception : le plus souvent, il s’agit de formes « courtes  » par rapport au radical normal (je dor-s, je connai-s, je condui-s). Dans les autres cas, on utilise toujours les formes normales longues (tableau).

5.3.2. Subjonctif présent

Le radical s’obtient à partir de la personne 6 du présent de l’indicatif :

ils fabriquent → que je fabrique
ils choisissent → que je choisisse
ils servent → que je serve
ils conduisent → que je conduise

Les verbes du premier groupe avec alternance de la voyelle du radical présentent la même alternance au subjonctif : 

je jette → que je jette
nous jetons → que nous jetions
j’appelle → que j’appelle
nous appelons → que nous appelions.

Certains verbes du 3e groupe ont deux radicaux :

que je boive/ que nous buvions
que j’aperçoive/ que nous apercevions.

Remarque :  dans la conjugaison de pratiquement tous les verbes, réguliers et irréguliers, les personnes 4 et 5 du subjonctif présent sont identiques aux personnes 4 et 5 de l’imparfait de l’indicatif. Les seules exceptions sont être, avoir, faire, pouvoir, savoir.

5.3.3. Impératif présent

Il est identique à l’indicatif présent, sauf pour les verbes du 1er groupe, où la personne 2 n’a pas d’s (de même le verbe aller) ; être et avoir ont un impératif irrégulier.

chanter : tu chantes → chante !
aller : tu vas → va ! (voir Terminaisons à surveiller)
obéir : tu obéis → obéis     
comprendre : tu comprends → comprends !
avoir : tu as du courage → aie du courage !
être : tu es gentil → sois gentil !

À l’impératif forme affirmative, devant les pronoms en et y en position postposée, on ajoute un s de liaison : Vas-y !, Manges-en !.

5.3.4. Imparfait de l’indicatif et participe présent

L’imparfait est régulier pour pratiquement tous les verbes. Le radical est celui de la personne 4 du présent de l’indicatif, sauf pour être. C’est aussi le radical du participe présent :

nous chant-ons → je chantais, chant-ant
nous mangeons → je mangeais, mangeant
nous finissons → tu finissais, finissant
nous pouvons → je pouvais, pouvant
nous faisons → il faisait, faisant etc.

Les seules exceptions sont les formes correspondantes des verbes être, avoir et savoir :

nous sommes → j’étais, étant
avoir : nous avons → j’avais, ayant
savoir : nous savons → je savais, sachant.

5.4. Futur et conditionnel

Dans les trois groupes, le radical du futur et du conditionnel est celle de l’infinitif, auquel on ajoute les terminaisons ; dans le cas des verbes en -re, on enlève l’e :

chanter → je chanterai, je chanterais
finir → je finirai, je finirais
servir → je servirai, je servirais
craindre → je craindrai, je craindrais
prendre → prendrai.

Certains verbes du 3e groupe ont un radical irrégulier. À noter aussi qu’à cause de la chute d’e muet, dans les verbes en -rer, on obtient au futur et au conditionnel un véritable r géminé :

préparer → il préparera /pʁepaʁːa/, respirer → il respirera /ʁᴇspiʁːa/
démarrer → il démarrera /demaʁːa/, entourer → il entourera /ɑ̃tuʁːa/.

De même, il y a trois verbes (courir, mourir, et les composés de quérir) du 3e groupe dans lesquels le graphème rr se lit comme r géminé au futur et au conditionnel (voir Guide de prononciation) :

mourir → nous mourrons /numuʁːõ/, courir → tu courras /tykuʁːa/
acquérir → ils acquerront /ilzakɛʁːõ/, requérir → je requerrai /ʒɶʁɶkɛʁːe/.

Mais dans les autres formes verbales, le graphème rr transcrit un /ʁ/ simple :

ils verront (voir), ils pourront (pouvoir), enverrons (envoyer, 1er groupe) etc.

Exceptions

Les exceptions par groupe de verbe sont les suivantes :

  1. les seules exceptions sont envoyer, qui a un radical enverr- : futur : j’enverrai, tu enverras, nous enverrons ; conditionnel : j’enverrais, tu enverras, nous enverrions, et aller, qui utilise un radical ir- : j’irai, nous irions etc.
  2. aucune exception
  3. nombreuses exceptions
5.5. Le radical du passé simple et du participe passé
5.5.1. Un radical différent

Dans le 2e groupe et dans un grand nombre de verbes irréguliers du 3e groupe, le passé simple repose sur un radical différent de celui du présent tiré de l’infinitif. Cependant, dans le cas de la majorité des verbes (1er groupe et verbes réguliers du 3e groupe), le radical du passé simple est la même que celle du présent de l’indicatif. Le passé simple se caractérise par une voyelle thématique (sur laquelle on rajoute les terminaisons), qui varie selon les groupes :

infinitifprésentvoyelle passé simple
chant-ernous chant-onsa / ètu chant-a-s, ils chant-è-rent
fin-irnous finiss-onsitu fin-i-s
batt-renous batt-onsitu batt-i-s
cour-irnous cour-onsutu cour-u-s
ven-irnous ven-onsintu v-in-s

Le passé simple et le participe passé sont en général formés sur l même radical consonantique. La voyelle thématique peut être la même que celle du passé simple ou varier :

groupepassé simpleparticipe passé
1-a-
2-i--i
3-i-, -u-, -in--i, -u

Dans le 3e groupe, il y a également des participes passés terminés par une consonne (s ou t).

5.5.2. Formes du passé simple

Les formes du passé simple et du participe passé sont les suivantes (groupe par groupe) :

1er groupe. Le radical du passé simple/participe passé est la même que celle de l’infinitif ; la voyelle thématique est a/è et é :

march-er → je marchai, marché
jou-er → il joua, joué
étudi-er → nous étudiâmes, étudié
appel-er → ils appelèrent, appelé.

Le participe passé des verbes en -éer est donc terminé par le groupe -éé :

créer → créé
agréer → agréé etc.

2e groupe. Le radical du passé simple/participe passé est la même que celle de l’infinitif (et non pas celle du présent, en  -iss-). La voyelle thématique est i au passé simple comme au participe passé :

roug-ir → je rougis / rougi
gross-ir → vous grossîtes / grossi
atterrir → elles atterrirent / atterri etc.

3e groupe. Le radical du passé simple est variable et les terminaisons vocaliques aussi, la terminaison du participe passé peut être vocalique (-i, -u) ou consonantique (-s, -t).

Dans le 3e groupe, la grande majorité des verbes a un radical du passé simple en -i. Seuls les verbes réguliers en  -aitre et un certain nombre de verbes irréguliers en -oir et voyelle + re ont un radical en -u : lire, plaire, savoir, pouvoir, moudre etc. Les verbes venir et tenir on un radical nasal (tin-, vin−).

5.5.3. L’imparfait du subjonctif

L’imparfait du subjonctif se forme régulièrement sur le radical du passé simple, à laquelle on ajoute des terminaisons en ‑ss-, sauf à la personne 3 (voir tableau) :

Formation de l’imparfait du subjonctif
infinitif passé simple imparfait du subjonctif
préparer il prépara que je préparasse qu’il préparât que nous préparassions
manger il mangea que je mangeasse qu’il mangeât que nous mangeassions
rougir il rougit que je rougisse qu’il rougît que nous rougissions
prendre il prit que je prisse qu’il prît que nous prissions
croire il crut que je crusse qu’il crût que nous crussions
tenir il tint que je tinsse qu’il tînt que nous tinssions

Ne pas confondre les formes avec accent circonflexe de la personne 3 avec celles du passé simple. Voir un exemple de texte avec imparfaits du subjonctif.

6. Les verbes défectifs et les verbes impersonnels

6.1. Verbes défectifs

On appelle « verbes défectifs » (vaillinainen) des verbes qui, pour des raisons sémantiques (par exemple échoir « langeta jonkun tehtäväksi ») ou pour des raisons d’évolution de la langue, ne se conjuguent qu’à quelques temps ou à certaines personnes. Il s’agit des verbes suivants :

choir pudota : pas toutes les formes simples. Le verbe est archaïque et a été remplacé dès le moyen âge par tomber ; certaines formes se rencontrent encore dans des textes littéraires classiques.
échoir langeta, tulla osaksi : seulement personne 3 Plus de verbes… frire paistaa öljyssä : uniquement singulier de l’indicatif, futur, et formes composées
pas d’autres formes simples
gésir maata : seulement indicatif présent et imparfait, et participe présent (je gis, je gisais, gisant)
ouïr kuulla : archaïque; seules quelques formes isolées se rencontrent (bien qu’il existe un modèle de conjugaison complet !). Dans la littérature on trouve oyez ! « écoutez », et dans le langage juridique on utilise l’infinitif ouïr
bruire humista : conjugaison en partie défective, certaines formes remplacées par bruisser ;
saillir törröttää : seulement personne 3;
seoir olla sopiva, sopia : seulement personne 3;
paitre olla laitumella : comme les autres verbes en -aitre, mais seules les formes de personne 3 du présent et de l’imparfait sont usitées; pas de formes composées (à cause du participe : pu).

6.2. Verbes impersonnels

Les verbes dits « impersonnels  » ne se conjuguent qu’à la personne 3. Ils sont appelés ainsi parce que l’action que décrit le verbe n’est pas produite par une « personne  », autrement dit ce qu’on appelle un actant (en finnois agentti). Le verbe se conjugue cependant à une personne (persoona), la personne 3, qui est indiquée par le pronom il.

Ce pronom il est donc un simple indicateur de la personne verbale 3, qui permet en quelque sorte d’indiquer à quelle forme le verbe doit se mettre. Pour cette raison, il est défini dans la présente grammaire comme un indice de personne verbale. Les verbes dits « impersonnels  » sont surtout des verbes du vocabulaire météorologique :

pleuvoir – il pleut neiger – il neige bruiner (sataa tihkua) – il bruine venter (tuulla) – il vente

Ces verbes ne s’utilisent qu’au mode impersonnel, sauf pleuvoir, qui peut signifier « venir en abondance » :

Les insultes pleuvaient sur l’orateur. Puhujan päälle sateli solvauksia. ou
Il pleuvait des insultes sur l’orateur (sujet postposé).

Dans ce cas, le sujet du verbe est des insultes, et pleuvoir ne peut plus être considéré comme un verbe impersonnel au sens propre, mais comme un synonyme de tomber. D’autres verbes ayant également un sens non impersonnel peuvent s’employer dans un usage météorologique à la forme impersonnelle :

il grêle (sataa rakeita), il gèle (pakastaa) etc. vs.
La surface de la planète est grêlée de cratères.
La Banque centrale a gelé les avoirs du président en fuite.

7. Les temps composés et surcomposés

7.1. Temps composés

Les temps composés sont formés avec un verbe appelé « auxiliaire », (voir §7) qui peut être le verbe avoir ou le verbe être, et d’un ou de plusieurs participes passés. Le finnois connait également des formes composées, ainsi le parfait finnois correspond pour la forme au passé composé français (hän on lähtenytil est parti), de même que le plus-que-parfait de l’indicatif et le conditionnel passé se forment de la même manière dans les deux langues (olit tullut/ olisin lähtenyttu étais venu/je serais parti). Le principe général est donc facile à comprendre pour les finnophones. Il y a cependant certaines différences qui provoquent des difficultés :

– le finnois utilise uniquement l’auxiliaire être (olla), alors que le français utilise deux auxiliaires différents (avoir et être) ; à l’inverse, l’espagnol, par exemple, n’utilise que l’auxiliaire haber.

– le passif français est toujours composé de l’auxiliaire être et du participe passé. Aux temps du passé, on trouve donc couramment des formes composées de l’auxiliaire être (a été accepté, avaient été reçues), ce qui est impossible en finnois et souvent déroutant pour les apprenants. Dans les formes surcomposées (voir ci-dessous), on peut ainsi avoir jusqu’à trois participes passés après l’auxiliaire (passé surcomposé du passif) :

quand il a eu été admis.

7.2. Temps surcomposés

Les temps surcomposés sont formés d’un temps composé de l’auxiliaire et du participe passé. Les formes surcomposées comportent donc toujours trois éléments, au passif même quatre :

dès qu’il a eu compris quand il a eu été reconnu innocent

Les verbes dont les temps composés se conjuguent avec être, c’est-à-dire les verbes intransitifs comme venir, et les verbes à pronom réfléchi comme se laver, se disputer, n’ont pas de forme surcomposée. En revanche, il existe une forme surcomposée du passif, car les verbes qui peuvent se mettre au passif sont toujours des verbes dont les temps actifs se conjuguent avec l’auxiliaire avoir.

Il a imité – il a eu imité – il est imité – il a eu été imité

Il existe en principe une forme surcomposée de presque tous les temps composés, mais dans la pratique, on rencontre surtout le passé surcomposé de l’indicatif, d’usage relativement courant. Il n’est pas si rare de rencontrer des plus-que-parfaits ou des conditionnels passés surcomposés, plus épisodiquement des subjonctifs passés surcomposés. Le subjonctif passé surcomposé semble relativement fréquent après la conjonction après que :

« Aussitôt qu’elle a eu connu nos projets, sa Sainteté a voulu l’encourager  »… et c’est du Bossuet, alors oui, cela se dit ! [sur un site Internet, à propos de l’emploi du passé surcomposé] Je m’explique, j’ai constaté que dans notre promotion, on avait eu compris ce concept assez différemment selon notre formateur. Il demanda qu’on fît une confédération de neutralité, avec laquelle, quand elle aurait eu pris toute sa consistance, les trois cours alliées auraient fait un traité. Du côté de l’église allemande, c’était tout d’abord Jean Gropper qui aurait eu pris le gant. Pour l’histoire du fait que Sarko aurait eu connu les questions (comme le dit Bayrou), j’ai un peu de mal à le croire. J’ai dû faire une mauvaise manip quelque part (peut-être ai-je interrompu le processus avant qu’il ait eu fini le travail ?) car le PC ne veut plus lire le DVD. « Je pense que cela s’est très bien passé  » a déclaré l’astronaute Rick Linnehan, qui dirigeait la sortie spatiale depuis l’intérieur de la navette Endeavour en radioguidant les astronautes Mike Foreman et Robert Behnken, après qu’ils aient eu fini les tests.

L’apprenant FLE sera vraisemblablement rarement amené à utiliser un temps surcomposé, car dans le code écrit courant modern, ces formes sont très peu usitées, et dans le français parlé la nuance qu’elles expriment peut se rendre par d’autres moyens. Il est bon néanmoins de savoir les reconnaitre.

Les temps composés
tempstemps de l’auxiliaire exemple
passé composéprésent de l’indicatif + participe passé j’ai chantéje suis parti
passé antérieurpassé simple j’eus chantéje fus parti
passé surcomposépassé composé j’ai eu chanté-
plus-que-parfaitimparfait de l’indicatif j’avais chantéj’étais parti
futur antérieurfutur simple j’aurai chantéje serai parti
conditionnel passé 1e formeconditionnel présent j’aurais mangéje serais parti
conditionnel passé 2e formeimparfait du subjonctif j’eusse mangéje fusse parti
subjonctif passésubjonctif présent j’aie mangéje sois parti
subjonctif plus-que-parfaitimparfait du subjonctif j’eusse mangéje fusse parti
infinitif passéinfinitif présent avoir mangéêtre parti
participe passé forme composéeparticipe présentayant mangéétant parti

Ne pas confondre les verbes actifs intransitifs formés avec l’auxiliaire être et les verbes passifs :

Il est rentré. Hän palasi kotiin. = actif / Il est imité. Häntä matkitaan.= passif

8. Formes et emploi des auxiliaires

8.1. Formation des temps composés

Pour former les temps composés et surcomposés, on utilise en français, comme en finnois et dans d’autres langues, un verbe auxiliaire associé au participe passé. En français, comme en italien, mais contrairement au finnois ou à l’espagnol, on utilise deux auxiliaires différents, avoir et être. Le verbe avoir sert à former les temps composés de la majorité des verbes actifs (et aussi ceux du verbe être), le verbe être sert à former les temps composés de certains verbes intransitifs, des verbes à pronom réfléchi et du passif. En plus de leur fonction d’auxiliaire, avoir et être (qui sont classés dans les verbes du 3e groupe) peuvent aussi être des verbes indépendants :

Il a beaucoup d’amis. J’ai faim. Nous sommes le 3 avril. Ces patins sont à Antoine.

Il existe également d’autres verbes qui servent d’auxiliaires, et qu’on appelle semi-auxiliaires : avec aller on peut former le futur périphrastique (traditionnellement « futur proche  »), avec venir, le passé récent :

Je vais partir. Elle vient de rentrer.

De même, le verbe faire peut être considéré comme un semi-auxiliaire dans des constructions du type faire faire quelque chose à quelqu’un.

8.1.1. Verbes se conjuguant avec avoir

La majorité des verbes actifs transitifs ou intransitifs se conjuguent avec avoir :

il a joué, nous avons compris, ils ont réussi, elle a changé, tu as tourné

Même le verbe être se conjugue avec l’auxiliaire avoir :

passé composé : j’ai été. plus-que-parfait : il avait été. futur antérieur : vous aurez été. passé surcomposé : il a eu été [cette forme est utilisée par exemple dans la formation du passif]

8.1.2. Verbes se conjuguant avec être
8.2. Exceptions diverses
8.2.1. Verbes de mouvement transitifs

Certains verbes peuvent avoir un sens transitif ou intransitif, selon l’auxiliaire utilisé :

sverbeintransitifexempletransitifexemple
rentrermennä sisäänIl est rentré.viedä sisälleIl a rentré la table.
sortirmennä ulosElles sont sorties.viedä ulosElles ont sorti la poubelle.
montermennä ylösElle est montée.viedä ylösElle a monté le livre.
descendremennä alasIl est descendu.viedä alasIl a descendu le piano.
8.2.2. Autres verbes de mouvement

D’autres verbes de mouvement ou composés des verbes de mouvement utilisent un auxiliaire différent selon le sens du verbe :

– prévenir se conjugue avec avoir; convenir se conjugue avec souvent avec avoir, bien que dans le code écrit (par exemple traités officiels, contrats) il se conjugue avec l’auxiliaire être :

Les parties sont convenues de se rencontrer le 12 décembre.Osapuolet sopivat siitä, että he tapaavat joulukuun 12. päivä.

– retourner « palata » se conjugue avec être, mais retourner « kääntää » se conjugue avec avoir :

Je suis retourné dans la cuisine et j’ai retourné le steak. Palasin keittiöön ja käänsin pihvin.

– repartir lähteä takaisin utilise normalement l’auxiliaire être, mais son homonyme repartir vastata, tokaista (« répliquer ») se conjugue avec avoir. Ce verbe s’utilise surtout dans le code écrit et est de toute façon très rare aux formes composées.

– monter intransitif se conjugue avec être quand le sujet est un animé, et avec avoir quand le sujet est un inanimé dans le sens d’ « augmenter » kohota, nousta, lisääntyä :

Le chat est monté sur la table. Les prix ont monté. Hinnat ovat kohonneet.

8.2.3. Usage flottant

Dans le cas de nombreux verbes, l’usage est un peu flottant ou dépend du sens. On en mentionnera deux, qui posent sans cesse des problèmes aux apprenants de français langue étrangère finnophones, parce qu’ils correspondent à des verbes finnois intransitifs (les finnophones ont tendance pour cette raison à conjuguer le verbe français correspondant avec l’auxiliaire être) :

– disparaitre (hävitä) se conjugue habituellement avec avoir : Le livre a disparu. Avec être, on l’utilise par euphémisme pour dire d’une personne qu’elle est décédée : Notre chère amie est disparue (finnois : on poissa). À comparer avec Notre ami a disparu « Ystävämme on kadonnut.  »

– paraitre (ilmestyä) se conjugue également avec avoir : Jean a paru très fatigué. Le livre a paru hier. Cependant, on utilise fréquemment l’auxiliaire être en parlant de publication, notamment pour indiquer que le processus de publication est achevé et que l’ouvrage est disponible :

La nouvelle grammaire est parue [signifie : La nouvelle grammaire est en vente].

À cause de la proximité de sens, on emploie cependant aussi couramment l’auxiliaire être en concurrence avec avoir, même pour exprimer la valeur évènementielle :

La nouvelle grammaire a paru / est parue hier. Son premier roman a paru / est paru en 2019.

Il existe encore de nombreuses autres exceptions ponctuelles. Pour une liste détaillée, voir Le bon usage 2016, §813.

41. La conjugaison des verbes - description traditionnelle. Mise à jour 26.2.2024