Cette page est consacrée aux modifications de la forme des noms et des adjectifs au pluriel et au féminin. Le genre grammatical des noms est présenté séparément.
Les noms et les adjectifs peuvent avoir un genre grammatical (masculin ou féminin) et porter une marque de nombre. Leur forme écrite et leur forme orale peuvent donc varier, selon des règles parfois irrégulières et imprévisibles pour les apprenants de français langue étrangère.
Dans la plupart des cas, le pluriel de noms et celui des adjectifs se forment de la même manière. C’est également le cas du féminin des noms et des adjectifs, même s’il y a un peu plus de variation.
Il est facile aujourd’hui de vérifier en quelques secondes sur Internet la forme écrite du pluriel, du singulier, du féminin ou du masculin d’un nom ou d’un adjectif. Mais il est toujours utile et nécessaire de connaitre les principales règles et irrégularités de la formation du pluriel ou du féminin, car dans d’assez nombreux cas, les formes sont aussi différentes oralement : souvent on entend le pluriel ou le féminin dans la prononciation. Les règles sont présentées ci-dessous en fonction des changements phonétiques, car ceux-ci posent souvent des problèmes aux apprenants finnophones (voir Guide de prononciation).
type de nom/adjectif | marque de pl. | modification à l’oral |
---|---|---|
cas général | s | ‑ |
noms œuf, bœuf, os | s | consonne finale non prononcée, voyelle fermée |
sept noms en ‑ou | x | ‑ |
noms/adjectifs terminés par -s, -x, -z | ‑ | ‑ |
noms propres | ‑ | ‑ |
noms/adj. en -eau, -au, -eu | x | ‑ |
noms/adjectifs en -al | aux | /o/ |
noms/adjectifs en -al (exceptions minoritaires) | s | - |
noms en -ail | s | ‑ |
noms en -ail (exceptions minoritaires) | aux | /o/ |
Pluriels irréguliers | variable | variable |
Terminaison au masculin | Prononciation | Terminaison au féminin | Modification à l’oral |
-é, -i, -u, -l | /e/ /i/ /y/ /l/ | -ée, -ie, -ue, -le | non |
-el | /ɛl/ | -elle | non |
-d, -t, -s | - | -de, -te, -se (-sse) | /d/ /t/ /z/ /s/ |
-an, -in | /ɑ̃/ /ɛ̃/ | -ane, -ine | /an/ /in/ |
-en, -ien, -on, -ion | /ɛ̃/ /jɛ̃/ /õ/ /jõ/ | -enne, -ienne, -onne, -ionne | /ɛn/ /jɛn/ /ɔn/ /jɔn/ |
-er | /e/ | -ère | /ɛʁ/ |
-eur, -teur | /œʁ/ /tœʁ/ | -euse, -teuse | /øz/ /tøz/ |
-teur | /tœʁ/ | -trice | /tʁis/ |
-e | - | -esse | /ɛs/ |
-if | /if/ | -ive | /iv/ |
Remarque : toutes les règles exposées ci-dessous concernent aussi le participe passé, qui se comporte formellement comme un adjectif. Le participe présent est invariable, mais il s’accorde quand il est employé comme adjectif ou est devenu un adjectif (important, étonnant etc.).
Dans la majorité des cas, la marque de pluriel des noms et des adjectifs est un s, qui n’est pas prononcé (sauf en cas de liaison). Pour cette raison, à l’oral, dans la plupart des cas, on n’entend pas la marque de pluriel. Le nombre peut alors être indiqué par le déterminant, mais certains noms peuvent s’employer sans déterminant et, souvent, la forme du déterminant ou du nom ne permet pas de distinguer le genre grammatical ou le nombre. Quand on prononce la phrase Cet objet n’a pas de caractéristiques spécifiques marquées, rien n’indique que les mots caractéristiques, spécifiques ou marquées sont au féminin ou au pluriel.
À l’oral, une très grande partie des noms et adjectifs sont invariables : ils se prononcent exactement de la même manière qu’au singulier. Une partie de ces noms sont invariables à l’écrit également (ils ne prennent pas de marque de pluriel), et le reste des noms forment le pluriel par l’ajout d’un ‑s, ou, dans certains cas, d’un ‑x, qui ne sont pas prononcés. Tous les noms dans la liste ci-dessous sont invariables à l’oral (sauf œuf, bœuf, os).
1. Les noms et adjectifs terminés par ‑s, ‑x, ‑z ne prennent pas de marque de pluriel, autrement dit la forme du pluriel est la même que celle du singulier. Ces mots sont donc invariables à l’oral et à l’écrit :
le fils → les fils, le prix → les prix, le bois → les bois, un gaz → des gaz, le nez → les nez, un gars sérieux → des gars sérieux, un tas épais → des tas épais, un gros nez → de gros nez
2. Contrairement au finnois, en français les noms propres ne prennent pas de marque de pluriel et sont aussi invariables à l’oral et à l’écrit :
les Martin, les Bach Bachin säveltäjäsuku, les deux Corée, les deux Allemagne
Remarque : les usagers de la langue oublient souvent cette règle contraire à la logique générale de la formation du pluriel, et on trouve par exemple de nombreuses occurrences de Les deux Corées sur Internet (même dans la presse).
3. Le pluriel régulier des noms et adjectifs est marqué à l’écrit par un s qu’on ajoute à la fin du nom. À l’oral, cette marque ne s’entend pas (sauf en cas de liaison) :
un chien → des chiens, un nymphéa → des nymphéas, une orange → des oranges, un bruit → des bruits, un maximum → des maximums, un trou → des trous un grand sac → de grands sacs, une valise brune → des valises brunes, une fille sérieuse → des filles sérieuses, un vrai gentleman → de vrais gentlemans
4. Les noms et adjectifs masculins terminés par ‑eau, ‑au, ‑eu prennent un x au pluriel, qui n’est pas prononcé à l’oral. Il y a seulement deux exceptions :
un beau château → de beaux châteaux, un cheveu → des cheveux, un tuyau → des tuyaux, une eau → des eaux, le milieu → les milieux, un nouveau livre → de nouveaux livres, une peau douce → des peaux douces. Exceptions : un pneu → des pneus, bleu sininen / un bleu mustelma → des sacs bleus / de gros bleus
Ceci concerne aussi les formes des adjectifs beau et nouveau, qui deviennent beaux et nouveaux. Au pluriel, il n’y pas donc de modification du radical devant une voyelle (voir ci-dessous) :
un bel enfant → de beaux enfants, un nouvel employé → de nouveaux employés
5. Sept noms terminés par -ou forment leur pluriel avec un x (non prononcé) . Ces sept pluriels irréguliers forment une sorte de comptine (loru) qui était un des grands classiques de l’enseignement de l’orthographe aux petits Français : bijou caillou chou genou hibou joujou pou :
bijou → bijoux, caillou → cailloux, chou → choux, genou → genoux
hibou → hiboux, joujou → joujoux, pou → poux
Les autres mots en ‑ou ont un pluriel régulier en -s :
fou → fous, un clou → des clous, le cou → les cous, un matou → des matous, un trou → des trous, mou → mous, relou → relous, chelou → chelous etc.
Exceptions : trois mots ont une prononciation différente au pluriel. Dans les mots œuf, bœuf, os, la consonne finale ne se prononce pas au pluriel, et la voyelle devient fermée :
un œuf /ɛ̃nœf/
~ des œufs /dezø/
; un bœuf /ɛ̃bœf/
~ des bœufs /debø/
; un os /ɛ̃nɔs/
~ des os /dezo/
[on entend aussi la prononciation /dezos/
, avec /o/ fermé et s prononcé].
1. La majorité des noms et adjectifs terminés par -al forment leur pluriel en ‑aux, prononcé /o/
, et une minorité de noms et d’adjectifs terminés par -al ont un pluriel régulier en s :
Cas majoritaire :
canal → canaux, hôpital → hôpitaux, journal → journaux, animal → animaux, métal → métaux, principal → principaux, spécial → spéciaux, fondamental → fondamentaux, automnal → automnaux, banal (dans l’ancien sens de « communal ») → banaux
Cas minoritaire :
bal → bals, récital → récitals, cérémonial → cérémonials, festival → festivals, carnaval → carnaval, régal → régals, étal → étals, banal (« ordinaire » tavallinen) → banals, bancal → bancals, fatal → fatals, natal → natals, nasal → nasals, naval→ navals, tonal → tonals, des chantiers navals (laivanrakennus)telakka ; idéal a un pluriel en idéaux ou (moins fréquent) idéals
2. Dans le cas des noms en ‑ail, c’est l’inverse : la majorité des noms a un pluriel régulier en ‑s, et une minorité seulement (une dizaine) forme le pluriel en -aux :
Cas majoritaire :
éventails, chandails, détails, rails, attirails, etc.
Cas minoritaire : bail → baux, corail → coraux, émail → émaux, soupirail → soupiraux, travail → travaux, ventail (ou vantail orthographe classique) → ventaux (vantaux), vitrail → vitraux
3. Certains mots ont une forme de pluriel (orale et écrite) nettement différente de celle du singulier :
un œil → des yeux; l’ail valkosipuli → des aulx (noter le l) ou des ails; un ciel → des cieux; monsieur /møsjø/
→ messieurs /mesjø/
, madame → mesdames /medam/
, mademoiselle → mesdemoiselles /medmwazɛl/
En général, les adjectifs qui ont un pluriel en ‑als dérangent l’oreille, au point qu’on préfère parfois utiliser des synonymes ou d’autres tournures pour éviter la finale -als :
final (loppu-) devient normalement finals, mais on utilise de plus en plus souvent la forme finaux : des examens finaux ; glacial (jää‑) a deux pluriels, glacials ou glaciaux, mais la forme glacials est un peu plus fréquente.
Autres adjectifs du même type dont le pluriel est soit en -aux soit en -als : marial Neitsyt Marian, tribal heimo‑, tombal hauta‑, causal syy‑, pascal pääsiäis‑.
Dans le vocabulaire de la peinture, on utilise le pluriel ciels : les ciels de Turner.
Yeux : il existe également un pluriel « régulier » en s dans les mots composés : des œils-de-bœuf.
Au singulier, ail désigne l’aliment, la matière (l’ail est bon pour la santé; ajouter de l’ail dans une sauce) ; le pluriel aulx désigne normalement des bulbes d’ail entiers (qui se divisent en gousses), mais il est très rarement usité.
Les noms composés sont des noms formés de deux éléments (ou plus) reliés par un trait d’union. Cette distinction est purement graphique, car de nombreux groupes nominaux peuvent être considérés comme des noms composés, et malgré cela ils ne s’écrivent pas avec un trait d’union : un petit pois (pourtant on écrit petit-lait, petit-beurre), chemin de fer, trait d’union etc.
Remarque : comme dans le cas du pluriel des noms simples, il est facile aujourd’hui de vérifier en quelques secondes sur Internet la forme du pluriel d’un nom composé, mais il peut être intéressant de connaitre les principes selon lesquels on forme le pluriel, parce qu’ils dépendent de la nature grammaticale du mot (nom, adjectif, adverbe, verbe), ce qui peut être une information utile (en termes de lexique) pour l’apprenant de français langue étrangère.
Le tableau ci-dessous résume le système de formation du pluriel des noms composés présenté sur cette page. Malgré la mention « oui », certains éléments ne prennent pas de marque de pluriel (cas de noms invariables, voir ci-dessus).
type de composant | marque de pluriel sur élément 1 | marque de pluriel sur élément 2 |
nom + nom | oui | oui |
nom + adjectif | oui | oui |
adjectif + nom | oui | oui |
adjectif + adjectif | oui | oui |
verbe + nom | ‑ | oui |
préposition + nom | ‑ | oui |
préfixe + nom | ‑ | oui |
verbe + verbe | ‑ | ‑ |
Les règles correspondent aux règles simplifiées de la nouvelle orthographe (1990). Les exceptions possibles sont mentionnées dans la liste des rectifications. On trouve encore dans les textes de nombreuses formes qui ne correspondent pas à ces règles et une certaine anarchie règne toujours dans le domaine de la formation du pluriel des noms composés. L’étudiant de FLE ne doit pas s’en étonner.
Quand le nom est composé de deux noms ou de deux adjectifs employés nominalement, les deux éléments nominaux prennent généralement la marque du pluriel quand ils sont considérés comme équivalant l’un à l’autre : porte-fenêtre signifie « une porte qui est une fenêtre », au pluriel portes-fenêtres . Si le nom composé est formé d’un nom et d’un adjectif, tous deux s’accordent au pluriel :
nom + nom : une voiture-école → des voitures-écoles
adjectif nominalisé + adjectif nominalisé : un sourd-muet → des sourds-muets
adjectif + nom : une grand-mère → des grands-mères
nom + adjectif : une aide-soignante → des aides-soignantes, un château-fort → des châteaux-forts
Mais si le deuxième élément indique par exemple une relation prépositionnelle, il reste invariable : timbre-poste signifie « timbre de/pour la poste », le mot poste reste invariable au pluriel timbres-poste, comme assurance-vie (« assurance sur la vie »), au pluriel des assurances-vie.
La nouvelle orthographe (règle 4.) a considérablement simplifié la situation : le verbe reste toujours invariable, le nom est au singulier si le nom composé est au singulier, et il prend la marque du pluriel uniquement si le nom composé est au pluriel :
un porte-bagage → des porte-bagages ; un lance-pierre ritsa → des lance-pierres ; un chauffe-eau → des chauffe-eaux ; un casse-cou → des casse-cous ; un porte-parole → des porte-paroles ; un porte-bonheur → des porte-bonheurs ; un presse-citron → des presse-citrons ; un porte-avion → des porte-avions etc.
Les anciens noms composés qui s’écrivent dorénavant en un seul mot (règle A) prennent la marque du pluriel normale avec s final uniquement, ce qui élimine le problème de la graphie du pluriel :
des tirebouchons, des faireparts, des choufleurs, des portemonnaies
Quand le nom composé est formé de deux formes verbales, les deux restent invariables :
un laissez-passer → des laissez-passer, un savoir-faire → des savoir-faire
La préposition ou le préfixe sont invariables, et le nom prend un s seulement au pluriel :
auto-immunité → les auto-immunités, avant-guerre → des avant-guerres, arrière-garde → les arrière-gardes
Remarque : le pluriel du mot avant-centre (keskushyökkääjä) est avants-centres, car il est composé de deux noms (dans la terminologie du football, le nom un avant désigne un type de joueur, en finnois hyökkääjä).
De nombreux noms empruntés à d’autres langues ont deux pluriels, l’un est un « pluriel savant » qui reprend le pluriel de la langue d’origine, l’autre un pluriel en s conforme à la règle normale du français. Pour cette raison, certains mots peuvent avoir au pluriel deux formes différentes :
un lied → des lieder ou des lieds, un scotch → des scotches ou des scotchs, un gentleman → des gentlemen, un match → des matchs ou des matches, un box → des boxes, un maximum → des maximums ou des maxima, un tempo → des tempi ou des tempos, un codex → des codices ou des codex
Les rectifications orthographiques de 1990 ont simplifié la situation et précisent que « les mots empruntés à d’autres langues, y compris le latin, suivent la règle générale du singulier et du pluriel des mots français » ; la règle vaut aussi pour des noms qui étaient des pluriels dans la langue d’origine :
des lieds, des scotchs, des gentlemans, des matchs, des box, des maximums, des tempos, des codex, des erratas etc.
À l’écrit, le féminin se forme généralement en ajoutant un e après la dernière lettre du mot. Cet e n’est pas prononcé, mais il correspond souvent à diverses transformations phonétiques : la consonne finale non prononcée au masculin se prononce au féminin, l’aperture (väljyys) de la voyelle finale peut changer, la voyelle peut se dénasaliser etc. Ces cas provoquent souvent des erreurs chez les finnophones, qui ont tendance à prononcer de façon erronée la consonne au masculin aussi (court prononcé */kuʁt/
). Voir 11.10.
Dans le plus simple des cas, il n’y a aucune différence entre le féminin et le masculin du nom ou de l’adjectif : ils sont identiques (on dit qu’ils sont « épicènes »), et s’écrivent et se prononcent de la même manière :
un/une journaliste, un élève/une élève, un collègue tranquille /une collègue tranquille, un camarade sympathique /une camarade sympathique, un jeune médecin /une jeune médecin, un/une dentiste, un/une juge, un/une secrétaire, un chef énergique /une chef énergique (on utilise aussi la forme cheffe), un enfant sage /une enfant sage
1. Ajout d’un e sans changement phonétique. Quand le nom ou l’adjectif est terminé par une voyelle, à l’écrit on forme le féminin en ajoutant simplement un e, et la prononciation ne change pas. C’est également le cas lorsque le mot est terminé par un l ou un r (sauf la finale ‑er) :
poli → polie, bleu → bleue, tordu → tordue, espagnol → espagnole, spécial → spéciale, seul → seule, civil → civile, jauni → jaunie, un ami → une amie, un accusé → une accusée, un inconnu → une inconnue, revenu → revenue, admiré → admirée, banal → banale, vil → vile, noir → noire, dur → dure, un amiral → une amirale, un Occidental → une Occidentale, un Espagnol → une Espagnole, un Mongol → une Mongole.
Exceptions : (un) favori → (une) favorite, gentil /ʒɑ̃ti/
→ gentille /ʒɑ̃tij/
2. Les adjectifs terminés par ‑gu prennent un tréma sur l’u :
aigu → aigüe, exigu → exigüe, contigu → contigüe, ambigu → ambigüe
3. Les noms et adjectifs en ‑eur font leur féminin en ‑euse, mais dix noms et adjectifs en ‑eur (qui sont issus de comparatifs latins) ont un féminin « régulier » en ‑e :
antérieur, postérieur, supérieur, inférieur, extérieur, intérieur, majeur, mineur, meilleur, ultérieur → antérieure, postérieure, supérieure etc.
4. Dans les noms et adjectifs terminés par ‑el (et aussi le mot nul) ou ‑eil, il y a redoublement du l au féminin, mais la prononciation ne change pas :
solennel → solennelle, éternel → éternelle, partiel → partielle, nul → nulle, pareil → pareille, un criminel → une criminelle, un colonel → une colonelle
5. Le t final de certains adjectifs se prononce au masculin. Dans ce cas, l’ajout de la marque du féminin e ne modifie pas la prononciation :
direct → directe, mat → mate, brut → brute. Mais net → nette (avec deux t au féminin, pour garantir la lecture /ɛt/
du groupe ette)
6. Le s final de certains noms ou adjectifs se prononce au masculin, et l’ajout de la marque du féminin e entraine un redoublement du s (pour éviter qu’on lise s comme /z/
), mais ne modifie pas la prononciation, qui est identique à celle du masculin :
métis → métisse, exprès → expresse
1. Le mot enfant est assez souvent utilisé au masculin avec une valeur générique : Julie n’est plus un enfant. Malgré cela, on peut dire indifféremment Cette fille est un enfant intelligent ou une enfant intelligente.
2. On ajoute un tréma sur l’u du féminin des adjectifs terminés en ‑güe pour éviter la lecture du graphème gue comme /g/
comme dans vague, longue etc. Comparer la prononciation sans tréma et avec tréma: ligue /lig/
vs cigüe /sigy/
, aigue /ɛg/
vs aigüe /ɛgy/
. Le mot aigue (du latin aqua) s’utilise dans des composés comme aigue-marine ou Aigues-Mortes. Cf. aussi aiguière (vesikannu). Cette graphie avec tréma sur l’u est celle préconisée par les rectifications orthographiques de 1990, mais on trouve encore couramment l’ancienne graphie avec tréma sur l’e : aiguë, ambiguë etc.
La consonne finale des noms et des adjectifs terminés par d, t s ne se prononce pas au masculin (il y a des exceptions). Au féminin, on ajoute un e, qui ne s’entend pas, mais qui entraine la prononciation de la consonne finale qui était muette (non prononcée) au masculin.
Les finnophones doivent faire particulièrement attention aux mots terminés par d ou t, car certains ont tendance à prononcer la consonne finale au masculin. Mais si on prononce l’habit vert en disant /labivɛʁt/
, on associe un nom masculin avec un adjectif féminin (l’habit *verte), ou bien si on prononce le marchand en disant /lɶmaʁʃɑ̃d/
, on associe l’article masculin le avec le nom féminin marchande. Ce ne sont donc pas seulement des erreurs de prononciation, mais aussi une des fautes de grammaire que les francophones ne font jamais et qu’ils remarquent immédiatement chez un locuteur allophone.
1. Adjectifs en -d, -s, -t (sauf -et, voir ci-dessous) :
grand → grande, petit → petite, lent → lente, niçois → niçoise, un client → une cliente, un rat →une rate, amusant → amusante, fatigant → fatigante, écrit → écrite, parfait → parfaite, laid → laide, adroit → adroite, chaud → chaude, français → française, confus → confuse, un Chinois → une Chinoise, divers → diverse, pervers → perverse (avec /s/
sourd), gris → grise (/z/
), ras → rase (/z/
), un marchand → une marchande, un campagnard → une campagnarde, un bourgeois → une bourgeoise (/z/
), un Finlandais → une Finlandaise (/z/
), un étudiant → une étudiante.
Exception : un chat → une chatte
2. Certains adjectifs (ou noms) terminés par un -s non prononcé au masculin ont un féminin en ‑sse, phonétiquement le féminin se forme donc par l’ajout d’un /s/
:
gros /gʁo /
→ gʁosse /gʁos /
, gras /gʁa /
→ grasse /gʁas /
, épais /epᴇ /
→ épaisse /epɛs /
, las /la /
→ lasse /las /
, bas /ba /
→ basse /bas /
3. Les noms et adjectifs terminés par -eux forment leur féminin en -euse, phonétiquement par l’ajout d’une consonne /z/
:
sérieux → sérieuse /seʁjø → seʁjøz/
, heureux → heureuse /øʁø → øʁøz/
, pluvieux → pluvieuse, affreux → affreuse, joyeux → joyeuse, un chanceux → une chanceuse, un malheureux → une malheureuse.
Exception : vieux → vieille
4. Trois adjectifs (ou noms) terminés par -ux ont un féminin en ‑s sourd /s/
, transcrit ‑ce ou ‑sse. Phonétiquement, le féminin se fait donc par ajout d’un s sourd comme dans le cas 2. :
doux → douce /du → dus/
, roux → rousse /ʁu → ʁus/
, faux → fausse /fo → fos/
5. Terminaison ‑et. Pour former le féminin des noms et adjectifs en -et dont le t final n’est pas prononcé au masculin, on ajoute un e à la fin et un accent grave sur l’e qui précède le t. Dans un certain nombre de mots, limités, on transcrit la voyelle /ɛ/
en redoublant le t (lire La transcription de /ᴇ/
). Il n’y a malheureusement pas de règle permettant de savoir si le féminin est en -ète ou en -ette. Phonétiquement, le féminin diffère du masculin par le /t/
et par la voyelle nettement ouverte /ɛ/
(au masculin on prononce /ᴇ/
) :
inquiet → inquiète, secret → secrète, concret → concrète, replet → replète
Exceptions avec redoublement de tt : muet → muette, coquet → coquette, blet → blette, cadet → cadette etc.
6. Terminaison ‑er. Les noms et adjectifs terminés par ‑er (prononcé /e/
) forment leur féminin en ‑ère, autrement dit 1) on ajoute un e, 2) le /e/
fermé devient /ɛ/
ouvert et 3) le r, non prononcé au masculin, se prononce. Tous ces changements, qui semblent évidents aux francophones, posent de nombreuses difficultés aux finnophones, qui ont tendance à prononcer le masculin avec /ɛʁ/
, ce qui revient à faire une faute de grammaire (emploi d’un article erroné) ; à l’oral, la suite /lɶpʁɶmjɛʁ pasaʒɛʁ/
est interprété comme *le première passagère (forme correcte : le premier passager ou la première passagère) , ou /lɶbuʃɛʁ/
, interprété comme *le bouchère (forme correcte : le boucher ou la bouchère):
étranger → étrangère, léger → légère, entier → entière, un cuisinier → une cuisinière, dernier → dernière, meurtrier → meurtrière, les premiers passagers → les premières passagères, financier → financière, un boulanger → une boulangère
Trois adjectifs (ou noms) en -er dont le r se prononce au masculin forment également leur féminin par l’ajout d’un simple e, et se prononcent donc de la même manière au masculin et au féminin :
cher → chère, fier → fière, amer → amère
Les mots terminés par une voyelle nasale forment leur féminin par l’ajout d’un e, qui ne s’entend pas lui-même, mais la voyelle finale se dénasalise (elle n’est pas nasale) et le n se prononce. Dans les mots terminés par an et in, on ajoute simplement un e, dans les mots terminés par en/ien ou on/ion, on ajoute un e et on écrit un double n :
7. Simple ajout d’un e :
brun → brune, vain → vaine, certain → certaine, un voisin → une voisine, fin → fine, persan → persane, limousin → limousine, catalan → catalane, afghan → afghane, un courtisan → une courtisane, un partisan → une partisane. Exceptions : un paysan → une paysanne (avec deux n), un copain → une copine (comme voisin/voisine, mais le masculin s’écrit avec -ain)
8. Avec redoublement du n :
bon → bonne, bourguignon → bourguignonne, européen → européenne, un lycéen → une lycéenne, ancien → ancienne, mignon → mignonne, canadien → canadienne, coréen → coréenne, ghanéen → ghanéenne, un lion → une lionne, un patron → une patronne, un espion → une espionne, un pharmacien → une pharmacienne, un chien → une chienne
Remarque : l’adjectif grognon (ärtyisä) a un féminin grognonne, mais qui n’est pas usité ; on dit couramment elle est grognon.
1. Le féminin d’un certain nombre de noms ou adjectifs se forme par l’ajout d’une consonne finale qui n’est pas présente au masculin, ou par la modification notable de la prononciation ou de la graphie de la consonne finale :
f → ve : neuf → neuve, naïf → naïve, négatif → négative, bref → brève, un sportif → une sportive, un actif → une active
c → che : blanc /blɑ̃/
→ blanche /blɑ̃ʃ/
, franc /fʁɑ̃/
→ franche /fʁɑ̃ʃ/
, sec /sɛk/
→ sèche /sɛʃ/
(noter l’accent grave). Dans la même série, avec s final : frais → fraiche
c → que : turc → turque, grec → grecque (remarquer que le c se conserve devant que ), public → publique, franc → franque
Remarque : il existe deux mots franc homonymes et ils ont un féminin différent : franc « rehellinen », féminin franche, et franc « frankkilainen », féminin franque.
2. Noms ou adjectifs en ‑eur : le suffixe devient ‑euse, sauf dans la série des noms ou adjectifs antérieur, supérieur etc. (voir ci-dessus) :
ravageur → ravageuse, travailleur → travailleuse, joueur → joueuse, (un) menteur → (une) menteuse, un chanteur → une chanteuse, un joueur → une joueuse, un nageur → une nageuse, un danseur → une danseuse. Exception : vengeur → vengeresse
Les noms ou adjectifs avec un suffixe d’agent (tekijä) terminés en ‑teur font aussi leur féminin en ‑teuse si le t fait partie du radical du verbe :
menteur (radical ment-) → menteuse, chanteur (radical chant-) → chanteuse, porteur (radical port-) → porteuse.
Exception : enchanteur (radical enchant-) → enchanteresse.
Remarque : pour l’étudiant de français langue étrangère, il n’est pas toujours facile de savoir si le t de la terminaison d’un mot qu’il ne connait pas fait partie du radical ou non. Les noms terminés en ‑teur peuvent correspondre soit à un nom terminé par un suffixe d’agent en ‑teur (lire → lecteur, agir → acteur, etc.), dont le féminin est ‑trice (lecteur/lectrice, acteur/actrice etc.), soit à un nom avec un radical en ‑t terminé par le suffixe -eur (chant-er → chant-eur), dont le féminin est en ‑euse (chanteur/chanteuse). Une certaine hésitation règne parfois dans ce domaine chez les francophones eux-mêmes, mais pour l’apprenant de français langue étrangère, la seule solution est de mémoriser chaque cas ou de vérifier dans un dictionnaire ou une autre ressource similaire.
3. Noms d’agent et adjectifs en ‑teur : le suffixe d’agent ‑teur devient ‑trice si le radical du verbe n’est pas terminé par t :
réform-er→ réformateur → réformatrice, conserv-er → conservateur → conservatrice, observ-er → observateur → observatrice, ag-ir → acteur (radical ag) → actrice, li-re → lecteur (radical leg‑) → lectrice, collabor-er → collaborateur → collaboratrice etc.
4. Noms et adjectifs terminés par ‑eau : le féminin est en ‑elle. Certains des adjectifs en ‑eau peuvent être antéposés et prendre une forme différente au masculin aussi (voir ci-dessous) :
beau → belle, nouveau → nouvelle, des jumeaux → des jumelles
5. Nom ou adjectifs terminés par ou : le féminin est en ‑olle. Ces adjectifs peuvent être antéposés et prendre une forme différente au masculin aussi (voir ci-dessous) :
fou → folle, mou → molle
6. Quelques noms terminés par -e, d’un nombre limité, forment leur féminin en ‑esse :
un prince → une princesse, un Suisse → une Suissesse, un hôte → une hôtesse, un comte → une comtesse, un maitre → une maitresse, un âne → une ânesse, un tigre → une tigresse
7. Le féminin de certains noms se forme sur un radical différent de celui du mas culin :
un duc → une duchesse, un dieu → une déesse, un héros → une héroïne, un serviteur → une servante, un empereur → une impératrice, ambassadeur → ambassadrice (plus fréquemment aujourd’hui ambassadeure), un neveu → une nièce, un compagnon → une compagne
Voir les règles de féminisation des noms de profession sur le site ATILF.
Les adjectifs beau, nouveau, fou, mou et vieux changent de radical quand ils précèdent un nom commençant par une voyelle ou un h non disjonctif ; ils ont alors le même radical que la forme du féminin :
DEVANT CONSONNE | DEVANT VOYELLE | FÉMININ |
un beau garçon | un bel homme | une belle femme |
un nouveau calendrier | un nouvel appartement | une nouvelle route |
un vieux pont | un vieil ami | une vieille chanson |
un geste fou | un fol espoir | une joie folle |
un matelas mou | un mol oreiller | une pêche molle |
Cette transformation se produit seulement au singulier. Au pluriel, l’adjectif antéposé masculin ne change pas de forme devant voyelle ou h non disjonctif :
DEVANT CONSONNE | DEVANT VOYELLE | FÉMININ |
de beaux garçons | de beaux hommes | de belles femmes |
de nouveaux calendriers | de nouveaux appartements | de nouvelles routes |
de vieux ponts | de vieux amis | de vieilles chansons |
des gestes fous | - | de folles espérances |
des matelas mous | - | de molles approbations |
Les adjectifs fou et mou ne s’emploient pratiquement jamais antéposés au pluriel (et assez rarement au singulier, sauf dans les tournures un fol espoir ou un mol oreiller données en exemple ci-dessus), mais au féminin on trouve par exemple de folles espérances ou de molles approbations.
5. Pluriel et féminin des noms et adjectifs. Mise à jour 26.2.2024