Les propositions exprimant la conséquence ne posent en général pas de grands problèmes aux apprenants finnophones, car le choix des constructions et conjonctions possibles est relativement limité. La plupart des propositions adverbiales consécutives sont à l’indicatif, mais certaines constructions entrainent l’utilisation du subjonctif dans la subordonnée.
Le plus souvent, les consécutives sont introduites par la conjonction que en relation avec un adverbe ou un déterminant à valeur intensive (si, tellement etc.) se trouvant dans la principale, exactement comme en finnois :
si | (+ adjectif ou adverbe)… que | niin… että |
tellement | (+ adjectif ou adverbe)… que | niin… että |
tellement | de (+ nom)… que | niin paljon… että |
tant… | que | niin paljon… että |
tant de | (+ nom)… que | niin paljon… että |
un(e) tel(le) | (+ nom)… que | niin [vakava, vaikuttava jne.]… että |
Les subordonnées consécutives en corrélation sont des subordonnées essentielles et pour cette raison elles ne sont normalement pas précédées d’une virgule.
L’adverbe si précède un adjectif ou un adverbe et correspond au finnois niin :
C’est si drôle que je n’ai pas pu m’empêcher de rire. ■ Le train roule si vite qu’on n’arrive pas à lire les noms des gares. ■ Eh bien, tu vois, ce n’était pas si difficile que tu pensais !
Rappel : l’adverbe si est incompatible avec beaucoup [de]. Pour dire niin paljon (jotakin) että, il faut donc utiliser tant (de) ou tellement (de). Autre limitation importante : on ne peut pas employer si devant un participe passé quand celui-ci est un élément d’une forme verbale d’un temps composé. Dans ce cas, il faut utiliser tellement / tant :
Ça m’a tellement fatigué que je n’avais plus la force de lever le bras.
et non pas : Ça m’a *si fatigué que…, parce que dans ce cas fatigué est le participe passé servant à former le passé composé du verbe fatiguer. Mais on peut dire :
J’étais si fatigué que je me suis endormi comme une masse.
Dans cet exemple, fatigué est employé comme adjectif, on peut donc utiliser si. On peut aussi utiliser tellement, puisque c’est une variante de si devant adjectif/adverbe :
J’étais tellement fatigué que je me suis endormi comme une masse.
Il est parfois malaisé de savoir si le participe est une forme verbale ou s’il est devenu un adjectif. Le plus simple est d’utiliser tellement, qui convient dans les deux cas.
L’adverbe tant signifie en lui-même « une si grande quantité » (finnois niin paljon). Il peut s’utiliser seul comme adverbe de quantité. Aux temps composés, tant se place alors entre l’auxiliaire et le participe passé :
Pendant le film, il riait tant qu’il en avait mal au ventre. ■ Le bassiste avait tant joué qu’il avait mal aux doigts. ■ Elles ont tant travaillé qu’elles ont fini deux semaines avant le délai prévu.
Ne pas confondre tant que consécutif (a) avec tant que à valeur temporelle (b) ou conditionnelle (c) :
(a) Il pleuvait tant que nous avons dû attendre dans la voiture.
(b) Je n’ose pas acheter de billet tant que la grève des trains ne sera pas terminée.
(c) Le temps qu’il fait n’a guère d’importance pour le ski, tant qu’il ne pleut pas.
En combinaison avec de, tant forme un déterminant composé qui correspond à niin paljon [jotakin] :
Il y avait tant de monde que nous n’avons pas pu entrer. ■ Le texte contenait tant de fautes que j’ai dû le refuser.
✍ Dans la langue courante, on préfère nettement utiliser tellement, plus expressif que tant, qui est plutôt employé dans le code écrit (mais ce n’est pas une règle absolue).
Le mot tellement peut s’utiliser seul comme adverbe modifiant un adjectif ou un adverbe, ou bien former un déterminant composé avec de, auquel cas il précède un nom. Il sert de variante emphatique (mahtiponttinen, paatoksellinen) à si et tant. Aux temps composés, tellement (comme tant) se place entre l’auxiliaire et le participe passé.
a) variante emphatique de si :
C’était tellement drôle que je n’ai pas pu m’empêcher de rire. ■ Le train roule tellement vite qu’on n’arrive pas à lire les noms des gares.
b) variante emphatique de tant (aux temps composés, tellement utilisé seul comme adverbe se place entre l’auxiliaire et le participe passé) :
Pendant le film, il riait tellement qu’il en avait mal au ventre. ■ Elles ont tellement travaillé qu’elles ont fini deux semaines avant le délai prévu. ■ Le bassiste avait tellement joué qu’il en avait mal aux doigts. ■ Il y avait tellement de monde que nous n’avons pas pu entrer. ■ Le texte contenait tellement de fautes que j’ai dû le refuser. ■ Le site a reçu tellement de requêtes de connexion qu’il a crashé.
Il existe une variante des constructions subordonnées avec tellement/tant qui consiste à transformer la principale et la subordonnée en deux propositions indépendantes, dont la deuxième est en rappel (après la principale) et introduite par tellement (de) /tant (de) :
Il faisait tellement chaud qu’il s’est levé en sueur. →
Il s’est levé en sueur, tellement il faisait chaud.
Bien que les deux propositions soient formellement indépendantes, elles sont fortement liées l’une à l’autre et on peut considérer qu’il y a une sorte de rapport de subordination « logique » entre l’une et l’autre. Ces constructions sont utilisées à l’écrit et à l’oral, où elles sont fréquentes :
On dirait un banc de harengs comme on en voit dans « Thalassa », tant ils sont serrés les uns contre les autres ! ■ On s’est mises à hurler à s’en péter les cordes vocales, tellement on a eu peur. ■ On a jamais mis autant de temps pour rentrer de Paris, tellement on a eu de fou rire. ■ Je ne sais même pas comment l’exprimer tellement c’est difficile dans mes pensées. ■ Cet osso buco, c’était à lécher le plat, tellement c’était divin !
Ces propositions peuvent être isolées de la proposition à laquelle elles sont rattachées, par une pause à l’oral ou par un point dans la graphie ; elles restent cependant logiquement liées à la phrase ou au contexte qui précède :
À la fin, on a dû carrément fermer les fenêtres ! Tellement l’odeur de soufre était forte.
1. Différences entre si et tellement :
2. Différences entre tant et tellement :
Remarque : dans les expressions verbales avec article zéro comme avoir mal, faire mal, avoir pitié, avoir peur, avoir soif, avoir besoin etc., on utilise si ou tellement seuls, comme adverbes, et non pas les déterminants tellement de ou tant de :
Elle avait si/tellement faim qu’elle a dû se résoudre à manger de la viande. ■ J’aurais si peur que les maisons d’éditions ne lisent même pas mes manuscrits, ce serait du papier utilisé pour rien ! ■ Mon mec a eu tellement pitié de ma façon d’égoutter les pâtes qu’il m’a acheté une passoire nickel pour mon repas du 14. ■ Ce pays avait tellement besoin de paix et de stabilité que les gens ont voté pour un régime autoritaire, que maintenant ils regrettent.
L’adjectif indéfini tel indique une idée d’intensité. Il correspond à « si grand », « si important », « si fort » etc. En finnois, son équivalent n’est donc généralement pas sellainen, mais niin suuri, niin vahva, niin vakava, niin kova, niin paha, niin mahtava etc. (lire les descriptions ci-dessous).
Le mot sellainen peut avoir plusieurs équivalents en français (voir ci-dessous).
On utilise en général tel dans un GN introduit par l’article indéfini (un, une, des, de). Au pluriel, on utilise donc souvent la forme de qui est la forme de un devant l’adjectif antéposé au pluriel tels :
Nous avons eu de tels problèmes avec les sous-traitants qu’il a fallu interrompre le projet. Meillä oli niin paljon/niin vakavia ongelmia alihankkijoiden kanssa, että projekti jouduttiin keskeyttämään. ■ Ils ont posé de telles conditions que nous n’avons pas pu accepter. [telles = « si difficiles »]. He asettivat niin tiukkoja ehtoja, ettemme voineet suostua. ■ Tu as réagi avec une telle rapidité que je n’ai pas eu le temps de te donner mon commentaire. Vastasit niin salamannopeasti, etten ehtinyt postata kommenttiani.
Le mot tel peut être postposé (moins fréquemment) :
Le vent soufflait avec une violence telle que l’hélicoptère du secours en montagne n’a pas pu décoller.
Ne pas confondre la construction un(e) tel(le) nom… que à valeur consécutive avec les propositions relatives en finnois introduites par sellainen.
L’adjectif tel se retrouve dans des GN formant des locutions conjonctionnelles, de telle sorte que, de telle façon que, de telle manière que, qui correspondent toutes en finnois à « siten että, sillä tavalla, että » :
L’appartement était disposé de telle sorte/ de telle façon/ de telle manière qu’on voyait à travers l’immeuble. ■ Il avait organisé sa semaine de telle manière qu’il pouvait consacrer une journée entière à la recherche.
Dans le code écrit, on peut supprimer tel dans ces conjonctions et utiliser les formes de sorte que, de façon que, de manière que :
Il avait été bafoué de sorte que, malgré sa douceur, il se fâcha. ■ Notre maison était située de manière que nous pouvions voir tous les arrivages d’Alexandrie et de Rosette.
Mais dans la langue courante moderne, le plus souvent on utilise les conjonctions de sorte que / de façon que / de manière que (donc sans tel) pour exprimer le but (elles demandent alors le subjonctif), et l’emploi des locutions de sorte que, de manière que, de façon que avec une valeur consécutive et suivies de l’indicatif y est devenu relativement rare.
Il existe également des constructions contenant le mot point (dans le sens de aste, määrä), avec différentes variantes : à tel point que / à un tel point que / au point que / à ce point que (finnois niin paljon, niin pahasti, siinä määrin etc.) :
Il neigeait à tel point qu’on ne voyait plus les balises du bord de la piste. ■ Les spectateurs étaient excités au point que le service d’ordre avait jugé plus prudent d’appeler la police. ■ Les larmes le gagnaient à un tel point qu’il ne pouvait plus prononcer d’une manière intelligible. [Jules Romains]
Ces conjonctions peuvent aussi introduire des consécutives explicatives (voir ci-dessous). Le groupe à ce point peut se détacher de que et se placer avant l’adjectif, ce qui est impossible avec les autres conjonctions mentionnées.
Ils sont à ce point installés dans la guerre qu’ils ne sauraient plus comment en sortir. [Stendhal]
Quand le sujet de la subordonnée est le même que celui de la principale (coréférence du sujet), la conjonction au point que peut devenir au point de suivi d’un infinitif ; la transformation infinitive n’est cependant pas obligatoire et on peut aussi utiliser au point que même en cas de coréférence du sujet :
Cette enquête reste très souvent sans réponse, au point de ne pas avoir été retenue par de nombreux chercheurs. ■ Il a énormément travaillé pour sa thèse, au point de ne plus dormir. ■ La chanteuse avait été reçue à bras ouverts comme une princesse, au point d’avoir été surprise elle-même. ■ Il avait mal au genou au point de ne plus pouvoir marcher normalement.
Toutes ces constructions sont utilisables dans le code écrit comme dans le français parlé, mais couramment on dirait plutôt :
Il neigeait tellement qu’on ne voyait plus les balises du bord de la piste. ■ Les spectateurs étaient si/tellement excités que le service d’ordre avait jugé plus prudent d’appeler la police. Etc.
L’adjectif tel peut également s’utiliser comme un adjectif attribut du sujet suivi de la conjonction que. Il équivaut dans ce cas à « si grand », « si fort », « si intense », « si grave » etc. Cette construction s’utilise plutôt dans le code écrit, mais elle est possible aussi dans le français parlé :
Les premières secousses furent telles que je tombai à terre en hurlant. ■ La situation de l’emploi est telle qu’il faut d’urgence prendre des mesures. ■ Les réactions ont été telles que le gouvernement a dû retirer son projet. ■ Les pressions du gouvernement de Washington ont été telles que le gouvernement thaïlandais a dû reculer. ■ Les inquiétudes ont été telles que nous ne pouvons pas les ignorer.
Le sens de tel peut être positif ou négatif et le mot tel peut remplacer si suivi de toute sorte d’adjectifs (beau, bon, grand, catastrophique, difficile etc.). Il faut donc traduire selon les cas par niin vakava, niin suuri etc. Cependant, on trouve aussi des cas où tel est à prendre dans son sens de base « neutre » de sellainen, sans valeur emphatique :
Les propositions du Comité consultatif d’éthique ont été telles que, me semble-t-il, en 18 mois, les positions à ma gauche comme à ma droite ont évolué notablement. ■ Nos réponses judiciaires ont été telles que les organismes d’enregistrement américains et français ont très vite admis que nous avions qualité pour imposer certaines choses.
Tel s’utilise aussi avec une simple valeur comparative, dans le sens de sellainen kuin.
En finnois, sellainen, littéralement « tel », peut servir à la fois d’adjectif à valeur consécutive annonçant une subordonnée consécutive (exemple 1), comme en français, et de déterminant à valeur cataphorique annonçant une relative, qui correspond en français à un article (exemple 2) :
(1) Se oli sellainen pettymys, että tulen sen muistamaan pitkään. C’était une telle déception que je m’en souviendrai longtemps.
(2) Se pitäisi järjestää sellaisena iltana, jolloin kaikki pääsevät tulemaan, ei siis viikonloppuisin. Il faudrait l’organiser un soir où tout le monde peut venir, donc pas le weekend.
Autrement dit, en finnois, sellainen peut avoir une valeur intensive, et dans ce cas il correspond effectivement à un tel… que (de tels… que). Mais quand sellainen sert à annoncer une proposition relative (construction qui n’existe pas en tant que telle en français), l’équivalent de sellainen est l’article indéfini un, et en aucun cas tel. La phrase suivante est agrammaticale en français :
*Je cherche un tel livre qui soit facile à lire pour un enfant de 10 ans.
Il y a un moyen simple de distinguer les deux constructions : les consécutives sont introduites par että, les relatives par un pronom relatif :
sellainen… joka = un… qui/que
sellainen… että = tel… que
Rem. Le déterminant sellainen est aussi fréquemment utilisé (sous la forme sellane) dans le finnois parlé comme déterminant indéfini, qui équivaut assez exactement à l’article indéfini un.
Les adverbes assez/trop peuvent être utilisés comme des adverbes ou, composés avec de, comme des déterminants (assez de, trop de) et suivi de pour annonçant une adverbiale exprimant une conséquence. On peut aussi utiliser suffisamment à la place d’assez.
Le mot pour pourrait faire penser qu’il s’agit de constructions à valeur de but, mais elles expriment cependant une conséquence. En finnois, l’équivalent est en général liian paljon… jotta, liian vähän… jotta, mais un bon équivalent en finnois de assez… pour que… peut aussi être sen verran… että :
Il pleut bien trop pour que nous puissions faire un pique-nique. ■ La commune a débloqué assez d’argent pour que les travaux de la nouvelle crèche puissent enfin commencer. ■ Il n’avait pas assez neigé pour qu’il soit absolument nécessaire de damer la piste. ■ Le projet n’avait pas recueilli assez de soutien pour qu’il soit rationnel de le poursuivre.
Quand le sujet de la subordonnée est le même que celui de la principale (coréférence du sujet), les subordonnées introduites par assez / trop… pour que sont remplacées par des infinitives introduites par pour :
Elle l’aime trop pour lui en vouloir. ■ Cette pièce n’est pas assez grande pour pouvoir servir de salle à manger.
Dans les constructions consécutives du type assez… pour que, l’élément pour que n’est pas interchangeable avec la locution afin que, qui exprime uniquement le but. Ainsi, il est impossible de remplacer assez (…) pour que par la forme trompeusement similaire assez… *afin que ou suffisamment… *afin que, erreur parfois constatée dans les écrits d’étudiants de français langue étrangère. Mais on peut utiliser suffisamment (…) pour que, qui a une valeur consécutive :
Ce problème n’a pas été étudié *suffisamment afin qu’on puisse en tirer des conclusions certaines.
Forme correcte :
Ce problème n’a pas été étudié suffisamment pour qu’on puisse en tirer des conclusions certaines. ou
Ce problème n’a pas été assez étudié pour qu’on puisse en tirer des conclusions certaines.
Il existe dans le style soutenu des variantes de assez … pour que, trop… pour que qui s’utilisent quand la principale est une phrase négative ou ou une phrase interrogative formée avec inversion du sujet (mais pas quand elle est formée avec est-ce que). Dans la proposition adverbiale le verbe est alors au subjonctif. Ces constructions sont délicates à utiliser et relativement lourdes. On les trouve assez souvent dans le style administratif et politique :
La fusion des instituts en un seul est-elle si urgente que tout doive être décidé en un mois ? ■ Avez-vous tant de soucis que vous en perdiez le sommeil ? ■ Le bruit était-il tel qu’il fallût fermer les fenêtres ? ■ Cette décision était-elle tellement importante qu’elle imposât la réunion de tout le conseil d’administration ? ■ Il n’avait pas montré une telle compétence qu’il faille d’office le nommer chef du personnel.
Dans la langue courante, ces phrases pourraient se dire de la façon suivante :
Est-ce que la fusion des instituts en un seul est si urgente qu’il faut tout décider en un mois ? ■ Il n’y avait pas assez de bruit pour qu’il / il n’y avait pas de bruit au point qu’il soit nécessaire de fermer les fenêtres. ■ Est-ce que cette décision était si importante qu’elle imposait la réunion de tout le conseil d’administration ? ■ Il n’avait pas montré une compétence si grande qu’il fallait d’office le nommer chef du personnel.
Les consécutives explicatives expriment une conséquence sous forme de commentaire. Elles sont introduites par des conjonctions variées, qui se différencient essentiellement par le style :
si bien que | joten (code écrit, langue courante) |
de sorte que | joten (surtout code écrit) |
de telle sorte que | joten (surtout code écrit) |
de façon que | joten (surtout code écrit) |
de manière que | joten (surtout code écrit) |
de sorte que | joten (code écrit) |
à tel point que | joten, niinkin…sti että, jopa siinä määrin että (code écrit, langue courante) |
au point que | joten, niinkin…sti että (code écrit essentiellement) |
tant et si bien que | kunnes lopulta |
ce qui fait que | joten (très utilisé dans le code écrit courant ou le français parlé) |
Exemples :
J’avais un horaire des bus périmé, si bien que j’ai raté le dernier bus et que j’ai dû rentrer à pied. ■ Nous avons préparé tout le matériel pour la conférence, de (telle) sorte que vous pourrez commencer aussitôt. ■ Kevin est toujours très distrait, au point qu’on finit par se demander si ce n’est pas un problème neurologique. ■ Toute la journée il a neigé en abondance, à tel point que la station a été fermée. ■ Il y avait toujours quelqu’un chez eux, de telle manière que ce n’était pas nécessaire de téléphoner avant de leur rendre visite.
Certaines de ces conjonctions s’utilisent aussi dans des propositions adverbiales essentielles (voir ci-dessus). La différence est marquée par la ponctuation (ou l’intonation à l’oral) : il n’y a pas de virgule (ou de pause) devant une consécutive essentielle.
La locution tant et si bien que est similaire par le sens et l’emploi à si bien que, mais elle apporte une nuance d’insistance et de durée, qui la rapproche à la fois de jusqu’à ce que et de à tel point que. Elle peut être paraphrasée par [et] finalement, [et] au bout du compte (ja lopulta [kävi niin, että…]). Elle est également employée couramment en tête de phrase, à la place de si bien que :
La maison de leurs voisins a été longtemps déserte, tant et si bien qu’elles avaient fini par oublier ce que peuvent être des voisins. [synonyme : si bien que] ■ Lors de l’arrivée de la police, le couple se rebelle, tant et si bien qu’ils doivent être menottés. [synonyme : à tel point que] ■ Les dumplings étaient fantastiques ! Tant et si bien que nous avons commandé une autre tournée. [synonyme : si bien que] ■ Il arrive même, parfois, qu’on se sépare de façon lamentable : on s’injurie, on lance les mêmes injures qu’on reçoit, tant et si bien que les auditeurs s’en veulent d’être venus écouter de pareils individus. [synonyme : à tel point que]
Le groupe tant et si bien que est également employé dans la locution verbale faire tant et si bien que…, qui a le sens de « poursuivre une action avec détermination », « insister jusqu’à obtenir satisfaction », « s’acharner » :
Les sauveteurs firent tant et si bien que tous les passagers purent être évacués à temps. ■ Ses ennemis firent tant et si bien qu’il dut s’exiler et qu’il mourut loin de son pays natal. ■ Mme de Staël avait fait tant et si bien que ses amants désiraient tous convoler, mais pas avec elle.
Les conjonctions présentées ci-dessus s’utilisent essentiellement dans le code écrit. Dans le français parlé, la locution de loin la plus fréquente est ce qui fait que. On peut ainsi reprendre certaines des phrases précédentes dans leur version « langue courante » :
J’avais un horaire des bus périmé, ce qui fait que j’ai raté le dernier bus et que j’ai dû rentrer à pied. ■ Nous avons préparé tout le matériel pour la conférence, ce qui fait que vous pourrez commencer aussitôt. ■ Toute la journée il a neigé en abondance, ce qui fait que la station a été fermée.
Bien que cette expression soit composée de quatre mots et puisse sembler compliquée, elle se prononce couramment en deux syllabes seulement : /skifᴇk/
. Elle n’est donc pas plus longue que le finnois joten, et elle est utilisée abondamment.
Certaines conjonctions servent aussi à exprimer le but. Elles sont alors suivies du subjonctif. En finnois, le verbe est souvent au konditionaali dans le cas correspondant :
Articulez, de sorte que l’on vous comprenne bien. ■ Il travaille de façon que sa famille puisse vivre à son aise. ■ L’appartement était disposé de telle sorte/ de telle façon/ de telle manière qu’on voie à travers l’immeuble. ■ Il y avait dans le jardin un portique disposé de manière qu’on trouvât de l’ombre à toute heure. ■ La professeure avait organisé sa semaine de telle manière que ses étudiants puissent venir la consulter au moins deux fois par semaine.
Avec l’indicatif, ces phrases expriment une conséquence de fait (tosiasiallinen seuraus), avec le subjonctif elles indiquent une conséquence voulue. En traduisant depuis le français, il faut faire attention de ne pas confondre ces conjonctions avec celles exprimant la conséquence. Parfois la nuance n’est pas très grande, et, en traduisant vers le français, il n’est pas toujours facile de choisir le mode. En cas de doute, le mieux est d’utiliser des conjonctions à sens nettement final (afin que, pour que).
59. Adverbiales consécutives. Mise à jour 26.2.2024