Dans la terminologie grammaticale française, on regroupe généralement dans la catégorie des « verbes pronominaux » les verbes formés avec les pronoms personnels « réfléchis », comme se souvenir, se rendre compte, se méfier, se sauver etc. En finnois, on appelle ces verbes « refleksiiviset verbit ».
Cependant, une grande partie des verbes avec pronom réfléchi n’expriment pas un processus « réfléchi », c’est-à-dire dans lequel le sujet du verbe exerce l’action sur lui-même (par exemple je me lave).
D’autre part, le terme de « verbe pronominal » conviendrait mieux à des verbes dans lesquels le pronom est devenu un composant morphologique du verbe (y aller, en appeler, l’emporter etc.) ou bien à des verbes essentiellement pronominaux comme s’enfuir. C’est pourquoi on utilise dans la présente grammaire le terme plus générique de verbes à pronom réfléchi, qui décrit simplement le fait que le verbe s’utilise avec (ou a comme complément) un pronom à valeur réfléchie.
Les pronoms dits « réfléchis » (voir ci-dessous) eux-mêmes ne sont pas à proprement parler des formes particulières, puisque :
Les temps composés de tous les verbes avec pronom réfléchi, quel que soit leur sens : réfléchi, réciproque, idiomatique etc., se forment toujours avec l’auxiliaire être. Il n’y aucune exception.
Les pronoms employés avec une valeur réfléchie présentent trois séries de formes : faible, pleine et longue. En finnois, on utilise comme pronom réfléchi un mot spécifique, itse, qui se décline à tous les cas et peut recevoir une marque de personne. En français, on utilise un pronom réfléchi spécifique (se) comme forme faible seulement aux personnes 3/6, et soi/soi-même comme forme pleine quand le pronom a une valeur générique ou renvoie par exemple à un pronom indéfini (sans genre), voir ci-dessous. Aux personnes 1/2/4/5, on utilise les formes habituelles des pronoms personnels.
Pers. | faible CVD / CVP | pleine | longue |
---|---|---|---|
1 2 3 4 5 6 | me te se nous vous se |
moi toi lui/elle nous vous eux/elles |
moi-même toi-même lui-même, elle-même nous-mêmes vous-mêmes eux-mêmes, elles-mêmes |
générique / sans genre | |||
3 | se | soi | soi-même |
Les formes faibles des pronoms réfléchis s’utilisent selon les mêmes règles que les pronoms à valeur non réfléchie en fonction de complément et, combinés à d’autres pronoms faibles avant le verbe, ils se placent en premier, avant tout autre pronom complément :
Il se le demande. ■ Je me la suis achetée. ■ Elles se les sont pardonnées.
À toutes les personnes, il y a une seule et même forme pour le pronom complément de verbe direct (CVD) et le pronom complément de verbe prépositionnel (CVP) :
Je me lave. Tu te laves. Il se lave. [laver qqn, laver qqch]
Je me demande. Tu te demandes. Il se demande. [demander à qqn]
Pour les finnophones, cela peut provoquer des confusions, surtout dans le cas de verbes synonymes mais ayant une construction différente (par exemple suivre qqn, et succéder à qqn, tous deux seurata en finnois ) ou de verbes qui ont une construction différente en finnois et en français. Pour savoir distinguer les fonctions, il faut connaitre la construction du verbe (ce qui est avant tout un problème de connaissance du vocabulaire) :
Ils se suivent. He seuraavat toisiaan. = se CVD [suivre qqn]
Ils se succèdent. He seuraavat toisiaan. = se CVP [succéder à qqn]
Remarque: cette distinction peut avoir une importance par exemple pour l’accord du participe passé : ils se sont suivis he seurasivat toisiaan vs ils se sont succédé he seurasivat toisiaan.
Des formes syncrétiques de pronoms faibles compléments prépositionnels du verbe me te se nous vous lui leur ne peuvent pas figurer simultanément devant le verbe ; le deuxième pronom peut donc seulement être le la les en y. On peut donc combiner
Je me le rappelle. Muistan sen / hänet. [me CVP, le CVD]
Il se le rappelle. Hän muistaa sen / hänet. [se CVP, le CVD]
mais on ne peut pas dire *Je me te rappelle ou *Il se me rappelle car il serait impossible de savoir lequel des deux pronoms est CVP ou CVD. Dans ce cas, il faut utiliser le verbe se souvenir de :
Je me souviens de toi. Muistan sinut. ■ Il se souvient de moi. Hän muistaa minut. [se souvenir de qqch/qqn, CVP]
C’est essentiellement pour cette raison qu’il existe en français deux verbes différents pour traduire le finnois muistaa :
muistan hänet /heidät/ sen je me le / la / les rappelle;
muistan sinut / muistat minut / meidät je me souviens de toi / tu te souviens de moi / de nous) etc.
Dans le français parlé, la force de l’analogie a résolu ce problème en alignant la construction de se rappeler sur celle de se souvenir, et on utilise couramment la forme se rappeler de :
Tu te souviens de cette soirée à Jimbaran ? – Oui je m’en rappelle très bien./ Je m’en souviens très bien.
Dans le code écrit strict, la construction Je m’en rappelle très bien est considérée comme fautive (et doit donc être évitée). Mais dans le français parlé, elle est très fréquente et un très grand nombre d’usagers de la langue ignorent complètement qu’elle est jugée « agrammaticale ».
Comme formes pleines réfléchies des pronoms personnels, on utilise les formes pleines habituelles moi toi lui/elle nous vous eux/elles. Contrairement au pronom réfléchi faible (se), il n’y a pas de forme particulière pour la personne 3 : on peut utiliser le pronom lui/elle si le sens du verbe ou le contexte indiquent clairement que le pronom a le même référent que le sujet :
Je ne compte que sur moi. ■ Tu as une fâcheuse tendance à ne penser qu’à toi et à oublier les autres. ■ Vous pouvez le garder pour vous. ■ Emportez-le chez vous. ■ Nous avions fait ça pour nous et pas pour que ça soit diffusé partout. ■ J’ai entendu un grand bruit derrière moi. ■ Il a toujours un peu d’argent sur lui. ■ Ils sont rentrés chez eux. ■ Carla a gardé les enfants chez elle aujourd’hui, parce qu’elle a une journée de libre. ■ Soudain, ils entendirent un grand bruit derrière eux. ■ Elles ont tout gardé pour elles.
Il existe une variante longue des formes pleines, composée de la forme pleine à laquelle on ajoute l’adjectif ‑même qui s’accorde en nombre. On l’on utilise pour marquer plus clairement la valeur réfléchie si le sens du verbe ou le contexte l’exigent :
Elle [ma mère] ne pense qu’à elle [sa fille]. Hän ajattelee vain häntä.
Elle ne pense qu’à elle-même. Hän ajattelee vain itseään.
Ils se sont fait du tort. He aiheuttivat haittaa toisilleen
Ils se sont fait du tort à eux-mêmes. He aiheuttivat haittaa itselleen.
On utilise souvent la forme pleine si on veut insister sur la valeur réfléchie, et souvent de façon plus ou moins redondante (mais généralement elle n’est pas sentie comme vraiment redondante) :
(a) Elles ont tout gardé pour elles-mêmes. (b) Je ne compte que sur moi-même. (c) Tu as une fâcheuse tendance à ne penser qu’à toi-même. (d) Vous pouvez le garder pour vous-mêmes. (e) Nous avions fait ça pour nous-mêmes et pas pour que ça soit diffusé partout. (f) Tu te l’offriras à toi-même (g) On a acheté ça pour nous-mêmes.
Comme en général on offre quelque chose à quelqu’un d’autre, dans l’exemple (f), la forme même sert à souligner que la personne qui offre est aussi le destinataire du cadeau. Mais on pourrait dire facilement sans forme longue : Je me suis offert une semaine de vacances. Dans l’exemple (g), on désigne « nous » (français parlé). Si on disait simplement On l’a acheté pour nous, il pourrait y avoir ambigüité, car la phrase pourrait signifier « Nous l’avons acheté pour nous » ou « Quelqu’un l’a acheté pour nous ».
En dehors des constructions prépositionnelles, les formes longues s’utilisent pour renvoyer au sujet du verbe (finnois itse) :
Il devra essayer lui-même. ■ Il faut que vous l’essayiez vous-mêmes pour pouvoir comprendre.
On peut ainsi opposer :
Je me la suis achetée. [pas de nuance particulière] ■ Je me la suis achetée moi-même. [« Personne d’autre n’ayant eu l’idée de me l’offrir, j’ai finalement fait cet achat moi-même ».]
On utilise notamment les formes longues quand on veut souligner le caractère réfléchi des verbes pronominaux idiomatiques ou essentiellement pronominaux, comme se tromper, se souvenir, se rendre compte (voir ci-dessous), dans lesquels le pronom réfléchi fait partie du verbe et n’a pas de valeur réfléchie en tant que tel :
Nous nous sommes trompés. Erehdyimme. Nous nous sommes trompés nous-mêmes. Erehdyimme itsekin. / Petimme myös itseämme. ■ Vous vous en rendrez compte vous-mêmes. Tekin tulette huomaamaan sen. / Tulette huomaamaan sen itsekin, ilman muiden apua.■ Je m’étonne moi-même.
Souvent, la forme longue a la même valeur que aussi (finnois itsekin, ou simplement ‑kin). Dans ce cas-là, la forme longue peut renvoyer au sujet ou au complément du verbe :
Les riverains sont excédés eux-mêmes. ■ Ça nous embête nous-mêmes.
C’est ainsi que la phrase Je me la suis achetée moi-même peut aussi signifier « Je l’ai achetée à quelqu’un d’autre et aussi pour moi-même ».
Ces formes longues peuvent s’utiliser en position détachée, mais, comme dans le cas de la forme pleine du pronom personnel sujet, seule la personne 3 peut être sujet sans l’appui d’un autre pronom personnel (a), dans les autres cas, il faut exprimer la forme faible devant le verbe (b) :
(a) Lui-même a dit que c’était impossible. (b) Moi-même, j’en ai fait l’expérience. [le pronom je doit obligatoirement être exprimé devant le verbe.]
À la personne 3/6, la forme faible et la forme pleine ont une variante, soi/soi-même. On l’utilise dans les cas suivants :
a. Le sujet renvoie à un nom à valeur générique, autrement dit non pas à un référent défini identifiable, mais à toute une catégorie :
L’orgueilleux regarde les autres avec des yeux chassieux et soi-même sans yeux, en aveugle. ■ Un chanteur c’est égoïste, ça ne pense qu’à soi, mais comme j’ai une femme très présente et avec qui je m’entends bien, ça a fait l’équilibre. [A. Souchon]
b. Le sujet est un pronom indéfini nominal (non représentant, donc sans genre) comme on, chacun, quelqu’un, personne, tout le monde, quiconque. Comparer :
Chacun est rentré chez soi. / Tous sont rentrés chez eux. ■ On peut très bien faire ça soi-même. / Il peut très bien faire ça lui-même. ■ Dans la vie, chacun pense d’abord à soi-même. / Julien pense d’abord à lui-même.
c. Le pronom renvoie au sujet non exprimé d’un infinitif employé seul ou par exemple après il faut, il est bon de + infinitif etc. :
Il faut toujours avoir un peu d’argent sur soi. ■ Il faut d’abord se le demander à soi-même. ■ Travailler chez soi est aujourd’hui devenu banal grâce au télétravail. ■ Face à une grave maladie, il est nécessaire de ne pas se replier sur soi.
d. Dans les groupes nominaux dérivés de constructions verbales qui ont un sujet implicite non exprimé (comme en finnois itsetutkiskelu) :
Le repli sur soi, le respect de soi, l’estime de soi, l’image de soi
Remarque : les francophones ont tendance à employer la forme soi même en dehors de ces cas. On relève couramment des phrases du type il ne le sait pas soi-même, ou bien il n’a pas assez confiance en soi (il faudrait dire normalement il ne le sait pas lui-même et il n’a pas assez confiance en lui-même). En fait, justement à cause de son emploi dans des contextes génériques, soi-même est vraisemblablement senti comme un réfléchi « générique » (au sens d’« universel », « passepartout »), qu’on peut utiliser pour indiquer la valeur réfléchie de tout sujet de personne 3/6, exactement comme itse en finnois, qu’on ajoute simplement après le verbe pour indiquer une valeur réfléchie. Cependant, dans le code écrit strict, il faut en principe appliquer les règles ci-dessus.
Quand on utilise le verbe avec un sens réfléchi, l’action est « réfléchie » (mot à mot « heijastettu ») vers le sujet, autrement dit l’action du verbe porte en même temps sur le complément du verbe et sur le sujet. Il y a deux possibilités :
1) verbe avec CVD (complément de verbe direct) : le CVD représente le même actant (agentti) que le sujet ; le sujet du verbe est aussi le complément direct du verbe. Il exerce l’action sur lui-même (c’est-à-dire sur le CVD) :
préparer valmistaa : je me prépare (valmistan itseni = valmistaudun)
laver : elle se lave (hän pesee itsensä = hän peseytyy).
regarder katsella : il se regardait dans le miroir (= A regarde A dans le miroir).
Rem. Dans ce cas, le participe passé s’accorde avec le pronom réfléchi, puisqu’il est complément direct du verbe et il précède le verbe : elles se sont lavées.
2) verbe avec complément de verbe prépositionnel (CVP) : le complément direct du verbe ne représente pas le même actant que le sujet du verbe. Le sujet exerce l’action sur quelque chose ou quelqu’un d’autre (le CVD). Le pronom « réfléchi » désigne dans ce cas à l’actant (l’« auteur ») de l’action comme complément de verbe prépositionnel (CVP) précédé de la préposition à (ou pour). Pour exprimer la valeur réfléchie, en finnois on utilise souvent dans ce cas itselleen ou itseltään etc. :
Demander qqch à qqn → demander qqch à soi-même → se demander qqch.
Faire qch pour qqn : Je me suis fait un petit cahier.
Accorder qqch à qqn: Nous nous sommes accordé un peu de repos.
Poser une question à qqn : Il se pose la question. Hän kysyy sitä itseltään.
Rem. Dans ces cas, le participe passé ne s’accorde pas avec le pronom réfléchi, puisqu’il n’est pas le complément direct du verbe.
De nombreux verbes transitifs peuvent être utilisés avec un pronom employé de façon réfléchie indiquant le destinataire ou le bénéficiaire de l’action, par exemple Je me suis fait un sandwich (laitoin itselleni voileivän). Dans ce cas, le pronom réfléchi indique que le sujet fait quelque chose pour lui-même (en finnois itselleen, itseään varten). Quand le verbe est employé avec un pronom réfléchi, il se produit certains changements dans la phrase par rapport à un complément non réfléchi :
Elle m’a acheté des chaussures. Hän osti minulle kengät.
Je me suis acheté des chaussures. Ostin itselleni kengät.
Je t’ai fabriqué une étagère. Rakensin sinulle hyllykön.
Tu t’es fabriqué une étagère. Rakensit itsellesi hyllykön.
Les enfants lui ont construit une cabane. Lapset rakensivat hänelle majan
Les enfants se sont construit une cabane. Lapset rakensivat itselleen majan.
Je lui ai demandé si c’était une bonne idée. Kysyin häneltä, onko se hyvä ajatus.
Il s’est demandé si c’était une bonne idée. Hän ihmetteli [kysyi itseltään], onko se hyvä ajatus.
En finnois, le verbe ne change pas, mais le pronom prépositionnel est différent (minulle/itselleni, sinulle/itsellesi etc.). En français, le verbe change aux temps composés (auxiliaire avoir → auxiliaire être) et le pronom change seulement aux personnes 3/6 (lui, leur → se).
Dans les cas de ce genre, de nombreux dictionnaires et certaines grammaires considèrent qu’il existe une « forme réfléchie » du verbe faire, confectionner, construire, acheter, envoyer etc. C’est parfaitement inutile. C’est un emploi tout à fait banal et normal de ces verbes avec un complément de verbe prépositionnel (CVP). La seule différence est que le CVP est ici « réfléchi », au lieu d’être lui, leur etc.
Remarque : il existe un emploi réellement réfléchi de faire, c’est le verbe se faire, qui signifie « se faire soi-même », « se développer » : Ce garçon s’est fait. Poika on miehistynyt. Mais dans des phrases telles que les suivantes, il est tout à fait abusif de parler de verbe réfléchi ; ce sont les pronoms (les compléments me ou s’) qui sont « réfléchis » : Je me suis fait un chapeau avec un journal plié ou Il s’est découvert une passion pour l’astronomie.
Les verbes utilisés dans un sens réciproque (vastavuoroinen, resiprookkinen) ont un sujet pluriel et les sujets exercent l’action les uns sur les autres. En finnois, on utilise dans ce cas toinen toisensa :
complément direct
Nous nous voyons tous les jours. ■ Ils ne se sont pas compris. ■ Ils se sont suivis.
complément prépositionnel
Elles s’écrivent tous les jours (écrire à) ■ Ils se ressemblent beaucoup. He muistuttavat paljon toisiaan (ressembler à).
■ Les images se succèdent rapidement. Kuvat seuraavat nopeasti toisiaan (succéder à) ■ Les deux amis s’envoient des textos. Ystävykset lähettävät toisilleen tekstareita (envoyer à) ■ Ils ne se cachent aucun secret. He eivät salaa toisiltaan mitään (cacher à) ■ On s’est envoyé des lettres.
La différence entre la valeur réfléchie et la valeur réciproque dépend du sens du verbe. Certains énoncés peuvent avoir deux interprétations :
Elles se lavent. = Chacune se lave soi-même. He pesevät itseään.
Elles se lavent. = L’une (les unes) lave(nt) l’autre (les autres). He pesevät toisiaan.
Ils se regardent dans un miroir. = Chacun se regarde soi-même dans un miroir. He katsovat itseään peilistä.
Ils se regardent dans un miroir = chacun regarde l’autre dans le même miroir. He katsovat toisiaan peilistä.
Avec les verbes transitifs à complément prépositionnel ou à compléments multiples, c’est le sens réciproque qui prévaut en général : elles se sont téléphoné ou elles se sont écrit de longues lettres (se = toisilleen), ils se sont regardés etc.
Attention aussi aux différences de construction entre le finnois et le français (cacher à qqn, finnois salata joltakulta) :
Elles se sont cachées. He piiloutuivat.
Elles se sont caché des choses. He salasivat asioita toisiltaan.
Certains verbes n’existent qu’à une forme dite « pronominale », autrement dit on ne les emploie jamais sans le pronom réfléchi (ou très rarement, souvent dans des emplois figés), sauf au participe passé. Les verbes *enfuir, *souvenir, *envoler etc. n’existent pas seuls, sans pronom réfléchi. On appelle ces verbes des verbes essentiellement pronominaux. Le sens ou la valeur du pronom réfléchi sont devenu obscurs, et le pronom fonctionne comme une sorte d’élément dérivationnel, une sorte de particule, qui n’a pas de sens en elle-même (comme le pronom y dans on y va ou le pronom en dans j’en ai assez, qui servent de particule verbale). Dans ce cas, le fait d’appeler ces verbes des verbes pronominaux est pleinement justifié, car le pronom est un élément indispensable qui fait morphologiquement partie du verbe :
s’absenter, s’écrier, s’ensuivre olla seurauksena, s’en aller, s’évanouir hälvetä / mennä tajuttomaksi, s’enfuir lähteä pakoon, s’enquérir de qqch tiedustella, se souvenir, s’abstenir de faire qqch pidättäytyä tekemästä, s’envoler, s’emparer de ottaa haltuun, vallata, s’éprendre de qqn rakastua jkhun, se raviser muuttaa mielensä, s’efforcer, se pâmer pyörtyä, se suicider
Le participe passé de certains de ces verbes (notamment de verbes exprimant le mouvement) peut s’utiliser sans pronom réfléchi dans un sens actif intransitif, comme celui des verbes intransitifs actifs qui utilisent l’auxiliaire être ; mais cela ne concerne que quelques verbes :
Tous mes soucis ? Envolés ! Kaikki huoleni? Poissa! ■ La douleur ? Évanouie. Kipuko? Hävinnyt. ■ Où sont passés les prisonniers ? – Tous enfuis !
Un certain nombre de verbes peuvent s’utiliser soit sans pronom réfléchi soit avec pronom réfléchi. Utilisés avec un pronom réfléchi, ils ont souvent un sens entièrement différent : on les appelle pour cette raison «verbes pronominaux idiomatiques ». Dans ces verbes, le contenu sémantique du pronom se est généralement impossible à interpréter. Comparer :
Les deux clubs se disputent la première place du championnat. Molemmat seurat kilpailevat mestaruudesta. ≠ Les deux amis se disputent. Ystävykset riitelevät.
Le verbe disputer qqch à qqn signifie tavoitella jtak joltakulta. Dans le premier exemple ci-dessus, il s’agit donc d’une construction réciproque (tavoittelevat mestaruutta toisiltaan). Dans le deuxième exemple, se disputent n’a pas le même sens (?tavoittelevat toista toiseltaan) : c’est un emploi idiomatique de se disputer, qui signifie « riidellä ». Comparer également :
Grâce à la liaison par satellite, malgré l’absence de réseau, nous nous entendons parfaitement. ≠ Nos voisins ne s’entendent pas. Naapurimme eivät tule toimeen keskenään [s’entendre utilisé de façon idiomatique équivaut à tulla toimeen keskenään].
Dans le cas des verbes pronominaux idiomatiques, le terme de pronominal est donc justifié aussi, car le pronom sert d’élément dérivationnel permettant de créer un nouveau verbe.
Les exemples ci-dessous présentent une comparaison de verbes employés sans pronom réfléchi et employés avec pronom réfléchi de façon idiomatique. Ces verbes sont des verbes courants et très utilisés, qu’il est utile de connaitre :
rendre palauttaa / se rendre antautua
apercevoir qqch havaita, nähdä / s’apercevoir de qqch huomata, panna merkille
dire qqch sanoa / se dire qqch ajatella
rendre compte de qqch raportoida / se rendre compte de qqch huomata
douter de qqch kyseenalaistaa jtak / se douter de qqch aavistaa jtak
mettre laittaa, asettaa / se mettre à faire qqch ryhtyä tekemään jtak
passer mennä ohi / se passer tapahtua
entendre kuulla / s’entendre (avec qqn) tulla toimeen (jkn kanssa)
servir palvella, tarjoilla / se servir de qqch käyttää jtak
disputer (qqch à qqn) tavoitella jtak jklta / se disputer riidellä
retrouver löytää / se retrouver quelque part joutua jonnekin
mêler sekoittaa, hämmentää / se mêler de qqch puuttua jhk
prêter lainata / se prêter à qqch soveltua jhk
dépêcher qqch/qqn lähettää (kiireesti) / se dépêcher (de faire) kiirehtiä (tekemään)
trouver qqch löytää / se trouver sijaita, olla
Certains de ces verbes s’emploient couramment avec un sujet inversé (placé après le verbe) et précédés de l'indice de personne verbale il :
Des choses graves se passent. → Il se passe des choses graves.
Un évènement nouveau s’est produit. → Il s’est produit un évènement nouveau.
Un climat nouveau s’est fait jour récemment. → Il s’est fait jour récemment un climat nouveau.
Derrière des verbes apparemment identiques peuvent se cacher des constructions différentes :
Il s’est servi du vin. Hän kaatoi itselleen viiniä.
Il s’est servi du vin pour faire une sauce. Hän käytti viiniä kastikkeen valmistamiseen.
Dans le premier cas, il s’agit du verbe servir (tarjoilla) employé de façon réfléchie (« servir qqch à soi-même »), qui est suivi du CVD du vin (article indéfini massif du et nom vin) : kaataa itselleen viiniä. Dans le deuxième cas, il s’agit du verbe se servir de qqch (käyttää), qui est une utilisation idiomatique de servir avec pronom réfléchi, et du CVP le vin. Le mot du est la forme contracte de la préposition de et de l’article défini le. L’article défini signifie ici qu’on renvoie à un vin connu par exemple par référence anaphorique : « le vin qui restait » ou « le vin qui était dans le réfrigérateur ».
Dans le cas de nombreux verbes, la forme avec pronom réfléchi correspond à une forme intransitive du verbe, car le processus décrit par le verbe n’est pas vu réellement comme une action que le sujet exerce sur lui-même, mais qui se produit en quelque sorte toute seule, comme dans les verbes finnois näkyä, kutistua, nukahtaa : se lever, se coucher, s’assoir, s’endormir, se rétrécir, se répandre, se voir etc. C’est aussi le même processus qui explique l’emploi des verbes comme se blesser, se tuer etc. (voir ci-dessous Valeur intransitive « passive ») :
L’église, dont le clocher était entièrement doré, se voyait de très loin. ■ Nous avons dû rouler prudemment, parce que par endroit la route se rétrécissait dangereusement. ■ Elle détourna les yeux une seconde, pour s’assurer qu’aucun danger ne se profilait à l’horizon. ■ Pendant la seconde moitié du XVIIe siècle, sous le règne du Roi Soleil, s’est répandue, surtout chez les hommes, la mode des dentelles précieuses cousues. ■ Le soleil ne se lèvera plus à Utsjoki avant le 13 janvier. ■ Les ordres superposés et les arcades, typiquement Renaissance, se rencontrent de plus en plus souvent.
Remarque : cette valeur intransitive du verbe à pronom réfléchi provoque souvent des erreurs chez les finnophones, car un certain nombre de verbes intransitifs finnois en ‑UA- ou ‑UtuA (mais aussi d’autres, comme nousta) correspondent en français à des verbes avec pronom réfléchi (nousta se lever, kääntyä se tourner, lisääntyä se répandre), mais d’autres correspondent à des verbes intransitifs simples, sans pronom réfléchi (lisääntyä augmenter, muuttua changer), voir Douter, changer, approcher, apercevoir ci-dessous.
Certains verbes s’emploient avec un pronom réfléchi pour exprimer que le sujet a été victime d’un évènement fâcheux, dont il peut éventuellement être responsable ou non, mais qu’il n’a pas fait en exerçant volontairement l’action sur lui-même : se tuer, se blesser, se faire mal, se casser la jambe etc. Il subit en quelque sorte l’action de façon passive (voir aussi la construction se faire + infinitif). Ne pas confondre cet emploi avec la valeur de verbe passif ou impersonnel ci-dessous. Ces verbes correspondent souvent à des verbes intransitifs en finnois (se tuer kuolla, se blesser loukkaantua etc.) :
Anaelle s’est fracturé le nez en faisant de la planche à voile. ■ Un alpiniste allemand s’est tué jeudi sur le Mont-Blanc du côté italien. ■ Une femme de Longueuil qui s’est fracturé un poignet et un coude en raison d’une chute sur un trottoir va obtenir 112 000 dollars [canadiens] en dommages et intérêts. ■ Il s’est blessé à la jambe en tondant le gazon. ■ Ne joue pas avec ce couteau, tu vas finir par te faire mal !
Cet emploi est très fréquent (notamment pour se tuer, dans des titres de journaux, dans le sens du finnois saada surmansa) et il peut prêter à confusion. Ainsi la phrase Il s’est tué dans un accident de moto doit se comprendre « Hän sai surmansa/ kuoli moottoripyöräonnettomuudessa » et non pas « Hän teki itsemurhan / tappoi itsensä moottoripyöräonnettomuudessa ».
Dans d’autres cas, le verbe peut évidemment aussi avoir un sens véritablement transitif (action volontaire du sujet sur lui-même). Il faut donc savoir interpréter la valeur du verbe « réfléchi » en fonction du contexte :
Je ne sais pas si elle voulait se punir de n’avoir pas su garder son homme, ou si elle voulait se faire mal physiquement pour moins ressentir la douleur qui lui arrachait le cœur.
Un verbe utilisé avec un pronom réfléchi peut prendre un sens de passif ou d’impersonnel, qui rappelle le passiivi impersonnel finnois :
Ce médicament se prend avant le repas. Tämä lääke otetaan ennen ateriaa. ■ Au restaurant, il se consomme des quantités considérables de champagne. Ravintoloissa juodaan huomattavia määriä samppanjaa. ■ La maison s’est vendue facilement. Talo meni helposti kaupaksi. ■ Ce livre se lit rapidement. Kirja on nopeasti luettu. ■ Ce modèle se vend très bien. Tämä malli myy hyvin. ■ Où est-ce que ça s’achète ? ■ Cela se voit. ■ Comment ça s’écrit ? ■ Cela s’entend qu’il n’est pas français. ■ Un enfant s’élève dans la douceur et la compréhension.
Cet emploi est possible pour de nombreux verbes pouvant recevoir un complément direct, mais n’est pas aussi étendu qu’en italien, par exemple. Cette construction exprime souvent une vérité générale ou un précepte (ohje). Elle s’utilise pour marquer la valeur générique de l’action (on indique que l’action s’applique à tous les objets envisagés), contrairement au passif, où on souligne plutôt la valeur aspectuelle ou temporelle. Comparer :
Ce livre se lit facilement. Kirja on helppolukuinen. ■ Ce livre est lu facilement. Tämä kirja on äkkiä luettu. ■ Comment ça s’écrit ? Miten se kirjoitetaan? ■ Comment c’est écrit ? Miten se on kirjoitettu?
Cette nuance n’existe pas dans le passiivi finnois. En fonction du sens du verbe et du contexte d’utilisation, le passif impersonnel peut apporter parfois une nuance supplémentaire; dans d’autres cas, il n’y a pas vraiment de différence avec le passif : La maison s’est vendue facilement. = La maison a été vendue facilement.
Les constructions avec passif à valeur impersonnelle sont en revanche très fréquentes dans le français parlé, en position détachée dans des phrases clivées (soit en prolepse, soit en rappel). Dans ces constructions, la valeur générale ou générique de la construction réfléchie est renforcée par l’utilisation du pronom ça (mais pas exclusivement, l’emploi de il est possible aussi) :
Ça s’écrit comment, votre nom ■ Ça se mange comment, les artichauts ■ Le champagne, ça se boit frappé. ■ Ça/Il s’ouvre comment, ce truc ? ■ Ça s’achète où, ce produit ? ■ Le pouvoir, ça se prend par la force. ■ Ça se prend comment, la température d’un chat ?
Comme expliqué ci-dessus, un assez grand nombre de verbes peuvent être utilisés de façon idiomatique avec un pronom réfléchi : selon qu’ils sont utilisés avec ou sans pronom réfléchi, ils changent de sens, tantôt légèrement, tantôt radicalement. C’est le cas particulièrement d’un verbe comme (se) douter, mais aussi de verbes comme (se) changer, (s’)approcher, (s’)apercevoir, (s’)imaginer. Il n’est pas toujours facile pour les apprenants de français langue étrangère de bien comprendre ou de bien mémoriser ces différences. Pour les finnophones, l’existence des verbes à valeur réfléchie ou intransitive comme muuttua, kääntyäetc. (voir tableau ci-dessous) augmente encore le risque d’erreurs.
Comme c’est presque toujours le cas avec la construction des verbes, il s’agit fondamentalement d’abord d’un problème de lexique : l’apprenant de français ne peut pas toujours deviner ou déduire avec certitude le sens précis ou les différences de sens, il doit les mémoriser. Ci-dessous se trouvent quelques exemples de verbes qui posent des difficultés aux finnophones, en partie parce que leurs équivalents en finnois peuvent aussi avoir des sens variés (mais qui ne varient pas de la même façon qu’en français) et aussi parce qu’il existe en finnois une grande quantité de verbes à valeur réfléchie auxquels correspondent en français des verbes intransitifs simples, employés sans pronom réfléchi.
Le couple douter de qch et se douter de qch est source de confusions fréquentes chez les étudiants de français de toutes origines linguistiques. En finnois, ces confusions sont renforcées par le fait que le verbe epäillä équivalent de douter peut avoir deux sens différents, « aavistella » ou « kyseenalaistaa » :
La différence de sens est donc importante (voir aussi Sans doute vs sans aucun doute), et malheureusement, du point de vue des apprenants de français langue étrangère, elle ne dépend que de la présence ou de l’absence d’un petit mot, le pronom réfléchi. Exemples :
Je doute de ses chances de réussite. Epäilen hänen mahdollisuuksiaan onnistua. / En ole varma, onnistuuko hän. ■ Je ne doute pas de ses chances de réussite. En epäile hänen mahdollisuuksiaan onnistua. / Olen varma, että hän onnistuu. ■ J’en doute. Epäilen sitä. ■ Je n’en doute pas. En epäile sitä.
Je me doutais de sa réaction. Aavistin / Osasin odottaa, että hän reagoisi tällä tavalla. ■ Je ne me doutais pas de sa réaction. En osannut odottaa, että hän reagoisi tällä tavalla. ■ Je m’en doutais. Epäilin sitä. / Aavistelin sitä. / Osasin odottaa sitä. ■ Je ne m’en doutais pas. En osannut odottaa sitä.
Comparer :
Nous nous doutions que le dépouillement de ce corpus ne donnerait pas forcément des résultats tangibles. [On le savait d’avance, et effectivement il n’y a pas eu de résultats.] ■ Nous doutions que le dépouillement de ce corpus donne des résultats tangibles, mais nous avons pu constater que les données sont bien en corrélation avec les calculs théoriques. [Au départ, on pensait qu’il n’y aurait pas de résultats, mais il y en a eu.] ■ Personne ne pouvait se douter de l’importance de cette invention. [Personne ne savait qu’elle était ou serait importante.] ■ Personne ne pouvait douter de l’importance de cette invention. [Tout le monde savait que l’invention était importante et personne ne pouvait dire le contraire.]
Remarque : douter et se douter demandent un mode différent quand ils ont comme complément une proposition complétive : douter que demande le subjonctif, tandis que se douter que demande l’indicatif : Tu te doutes bien qu’ils n’étaient pas très enthousiastes à cette idée ou Je doutais grandement qu’il obtienne gain de cause.
Le sens réfléchi d’un verbe est souvent marqué en finnois par le suffixe ‑UtUA ou ‑ntUA : pestä → peseytyä, muuttaa → muuttua, lisätä → lisääntyä. Un certain nombre de ces verbes correspondent en français à des verbes à pronom réfléchi, mais il y a aussi beaucoup de verbes en ‑UtUA ou ‑ntUA qui équivalent en français à des verbes intransitifs simples (non réfléchis), et provoquent fréquemment des erreurs chez les étudiants de français finnophones. Parmi les plus fréquents, il faut faire attention aux suivants :
kääntyä (risteyksessä) | tourner | se tourner = kääntyä ympäri |
muuttua | changer | se changer = vaihtaa vaatteet |
kutistua (kankaasta) | rétrécir | se rétrécir = kaveta |
punastua | rougir | pas de forme réfléchie |
lisääntyä | augmenter | s’augmenter = antaa itselleen palkankorotus |
käynnistyä | démarrer | *se démarrer = inusité |
vähentyä / alentua | diminuer | se diminuer = vähätellä taitojaan |
vähentyä | baisser | se baisser = kumartua, kyykistyä |
vaihdella | varier | *se varier = inusité |
erota | différer (de) | *se différer = agrammatical |
kuivua | sécher | se sécher = kuivattaa itsensä |
kaksinkertaistua | doubler | se doubler de qqch = olla myös |
kolminkertaistua | tripler | *se tripler = inusité dans ce sens. |
Remarque : tous les verbes français dans la colonne du milieu (tourner, changer, rétrécir…) se conjuguent avec l’auxiliaire avoir.
Inversement, de nombreux verbes à sens intransitif sont souvent utilisés par les finnophones de façon erronée comme des verbes « réfléchis », le plus fréquent étant différer « erota, olla erilainen kuin » :
La littérature pour enfants diffère de la littérature pour adultes sur bien des points. [et non *se diffère]
Difficulté : les verbes approcher et s’approcher se traduisent tous deux par lähestyä. Comment choisir entre l’un et l’autre ?
a. S’approcher s’utilise normalement avec un sujet animé qui peut agir lui-même sur le rapprochement, et signifie « se déplacer pour être plus près de quelque chose » :
Le petit garçon s’est approché de la barrière. ■ Le chat s’est approché de moi pour se faire caresser.
b. Approcher s’utilise en général avec un sujet non animé, et signifie simplement « devenir plus proche de quelque chose » :
Le moment approche. Hetki lähestyy. ■ La fin approche. Loppu lähestyy. ■ L’orage approchait. Ukkonen lähestyi. ■ Le train approche de Paris. Juna lähestyy Pariisia. ■ Bruxelles approche. Olemme pian Brysselissä.
On pourrait ainsi opposer Approche ! « viens plus près » (tule tänne!) et Approche-toi ! « mets-toi plus près » (tule lähemmäksi).
c. Les deux verbes se ressemblent cependant beaucoup et ont un sens très similaire. C’est pourquoi, dans la langue courante, il peut arriver qu’on fasse la confusion entre les deux formes, mais il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives : à l’écrit, quand on a le temps de réfléchir à la formulation du message, on observe cette distinction. Il y a aussi des cas où on utilise approcher avec un sujet apparemment animé. Dans ce cas-là, il s’agit d’un emploi synecdotique ou métaphorique. Comparer :
Nous approchions de Paris. Lähestyimme Pariisia. [nous = notre avion / train / voiture]
Nous nous sommes approchés de Paris. Matkustimme / Asetuimme lähemmäksi Pariisia.
d. La forme s’approcher peut aussi correspondre à la forme passive impersonnelle d’approcher ou de s’approcher :
Un cheval ne doit jamais s’approcher de derrière.[= Il ne faut jamais s’approcher d’un cheval de derrière.] Hevosta ei saa koskaan lähestyä takaa.
Difficulté : les verbes apercevoir qch et s’apercevoir de qch se traduisent tous deux par huomata jtak. Comment choisir entre l’un et l’autre ?
a. Apercevoir qch se construit avec un CVD et signifie à peu près « voir de loin » :
Dans la forêt, nous avons aperçu un lièvre. Metsässä näimme [kaukaa] jäniksen ■ On apercevait les clochers de la ville par-dessus les champs. Peltojen ylitse näkyivät kaupungin kellotornit.
b. S’apercevoir de qch signifie « se rendre compte » :
Je me suis aperçu de mon erreur. Huomasin virheeni. ■ Le lièvre s’est aperçu qu’il était poursuivi. Jänis huomasi, että sitä ajetaan takaa ■ Elle ne s’était pas aperçue du changement qui s’était provoqué chez son fils. Hän ei tullut huomanneeksi pojassaan tapahtunutta muutosta.
c. Le verbe s’apercevoir peut aussi correspondre à la forme passive impersonnelle à valeur intransitive d’apercevoir :
Le clocher s’apercevait au loin. Kellotorni näkyi kaukaa.
Ces deux verbes forment également un couple problématique pour les finnophones, parce qu’en finnois ils correspondent souvent tous les deux au verbe kuvitella. Leur sens en finnois peut se déduire du contexte d’emploi en français (personne, mode demandé etc.)
a. Imaginer que (+ indicatif / subjonctif après négation) : kuvitella, luulla :
Il avait imaginé qu’ils pourraient vivre ensemble sans problèmes.
Nous n’imaginions pas que nous puissions être séparés un jour.
b. J’imagine que (+ indicatif) : même sens que luultavasti, ilmeisesti :
J’imagine que c’était trop difficile pour un enfant de son âge.
Se oli luultavasti liian vaikeaa hänen ikäiselle lapselle.
J’imagine que tu as mieux à faire.
Sinulla on ilmeisesti parempaakin tekemistä.
Il a raté son avion, j’imagine.
Hän on ilmeisesti myöhästynyt koneestaan.
c. S’imaginer que (+ indicatif) :
– code écrit = « (pouvoir) imaginer que » :
Quand on voyait la neige qui restait début mai, on s’imaginait facilement que l’hiver avait été très froid. Kun näki toukokuun alussa maassa olevan lumen, oli helppo kuvitella, että talvi oli ollut kylmä.
– couramment : olla siinä [virheellisessä] uskossa että, kuvitella että, luulotella että :
Il s’imaginait que sa thèse serait finie en deux ans.
Hän kuvitteli, että hänen väitöskirjansa on kahdessa vuodessa valmis.
Si tu t’imagines que je vais me fatiguer pour si peu, tu te trompes.
Jos kuvittelet, että näen vaivaa näin mitättömän asian takia, olet väärässä.
d. Imaginer que (+ subjonctif) : olettaa (équivaut par exemple à mitä jos…) :
Imagine que tu n’aies pas été admis à l’université, qu’aurais-tu fais pendant toute une année ? Entä jos et olisi päässyt yliopistoon, mitä olisit tehnyt kokonaisen vuoden ajan?
41. Verbes à pronom réfléchi. Mise à jour 4.6.2024