Le verbe est l’élément central du groupe verbal. Il peut être développé (laajennettu) ou « complété » (täydennetty) par un ou plusieurs éléments, qu’on appelle des compléments (täydennys).
Le verbe peut avoir un ou plusieurs compléments (complémentation multiple). Dans la phrase (a), le verbe n’a pas de complément, dans la phrase (b), il a un complément, en (c) il en a deux, et en (d) il en a trois :
(a) Les enfants se chamaillent.
(b) Les étudiantes ont posé des questionsC1.
(c) Les enfants ont posé des questionsC1 à leur actrice favoriteC2.
(d) L’éditeur a déjà prévu de traduire le livreC1 du finnoisC2 en françaisC3.
Certains verbes peuvent recevoir différents des types de compléments, qui dépendent souvent des différents sens possibles du verbe (voir jouer ci-dessous). Il y a aussi des verbes qui ne peuvent pas recevoir de complément (éternuer, vaciller…), et d’autres qui ne peuvent pas être utilisés sans complément (habiter, succéder à…).
On distingue généralement deux types de verbes :
a) les verbes transitifs (transitiivinen, voir aussi VISK §461), qui peuvent avoir un ou plusieurs compléments ;
b) les verbes intransitifs (intransitiivinen), qui ne peuvent pas avoir de complément. Exemples de verbes intransitifs :
Le chien aboie. Koira haukkuu. ■ La fillette sursauta. Tyttö säpsähti. ■ Le vent souffle. Tuuli puhaltaa.
Ces termes sont utiles à connaitre, parce qu’on les trouve souvent dans les grammaires, et ils permettent de distinguer les verbes qui peuvent avoir un complément et ceux qui ne peuvent pas en recevoir. En effet, un verbe utilisé sans complément n’est pas forcément un verbe intransitif, voir §1.3.
Le complément peut indiquer des rapports sémantiques très divers, par exemple que l’action a un effet sur (vaikuttaa) le complément (le voisin tond le gazon), mais aussi des rapports de localisation ou autres :
Le château domine le village. = Au-dessus du village, il y a un château.
De grands tableaux décoraient les murs. = Sur les murs / Aux murs, il y avait de grands tableaux.
Un verbe sans complément n’est pas forcément un verbe intransitif ; il peut aussi y avoir des verbes transitifs sans complément, parce que :
a. le complément est sous-entendu ou implicite :
Le garçon mange. [il mange quelque chose, sinon il ne mangerait pas] ■ Les enfants jouent. [à quelque chose] ■ Je vois. ■ Je sais. ■ Répète ! ■ Dis-moi … ■ Écoute ! ■ C’est un prix imbattable, achète !
Si le verbe est un verbe transitif, mais qu’on n’exprime pas le complément, on dit qu’il est employé absolument (le finnois n’a pas d’équivalent pour ce terme, voir VISK §460, yksipaikkaisen intransitiivilauseen muotti). On parle aussi d’« emploi absolu » du verbe.
Un verbe peut avoir des constructions différentes (avec complément, sans complément, etc.), comme le verbe jouer. Il y un verbe jouer intransitif (a) et un verbe jouer transitif, qu’on peut par exemple employer absolument (b) :
(a) La vis joue. Ruuvi on löysällä.
(b) Qu’est-ce que tu fais ? – Je joue.
Dans (b), le complément non exprimé peut être aux cartes, à la marelle etc.
b. le complément n’est pas exprimé, soit pour donner au verbe une valeur générale, soit pour jouer sur (vaikuttaa) le sens du verbe :
Il lit et il n’écoute pas. ■ Qui cherche trouve. ■ Il n’aime pas obéir. ■ Elle n’entend pas bien. ■ Il boit, mais ne joue pas.
Ce n’est donc pas la présence ou l’absence du complément du verbe qui rend le verbe transitif ou intransitif, c’est la possibilité pour ce verbe de recevoir un complément ou non. Un verbe est intransitif quand il ne peut pas recevoir de complément.
Les compléments d’un verbe transitif (voir 1.2) qui sont contenus dans la structure sémantique du verbe et qui dépendent syntaxiquement d’un verbe sont les compléments du verbe. Le complément peut être rattaché au verbe
b) sans préposition (Je lis le livre, elle a acheté une nouvelle voiture), on dit alors que le complément est direct. directement, sans l’intermédiaire d’une préposition ; c’est alors un complément de verbe direct (CVD)
a) par une préposition (je pense à mes amis, Je me souviens de ce livre), on dit alors que le complément du verbe est prépositionnel (ou, traditionnellement, indirect) ;
Les verbes qui peuvent avoir plusieurs compléments peuvent donc avoir un complément direct et un ou plusieurs compléments prépositionnels ou seulement des compléments prépositionnels :
Les étudiantes ont posé des questions[compl. direct].
Je voudrais un nouvel appartement. [compl. direct]
Je me souviens de ce nouvel appartement. [compl. prépositionnel].
Je pense souvent à ce nouvel appartement. [compl. prépositionnel].
Je compte sur toi. [compl. prépositionnel]
Les enfants ont posé des questions [compl. direct] à leur actrice favorite [compl. prépositionnel].
L’éditeur a déjà prévu de traduire le livre [compl. direct] du finnois [compl. prépositionnel] en français [compl. prépositionnel].
Je parlerai de cette histoire [compl. prépositionnel] au syndic de l’immeuble [compl. prépositionnel].
Remarque : le complément de verbe direct ne suit pas toujours directement le verbe. Il peut être séparé du verbe par un autre élément : Je t’ai apporté, comme tu l’avais demandé, deux exemplaires de la thèse. / Dans les recettes, on indique généralement les quantités en grammes.
Pour indiquer le rapport entre le verbe et son complément, quand le verbe a un complément direct on dit aussi qu’il se construit (en finnois järjestyy) directement, et quand il a un complément prépositionnel, il se construit avec une préposition, par exemple avec la préposition à/sur/de etc. Par exemple, le verbe rêver peut se construire avec la préposition à ou de.
Dans la terminologie habituelle, quand le verbe se construit avec une préposition, on dit aussi qu’il se construit indirectement, mais il est plus simple et plus clair de dire qu’il se construit avec une préposition. Dans la perspective de l’apprentissage du français langue étrangère, la différence entre les deux types de complément (direct et prépositionnel) est purement formelle. Pour l’apprenant de français langue étrangère, il s’agit de savoir :
Dans une phrase, il peut cependant y avoir des groupes nominaux qui ne complètent pas l’information contenue dans le verbe (par exemple ils ont construit une maison), mais qui apportent des informations concernant l’ensemble de la phrase, par exemple sur le moment, la manière, la cause etc. de l’action exprimée par le verbe (predikaatti) ou sur la manière dont le locuteur présente son énoncé. On a appelle ces compléments des compléments de phrase. Dans une même phrase, il peut y avoir plusieurs compléments de phrase :
Sur la table, il y avait un livre.
Avant le voyage, j’ai montré l’itinéraire à mes amis sur Google Maps.
Derrière leur maison, ils ont fait construire un joli petit chalet pour les visiteurs.
En toute honnêteté, je dois avouer que je n’ai jamais lu un seul roman de ce grand auteur classique pendant mes études.
Ces compléments de phrase sont généralement introduits par des prépositions, mais il y a aussi aussi des compléments de phrase sans préposition :
Quelques minutes plus tard, on a entendu la sirène d’une ambulance.
Nous, on était rentrés il y a dix jours déjà, donc la semaine dernière, mais nos amis sont rentrés seulement trois jours plus tard.
Le complément de phrase correspond au finnois adverbiaali. Ce complément extérieur au groupe verbal peut se placer assez librement dans la phrase, contrairement au complément du verbe, qui (en français, du moins) a une place souvent fixe après le verbe (voir ci-dessous).
Il y a donc des groupes nominaux qui ne sont pas sont précédés d’une préposition, et qui peuvent être :
Remarque : on pourrait aussi appeler le complément de verbe direct « complément de verbe non prépositionnel », mais on a conservé la dénomination traditionnelle (et plus simple) de complément (de verbe) direct.
De même, il peut y avoir deux types de groupes nominaux introduits par une préposition :
Dans la phrase suivante, il y a deux compléments prépositionnels de type différent :
Je pense à mes vacances (complément de verbe) au Pays basque (complément de phrase).
Les compléments prépositionnels n’ont donc pas forcément la même fonction dans la phrase, mais ils ont souvent des caractéristiques communes, par exemple la forme du pronom qui les remplace.
Il est souvent difficile pour les francophones (et encore plus pour les apprenants de français langue étrangère) de distinguer entre un complément prépositionnel de verbe et un complément prépositionnel de phrase. L’une des caractéristiques du complément de verbe introduit par une préposition, c’est que cette préposition est définie de façon fixe par le verbe : on dit obligatoirement penser à qqn et non pas penser *sur qqn. En revanche, le complément de phrase peut être introduit par des prépositions diverses, qui définissent par exemple un rapport spatial :
Le garçon marchait devant / près de / à côté de / derrière la poussette.
complément de verbe : dépend du verbe et le complète | ||
direct* | = relié au verbe directement, sans préposition | Elle regarde le film. |
prépositionnel | = relié au verbe par une préposition | Je réfléchis à un problème. |
complément de phrase : ne dépend pas d’un verbe, apporte une information concernant la phrase (temps, cause etc.) | ||
non prépositionnel | = sans préposition | L’an dernier, nous sommes allées dans les Alpes. |
prépositionnel | = précédé d’une préposition | Dans ce jardin, il y a beaucoup de fleurs. |
*On pourrait aussi appeler le complément de verbe direct « complément de verbe non prépositionnel », mais on a conservé la dénomination traditionnelle (et plus simple) de complément (de verbe) direct.
complément prépositionnel | un complément précédé d’une préposition | complément de verbe | Je réfléchis à un problème. |
complément de phrase | On rentrera avant midi. |
Le complément de phrase (CdP) peut en principe se placer librement dans la phrase. Il se place notamment assez souvent en tête de phrase :
Dans notre maison, il y a deux étages. ■ Avec tout leur équipement, ils sont partis pour la montagne. ■ J’ai fait le trajet de nuit Paris-Vienne en train. Dans le wagon-lit, il y avait même une douche, quel luxe !
Mais il peut se placer pratiquement n’importe où dans la phrase :
(a) Au début de la séance, le professeur avait présenté le contenu de son cours aux étudiants.
(b) Le professeur, au début de la séance, avait présenté le contenu de son cours aux étudiants.
(c) Le professeur avait présenté le contenu de son cours aux étudiants au début de la séance.
On voit dans l’exemple (b) qu’on peut même mettre le complément de phrase entre le sujet et le verbe (ce n’est cependant pas possible quand le sujet est un pronom faible). On pourrait aussi très facilement placer le complément de phrase entre l’auxiliaire et le participe : le professeur avait, au début de la séance, présenté….
Le fait de changer la place du complément de phrase ne se fait cependant pas selon l’humeur du locuteur : la position du complément de phrase a une influence sur le sens de la phrase, en français comme en finnois. La place du complément de phrase dépend souvent de l’information qu’on veut donner. Comparer :
Nous partons en voyage dans deux semaines. ■ Dans deux semaines, nous partons en voyage.
La première phrase répond à la question Quand partez-vous en voyage ?, tandis que la deuxième répond à la question Qu’est-ce que vous faites dans deux semaines ? Si la phrase compte plusieurs compléments de phrase, leur place respective (keskinäinen paikka) dépend du sens (comme en finnois), mais n’a souvent pas de grande influence sur le sens général de la phrase :
Il y avait très peu de familles avec des enfants sur le bateau avant-hier.
Avant-hier, sur le bateau, il y avait très peu de familles avec des enfants.
Sur le bateau, avant-hier, il y avait très peu de familles avec des enfants.
L’information principale (le propos) reste de toute façon : il y avait très peu de familles avec des enfants.
Si on traduit la phrase « Makuuvaunussa oli jopa suihku » (exemple tiré d’exercices de traduction-grammaire) en disant « Il y avait même une douche dans le wagon-lit », on focalise le complément de phrase dans le wagon-lit, ce qui peut s’interpréter assez comiquement : il y avait des douches dans les voitures normales, dans le wagon-restaurant, dans la locomotive, et même dans le wagon-lit. En plaçant le complément de phrase en tête de phrase Dans le wagon-lit, il y avait même une douche, on rend l’idée de départ : en plus des lavabos et coins-toilettes qu’on trouve en général dans un compartiment de wagon-lit, il y avait même une douche.
Le complément de verbe prépositionnel (CVP) est également assez mobile. Pour reprendre les exemples du paragraphe précédent, on pourrait placer le CVP aux étudiants à différents endroits :
(a) Au début de la séance, le professeur avait présenté le contenu de son cours aux étudiants.
(b) Aux étudiants, le professeur avait présenté le contenu de son cours au début de la séance.
(c) Au début de la séance, le professeur, avait présenté, aux étudiants, le contenu de son cours.
Le sens de la phrase change également dans ce cas. Dans la phrase (a), on dit ce que le professeur avait fait au début de la séance. Dans la phrase (b), on dit que le professeur avait présenté le contenu de son cours aux étudiants au début de la séance (alors que, par exemple, quand il avait réuni ses chercheurs, il avait présenté le contenu seulement en fin de séance). Dans la phrase (c), on insère une précision sur le destinataire : le professeur avait présenté le contenu de son cours, essentiellement à l’intention des étudiants présents dans la salle (mais le reste du public : personnel, chercheurs etc., n’était pas forcément concerné).
On obtient donc certaines variations de point de vue relativement importantes en changeant la place du complément de verbe prépositionnel. Mais, objectivement, le résultat reste le même : il y a une salle, des étudiants, un professeur, et ce professeur présente le contenu de son cours, au début de la séance. Le fait de changer la place du complément de phrase ne change pas toujours le sens de la phrase de façon significative, surtout s’il y a plusieurs compléments de phrase dans la même phrase.
Cependant, le CVP n’est pas aussi mobile que le CdP et ne peut pas se placer aussi librement dans la phrase. On peut difficilement placer le CVP entre le sujet et le verbe si le verbe a déjà un CVD ( ?Le professeur, aux étudiants, avait présenté le contenu de son cours…), à l’exception du cas particulier de la poésie, où l’ordre des mots est plus libre .
Le complément de verbe direct est normalement placé directement après le verbe et le complément de verbe prépositionnel (CVP) se place normalement après le CVD (a), sauf si le CVD est nettement plus long que le CVP (b) ou s’il est développé par une autre proposition (c) :
(a) Le professeur a présenté son cours aux étudiants (et non pas *Le professeur a présenté aux étudiants son cours). ■ (b) Le professeur avait présenté aux étudiants son cours sur la théorie des algorithmes génétiques. ■ (c) Le professeur a présenté aux étudiants son cours auquel il avait travaillé tout l’été.
À l’inverse du CVP, on ne peut pas placer le CVD en tête de phrase : *Le cours le professeur avait présenté aux étudiants, sauf en position détachée (lohkeama) ; dans ce cas, il doit être repris par un pronom :
Le cours, le professeur l’avait présenté aux étudiants.
Les apprenants d’une langue étrangère comme le français, le finnois, l’allemand, l’anglais, l’italien, l’ukrainien etc. ont toujours des difficultés pour choisir le complément du verbe : est-ce que le verbe se construit avec une préposition ou non ? Si c’est une langue à déclinaison comme l’allemand ou le russe, quel cas (sijamuoto) demande-t-il ? S’il se construit avec une préposition ou à un cas particulier, quelle est cette préposition ou quel est ce cas ? Quelle différence de sens y a-t-il quand on utilise telle préposition ou tel cas plutôt que d’autres ?
Les réponses à ces questions sont différentes dans chaque langue et il faut les apprendre progressivement quand on apprend la langue en question. Pour l’apprenant d’une langue étrangère, la construction verbale est un problème de lexique (sanasto), de vocabulaire : exactement comme il faut apprendre que le français éventuellement signifie en finnois mahdollisesti mais l’anglais eventually signifie lopulta, il faut apprendre que le finnois muistuttaa jotakin (avec complément direct) correspond à l’anglais to resemble sth (avec complément direct) et au français ressembler à quelque chose (avec complément prépositionnel).
La construction des verbes varie donc d’une langue à l’autre, et elle varie aussi dans le temps. Par exemple, autrefois on disait obéir quelqu’un ou pardonner quelqu’un, aujourd’hui on dit obéir/pardonner à quelqu’un (cette construction est conservée au passif). On trouve encore chez Montaigne (XVIe siècle) ressembler quelqu’un, construction qui s’est conservée dans le verbe anglais emprunté au français to resemble sb, mais qui est devenue en français moderne ressembler à quelqu’un.
La construction des verbes varie d’une langue à l’autre. C’est presque une évidence, et pourtant beaucoup d’apprenants de langues étrangères l’oublient trop souvent dans la pratique. C’est ainsi qu’en français, certains compléments de verbe prépositionnels (CVP) correspondent à des compléments de verbe directs (CVD) en finnois (voir tableau), et vice-versa. Du point de vue de l’apprenant de français langue étrangère, la différence entre CVD et CVP est purement formelle. exemples de verbes français à complément prépositionnel :
à | penser à l’avenir
obéir à la loi appartenir à un groupe aller à l’école habiter à la campagne parler à un ami jouer à la poupée | ajatella tulevaisuutta
noudattaa lakia kuulua ryhmään käydä koulua asua maalla puhua ystävälle leikkiä nukella |
de | profiter de l’occasion
tenir de son père sortir de l’eau changer de pneus provenir du froid parler de ses vacances | käyttää tilaisuutta hyväkseen
olla isänsä kaltainen tulla ulos vedestä vaihtaa renkaita johtua pakkasesta kertoa lomastaan |
avec | jouer avec le feu | leikkiä tulella |
après | courir après les honneurs | tavoitella kunniaa |
autour | tourner autour d’un arbre
s’enrouler autour du bras | kiertää puun ympäri
kietoutua käsivarren ympäri |
chez | habiter chez ses parents
loger chez des amis | asua kotona
majoittua ystävien luona |
contre | protester contre une décision
s’écraser contre un arbre lutter contre la violence buter contre un obstacle | protestoida päätöstä
törmätä puuhun taistella väkivaltaa vastaan törmätä esteeseen |
en | partir en vacances
vivre en Finlande | lähteä lomalle
asua Suomessa |
par | passer par un raccourci | mennä oikotietä |
pour | voter pour un parti
lutter pour une juste cause partir pour la Suisse | äänestää puoluetta
taistella hyvän asian puolesta lähteä Sveitsiin |
sur | compter sur la chance
sauter sur une occasion tomber sur une connaissance | luottaa onneen
tarttua tilaisuuteen törmätä tuttavaan |
vers | aller vers la réussite
se diriger vers de grandes difficultés | kulkea kohti menestystä
ajautua suuriin vaikeuksiin |
La manière de rattacher le complément au verbe varie d’une langue à l’autre : un CVD en finnois peut correspondre en français à une construction avec la préposition à ; une construction avec illatiivi en finnois peut correspondre en français à un CVD etc. Il suffit de comparer les quelques exemples de verbes suivants pour constater que tel verbe finnois avec un complément direct peut avoir comme équivalent un verbe français avec un complément prépositionnel, et vice-versa :
finnois | français | finnois | français |
---|---|---|---|
muistuttaa jtak | ressembler à qqch | muistaa jtak | se souvenir de qqch |
ajatella jtak | penser à qqch | koskea jtak | porter sur qch |
kiinnostua jstak | s’intéresser à qqch | pitää jstak | tenir à qqch |
tarvita jtak | avoir besoin de | tyytyä jhk | se satisfaire de qqch |
äänestää jtka | voter pour qqn | mennä jtak tietä | passer par quelque part |
epäillä jtak | douter de qqch | kuolla jhk | mourir de qqch |
vastata jtak | correspondre à qch | luottaa jhk | compter sur qqch |
La construction des verbes est en soi un problème morphosyntaxique, mais c’est aussi et surtout une question de lexique : très souvent, la préposition utilisée s’est fixée avec l’usage et le temps et elle semble parfaitement arbitraire à l’apprenant allophone — c’est vrai pour toutes les langues où de telles structures existent.
La seule solution, c’est d’apprendre le verbe avec sa construction (voir par exemple s’intéresser à qch ci-dessous). De toute façon, de nombreux verbes ne signifient rien sans « leur » préposition. Ainsi, miellyttää est en français plaire à, et non pas simplement *plaire. Il faudrait donc toujours apprendre un verbe avec « ses » prépositions ou au moins une partie d’entre elles : jouer, jouer de, jouer sur etc.
Rem. Quand le verbe est utilisé absolument, on n’exprime pas la préposition :
Le but est de savoir si l’offre plait (ou pas).
J’ai retrouvé les chiffres et je les ai comparés à nos résultats. Ça correspond !
Le verbe jouer en est un bon exemple de verbe qui peut avoir des sens très variés, qui dépendent des compléments.
1) intransitif = sans complément
(olla väljä, lonksua) cette vis joue ;
2) transitif avec complément direct (sans préposition)
(pelata, panna peliin) jouer un as ;
(panna likoon) jouer toute sa fortune ;
(panna alttiiksi) jouer sa réputation ;
(näytellä) jouer un rôle, jouer Othello ;
(teeskennellä) jouer les grands seigneurs ;
3) transitif, avec complément prépositionnel :
– avec préposition à :
(leikkiä jotakin) jouer au papa et à la maman (leikkiä kotia) ;
(leikkiä jollakin) jouer à la poupée ;
(pelata) jouer au football ;
(esittää) jouer au héros ;
– avec préposition avec :
(leikkiä jollakin) jouer avec le feu, jouer avec sa santé ;
– avec préposition de :
(soittaa) jouer du piano ;
(käyttää) jouer des coudes, jouer du couteau,
jouer de ses relations, jouer de son charme ;
(saada osakseen) jouer de malchance ;
– avec préposition sur :
(vaikuttaa, leikitellä) jouer sur le sens.
Il s’agit donc à chaque fois en quelque sorte d’un verbe différent : jouer [sans complément], jouer qch, jouer sur qch, jouer de qch, etc.
Parmi les verbes dont la construction est à surveiller particulièrement par les apprenants finnophones, on peut mentionner :
français | finnois | commentaire |
---|---|---|
plaire à qqn | miellyttää jtak | avec CVP en français, mais avec CVD en finnois ; en anglais to please est aussi construit avec CVD, comme en finnois |
ressembler à qch/qqn | muistuttaa jtak | anglais to resemble sth/sb, avec CVD en finnois et en anglais, mais avec CVP en français |
succéder à qch/qqn | seurata jtak | avec CVP en français, mais avec CVD en finnois ; en anglais to succeed a un sens totalement différent |
La construction des verbes évolue constamment avec le temps (voir ci-dessus). Le verbe exploser (räjähtää), utilisé encore au milieu du XXe siècle uniquement intransitivement (sans complément, se rencontre aujourd’hui régulièrement avec un CVD :
Le film a explosé les records d’entrée. ■ Ce clip a explosé les vues sur Youtube. ■ Alphabet, la maison-mère de Google, a explosé les attentes avec un bénéfice net en hausse de 50%.
Inversement, un verbe comme assurer (varmistaa), qui demandait autrefois un complément, s’utilise maintenant aussi intransitivement :
Avec ce nouveau déodorant, j’assure. Tämän uuden deodorantin avulla tunnen oloani varmaksi. ■ Quand tu prends 40 ans dans le buffet, il faut vraiment assurer ! Kun iskee 40 plakkariin, on siinä kestämistä!
Le verbe se rappeler est un exemple concret de l’évolution de la construction des verbes. D’après la norme du code écrit strict, le verbe se rappeler se construit avec un complément de verbe direct : Tu te rappelles cette soirée ? Oui, je me la rappelle très bien. Mais depuis longtemps, dans la langue courante la construction de se rappeler s’est alignée sur celle de se souvenir, qui est construit avec de :
Tu te souviens de cette soirée ? Oui, je m’en souviens très bien.
Tu te rappelles de cette soirée ? Oui, je m’en rappelle très bien. (français parlé)
Tu te rappelles cette soirée ? Oui, je me la rappelle très bien. (code écrit strict)
Cet usage est très fréquent en français. Beaucoup de locuteurs francophones ne savent même pas (ou ont oublié) que l’utilisation de je m’en rappelle est contraire aux normes du code écrit strict, et disent par exemple je ne m’en rappelle plus sans y voir quelque chose de fautif (voir se souvenir).
Il y a des hésitations sur d’autres verbes : pallier (paikata, parantaa) est un verbe avec CVD (pallier un manque), mais beaucoup l’utilisent de façon erronée avec à, *pallier à qch, sur le modèle de remédier à qch, qui a le même sens. Voir aussi le verbe jouer avec un complément désignant un instrument de musique. C’est la même chose en finnois, où il y a hésitation sur alkaa tehdä ou alkaa tekemään etc. La construction des verbes est donc en perpétuelle évolution.
La construction du verbe s’intéresser illustre très bien le caractère « arbitraire » ou « imprévisible » de l’utilisation des prépositions du point de vue de l’apprenant d’une langue étrangère. Elle occasionne de nombreuses difficultés pour les finnophones, qui sont encore aggravées par l’influence de l’anglais. De plus, la construction du verbe s’intéresser est souvent confondue avec celle de l’adjectif intéressé. Les erreurs les plus fréquentes consistent à dire je m’intéresse *de la musique/ je suis intéressé *de la musique, sous l’influence du finnois olla kiinnostunut jostakin, ou bien je suis intéressé *dans la musique (sous l’influence de l’anglais to be interested in sth).
Cette construction s’utilise pour dire qu’on éprouve un intérêt « actif » ou une curiosité pour quelque chose et qu’on y consacre par exemple un certain temps. Elle peut avoir en finnois le sens de « kiinnostua jstak, harrastaa jtak » et aussi de « ottaa selvää, tutustua » :
Ma fille s’intéresse beaucoup à la musique. ■ Vous devriez vous intéresser à ce problème. ■ Ayant eu l’occasion de visiter le CERN, il commença à s’intéresser à la physique nucléaire. ■ Je me suis intéressé à la culture de ce pays. ■ Les chercheurs ne se sont pas beaucoup intéressés à ce problème.
En finnois, le verbe s’intéresser à peut souvent se rendre par kiinnostaa :
En général, les politiques ne s’intéressent pas à ces considérations. Yleensä tällaiset seikat eivät kiinnosta poliitikkoja.
S’intéresser à a aussi souvent le sens de « keskittyä johonkin » (lire) :
Dans cette étude, nous nous intéresserons essentiellement à la question de l’aspect verbal.
Cette construction est la forme passive du verbe intéresser (kiinnostaa). Elle signifie qu’on éprouve un intérêt plus « passif », qui n’implique pas forcément une « activité » concrète :
Je suis très intéressé par les langues anciennes, malheureusement je n’ai jamais eu l’occasion de les étudier. ■ Nous avons été très intéressés par cette conférence. ■ Je suis très intéressée par votre proposition et je vais y réfléchir. ■ Autrefois, il était très intéressé par les maths, mais maintenant il s’intéresse à d’autres choses.
Comme en finnois, on peut aussi utiliser la forme active du verbe, intéresser + CVD, mais le sens et l’emploi dépendent du sens général et aussi du temps du verbe :
Cette conférence m’intéresse. Se luento kiinnostaa minua. ■ Cette conférence m’intéressait, mais je n’ai pas pu y aller. Se luento kiinnosti minua, mutten päässyt sinne. ■ Cette conférence m’a beaucoup intéressé. Se luento oli minusta hyvin kiinnostava.
Dans certains cas (qui dépendent du sujet de l’intérêt), la voix active et la voix passive sont équivalentes :
Votre proposition m’intéresse beaucoup/grandement. Ehdotuksenne kiinnostaa minua kovasti. = Je suis très intéressée par votre proposition. Ehdotuksenne kiinnostaa minua kovasti.
Remarquer aussi que être intéressé par et s’intéresser à sont assez proches l’un de l’autre, et que les deux constructions peuvent s’utiliser l’une à la place de l’autre :
a) Je m’intéresse beaucoup à la musique baroque.
b) Je suis très intéressé par la musique baroque.
La phrase (a) marque un intérêt « actif », la phrase (b) un intérêt plus « théorique ». Mais cet intérêt théorique peut aussi implicitement signifier un intérêt actif :
Autrefois, il était très intéressé par l’astronomie. [peut signifier aussi qu’il s’y intéressait activement et qu’il observait le ciel, par exemple.]
Comme mentionné ci-dessus, le sens du verbe dépend aussi du temps. Il peut y avoir ainsi une différence entre les temps composés (par exemple le passif) du verbe s’intéresser et la construction être + adjectif intéressé. Comparer :
Je m’intéresse à la culture française.
Olen kiinnostunut ranskalaisesta kulttuurista.
Je suis intéressé par la culture française. [présent de être + adjectif]
Olen kiinnostunut ranskalaisesta kulttuurista. / Ranskalainen kulttuuri kiinnostaa minua.
Je me suis intéressé à la culture française. [passé composé de s’intéresser]
Kiinnostuin/Tutustuin ranskalaiseen kulttuuriin.
J’ai été très intéressé par cette conférence. Luento oli minusta hyvin kiinnostava.
Je me suis intéressé à cette conférence. Menin ottamaan selvää siitä luennosta.
Mais dans aucun de ces cas, on n’emploie ni la préposition dans ni la préposition de.
Le verbe s’intéresser à ne peut pas se construire avec un infinitif ni une proposition complétive interrogative indirecte :
Je m’intéresse à la manière dont ces prévisions sont élaborées. [et non pas: **je m’intéresse à comment, agrammatical] ■ Il s’intéresse à l’étude des nanocristaux. [et non pas **il s’intéresse à étudier…, agrammatical]. ■ Nous nous intéresserons essentiellement à la question de savoir si les illustrations sont pédagogiquement pertinentes. Keskitymme siihen, onko kuvitus pedagogisesti relevanttia. [*nous nous intéresserons si les illustrations sont… serait impossible et agrammatical.]
Il existe un verbe intéresser construit avec la préposition à ou dans, qui a un sens très spécifique, « impliquer dans », « faire participer à », « concerner » :
Il faudrait intéresser les salariés aux bénéfices de l’entreprise. Pitäisi päästää työntekijät osallistumaan yhtiön voitonjakoon. ■ Il n’était pas intéressé dans cette affaire. Hänellä ei ollut osuutta/intressiä siinä kaupassa.
La forme passive de cette construction d’intéresser est être intéressé dans qch, et c’est celle que les apprenants de français langue étrangère utilisent souvent de façon erronée (sous l’influence de l’anglais to be interested in sth) à la place de être intéressé par qch. Comparer :
Il n’était pas intéressé dans cette affaire.
Hänellä ei ollut osuutta/intressiä siinä kaupassa.
Il n’était pas intéressé par cette affaire.
Se juttu/Se kauppa ei häntä kiinnostanut.
Ci-dessous figurent quelques exemples de verbes dont la construction diffère notablement ou de façon trompeuse de leurs équivalents finnois et qui provoquent constamment des erreurs ou au moins des incertitudes chez les finnophones. Ils illustrent le fait que la construction des verbes est avant tout une affaire de lexique, et illustrent peut-être aussi une vision différente du réel.
En finnois, on prend quelque chose « de » quelqu’un, avec un mouvement « d’éloignement » de la personne à qui on prend vers soi-même, exprimé par le cas ablatiivi (‑ltA), ce qui est une manière logique d’envisager l’acte de « prendre » (comme en anglais to take from sb.).
En français, la préposition à s’utilise, en général, avec des verbes indiquant un mouvement vers quelque chose, comme par exemple le fait de donner à quelqu’un (mouvement inverse de de). Les finnophones ont donc tendance à penser (logiquement) que tout mouvement signifiant un « éloignement » depuis le locuteur vers quelqu’un d’autre se traduit par à et tout mouvement signifiant un éloignement de quelqu’un vers le locuteur se traduit par de. Ils sont alors très embarrassés par le fait qu’on puisse dire à la fois donner à (mouvement du sujet vers le bénéficiaire) et prendre à (mouvement vers le sujet), comme on le voit dans les paires ci-dessous :
antaa jollekulle | donner à quelqu’un |
ottaa joltakulta | prendre / enlever à quelqu’un |
lainata jollekulle | prêter à quelqu’un |
lainata joltakulta | emprunter à quelqu’un |
vuokrata jollekulle | louer à quelqu’un |
vuokrata joltakulta | louer à quelqu’un |
ostaa jollekulle | acheter à quelqu’un |
ostaa joltakulta | acheter à quelqu’un |
Cela peut être déroutant : J’ai acheté le livre à mon frère peut effectivement signifier « j’ai acheté le livre pour le donner à mon frère » ou « mon frère m’a vendu le livre ». En général, c’est le contexte qui indique le sens, mais parfois on doit utiliser d’autres tournures, par exemple la préposition pour pour supprimer l’ambigüité (acheter pour quelqu’un). Ce qui est sûr, c’est que cette manière de penser parait illogique aux finnophones (et aux anglophones aussi, d’ailleurs).
Autres verbes utilisant la préposition à pour indiquer des CVP exprimés en finnois par l’ablatiivi, et qui provoquent de constantes erreurs, notamment demander à qqn :
kysyä joltakulta | demander à quelqu’un |
pyytää joltakulta | demander à quelqu’un |
varastaa joltakulta | voler à quelqu’un |
evätä joltakulta | refuser à quelqu’un |
takattikoida jklta | confisquer à quelqu’un |
salata joltakulta | cacher à quelqu’un |
ottaa joltakulta | retirer à quelqu’un |
puijata joltakulta | soutirer à quelqu’un |
repiä joltakulta | arracher à quelqu’un |
La construction du verbe reprocher est un autre exemple des problèmes que peuvent poser les différences entre le finnois et le français. L’équivalent finnois de reprocher, le verbe moittia, envisage en effet les actants sous un autre angle que le français :
fr. reprocher une négligence à un employé
fi. moittia työntekijää huolimattomuudesta
En français, le complément de verbe direct est la chose qu’on reproche, tandis qu’en finnois le complément de verbe direct est la personne à qui on fait le reproche ou qu’on critique. Le verbe moittia se construit donc de la même manière que critiquer en français et son équivalent finnois arvostella.
fr. critiquer un employé pour une négligence
fi. moittia työntekijää huolimattomuudesta
On peut reprocher à quelqu’un d’avoir fait quelque chose (CVD introduit par la conjonction de), on dira donc :
Je lui ai reproché de ne pas avoir réagi plus énergiquement
Je le lui ai reproché.
Cette différence entraine de nombreuses confusions chez les finnophones, qui, au lieu de je le lui ai reproché, diront facilement *je lui en ai reproché ou *je l’en ai reproché (traduction calque de moitin häntä siitä). Il existe un moyen de se rappeler comment construire reprocher, c’est de faire le parallèle avec pardonner et d’utiliser une traduction « intermédiaire » :
pardonner qch à qqn antaa anteeksi jklle
reprocher qch à qqn ”esittää moitteeksi” jklle
L’important est de se souvenir qu’en français c’est une chose qu’on reproche à une personne, exactement comme on pardonne une chose à une personne. En utilisant le parallèle avec antaa anteeksi (ou avec arvostella), il est facile de se rappeler qu’on ne peut pas *reprocher quelqu’un comme en finnois.
Le verbe raconter a plusieurs constructions et plusieurs sens, qui posent de nombreux problèmes aux finnophones.
Une erreur particulièrement fréquente chez les finnophones est de construire le verbe raconter avec un complément prépositionnel introduit par la préposition de :
*Ce livre raconte de la France. ■ *Le film racontait de la jeunesse de Mozart.
Cette erreur est due au fait qu’en finnois le verbe kertoa peut s’utiliser de deux façons :
(a) avec complément direct : kertoa tarina raconter une histoire
(b) avec complément prépositionnel (paikallissija) : kertoa aiheesta parler d’un thème, kertoa peheeestään parler de sa famille
Le verbe kertoa jostakin correspond en français à parler de qch, et non pas raconter.
En français, le verbe raconter a toujours un complément direct ; on raconte une histoire ou tout autre « processus » assimilable à une narration :
Je vais maintenant vous raconter une histoire très amusante. ■ Un de ces jours, je te raconterai mon voyage au Ladakh. ■ Il nous a raconté ses mésaventures lors de son séjour à Paris. ■ Vous en avez assez de raconter de belles histoires à vos enfants ? Un bon podcast, et on n’en parle plus !
On peut trouver des occurrences de raconter de, mais cela peut être par exemple le verbe raconter suivi d’un groupe nominal avec l’article indéfini de complément direct d’une phrase négative, ou un article indéfini pluriel devant un adjectif antéposé :
Raconter de belles histoires aux enfants sages (ou non) est une des activités préférées du Père Noël. ■ Guy ne racontait pas de mensonges. C’était un gars normal. ■ Ne raconte pas d’histoires !
Mais on peut aussi trouver des cas dans lesquels de (dans raconter de) est bien une préposition. En effet, le verbe peut avoir un deuxième un complément, prépositionnel (introduit par de), et qui est toujours utilisé en liaison avec un complément direct :
raconter qch de qqn/de qch = raconter qch au sujet de qqn/qch = kertoa jtak jstak
Alors, qu’est-ce qu’il t’a raconté de moi ? ■ L’auteur raconte de son enfance qu’elle lui a paru le moment le plus sombre de sa vie. ■ Son épouse a également lu le livre et a retrouvé ce que son époux lui racontait de cet épisode de sa vie.
Si en finnois kertoa jostakin n’a pas d’autre complément que jostakin, il se traduit donc en général par parler de :
Ce film parle de la France. Elokuva kertoo Ranskasta. ■ Jean a raconté de drôles d’anecdotes et il a parlé de certaines difficultés rencontrées dans son voyage.
Le verbe kertoa jstak peut aussi avoir d’autres sens, olla merkki jstak, kieliä jstak (être le signe de qch, être révélateur de qch) ou bien ilmoittaa jstak (annoncer qch, faire état de qch) :
Viimeinen tapaus kertoo tuomioistuinten kuormittamisesta. La récente affaire est révélatrice de la surcharge de travail de la justice. ■ Uudistusten hidas käyttöön ottaminen kerto asenneongelmista. La lenteur de l’adoption des réformes est révélatrice d’un problème de mentalités. ■ Suorassa televisiolähetyksessä uutisreportterit kertoivat lukuisista muista räjähdyksistä rakennuksessa. Dans l’émission télévisée en direct, les reporters ont fait état de nombreuses autres explosions dans le bâtiment. ■ Viranomaiset kertoivat kahdesta uudesta lintuinfluenssatapauksesta. Les autorités ont fait état de deux nouveaux cas de grippe aviaire.
Quand le verbe a deux compléments, on les désigne parfois dans les grammaires françaises (scolaires ou sur Internet) avec les termes de complément premier et complément second :
Elle a donné des instructions [compl. premier] aux élèves [compl. second].
Comme expliqué ci-dessus, pour l’apprenant de français langue étrangère, cette distinction est souvent purement formelle et peu utile (puisque dans sa langue la construction du verbe équivalent peut être tout à fait différente), mais elle peut présenter un intérêt dans la mémorisation de certains verbes problématiques pour les finnophones, comme le verbe crier.
En finnois, un groupe nominal (GN) complément de verbe prépositionnel (CVP) avec par exemple le sens de « donner qch à qqn » correspond souvent à un GN au cas allatiivi, :
Elle a donné des instructions aux élèves. Hän antoi ohjeita oppilaille.
Mais il y a aussi d’autres verbes se construisant avec un allatiivi, qui n’expriment pas forcément le sens de « donner ». En finnois on peut utiliser le verbe huutaa (crier) avec un complément unique au cas allatiivi (huutaa jklle). Dans cet emploi, huutaa est une variante « plus forte » de puhua, « parler » (korottaa ääntään). La version encore plus forte serait karjua (hurler). Mais en français, le verbe crier ne peut pas être employé comme parler, avec seulement un complément prépositionnel :
Hän puhui lapsille. Elle a parlé aux enfants.
Hän huusi lapsille. *Elle a crié aux enfants.
Le verbe huutaa jollekulle (korottaa ääntään puhuessaan jklle) correspond au français « crier avec quelqu’un » :
Hän huusi lapsille. Elle a crié avec les enfants.
Älä huuda minulle! Ne crie avec avec moi ! [et non : *Ne me crie pas !]
Älä huuda hänelle! Ne crie pas avec lui ! [et non : *Ne lui crie pas !]
Mais on utilise à devant le CVP quand le verbe crier a deux compléments (un CVD et un CVP) :
Elle a crié des mots d’adieux à sa fille. ■ Les supporteurs criaient des paroles d’encouragement aux coureurs épuisés. ■ Nous lui avons crié de revenir. [de = conjonction introduisant l’infinitif CVD]
6. Les compléments . Mise à jour 17.2.2024