Grammaire du français
pour finnophones
Gammaire contextualisée

38. Les pronoms
indéfinis

1. Notions générales

2. Les pronoms on et ils

3. Quelqu’un, quelque chose
autre chose, autrui

4. Personne, nul, rien

5. Tout le monde, n’importe qui/quoi

6. Quiconque, qui que ce soit
quoi que ce soit

7. Chacun, n’importe lequel

8. Un/autre, les uns, les autres

9. Certains, d’aucuns, il y en a qui

10. Quelques-un(e)s, aucun, beaucoup, plusieurs, la plupart

  Index alphabétique

1. Notions générales

Dans la terminologie grammaticale habituelle en français, on nomme pronoms « indéfinis » les pronoms qui ne sont pas des pronoms personnels, démonstratifs ou possessifs. Les pronoms interrogatifs qui, que, quoi, lequel sont sémantiquement aussi des pronoms indéfinis. Les pronoms « impersonnels » il ce ça de la terminologie grammaticale habituelle ne sont pas des pronoms indéfinis et sont considérés dans la présente grammaire comme des indices de personne verbale.

1.1. Pronoms nominaux

Une partie des pronoms indéfinis sont des pronoms qui ne « remplacent » aucun groupe nominal identifiable. On les appelle généralement pronoms « nominaux » et ils s’opposent ainsi aux pronoms représentants (ci-dessous). Les pronoms indéfinis nominaux sont invariables. Ils sont toujours au singulier et sont sans genre. Le verbe qui les suit est toujours au singulier et l’adjectif attribut du pronom ou le participe s’accordent au masculin singulier (voir cependant certains et les autres ci-dessous) :

Personne n’est parfait. Quelque chose est tombé.

1.2. Pronoms représentants

Les pronoms représentants ont un antécédent (groupe nominal) identifiable ou implicite. En général, ces pronoms correspondent à des mots qui s’utilisent aussi comme déter­minants, et dans ce cas ils ont soit la même forme, soit une forme légèrement différente, qui peut provoquer des confusions et qu’il faut donc bien mémoriser. Ces formes sont résumées dans le tableau suivant :

Comparaison pronoms indéfinis – déter­minants indéfinis
pronomdéter­minant
quelques-un(e)squelques
plusieursplusieurs
certain(e)scertain(e)s
chacun(e)chaque
n’importe lequel, n’importe laquellen’importe quel, n’importe quelle
beaucoup, la plupartbeaucoup de, la plupart de
1.3. Remarques concernant la syntaxe des pronoms indéfinis

a. Les pronoms indéfinis nominaux sont invariables. Les pronoms indéfinis représentants renvoient à un groupe nominal, et certains s’accordent en genre et en nombre, mais d’autres sont invariables. Certains ou les autres peuvent être à la fois nominaux et représentants, et l’accord du verbe ou de l’adjectif se fait au pluriel.

b. Certains pronoms indéfinis peuvent être qualifiés par un adjectif. Dans ce cas, l’adjectif est obligatoirement précédé de la préposition de.

c. Quand un pronom indéfini sans genre remplace un nom, ce nom doit être repris devant le verbe sous la forme du pronom en :

Parmi les livres que j’ai lus, il y en avait plusieurs de très intéressants.
Le collectionneur n’a pas acheté de tableaux, bien qu’on lui en ait proposé certains de très intéressants.

À cause de l’influence du finnois, les finnophones ont trop souvent tendance à oublier en :

J’ai de nouveaux disques, je peux t’en prêter plusieurs.
[et pas seulement *je peux te prêter plusieurs]

J’en prendrai seulement quelques-uns.
[et pas seulement *Je prendrai seulement quelques-uns (cependant, usage possible dans le style familier)]

2. Les pronoms on et ils

2.1. Sens de on

Morphologiquement, le pronom on est une forme faible, comme je, tu, il. Il n’a pas de forme pleine et ne peut pas être utilisé après une préposition (*avec on, *pour on). La forme pleine de on est nous, voir ci-dessous. Il ne se comporte donc pas exactement comme un vrai pronom indéfini qui peut occuper toutes les fonctions du GN. Cependant, à cause de son sens (il ressemble à quelqu’un), on le range habituellement dans la catégorie des indéfinis.

On peut être défini comme un « nous expansé » (laajennettu) : il englobe le locuteur et toutes personnes susceptibles d’occuper sa place (je, tu, nous, vous, ils etc. et les autres).

a. On désigne « les gens » collectivement. Dans ce cas, il correspond souvent en finnois à un verbe à la personne 3 sans sujet exprimé :

Il ne faut pas dire du mal de gens qu’on ne connait pas. Ei saa puhua pahaa ihmisistä, joita ei tunne. On ne peut pas comprendre facilement cette musique. Tätä musiikkia ei ole helppo ymmärtää. On dirait. Siltä näyttää. / Näköjään. On ne sait jamais ! Ei sitä koskaan tiedä!

b. On peut aussi désigner une personne indéfinie prise isolément dans cet ensemble collectif (un individu représentant du nous expansé). Il a alors le même sens que quelqu’un, exprimé en finnois par joku ou le passiivi (cependant ne pas abuser de on) :

On sonne. Ovikello soi (”joku soittaa ovikelloa”). On a frappé. Joku koputti ovelle. Cette nuit, on a volé un tableau de Picasso. Viime yönä joku varasti Picasson maalauksen. / Viime yönä varastettiin Picasson maalaus. Tous les ans, on organise une fête à l’école.

c. On peut utiliser le pronom on ironiquement ou affectueusement comme pronom de personne 2/5 déguisé (usage similaire en finnois, avec le passiivi ou un verbe à la personne 3 sans pronom sujet exprimé) :

Alors, on dort encore ? Vieläkö sitä nukutaan täällä? (= vieläkö te nukutte?) Eh bien, on a faim, on dirait ? Sitä ollaan näköjään nälkäinen! Alors les petites, on est contentes ? No niin tytöt, miltäs nyt tuntuu [oletteko tyytyväisiä]?

Rem. Comme on est un « nous expansé » et englobe le locuteur (personne grammaticale 1 je) et toutes les personnes susceptibles d’occuper sa place (tu, nous, vous, il(s), elle(s) etc. et les autres), on peut aussi l’utiliser pour désigner indirectement la personne 1 (c’est-à-dire je qui parle) par exemple par modestie ou pour d’autres raisons :

Je ne vais pas le laisser me marcher sur les pieds ! On a sa fierté, tout de même ! [« Je mérite qu’on me respecte comme toute autre personne ».] Eh bien, comment va la santé ? – Oh, on se maintient. [« Je vais bien ».]

2.2. Substitut de nous dans le français parlé

Dans le français parlé, à la place personne 4 (nous pensons, nous disons), on utilise quasi systématiquement le pronom on et un verbe à la personne 3 (on pense, on dit). Il y a sur ce point une correspondance remarquable entre le finnois et le français, puisque dans le finnois parlé on utilise aussi l’équivalent de on (le passiivi) à la place de la personne 4, et on exprime même le sujet de personne 4 me :

On y va ! Quand on est rentrés, on était tous épuisés. [sur l’accord de l’adjectif, voir ci-dessous] On vous amène jusqu’à la gare, mais on aura pas le temps de vous accompagner jusque sur le quai. Alors, on se le boit, cet apéro ? [se datif éthique]

Selon les cas, le pronom on peut donc renvoyer à deux référents différents (singulier ou pluriel). La forme des marqueurs anaphoriques (déter­minants, pronoms etc.) qui s’y rapportent varie selon le sens (voir aussi la forme du déter­minant possessif) ; c’est le cas en finnois également :

On était pressés de partir, et évidemment on a oublié la moitié de nos affaires. [référent pluriel] Quand on est pressé de partir, on risque facilement d’oublier une partie de ses affaires. [référent indéfini, singulier] On a enfin le temps de respirer depuis qu’on est à notre compte. [référent pluriel] On a toujours besoin d’un plus petit que soi. [référent indéfini, singulier] On était partis avec des amis qui étaient nettement plus jeunes que nous. [référent pluriel]

2.3. Forme pleine et forme complément

Quand on a une valeur impersonnelle (« les gens », « quelqu’un »), il n’a pas de forme pleine ni de forme complément et ne peut pas être utilisé après une préposition. On ne peut pas dire *à on, *avec on, *pour on… Après une préposition, il faut utiliser des pronoms comme quelqu’un, chacun, tout le monde :

Il sait parler aux gens. Elle est en grande discussion avec quelqu’un.

Quand on est la variante de nous dans le français parlé, la forme pleine et la forme complément direct de on sont nous :

Nous, on veut pas partir  On leur a dit que c’était faux, mais ils ont pas voulu nous croire. On le fera nous-mêmes. Me tehdään se itse. Excuse-nous d’arriver en retard, on a été pris dans un embouteillage. On voudrait que tu le donnes à nous. Me halutaan, että annat sen meille. On a fait ça pour nous d’abord.

2.4. Ne pas abuser de on

Malgré les correspondances évidentes entre le finnois et le français, il faut éviter d’utiliser trop fréquemment on pour traduire le passiivi du finnois, surtout si on veut effacer le sujet et rendre la phrase impersonnelle. En effet, bien que on soit un pronom « impersonnel », il renvoie bien à une « personne » (quelqu’un, des gens, etc.). Ainsi, dans la phrase suivante, il vaut mieux utiliser le passif en français, et non pas on :

Meillä on ilo kutsua teidät juhlatilaisuuteen kaupunginkirjastoon. Tilaisuus järjestetään uuden lukusalin vihkimisen kunniaksi. Nous avons le plaisir de vous inviter à une cérémonie qui se tiendra à la bibliothèque municipale. Cette cérémonie sera organisée à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle salle de lecture.

Si on disait On organisera cette cérémonie à l’occasion de…, le pronom on réfèrerait à une personne (inconnue) et cela signifierait plutôt « joku on halunnut järjestää tämän tilaisuuden » ou « Me järjestetään tilaisuus ». En français, le meilleur moyen d’effacer le sujet, c’est d’utiliser le passif (qui n’est pas la même chose que le passiivi du finnois). Il y a des cas où on peut employer on sans problème, mais il faut être prudent.

2.5. L’accord grammatical avec on
2.5.1. Accord en genre et en nombre

Dans le français parlé écrit, si on désigne un pluriel, on fait généralement l’accord du participe ou de l’adjectif au pluriel :

On [= les jeunes filles] est rentrées à pied. [plus fréquent que On est rentré à pied.]
On était crevées et vraiment contentes d'arriver. [plus fréquent que On était crevé.]

Cet accord, logique et justifié, est condamné par certains puristes. Puisqu’il est parfaitement admis qu’on puisse faire l’accord au singulier quand le pronom pluriel nous renvoie à un singulier, comme dans nous sommes convaincue que… (nous de modestie), il n’y a aucune raison rationnelle de condamner l’usage inverse, c’est-à-dire de faire l’accord au pluriel quand le pronom singulier on renvoie à un référent pluriel. C’est ce que confirme l’usage du français parlé : si une personne d’un groupe de locuteurs féminins dit la phrase suivante, elle fera de façon quasi certaine l’accord de l’adjectif au féminin :

On était crevées et vraiment contentes d’arriver. [la forme au masculin content serait sentie comme agrammaticale.]

2.5.2. Accord en personne

Quand on désigne la personne 4 (nous), l’accord (par exemple des pronoms ou des possessifs) se fait à la personne 4 :

On était pressés de partir, et évidemment on a oublié la moitié de nos affaires. On a enfin le temps de respirer depuis qu’on est à notre compte. On était partis avec des amis qui étaient nettement plus jeunes que nous.

Quand on désigne la personne 2/5 (tu/vous) ou la personne 1 (je), l’accord se fait à la personne 3 :

Oh mon pauvre petit chéri, on a un gros bobo ? On n’a pas fait son petit dodo ? Alors les enfants, on a rangé ses affaires ? On n’a rien oublié et on a bien noté le numéro de son groupe pour l’excursion de demain ? Je ne vais pas le laisser me marcher sur les pieds ! On a sa fierté, tout de même ! Eh bien, comment va la santé ? – Oh, on se maintient.

2.6. Le pronom indéfini collectif ils
2.6.1. Une valeur non générique

Le pronom impersonnel à valeur collective ils est très utilisé dans la langue courante. La différence avec on, c’est que le locuteur s’exclut du groupe représenté par ils : le pronom ils ne peut pas être compris avec une valeur générique, contrairement à on, qui contient par défaut tous les êtres humains. Le finnois exprime en général cette idée par le passiivi :

Ils ont dit à la radio qu’il allait y avoir de l’orage. Radiossa sanottiin, että tulee ukkosta. Qu’est-ce qu’ils veulent encore ? Mitä ne taas haluaa? Ils commencent à me casser les pieds avec leur pub ! Nämä mainokset alkavat ottaa päähän. Ils vont refaire la route et commencer les travaux en juin. Tietä korjataan ja työt aloitetaan kesäkuussa.

2.6.2. Un référent flou

La phrase Qu’est-ce qu’ils veulent encore ? Mitä ne taas haluaa? peut être par exemple une réaction de quelqu’un découvrant dans son courriel l’adresse de telle ou telle autorité ou expéditeur qui donne de ses nouvelles fréquemment. Assez souvent, le pronom ils marque une distance par rapport au locuteur : ils = l’État, les autorités, le fisc, etc., bref toute « collectivité » souvent difficilement définissable qui fait ingérence (puuttua jhk) dans la vie des humains et qui est identifiable par rapport à la situation : quand on reçoit une lettre et qu’on s’écrie Ça y est, ils vont encore augmenter le prix de l’électricité !, l’impersonnel ils renvoie aux autorités responsables de cette mesure, que tout le monde ne serait d’ailleurs pas capable de nommer précisément : compagnie électrique ? distributeur ? commune ? On peut dire en quelque sorte que le référent de ils est flou.

Le finnois connait le même usage : le pronom ne peut être utilisé pour désigner un groupe indistinct. Mais le finnois utilise plus fréquemment le passiivi dans ce cas.

3. Quelqu’un, quelque chose, autre chose, autrui

Quelqu’un et autrui renvoient à un référent humain. Quelque chose et autre chose renvoient à tout autre référent (non humain, objet, idée etc.).

3.1. Quelqu’un

Quelqu’un désigne un humain et signifie « une personne inconnue », ou par exemple une personne dont on ne veut pas préciser l’identité :

Quelqu’un a téléphoné ? Tu as rencontré quelqu’un ? Quelqu’un est venu te voir dans ton bureau aujourd’hui.

casque-audio-avec-micro On ne fait jamais la liaison en /n/ entre quelqu’un et le mot qui suit (erreur assez fréquente chez les finnophones). Voir Guide de prononciation.

Le pronom quelqu’un est un pronom sans genre grammatical, il est invariable, et n’a pas de féminin ni de pluriel. En finnois, le pronom correspondant joku (qui peut signifier « quelqu’un ») a également une forme pluriel jotkut, et pour cette raison les finnophones pensent souvent que quelques-uns est le pluriel de quelqu’un, ce qui n’est pas le cas.

3.1.1. Quelqu’un n’est pas le singulier de quelques-uns

Quelques-uns renvoie à un groupe nominal, exprimé ou implicite. Contrairement à quelqu’un, il peut renvoyer à des humains ou à des objets, des idées etc. d’un groupe qui est identifiable dans le contexte. Quelques-uns ne signifie pas « plusieurs inconnus ». C’est la même chose en finnois. S’il n’y a pas de contexte (si on n’a pas parlé de certaines personnes), la phrase suivante serait étrange :

?Tiens, au fait, quelques-uns voulaient te voir ce matin.
Hei muuten, jotkut halusivat jutella sinun kanssasi tänä aamuna.

Mais on pourrait dire :

Tiens, au fait, quelqu’un voulait te voir ce matin.
Hei muuten, joku halusi jutella sun kanssa tänä aamuna.

Dans l’exemple exemple suivant, il y a un groupe nominal exprimé (d’anciens camarades de classe), et jotkut/quelques-uns renvoie à ce groupe nominal :

Dans l’auditoire, il y a d’anciens camarades de classe à toi. Quelques-uns voudraient échanger quelques mots avec toi.
Salissa on sinun entisiä koulukavereita. Jotkut haluaisivat jutella sinun kanssasi.

3.1.2. Quelqu’un n’a pas de féminin

Comme les apprenants finnophones pensent que quelqu’un est le singulier de quelques-uns, ils pensent (logiquement) que quelques-unes a aussi un singulier, *quelqu’une. Ce n’est pas le cas : la forme quelqu’une se rencontre parfois dans des textes littéraires, mais dans la langue courante moderne, elle est sentie comme agrammaticale (sauf emploi particulier comme le cas 2. mentionné ci-dessous).

3.1.3. *Quelqu’une dans les manuels et les dictionnaires

1.  Deux manuels de grammaire finlandais indiquent que quelqu’une est le féminin de quelqu’un. C’est une affirmation contraire à la réalité.

2.  Le dictionnaire Petit Larousse (par exemple) indique sous le mot quelqu’un la vedette (hakusana) suivante : quelqu’un, -e. Cette présentation signifie implicitement que le masculin quelqu’un a une forme féminine *quelqu’une. En fait, la mention « ‑e » renvoie implicitement au pronom quelques-uns qui est présenté dans la même entrée, et qui a effectivement une forme féminine quelques-unes. Les lecteurs non avertis interprètent facilement l’indication « ‑e » comme signifiant qu’il existe une forme féminine *quelqu’une, ce qui n’est pas le cas. Dans le dictionnaire, il aurait fallu en réalité faire deux entrées séparées :

1. quelqu’un
2. quelques-uns, -unes.

3. Par plaisanterie, on peut effectivement mettre (et on l’entend dire parfois) quelqu’un au féminin pour faire un jeu de mots. Si quelqu’un dit la phrase (a), son interlocuteur pourrait répliquer ironiquement par (b) :

(a) Hier soir j’étais sorti avec quelqu’un.
(b) Ce ne serait pas plutôt « quelqu’une ? »

Mais c’est simplement une plaisanterie, un jeu avec la règle grammaticale normale qui veut que quelqu’un est invariable. Normalement, quand on veut dire à quelqu’un qu’une personne est venue en visite, on ne dit pas : Ah, au fait, *quelqu’une est venue te voir mais : quelqu’un est venu te voir.

3.2. Quelque chose

Quelque chose forme un seul groupe, qui signifie en finnois « jokin / jotakin ». Ce pronom n’a pas de genre ni de nombre, et il est invariable :

Elle voulait dire quelque chose. Quelque chose me dérange dans l’arrangement de cette pièce. Quelque chose est tombé par terre.

3.2.1. Quelque chose vs une chose

En finnois, le mot jokin peut être un déter­minant indéfini (a), qui est donc généralement suivi d’un nom. Jokin peut aussi être un pronom indéfini représentant (b), qui représente un ou plusieurs élément d’un groupe, ou bien un pronom nominal, qui n’a pas d’antécédent (c) :

(a) Kuvassa on jonkin Suomen Tivolin osaston maailmanpyörä Kotkassa v. 1949.
(b) Tavoitteet ovat erilaisia tärkeydeltään: jotkin ovat kriittisiä, toiset vähemmän tärkeitä.
(c) Jos huomataan, että jokin ei toimi, lopetetaan sen tekeminen ja toimitaan toisin.

Dans les cas (a) et (b), jokin peut se mettre au pluriel. Dans le cas (c), où jokin est un pronom nominal sans antécédent, on ne peut pas utiliser le pluriel :

(c’) Koeajoassa huomattiin joitakin kummallisia.

3.2.2. Joku déterminant = un/une/des

Le deuxième problème est que les finnophones pensent souvent que le déter­minant jokin/joku se traduit en français par quelque et que quelque chose signifie jokin asia, eräs asia. Ce n’est pas le cas. L’équivalent direct de jokin/joku en français est un/une. Et, en français moderne, les mots quelque chose (au singulier) forme un seul groupe : un pronom sans antécédent qui signifie jokin, jotakin.

Ce pronom est sans nombre et sans genre. Même si le mot chose est du féminin, le mot quelque chose entraine l’accord au masculin (qui marque l’absence de genre) :

Une chose intéressante a été découverte.
Pendant l’orage, des choses sont tombées par terre dans la cuisine.
Quelque chose est tombé par terre.

De même, quelque chose n’a pas de pluriel. Si on veut traduire l’idée du pluriel finnois jotkut asiat, muutamat asiat, etc., on dit en général certaines choses, et non pas quelques choses, pour éviter la confusion phonique avec le singulier quelque chose. À cause de cette homophonie, à l’oral la phrase j’ai appris quelques choses sera automatiquement comprise comme « j’ai appris quelque chose » (opin jotakin et non pas muutamia asioita). Si on veut rendre explicite le fait qu’il s’agit d’un déter­minant indéfini de quantité, il faudra donc dire :

Opin muutamia asioita. → J’ai appris certaines choses/un certain nombre de choses/plusieurs choses/des choses.

Rappel : si on ajoute un adjectif à quelque chose, cet adjectif est obligatoirement introduit par de, comme tous les adjectifs qualifiant un indéfini. Comme quelque chose est invariable, l’adjectif est invariable aussi dans ce cas :

Elle a appris quelque chose d’intéressant. J’ai envie de manger quelque chose de sucré.

En finnois, une chose peut se traduire par eräs asia, yksi asia ou jokin asia. En revanche, quelque chose est sans genre, on ne fait donc pas l’accord :

Quelque chose d’intéressant a été découvert.
Quelque chose est cassé. [et non pas *cassée]

Voir aussi par exemple la forme du pronom relatif qui se rapporte à quelque chose.

3.3. Autre chose

Le pronom autre chose est formé de l’adjectif autre et du nom chose, qui forment un groupe grammaticalisé : il n’y a pas d’article dans ce groupe et le pronom est invariable et sans genre (finnois jotakin muuta) :

Je devais encore acheter autre chose, mais je ne sais plus quoi. Pense à autre chose !

Le mot autre chose forme un tout indécomposable, qui est sans genre et s’accorde donc à la forme du masculin. On ne dit donc pas

Dans cette affaire, autre chose me parait *surprenante. mais;
Dans cette affaire, autre chose me parait *surprenant.

En revanche, on peut dire

Une autre chose me parait intéressante.

Le groupe une autre chose est alors un GN. Cela concerne aussi le pronom personne.

3.4. Autrui

Le pronom autrui est l’équivalent « humain » d’autre chose (toinen ihminen, joku muu [ihminen]). Il est d’un emploi très limité. Il ne s’utilise que dans le style soutenu, essentiellement dans des contextes à valeur morale (autrui pourrait pratiquement se traduire par lähimmäinen) :

Il ne faut pas convoiter le bien d’autrui. Ei saa tavoitella toisen omaisuutta. Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. Älä tee toiselle sitä, mitä et haluaisi itsellesi tehtävän.

Il ne faut donc pas employer autrui pour traduire l’idée du finnois joku muu « quelqu’un d’autre ». Le groupe joku muu se traduit les autres, d’autres gens, ou quelqu’un d’autre. La correspondance entre le finnois et le français est donc la suivante :

jokin muu = autre chose
joku  muu = quelqu’un d’autre

Les exemples précédents peuvent aussi se formuler de la manière suivante :

Il ne faut pas convoiter le bien des autres. Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse à toi-même.

4. Personne, nul, rien

Personne (ei kukaan) et rien (ei mikään, ei mitään) sont les « formes négatives » de quelqu’un et quelque chose. Dans une phrase négative, dans le code écrit, ils s’emploient conjointement avec l’adverbe négatif ne :

Personne n’a téléphoné. Non, je n’ai vu personne. Personne n’est parfait. Elle ne voulait rien dire. Rien ne me dérange. Rien ni personne ne le fera changer d’avis.

4.1. Personne

✎ Le mot personne peut aussi être un nom qui signifie en finnois henkilö, ihminen. Mais employé comme pronom indéfini, il est sans genre. Il a donc la marque grammaticale du masculin singulier. Comparer :

Cette personne est parfaite pour ce poste. personne = nom
Personne n’est parfait. personne = pronom indéfini sans genre
4.2. Nul

Le pronom nul est invariable. Il n’a pas de féminin, la forme nulle ne peut donc être que le féminin du déter­minant indéfini. Il équivaut à personne dans le style soutenu ou dans des locutions à caractère proverbial. Ce pronom n’est qu’une variante littéraire de personne. Il a en quelque sorte une valeur plus généralisante que personne et signifie en pratique « aucun être humain ». Le pronom nul ne peut être que sujet du verbe :

A-t-il eu raison de prendre cette décision ? Nul ne le saura jamais. Oliko hän oikeassa tehdessään sen päätöksen? Kukaan ei tule koskaan tietämään sitä.
Nul n’est censé ignorer la loi. Kaikkien oletetaan tuntevan lait.

Le pronom nul ne s’emploie que dans certains contextes et il vaut mieux éviter de l’utiliser trop souvent. Le plus simple pour l’étudiant de français langue étrangère est d’utiliser personne.

4.3. Expressions idiomatiques avec rien

Il n’y a plus rien à manger. Ei ole enää mitään syötävää. Je vais à la bibliothèque, je n’ai plus rien à lire. Käyn kirjastossa, minulla ei ole enää mitään lukemista. Ça ne sert à rien. Se on turhaa. Qu’est-ce que tu as retenu  Rien du tout. Mitä opit siitä? – En yhtään mitään. Merci. – De rien. Kiitos.Ei mitään kiittämistä/ Ei kestä. Ce nom ne me dit rien. Se nimi ei sano minulle mitään. Si on allait à la plage ? – Ça ne me dit rien. Ei oikein huvita. Ça coute trois fois rien. Sen saa melkein ilmaiseksi. Rien de rien. Ei yhtikäs mitään. Ce n’est pas rien. Se ei ole pikku juttu./Se on melkoinen homma.

4.4. Ce n’est pas rien

L’expression ce n’est pas rien, plus couramment dans le français parlé c’est pas rien (sans ne), est une variante courante de l’expression à valeur de litote plus littéraire ce n’est pas une mince affaire (se ei ole helppoa, se ei ole leikin asia), et dont les variantes plus familières sont c’est toute une histoire, c’est tout un travail. On y retrouve le sens original de rien, « [petite] chose ». Ce n’est pas rien correspond étymologiquement à ce n’est pas une petite chose, donc exactement au finnois se ei ole pikkujuttu. Remarquer que la traduction Ei se mitään serait totalement inadéquate. Aujourd’hui, les usagers de la langue interprètent cette expression comme une double négation (ne pas + rien = quelque chose), qui a pour effet d’annuler la négation (voir la double négation) :

ce n’est pas rien / c’est pas rien = c’est quelque chose

Cette expression c’est quelque chose s’utilise d’ailleurs aussi, pour signifier qu’une tâche est difficile :

Le décollage d’étiquettes, c’est quelque chose ! Että etikettien irrottaminen osaa olla hankalaa!

On obtiendrait ainsi les variantes suivantes, du plus littéraire au plus familier :

Faire comprendre aux étudiants l’utilité de posséder un bon dictionnaire n’est pas une mince affaire.
Faire comprendre l’utilité de posséder un bon dictionnaire, ce n’est pas rien.
Faire comprendre l’utilité de posséder un bon dictionnaire, c’est quelque chose !

4.5. La place du pronom rien

Les pronoms indéfinis occupent en général dans la phrase la place du groupe nominal et ne posent pas de difficultés particulières. Le pronom rien a un comportement spécifique.

4.5.1. Aux temps composés

Aux temps composés, rien CVD se place après l’auxiliaire :

Tu n’as rien mangé.
Je n’ai rien compris.

Quand rien est complété par un adjectif (auquel il est relié par de) ou une structure équivalente, soit il reste à sa place après l’auxiliaire, soit (moins fréquemment) il se met, avec l’adjectif, après le verbe :

Je n’ai rien vu d’intéressant. ou Je n’ai vu rien d’intéressant. Je n’ai jamais rien entendu de tel. ou Je n’ai jamais entendu rien de tel. Ils n’avaient rien découvert d’intéressant. ou Ils n’avaient découvert rien d’intéressant. Je n’ai rien fait de spécial. ou Je n’ai fait rien de spécial.

Quand le pronom est complété par l’adjectif autre, on peut également utiliser les deux formes, mais dans le français parlé, il y a une assez nette tendance à maintenir plutôt le groupe rien d’autre ensemble, et donc placé après le verbe (rien d’autre commence à être perçu comme un groupe figé). Mais cela dépend aussi en partie des habitudes personnelles :

Il n’a demandé rien d’autre. ou Il n’a rien demandé d’autre. (Français parlé) On a acheté rien d’autre. ou(code écrit) On n’a rien acheté d’autre. La police n’avait révélé rien d’autre. ou La police n’avait rien révélé d’autre.

4.5.2. Complément d’un infinitif dépendant d’un autre verbe

Le pronom rien CVD d’un verbe à l’infinitif dépendant d’un autre verbe se place avant tous les autres pronoms qui dépendent de cet infinitif :

Je n’ose rien leur dire. Elle ne veut rien manger. Il ne va plus rien en rester. Anne ne peut rien lui en dire. Il ne sait rien faire.

Si le verbe dont dépend l’infinitif est à un temps composé, le pronom rien CVD se place après l’auxiliaire du verbe dont dépend l’infinitif :

On n’a rien pu faire. Mitään ei ollut tehtävissä. Je n’ai rien osé lui dire. Anne n’a rien pu dire. Il n’a rien voulu leur dire. Il n’a rien su faire.

Dans le français parlé, on entend couramment placer le pronom après le participe :

On a pu rien faire. On a voulu rien leur dire

Dans les complétives avec infinitif, on maintient l’ordre normal, autrement dit rien se place entre l’auxiliaire et le participe de l’infinitif passé l’infinitif à la forme négative (lire aussi…) :

Je pense n’avoir rien oublié. Elle croyait n’avoir rien gardé du passé.

4.5.3. Ordre des mots à l’infinitif et au participe

Avec les pronoms indéfinis semi-négatifs, l’ordre des mots pose certains problèmes. Rien se met normalement avant l’infinitif (groupé avec ne comme dans le cas de ne pas), alors que personne, aucun , nul se placent après l’infinitif ; au participe, on observe la règle normale :

ne rien révéler / ne révélant rien
ne voir personne / ne voyant personne
ne prendre aucun rendez-vous / ne prenant aucun rendez-vous
ne se donner nulle peine / ne se donnant nulle peine

Au passé, à l’infinitif et au participe, rien se place entre l’auxiliaire et le participe passé, tandis que personne, aucun et nul se placent après tout le groupe infinitif (code écrit et français parlé) :

n’avoir rien vu  / n’ayant rien vu— n’avoir rien dit / n’ayant rien dit
pourquoi n’avoir jamais rien tenté / n’ayant jamais rien tenté.
 n’avoir vu personne /n’ayant vu personne
n’avoir essayé aucune autre solution / n’ayant essayé aucune autre solution
n’être tombé sur aucune erreur / n’étant tombé sur aucune erreur

4.5.4. Complément prépositionnel

Quand rien est en fonction de CVP, il se place après le verbe :

Essaye de ne penser à rien. Yritä olla ajattelematta mitään. Nous n’avons plus besoin de rien.

4.6. Rien et personne dans des phrases non négatives

Dans certains cas, personne et rien peuvent s’utiliser sans autre mot négatif dans la phrase :

4.6.1. Dans des phrases interrogatives

Personne et rien peuvent s’employer sans adverbe négatif dans les phrases interrogatives, surtout dans le style soutenu (construction similaire en finnois) :

A-t-on jamais vu personne d’aussi entêté ? Onko koskaan nähty ketään niin itsepäistä? As-tu jamais entendu rien d’aussi beau ? Oletko koskaan kuullut mitään niin kaunista?

Cet emploi n’est possible que dans les questions avec inversion. Si on pose la question avec est-ce que, les phrases équivalentes seraient :

Est-ce que vous avez déjà vu quelqu’un d’aussi entêté ?  Est-ce que tu as déjà entendu quelque chose d’aussi beau ?

4.6.2. Après des verbes à sens négatif

Dans le style soutenu, on peut utiliser personne et rien seuls dans des phrases assertives affirmatives après des verbes ayant un sens négatif : empêcher, interdire, éviter, négliger, refuser etc., ou après une principale négative :

Ma promesse m’interdisait de le dire à personne. Lupaukseni esti minua kertomasta sitä kenellekään. Il défendit expressément qu’on touchât à rien. Hän kielsi ehdottomasti koskemasta mihinkään. Il ne me semble pas que vous prouviez rien contre moi. Ei näytä siltä, että teillä olisi mitään todisteita minua vastaan.

Dans la langue courante, on utilise quelque chose / quelqu’un ou qui/quoi que ce soit (ci-dessous) :

Ma promesse m’interdisait de le dire à quelqu’un d’autre. Il avait défendu expressément qu’on touche à quelque chose. Il ne me semble pas que vous prouviez quelque chose contre moi.

4.6.3. Après des comparatifs

Personne et, plus rarement, rien peuvent s’utiliser sans autre mot négatif dans des phrases affirmatives après des comparatifs :

Tu le sais mieux que personne. Sinä jos kukaan tiedät sen. Il fait ça comme personne. Hän tekee sen paremmin kuin kukaan. C’est beau comme rien ! [français parlé] Se on kaunis kuin mikään voi olla.

4.6.4. Rien employé comme nom

Rien était à l’origine un nom qui vient du nom latin res (de l’accusatif rem) « chose », qui s’est grammaticalisé en pronom. La valeur de nom subsiste dans certains emplois, où le mot rien peut s’accorder au pluriel :

Il ne faut pas te mettre en colère comme ça pour un rien. Älä nyt suutu tuolla tavalla mokomasta asiasta Les petits riens qui rendent la vie agréable. Pienet asiat, jotka tekevät elämän mukavaksi.

5. Tout le monde, n’importe qui/quoi

5.1. Tout le monde

Tout le monde désigne collectivement (tous) les êtres humains :

Tout le monde a envie d’un petit chalet au bord d’un lac. Je veux les noms de tout le monde. Haluan kaikkien nimet. Ce n’est pas la peine de le raconter à tout le monde. Ne vous pressez pas tant, il y en aura pour tout le monde ! älkää hosuko, kaikki saavat omansa!

Remarque : malgré les apparences, tout le monde ne signifie pas « la totalité du monde (de l’univers) ». Le finnois koko maailma se traduit en français le monde entier. De même, koko maailmassa se dit dans le monde entier.

On ne peut pas renvoyer au pronom tout le monde par un pronom personnel, car tout le monde est sans genre et indéfini. La phrase Kaikki pelkäävät pimeää lapsena ne peut pas se traduire :

Tout le monde a peur de l’obscurité quand *il est enfant.

Il faut qu’il y ait un nom ou un pronom auquel le pronom sujet de la subordonnée peut renvoyer :

Tous les gens ont peur du noir quand ils sont enfants. ou Nous avons tous peur du noir quand nous sommes enfants. ou Tous les enfants ont peur du noir.

5.2. N’importe qui, n’importe quoi

Les locutions n’importe qui / n’importe quoi (kuka tahansa / mikä/mitä tahansa) sont des pronoms sans genre. La valeur négative originelle de n’importe (« peu importe ») a disparu et le mot fonctionne comme une sorte d’adjectif invariable déter­minant le pronon qui/quoi, équivalent exactement au finnois tahansa :

Avec le téléphone, n’importe qui peut te déranger à n’importe quelle heure. Il ferait n’importe quoi pour de l’argent. Ne pars pas en vacances avec n’importe qui. Ne dis pas n’importe quoi ! Älä puhu palturia! 

Bien que n’importe qui soit un pronom sans genre grammatical, on peut renvoyer au pronom n’importe qui par un pronom personnel (alors que ce n’est pas possible dans le cas de tout le monde, voir remarque ci-dessus) :

N’importe qui pourrait entrer et prétendre qu’il est le propriétaire.

✎ Ne pas confondre n'importe qui (kuka tahansa) et n'importe lequel/laquelle/lesquels (kuka/ketkä tahansa [heistä], mikä/mitkä tahansa [niistä]) . Voir ci-dessous § 7.2.

5.3. Français parlé

Dans le français parlé, n’importe quoi est souvent utilisé comme interjection pour commenter une affirmation ou une action qu’on estime stupide :

Tu entends ça ? N’importe quoi ! Ihan tyhmää! / Pöh!

On peut aussi utiliser n’importe quoi comme un nom massif avec cette même valeur péjorative :

C’est vraiment du n’importe quoi ! Se on ihan typerää. Ce que tu dis, c’est du gros n’importe quoi.

6. Quiconque, qui/quoi que ce soit

6.1. Quiconque

Le pronom indéfini quiconque s’utilise essentiellement dans le code écrit. Il a deux valeurs :

a. Il peut remplacer personne dans une phrase négative et sert en quelque sorte à renforcer l’idée négative : « personne d’autre », « absolument personne » :

Il a démissionné sans rien dire à quiconque. La commune sert mieux la collectivité que quiconque.

b. Il constitute un pronom syncrétique introduisant une proposition subordonnée (relative) et il contient à la fois l’antécédent, tous ceux, toute personne et le pronom relatif qui (en finnois ce serait kuka tahansa [joka], jokainen [joka]). Dans cet emploi, quiconque est donc à la fois un pronom indéfini (jokainen) et pronom relatif (joka), et il est toujours rattaché à une proposition principale (contrairement à l’emploi de quiconque mentionné ci-dessus au point a.) :

Quiconque désobéira sera puni. La bourse n’est pas accordée à quiconque en fait la demande.

Dans la langue courante, on utilise à la place de quiconque par exemple tous ceux qui, toute personne qui :

Tous ceux qui désobéiront seront punis. La bourse n’est pas accordée à toute personne qui en fait la demande / à tous ceux qui en font la demande.

6.2. Qui que ce soit, quoi que ce soit

La locution pro­no­mi­nale qui que ce soit renvoie à un référent humain, quoi que ce soit à un référent non humain. Toutes deux s’utilisent toujours dans une phrase de sens négatif : soit dans une phrase contenant un adverbe négatif (nepas), soit dans une proposition dépendant d’une autre proposition négative ou d’un verbe à sens négatif, soit dans une construction infinitive introduite par sans. Elles renforcent l’idée négative. Par exemple pas à qui que ce soit équivaut à à absolument personne :

Il ne faut pas le révéler à qui que ce soit. Il a démissionné sans rien dire à qui que ce soit. Je ne veux pas que vous le révéliez à qui que soit. La police a dit qu’il ne fallait pas qu’on touche à quoi que ce soit avant l’arrivée des techniciens. Ma promesse m’interdisait de le dire à qui que ce soit. Il avait défendu expressément qu’on change quoi que ce soit dans son texte. Il ne me semble pas que vous prouviez quoi que ce soit contre moi.

Les pronoms qui que ce soit/quoi que ce soit ne peuvent pas être le sujet de la phrase.

Attention à ne pas les confondre avec des constructions concessives du type quoi que vous disiez, qui que vous pensiez être ou quelle que soit cette idée.

6.3. Variante de quiconque

Qui que ce soit peut être une variante renforcée de quiconque dans un contexte négatif :

La bourse n’est pas accordée automatiquement à qui que ce soit. [= à n’importe qui] Comme je l’ai dit sur mon blog et sur le groupe, je ne veux pas faire le procès de la police ni de qui que ce soit. [= ni de personne d’autre] Malraux disait qu’aucune espèce d’État ne peut assurer le bonheur de qui que ce soit. [= d’absolument personne] Les membres s’engagent à conserver leurs informations et à ne pas les divulguer à qui que ce soit. Chaque membre s’engage à ne pas tenir de propos diffamatoires, menaçants, injurieux, grossiers, racistes, xénophobes ou politiques vis-à-vis de qui que ce soit.

7. Chacun, n’importe lequel

7.1. Chacun

Le pronom chacun peut avoir deux valeurs :

7.1.1. Pronom nominal

Chacun peut être un pronom nominal sans genre, qui signifie « chacun d’entre nous », « tous les gens », « tout le monde ». Quand il a ce sens, chacun est invariable.

Dans la vie, chacun pense toujours d’abord à soi. Chacun a besoin d’amour.

7.1.2. Pronom représentant

Chacun(e) peut aussi être un pronom représentant, qui renvoie à un GN identifiable mentionné explicitement ou implicitement. Dans ce cas, il s’accorde éventuellement en genre (féminin). On peut le développer par un groupe prépositionnel introduit par de ou d’entre :

Apporte-moi mes moufles. Il y a mes initiales sur chacune. Toisitko minulle lapaseni, molemmissa on nimikirjaimeni.
Regarde ces poissons : chacun d’entre eux est une femelle.
Chacune des maisons de notre rue a une couleur différente.

Remarque : le finnois molemmat ou kumpikin peuvent se traduire par chacun(e), complété au besoin par … des deux, mais le français n’est pas aussi précis que le finnois sur ce point et d’habitude il suffit de dire chacun(e). Il est donc inutile de traduire systématiquement molemmat / kumpikin en français en précisant des deux :

Ce jeune auteur a déjà écrit deux romans. Chacun [des deux] a connu un grand succès. Tämä nuori kirjailija on jo kirjoittanut kaksi romaania. Kumpikin oli suuri menestys.

7.1.3. Variante chaque

La forme chaque est normalement la forme du déter­minant qui correspond au pronom chacun (voir aussi tableau), mais dans certains contextes on peut employer chaque comme pronom, avec une valeur distributive, pour renvoyer à des éléments identiques d’une série, notamment quand on indique un prix ou une mesure à l’unité :

Les questions sont présentées sur deux pages de 20 questions chaque.
Ces disques coutent 15 euros chaque. Nämä levyt maksavat 15 euroa kappale.

Dans le deuxième exemple, il s’agit d’un disque dont chaque exemplaire (donc identique aux autres) coute 15 euros. Ce n’est pas la même phrase que

Ces disques coutent 15 euros chacun. Nämä levyt maksavat kukin 15 euroa. (dans ce cas, il s’agit de disques différents).

7.2. N’importe lequel

Le pronom n’importe lequel est un pronom représentant (qui remplace un groupe nominal). Il équivaut au finnois kuka tahansa [heistä]mikä tahansa [niistä] et il s’accorde en genre et en nombre :

Formes du pronom n’importe lequel
singulier pluriel
masculinn’importe lequeln’importe lesquels
fémininn’importe laquellen’importe lesquelles

Le pronom n’importe lequel renvoie à un nom exprimé explicitement ou implicitement Il faut éviter de le confondre avec le déter­minant n’importe quel, et avec le pronom n’importe qui, qui ne renvoient pas à un nom identifiable :

Quels livres me recommandes-tu ? – Tu peux prendre n’importe lesquels. N’importe laquelle de ces solutions vaudrait mieux que la situation actuelle. Michel a acheté un nouvel appareil photo, mais il ne s’est pas contenté de n’importe lequel, il lui fallait le modèle dernier cri. Quel fournisseur d’accès me recommandes-tu? – Tu peux t’abonner à n’importe lequel, aucun ne fonctionne jamais de façon vraiment satisfaisante !

Remarque : l’élément le du pronom lequel ne se contracte pas avec les prépositions à et de (erreur parfois constatée) :

à + n’importe lequel → à n’importe lequel (et pas n’importe *auquel)
de + n’importe lequel → de n’importe lequel (et non n’importe *duquel). [Voir exemples ci-dessus]

Quand le pronom n'importe lequel est complété par un nom, il est relié au nom par la préposition de ou, parfois d'entre ; s'il est relié complété par un pronom, on utilise uniquement par la préposition d'entre, pas de :

8. L’un/autre, les uns, les autres

8.1. L’un…, l’autre…

Les pronoms de la paire l’un(e) … l’autre sont des pronoms représentants qui renvoient au contenu d’un nom identifiable (explicitement). Les deux pronoms s’accordent en genre et en nombre en fonction du nom. L’article défini se contracte avec la préposition à et de :

Que font les enfants ? – L’un est allé faire du ski, l’autre est à l’école de musique.
Ils ont deux voitures : l’une est rouge, l’autre bleue.
Où sont passées toutes les étudiantes ? – Les unes avaient un examen, les autres sont malades.
Je te rends seulement une partie de tes coupes à champagnes, j’ai encore besoin des unes, et aux autres il faut que je fasse subir un nettoyage un peu plus poussé.

Prononciation : on ne fait pas la liaison en /n/ entre le pronom l’un et le mot qui suit. Voir Guide de prononciation.

Au pluriel, cette construction peut avoir une variante avec article indéfini les uns… d’autres

Où sont passées toutes les étudiantes ? – Les unes avaient un examen, d’autres sont malades, et d’autres sont absentes pour une raison inconnue.

8.2. Interprétation du pronom l’autre/les autres

Dans certaines grammaires, on range tout groupe déter­minant + autre parmi les pronoms indéfinis, dans des cas comme :

Je prendrai cette cassette et encore une autre. Les autres ne me plaisent pas.
On l’a déjà annoncé à quelques élèves, il faut encore le dire aux autres.
Je peux te prêter ces deux livres, mais j’ai besoin des autres.
Tel étudiant préfère les examens partiels, tel autre les examens uniques.

En fait, dans ces exemples, autre est un banal adjectif (presque banal, car il n’est pas caractérisant de la même manière que grand ou petit ; mais son comportement morphosyntaxique est identique). Simplement, le nom n’est pas exprimé. Il s’agit donc d’une simple tournure elliptique. C’est exactement comme si on dit : je voudrais une chemise blanche et une rouge : entre l’article une et l’adjectif rouge, le nom est sous-entendu, on n’a pas formé pour autant le « pronom indéfini » *une rouge. Ce n’est pas le cas dans les exemples suivants :

Que font les enfants ? – L’un est allé faire du ski, l’autre est à l’école de musique. Ils ont deux voitures : l’une est rouge, l’autre bleue.

Dans ces phrases, il n’y a pas de nom sous-entendu, on ne pourrait pas rétablir le nom « manquant » en disant *l’un enfant est parti…, ou *l’une voiture est rouge. Ici, il s’agit donc bien de vrais groupes pro­no­mi­naux, qui se substituent à un nom.

8.3. Erreur à éviter

Le couple l’unl’autre… est un grand « classique » des erreurs que font les finnophones en français, étant donné qu’en finnois pour exprimer l’idée de l’unl’autre…, on répète le mot toinen (qui, utilisé seul, signifie « l’autre »). Là où en finnois on dit répète toinen (a), en français le premier terme doit être l’un (b) :

(a) Toinen on lähtenyt, toinen on vielä kotona
(b) L’une est partie, l’autre est encore à la maison.

Même quelqu’un qui parle bien le français peut parfois laisser échapper *l’autre est parti, l’autre est encore là. Ce n’est pas en soi agrammatical, mais le problème, c’est qu’un francophone ne comprend pas le sens de cette phrase.

8.4. Valeur réciproque

L’un… l’autre peut aussi servir à exprimer la réciprocité avec un pronom réfléchi (comme en finnois toinen toisensa). Dans ce cas-là, on ajoute la préposition demandée par le verbe devant l’élément l’autre, dont l’article se contracte éventuellement avec la préposition :

Elles se suivent l’une l’autre. He seuraavat toinen toistaan. Ils se sont aidés les uns les autres. He auttoivat toisiaan. Les manchots se serraient les uns contre les autres pour lutter contre le froid. Pingviinit asettautuivat tiiviisti toisiaan vasten. Ils se faisaient des compliments les uns aux autres. He onnittelivat toisiaan. Nous avons besoin les uns des autres. Tarvitsemme toisiamme.

8.5. Pronom nominal

Le pluriel les uns … les autres /d’autres peut être la forme pluriel du pronom (représentant) l’un… l’autre présenté ci-dessus, et qui peut avoir comme variante les uns… d’autres (avec article indéfini). Cependant, les pronoms indéfinis les uns…. les autres/d’autres s’utilisent aussi comme pronoms nominaux (non représentants) pour désigner un groupe de personnes considérées collectivement (les êtres humains implicitement). Dans ce sens, ils sont très proches de certains employé comme pronom nominal. Dans ce cas aussi, remarquer que l’article défini se contracte avec la préposition à et de :

Pour certains/Pour les uns, il a raison, pour d’autres il a tort. Certains disent / Les uns disent qu’il vaut mieux se marier jeune, les autres / d’autres prétendent le contraire. Aux unes elle a offert des fleurs, aux autres des chocolats.

9. Certains, d’aucuns, il y en a qui

9.1. Certains

Ce pronom correspond à jotkut. Il avoir deux valeurs différentes :

a. Certains pronom représentant renvoie à un GN identifiable. Il peut alors s’accorder au féminin (certaines) :

On a pris pas mal de photos, certaines sont vraiment très réussies. Beaucoup sont partis faire fortune dans ce pays. Certains d’entre eux ne sont jamais revenus.

b. Certains peut aussi être un pronom nominal avec une valeur « collective » (générale) : le pronom certains désigne des gens, une sorte de « on partiel ». Il est alors invariable (pas de féminin) :

Certains ne croient pas que le climat est en train de se réchauffer. Certains ne sont jamais contents. Pour certains, l’alcool est un poison.

Remarque :quand il a ce sens, le pronom finnois jotkut ne se traduit donc pas par quelques-uns (qui signifierait muutamat), mais par certains. Comparer :

Joku väittää, että… quelqu’un prétend que…
Jotkut väittävät, että… Certains prétendent que…
[et non pas quelques-uns prétendent, qui signifierait muutamat väittävät…]

9.2. D’aucuns

Dans le style soutenu, le pronom représentant certains à valeur collective a une variante : d’aucuns. Le pronoms d’aucuns n’a pas de valeur négative (ne pas confondre avec le déter­minant aucun , toujours singulier). Il a exactement le même sens que certains (en finnois eräät, jotkut). Pour la forme et le sens, il correspond presque exactement à l’italien alcuni. Son usage est soumis à deux restrictions : on ne l’utilise pratiquement que dans un style soutenu (son usage serait très surprenant dans le français parlé) et en outre il ne peut s’utiliser qu’en position de sujet du verbe (alors que certains peut occuper toutes les fonctions habituelles du GN) :

D’aucuns étaient d’avis de changer de stratégie. D’aucuns prétendent que l’amour, parce qu’il est aveugle, cause bien des déceptions.

D’aucuns est d’un usage limité, et l’étudiant de français langue étrangère a intérêt à utiliser plutôt certains ou il y en a qui (voir ci-dessous).

9.3. Il y en a qui

Dans la langue courante, la manière la plus fréquente d’exprimer l’idée de certains comme pronom nominal désignant « des gens » est l’expression il y a des gens qui/que ou il y en a qui/que :

Il y a des gens qui / Il y en a qui ne croient pas que le climat est en train de se réchauffer. Il y a des gens qui / Il y en a qui ne sont jamais contents. Il y en a pour qui l’alcool est un poison. Il y en a à qui ça donne des nausées. On a pris pas mal de photos, il y en a que je trouve vraiment très réussies. Il y en a à qui tout réussit. Regarde ces photos que j’ai prises, il y en a dont je suis pas mal satisfaite.

Remarque :comme le pronom relatif change de forme selon sa fonction grammaticale, l’utilisation de cette tournure nécessite une bonne pratique des constructions relatives, et il peut éventuellement être plus simple d’utiliser certains (la variante avec certains est donnée à côté de chaque exemple) ; la construction avec il y en a est cependant nettement plus idiomatique dans la langue courante :

Il y en a qui ne sont pas d’accord. / Certains ne sont pas d’accord. Il y en a que ça dérange. / Ça dérange certains. Il y en a à qui ça ne convient pas. / Ça ne convient pas à certains. Il y en a pour qui c’est une mauvaise solution. / Pour certains, c’est une mauvaise solution. Il y en a dont les parents sont divorcés. / Les parents de certains sont divorcés. Il y en a avec qui on a eu pas mal de difficultés. / On a eu pas mal de difficultés avec certains.

Dans la prononciation, il y en a se réduit couramment à /jɑ̃na/. On prononce donc :

Il y en a qui partent. /jɑ̃nakipaʁt/ Il y en a que ça dérange. /jɑ̃naksadeʁɑ̃ʒ/ Il y en a à qui ça plait pas. /jɑ̃naakisaplɛpa/ etc.

Dans la construction il y en a + relatif, le pronom en peut bien sûr aussi être un pronom représentant renvoyant à un groupe nominal (désignant des gens ou autre chose) :

Regarde ces vieux timbres, il y en a dont on pourrait tirer pas mal d’argent. Parmi les points examinés, il y en a certains sur lesquels je voudrais qu’on revienne.

Le verbe y avoir peut se conjuguer à d’autres temps :

Il y en avait beaucoup qui n’étaient pas d’accord. Parmi les personnes interrogées, il y en avait peu pour qui la réforme semblait utile. Je sais comment ça va se terminer : il y en aura qui invoqueront l’emploi et personne n’osera rien décider.

10. Quelques-un(e)s, aucun, beaucoup, plusieurs, la plupart

Les pronoms indéfinis présentés sur cette page ont en commun le fait d’exprimer une quantité.

10.1. Quelques-un(e)s

Le pronom indéfini quelques-uns, au féminin quelques-unes, équivaut au finnois muutama employé pro­no­mi­nalement. On peut le développer par un groupe prépositionnel introduit par de ou d’entre :

Tu as là de belles jonquilles dans ton jardin. J’en voudrais quelques-unes. Les élèves se tenaient devant le proviseur. quelques-uns (d’entre eux) avaient l’air inquiets. Je prêterai ce livre à quelques-unes d’entre vous pour que vous me disiez votre opinion. [ici, le nom n’est pas exprimé, mais est contenu implicitement dans vous (par exemple « étudiantes »).]

Remarque :le mot quelques-un(e)s est la forme pro­no­mi­nale renvoyant à un GN. Ne pas confondre :

quelqu’un :pronom nominal invariable et sans genre, qui ne renvoie pas à un GN identifiable.
quelques-un(e)s : pronom représentant, qui renvoie à un GN pluriel identifiable et s’accorde en genre (quelques-unes)

Important : quelques-uns n’est pas le pluriel de quelqu’un. Le pronom quelqu’un n’a ni féminin ni pluriel. Voir ci-dessus et tableau.

10.2. Aucun(e)

Le pronom aucun ne s’utilise que dans les phrases négatives. Il s’accorde en genre. Le pronom remplace un nom précédé par un déter­minant de quantité. Pour cette raison, on utilise toujours aucun (e) conjointement avec en (sauf dans une phrase sans verbe, où en n’est pas exprimé) :

Je suis allé cueillir des gyromitres, mais je n’en ai trouvé aucun . Il y a eu des coups de téléphone aujourd’hui ? – Non, aucun . Combien de pilules as-tu prises ? – Aucune.

Se rappeler que aucun (e) ne s’utilise qu’au singulier. Dans le style soutenu, il existe le pronom d’aucuns, mais qui a un sens différent.

10.3. Beaucoup

Beaucoup peut être soit un adverbe soit un déter­minant, mais il peut également faire fonction de pronom indéfini (monet [heistä, niistä]) :

Les touristes descendent de l’avion. Beaucoup sont très bronzés. J’ai trouvé des photos dans un tiroir, mais beaucoup étaient très abimées. La grève a été annulée. Pour beaucoup, c’est un grand soulagement.

La construction peut souvent être développée, comme en finnois monet heistä ou monet niistä. Sans ce cas, on utilise la préposition d’entre + pronom personnel (forme pleine) ou un autre pronom :

Les touristes sont descendus de l’avion. Beaucoup d’entre eux n’avaient que des vêtements légers.

10.4. Plusieurs

Il est difficile de donner un équivalent unique en finnois pour ce mot. Le meilleur serait peut-être monikin, mais il se traduit en général par usea(mpi) et moni. On peut le développer par un groupe prépositionnel introduit par d’entre (mais pas par la préposition de toute seule) :

J’ai parlé avec mes amis. Plusieurs pensent que j’ai bien fait de partir. Les hockeyeuses sont allées jouer à Paris. Plusieurs (d’entre elles) étaient pour la première fois en France. Il avait révélé cela à plusieurs d’entre vous.

Plusieurs est invariable, mais il peut renvoyer à un référent féminin, et dans ce cas l’adjectif attribut ou le participe passé s’accorde :

plusieurs semblaient surprises / plusieurs étaient abimées / plusieurs ont été informées

10.5. La plupart

La plupart, en finnois  suurin osa, est au départ un nom, qui n’est aujourd’hui utilisé que comme déter­minant composé (avec la préposition de : la plupart de) suivi d’un massif ou d’un pluriel (voir exemples), ou comme pronom indéfini. Quand la plupart est un pronom, il renvoie toujours à un GN pluriel. Comme beaucoup, on peut le développer par la construction d’entre + pronom (mais pas par la préposition de toute seule) :

Face à un tel sujet historique, les écueils sont nombreux. Le film en a évité la plupart. Les touristes sont descendus de l’avion. La plupart (d’entre eux) étaient très bronzés. J’ai trouvé de vielles photos dans un tiroir, mais la plupart (d’entre elles) étaient très abimées. La grève a été annulée. Pour la plupart (d’entre nous), c’est un grand soulagement. On a cueilli des myrtilles, mais la plupart (de celles-ci) étaient déjà trop mures.

Remarque :dans la langue moderne, on ne renvoie généralement pas à un singulier avec le pronom la plupart, qui a toujours un sens pluriel. Si on veut renvoyer à un GN singulier, il est préférable d’utiliser le GN la plus grande partie :

Il ne reste plus beaucoup de vin, les invités en ont bu la plus grande partie.

La forme Ils en ont pris la plupart renvoyant à une expression nominale massive peut cependant se rencontrer dans la langue littéraire.

10.6. Pronoms divers

De nombreux autres mots (adverbes, déter­minants) peuvent à l’occasion être employés en fonction de pronom indéfini :

Nous n’avons pas eu autant que nous pensions. Emme saanet niin paljon [rahaa] kuin luulimme. Si tu demandes trop, tu risques d’obtenir moins. Jos vaadit liikaa, saatat saada vähemmän. Je n’en demandais pas tant. Olen enemmän kuin tyytyväinen.

10.7. Tous / tout

Le mot tout correspond à plusieurs catégories de mots (déter­minant, pronom, adverbe). Elles sont décrites dans une page séparée.

38. Les pronoms indéfinis. Mise à jour 1.3.2024