La manière de former et d’utiliser les propositions relatives en français est similaire à celle des propositions relatives en finnois. Les principales différences et sources de difficultés pour les finnophones sont les critères de variation de la forme du pronom relatif (et parfois de son antécédent) en français.
On distingue généralement deux types de propositions relatives :
Rem. Cette distinction a été souvent critiquée, mais elle s’est montrée utile dans l’enseignement du français langue étrangère aux finnophonnes. En finnois, le pronom antécédent de relative ne change pas de forme, excepté les variations de la déclinaison. En français, en revanche, si l’antécédent du pronom relatif est une des formes des pronoms il ou ça, la forme de ce pronom peut varier selon que la relative est spécifiante ou non spécifiante (par Exemple lui, ce, celui, celui-là).
La proposition relative commence par un pronom relatif, qui peut parfois être précédé d’une préposition ou d’un groupe prépositionnel. La forme des pronoms relatifs peut varier selon
Antécédent GN +hum | Antécédent GN −hum | Antécédent non GN | |
---|---|---|---|
Sujet | qui (lequel) | qui | |
Complément de verbe, attribut | que | ||
CVP avec préposition de | dont | ||
Autres prépositions | avec qui avec lequel | avec lequel avec laquelle avec lesquel(le)s | avec quoi |
Préposition dont le 2e élément est de | près de qui (près duquel …) | près duquel près de laquelle près desquel(le)s | près de quoi |
Préposition à | à qui (auquel …) | auquel à laquelle auxquel(le)s | à quoi |
Complément de temps ou de lieu | où |
Si l’antécédent du pronom relatif est une des formes des pronoms il ou ça, la forme de ce pronom peut varier en fonction du type de relative (spécifiante ou non spécifiante).
1. Les pronoms qui, que, dont et où peuvent avoir comme antécédent un groupe nominal ou un autre élément qu’un groupe nominal (pronom indéfini qui ne renvoie pas à un référent humain, pronom ça etc.). Le pronom sujet lequel qui est une variante de qui en fonction de sujet peut avoir comme antécédent seulement un groupe nominal.
2. Quand le pronom relatif suit une préposition (à qui, pour lequel etc.), on utilise la forme qui ou lequel/laquelle quand l’antécédent est un groupe nominal (GN masculin ou féminin, singulier ou pluriel), et la forme quoi quand l’antécédent n’est pas un groupe nominal (pronom indéfini non animé, pronom faible ce etc. sans genre ni nombre) :
antécédent GN : envers lequel, contre qui, en vertu desquelles
antécédent non GN : envers quoi, contre quoi, en vertu de quoi
3. Les pronoms qui, quoi, que, lequel peuvent aussi être des pronoms interrogatifs.
4. Devant voyelle, que s’élide, mais qui ne s’élide pas :
la voiture qu’il a achetée [= que + il, élision] / l’homme avec qui il parle [qui + il, pas d’élision]
✍ Mais dans le français parlé, le i de qui peut s’élider devant voyelle (qu’), et ne doit pas être confondu dans ce cas-là avec la forme élidée de que.
Le pronom qui peut s’utiliser comme sujet du verbe de la relative (il est aussi utilisé comme complément du verbe après une préposition, voir ci-dessous). Contrairement à son équivalent joka en finnois, le pronom qui est invariable. Il peut renvoyer à tout type d’antécédent :
Je fais les courses dans un supermarché qui est très bien fourni. ■ Pour l’exposition de photos, ce sont les nôtres qui ont été choisies. ■ Dans ce catalogue, j’ai trouvé quelque chose qui pourrait t’intérreser. ■ Au téléphone, il y avait quelqu’un qui n’a pas voulu dire son nom. ■ Personne n’a jamais compris ce qui l’avait poussée à agir ainsi.
Le verbe de la relative s’accorde en genre, en nombre et en personne avec l’antécédent (comme c’est le cas en finnois également, sauf concernant le genre) :
Il surveillait ses enfants qui jouaient dans le sable. ■ Vous qui avez toujours de bonnes idées, proposez quelque chose ! ■ C’est moi qui en ai eu l’idée. ■ Sylvie, qui n’était jamais venue en Finlande, a beaucoup aimé le pays.
Il existe un deuxième pronom relatif sujet, lequel (voir description détaillée ci-dessous). La différence essentielle entre qui sujet et lequel sujet est que lequel ne s’utilise que dans les relatives non spécifiantes et en référence à un antécédent groupe nominal : on ne peut pas dire *je voudrais relire ce livre lequel m’a beaucoup plu (relative spécifiante). Exemples de formes agrammaticales :
Il y a plusieurs constructions *lesquelles [= qui] ressemblent aux constructions clivées. ■ Nous avons interrogé des personnes *lesquelles [= qui] étaient censées avoir participé à l’évaluation.
De plus, lequel sujet s’utilise presque exclusivement dans le code écrit et se rencontre peu à l’oral. Lequel peut aussi être un déterminant relatif, qui s’utilise plutôt dans le style soutenu (ou administratif / juridique).
Le pronom que peut être complément de verbe direct (CVD) ou attribut du sujet.
Quand que est complément de verbe direct, il correspond aux formes du pronom relatif finnois joka : jonka/ jotka (nominatiivi/akkusatiivi-genetiivi) ou jota/joita (partitiivi) :
Le chalet qu’ils ont acheté l’été dernier a été détruit dans un incendie. ■ La voiture que j’avais réservée n’était pas disponible. ■ Jacques est venu avec une dame que nous ne connaissions pas.
Que peut être « le complément » des adverbes voici et voilà, qui sont d’anciennes formes verbales formées sur le verbe voir :
Le tableau que voici vaut très cher. Taulu, jonka näet tässä, on hyvin kallis. ■ Tu emporteras la valise que voilà. Otat mukaan laukun, joka on tässä.
Rem. Cet emploi de que comme complément de voici/voilà est mentionné quasi systématiquement dans les manuels de français langue étrangère, ce qui peut donner l’impression qu’il est banal. Pourtant, c’est un tour assez peu fréquent dans la langue courante et il vaut mieux ne pas en abuser dans le français parlé : au lieu de le tableau que voilà, on dit plus naturellement le tableau (qu’il y a) là / le tableau que tu vois etc.
Le pronom que en fonction d’attribut du sujet correspond au finnois joka ou jotka/joita. La construction en français n’est pas toujours facile à comprendre (lire…). Si l’antécédent est un groupe nominal, le sujet du verbe est à la forme ce : c’est un spectacle, c’est un problème, c’est un charmeur etc. Dans ce cas, le sujet est donc le pronom ce et l’attribut est que :
Vous ne pouvez pas imaginer le spectacle que c’était. Ette voi kuvitella, millainen näky se oli. ■ Tu ne comprends pas le problème que c’est. Et ymmärrä, millainen ongelma se on. ■ Tu ne sais pas le charmeur que c’est. Et tiedä, millainen hurmuri hän on.
Dans la phrase suivante, la forme du pronom sujet est il, car le nom l’enfant (antécédent de que) sert à qualifier :
L’enfant qu’il était ne pouvait pas comprendre. Lapsi, joka hän oli, ei voinut ymmärtää.
L’attribut du sujet peut aussi être un adjectif. Le pronom que est alors placé après l’adjectif. La construction équivaut au finnois adjectif kun verbe :
Mais André, gêné qu’il était, n’a pas osé le lui dire. Mutta André, hämmentynyt kun oli, ei uskaltanut sanoa sitä hänelle ■ N’ayant le cœur ni au jeu, ni au travail, elle ne profita pas des récréations, angoissée qu’elle était par ce qui l’attendait le lendemain matin. ■ Les pipiers ont pris l’habitude d’employer la technique du préculottage, fatigués qu’ils étaient de voir revenir des clients énervés d’avoir brulé leur pipe.
On utilise le même type de construction dans les exclamations :
Bête que je suis ! Voi minua tyhmää! [mot à mot « voi sitä tyhmyriä, joka olen »].
Dont dépend directement du verbe. Le pronom dont peut remplacer pratiquement tout complément précédé de la préposition de (voir les limitations). Cette préposition de peut exprimer :
Les passagers dont les places sont dans les rangées 25 à 33 sont priés d’embarquer en premier. ■ L’élan est un animal qui vit dans la forêt et dont la viande est excellente. ■ Christiane a une nouvelle voiture dont elle est très satisfaite. [satisfait de qch] ■ C’est un bois dont on fait des meubles. Se on puuta, josta tehdään kalusteita. [faire qch de qch] ■ Voilà le monsieur dont je t’ai parlé. [parler de qch] ■ Le village dont il est originaire se trouve au pays Basque. [être originaire de qqpart] ■ La manière dont il a présenté le problème est tout à fait inattendue. [la manière de faire qch] ■ J’ai perdu le négatif des vieilles photos dont tu m’as demandé de faire des tirages. [des tirages des vieilles photos]■ Les gyromitres sont des champignons mortels dont le gout ressemble à celui des morilles et qu’on consomme en Finlande. Korvasienet ovat tappavan myrkyllisiä sieniä, joiden maku muistuttaa huhtasienen makua ja joita syödään Suomessa. ■ Selon les études, les clients ne sont pas satisfaits de la manière dont ils sont traités.
a. En finnois, la forme jonka peut être l’akkusatiivi (complément direct, que) et le genetiivi (possession etc. dont). Cette identité de forme entraine souvent des confusions chez les débutants, qui, pour traduire par exemple talo, jonka näen siellä, on sininen, utilisent dont à la place de que : la maison *dont je vois là-bas est bleue. Pour résumer :
Akkusatiivi = CVD Talo, jonka näet tuolla, on meidän. La maison que tu vois là-bas est la nôtre. |
Genetiivi = possession Talo, jonka ovi on sininen, on meidän. La maison dont la porte est bleue est la nôtre. |
Il faut faire attention par exemple avec des verbes qui ont un complément direct (CVD, objekti) en finnois, mais un complément avec préposition en français :
ostaa jtak = acheter qch, mais tarvita jtak = avoir besoin de qch
Pölynimurirobotti jonka ostin, on jo rikki.L’aspirateur-robot que j’ai acheté est déjà en panne. Mais :
Pölynimurirobotti, jonka tarvitset, on minulla. L’aspirateur-robot dont tu as besoin est chez moi.
b. Le nom CVD dont le pronom dont est le complément conserve sa place normale dans la phrase et ne suit pas immédiatement dont, contrairement au finnois jonka (erreurs fréquentes) :
Kohta ajetaan kylään, jonka valokuvan näytin sinulle viime kerralla.
On va passer par le village dont je t’ai montré la photo l’autre jour.
[et non pas *dont la photo je t’ai montrée…]
Ensin esittelemme kyselyn, jonka tuloksia analysoimme toisessa osassa.
Nous présentons d’abord le questionnaire dont nous analyserons les résultats dans la deuxième partie.
[et non pas *dont les résultats nous analyserons…]
Quand l’antécédent est précédé par le complément du nom (de +nom) d’un complément de verbe prépositionnel ou d’un complément de phrase préposition + nom, il est repris par duquel, de laquelle, desquels, desquelles selon le mécanisme suivant :
devant la porte du jardin | de la maison | |
→ le jardin | devant la porte | de laquelle |
La maison devant le jardin de laquelle il y a une voiture rouge est la nôtre. Talo, jonka pihan edessä on punainen auto, on meidän. ■ Nos vacances, au début desquelles il a beaucoup plu, ont quand même été très agréables. Lomamme, jonka alussa satoi paljon, on silti ollut hyvin mukava. ■ J’ai fait une chute à la fin de la saison de ski de cette année-là. → Cette année, à la fin de la saison de ski de laquelle j’ai fait une chute, restera gravée dans ma mémoire.
Duquel s’utilise aussi comme variante de dont dans d’autres cas, voir ci-dessous.
Mis à part son utilisation comme forme alternative de qui sujet, la fonction principale du pronom lequel est celle de pronom relatif, dont l’antécédent qui est un groupe nominal (GN) précédé d’une préposition. Quand l’antécédent du pronom a un référent humain, on peut aussi utiliser la forme invariable qui (voir ci-dessous). Les formes en le- ou les- se contractent avec la préposition à ou la préposition de.
SINGULIER | PLURIEL | |
---|---|---|
masculin | lequel | lesquels |
féminin | laquelle | lesquelles |
à +masculin | auquel | auxquels |
à + féminin | à laquelle | auxquelles |
de + masculin | duquel (dont) | desquels (dont) |
de + féminin | de laquelle (dont) | desquelles (dont) |
L’arbre sur lequel la foudre est tombée a été coupé en deux. ■ Le quartier dans lequel ils vivent est très calme. ■ Le livre auquel il a consacré plus de trois ans de travail va enfin sortir. ■ Des chercheurs présentent les méthodes grâce auxquelles ils reconstitutent l’histoire du climat. ■ La réunion pendant laquelle le nouveau président a été élu était orageuse. ■ C’est un détail auquel personne n’avait prêté attention. ■ La police a trouvé des éléments à partir desquels on a pu reconstituter les minutes qui ont précédé la catastrophe.
Quand l’antécédent du pronom relatif ne renvoie pas à un groupe nominal, autrement dit si c’est un pronom indéfini (rien, quelque chose), le pronom ce, une phrase etc., la forme du pronom relatif après préposition est quoi :
L’emploi est quelque chose pour quoi nous devons tous nous battre. ■ Il n’avait plus rien en quoi espérer. ■ Il y avait une grève du métro, à cause de quoi je suis arrivé avec deux heures de retard.
Quand l’antécédent est le nom chose (une chose, des choses etc.), la forme du pronom est donc laquelle/ lesquelles, alors que si l’antécédent est le pronom indéfini quelque chose, le pronom relatif est à la forme quoi. Comparer :
L’emploi est une chose pour laquelle nous devons tous nous battre.
L’emploi est quelque chose pour quoi nous devons tous nous battre.
L’erreur à éviter, pour les finnophones, est d’interpréter quelque chose comme un groupe déterminant indéfini + nom (voir explications) et de dire l’emploi est quelque chose pour *laquelle, qui est agrammatical.
Cependant, dans le style soutenu ou littéraire, on utilise assez fréquemment quoi pour renvoyer au groupe nominal une chose, par analogie avec le pronom quelque chose (a) ; dans la langue courante (écrite et orale), on utilise normalement à laquelle (b) :
(a) emploi littéraire : C’est une chose à quoi je n’avais pas pensé.
(b) forme normale : C’est une chose à laquelle je n’avais pas pensé.
De même, dans un style littéraire, certains auteurs utilisent quoi pour renvoyer aussi à d’autres antécédents nominaux :
C’étaient tous une grande majorité d’inconnus pour lui, parmi quoi trois publicitaires. ■ Derrière lui s’étendait une longue table au bout de quoi chuintait un télécopieur. ■ En descendant l’escalier au bas de quoi […] paraissait se recueillir un homme de soixante ans, il s’arrêta.
Ce n’est cependant pas la forme habituelle du français standard et il vaut mieux l’éviter dans la rédaction de textes courants.
La forme lequel est obligatoire après préposition si le référent de l’antécédent n’est pas un humain. Si l’antécédent désigne un humain, on peut aussi utiliser qui. La différence entre les deux est que lequel a plutôt un sens restrictif et introduit généralement une relative spécifiante : les amis sur lesquels = ne ystävät joihin… La forme qui peut s’utiliser dans les deux cas, spécifiant ou non spécifiant. Mais la différence de sens est le plus souvent imperceptible :
Les spécialistes avec qui / avec lesquels j’ai parlé étaient plutôt pessimistes. ■ Les amis sur lesquels/ sur qui il comptait pour m’aider à repeindre le chalet, n’ont pas pu venir. ■ Les élèves à qui / auxquels j’ai donné une mauvaise note n’étaient pas contents. ■ Voilà les amis aux parents de qui / desquels nous avons loué notre maison de vacances.
En cas d’hésitation, le plus simple est donc, dans ce cas, de toujours utiliser le pronom qui. La forme plurielle lesquel(le)s est cependant obligatoire après la préposition parmi (parce que cette préposition est toujours formellement suivie d’un pluriel, et le mot qui n’a pas la forme d’un pluriel) :
Je ne me sens pas différente des gens parmi lesquels je vis. ■ Cette cellule d’éducation est constitutée de 20 personnes parmi lesquelles il y a des élèves, des étudiants et des enseignants.
a) Pour reprendre un groupe [de + GN], la forme duquel/de laquelle etc. est très peu employée : on emploie pratiquement toujours la forme dont, avec antécédent humain ou non humain, que la relative soit spécifiante ou non. Les formes de qui ou duquel/de laquelle sont nettement moins fréquentes (mais pas impossibles). Pour l’étudiant de français langue étrangère, le plus simple dans un tel cas est d’utiliser toujours dont :
J’ai trouvé les livres dont tu m’as parlé dans la petite librairie du coin de la rue. ■ C’est un résultat dont nous sommes très fiers. ■ Ce système permet de collecter et d’archiver tous les documents et informations dont nous aurons besoin. ■ Seuls pourront survivre les prestataires dont l’assise financière est suffisamment solide. ■ Les bénéficiaires potentiels sont les salariés dont la qualification est insuffisante au regard de l’évolution des technologies et des organisations.
b. Mais quand le groupe [de + GN] est complément d’un autre groupe nominal, on ne peut pas le remplacer par dont. On ne peut utiliser que la forme duquel/de laquelle, ou de qui s’il s’agit d’un référent humain ; dans ce cas l’opposition entre de qui et duquel correspond à l’opposition spécifiante/non spécifiante :
Nous avons réussi à à remettre la machine en marche avec les conseils d’un technicien génial. → C’est lui le technicien génial avec les conseils de qui nous avons réussi à remettre la machine en marche. ■ Le gouvernement n’a rien fait pour répondre aux attentes des salariés, devant les revendications desquels/de qui les syndicats semblent eux aussi impuissants à réagir. ■ Dans ce groupe de services, nous disposons d’un écosystème de partenaires, avec l’aide desquels nous délivrons un niveau de service élevé et constant.
c. Quand de est un élément d’une préposition composée (près de, à cause de etc.), l’élément de ne prend jamais la forme dont (comme c’est possible dans le vendeur de qui je parle → le vendeur dont je parle). On ne peut utiliser que la forme duquel/de laquelle, ou de qui s’il s’agit d’un référent humain ; dans ce cas l’opposition entre de qui et duquel correspond à l’opposition spécifiante/non spécifiante : l’élément de est contracté avec lequel/lesquel(le)s :
la personne au sujet de la laquelle / au sujet de qui il m’a téléphoné. ■ le professeur à côté duquel / à côté de qui je me trouve ■ les amis de la part de qui / de la part desquels il vous appelle ■ Il y a bien d’autres fonctionnaires à l’encontre desquels les sanctions disciplinaires sont prises par l’administration et non par une juridiction. ■ Qui réussirait à convaincre les plus riches et les plus puissants que la réussite de leur montée consisterait désormais à permettre la croissance de ceux aux dépens de qui ils se sont enrichis ■ L’original de cette dépêche est renvoyé au rectorat de l’université auprès de laquelle la demande a été introduite.
Bien que cela soit tentant pour les finnophones, puisqu’en finnois duquel/de qui/ dont correspondent à un seul et même pronom (jonka/joiden), on ne peut pas faire les transformations suivantes :
la personne au sujet **dont il m’a téléphoné → la personne au sujet de la laquelle / au sujet de qui il m’a téléphoné■ le professeur à côté **dont je me trouve → le professeur à côté duquel / à côté de qui je me trouve ■ les amis de la part **dont il vous appelle →les amis de la part de qui / de la part desquels il vous appelle
Pour surprenantes qu’elles puissent paraitre au lecteur francophone, ces formes « syncrétiques » (qui ne sont pas dénuées de logique) se rencontrent aussi chez d’autres apprenants de français langue étrangère que les étudiants finnophones. Mais elles doivent être évitées, car elles sont agrammaticales.
Le pronom où peut remplacer lequel complément prépositionnel précédé de la préposition à et dans, et plus généralement tout complément prépositionnel à valeur spatiale ou temporelle. Il correspond au finnois jo(i)ssa/ johon/ joihin etc. ou jo(i)na, jolloin :
Les cartons où sont rangées les photos se trouvent sur l’étagère de gauche. = Les cartons dans lesquels sont rangées. ■ L’adresse où la lettre a été envoyée n’est plus valable. = L’adresse à laquelle la lettre a été envoyée… ■ La commode où se trouve le portrait me vient de ma grand-mère. =La commode sur laquelle se trouve le portrait. ■ L’époque où cela s’est produit me parait si lointaine. =L’époque à laquelle cela s’est produit… ■ La réunion où il a été élu a été orageuse. =La réunion lors de laquelle il a été élu…
Il y a une très légère nuance de sens : les propositions introduites par préposition + lequel ont une valeur spécifiante ; celles introduites par où sont de type généraliste (spécifiante ou non spécifiante). Cette différence est souvent imperceptible. On peut donc utiliser où dans tous ces cas.
Mais le pronom où ne peut pas remplacer les groupes où le mot lequel est précédé d’une préposition spatiale quand cette préposition n’exprime pas une véritable relation de lieu ou bien a perdu son sens spatial, par exemple quand elle sert à introduire un complément de verbe prépositionnel. Dans ce cas-là, il faut utiliser la préposition suivie du pronom lequel :
avoir confiance en quelqu’un → les amis dans lesquels/en qui il a confiance [et non : les amis *où il a confiance]
dire quelque chose dans une langue [en allemand, en français] → la langue dans laquelle il a prononcé son discours [et non pas : la langue *où il prononcé son discours].
Mais : On trouve cette construction dans plusieurs langues romanes. (sens spatial) → Les langues romanes dans lesquelles/Les langues romanes où on trouve cette construction…
Avec les compléments de phrase exprimant le temps qui ne sont pas introduits par une préposition (jour, semaine, an, année etc.), où est la seule forme possible :
Le jour où ils se sont mariés il faisait froid. ■ Tu te rappelles encore l’année où tu as eu vingt ans ? ■ Le siècle où Louis XIV a régné, souvent nommé « grand siècle », a été catastrophique pour l’économie française.
Erreur à éviter : l’erreur fréquente chez les apprenants de français langue étrangère (finnophones, anglophones etc.) consiste à utiliser la conjonction quand comme un pronom relatif (pour traduire jolloin/when). En français, on ne peut pas dire *le jour quand il né, ou *l’année quand j’ai commencé mes études. Le mot quand ne peut être qu’une conjonction de subordination (ou un adverbe interrogatif), pas un pronom relatif. Le pronom relatif à utiliser dans un tel cas est où :
le jour où il est né ■ l’année où j’ai commencé mes études ■ le samedi où ils se sont mariés ■ la semaine où nos amis arriveront ■ le moment où cela s’est produit ■ à l’instant où je sortais etc.
Cependant, si la relative est non spécifiante (en finnois on utilise dans ce cas aussi jolloin), on ne peut pas utiliser où. Il faut reprendre l’antécédent par un nom support comme moment, époque etc. Le relatif finnois jolloin s’apparente dans un tel emploi à une conjonction de subordination à valeur temporelle, et peut être rendu en français par une conjonction ou une locution conjonctionnelle du même genre :
Ministeri erosi vasta viime viikolla, jolloin koko jupakka oli jo ohi. Le ministre n’a démissionné que la semaine dernière, à un moment où toute l’affaire était déjà du passé. / Le ministre n’a démissionné que la semaine dernière, alors que toute l’affaire était déjà du passé.
Le pronom où peut aussi avoir pour antécédents des adverbes de lieu (là, partout, quelque part etc.) :
Ils habitent toujours là où ils habitaient déjà il y a trente ans. ■ J’aimerais passer mes vacances quelque part où il n’y ait pas trop de touristes. ■ La mafia prospère partout où il n’y a plus d’État.
Où peut être précédé par des prépositions (de, à partir de, jusque) :
La route par où nous sommes passés est très sinueuse. ■ La ville d’où part le Tour de France cette année est en Belgique. ■ Il n’y a pas de secteur jusqu’où les forces du marché n’étendent leur influence. ■ Ils sont montés sur un promontoire à partir d’où on voit très bien toute la baie.
Le pronom lequel en fonction de sujet s’utilise dans deux cas :
1. quand il y a ambigüité sur l’antécédent auquel le pronom relatif peut renvoyer, lequel, qui s’accorde en genre et en nombre, peut permettre de préciser l’antécédent de façon plus explicite :
Je viens de prendre connaissance du rapport de la Commission, lequel semble maintenant beaucoup plus réaliste. Olen juuri tutustuneet komission mietintöön, joka tuntuu nyt paljon realistisemmalta.
Si on avait utilisé qui au lieu de lequel, l’antécédent de qui pourrait être la Commission ou le rapport, tandis que le masculin lequel montre clairement qu’on renvoie au groupe nominal le rapport. Cependant, cette distinction, souvent présentée comme une solution élégante et miraculeuse dans les manuels de grammaire, n’est évidemment possible que quand les deux antécédents sont de genre ou de nombre différent ; dans ce cas, la forme du pronom lequel renseigne sur l’antécédent.
Si les deux antécédents sont par exemple du féminin singulier ou du masculin pluriel, le pronom lequel est tout aussi ambigu que qui. Dans un tel cas, s’il est nécessaire de clarifier l’antécédent, on le répète devant le pronom qui. Cette répétition est un procédé assez fréquent (utilisé en finnois aussi). L’antécédent est alors toujours repris sans aucun déterminant :
Je viens de prendre connaissance du rapport du Conseil, rapport qui semble maintenant beaucoup plus réaliste. ■ Les deux pays viennent de signer des accords sur le commerce des armes, accords qui pourraient avoir des répercussions sur l’équilibre diplomatique de la région.
2. Dans le style administratif, juridique etc., on utilise assez fréquemment lequel à la place de qui, même s’il n’y a aucune ambigüité possible sur l’antécédent :
Des progrès ont été accomplis en ce qui concerne l’égalité entre les sexes dans l’enseignement, laquelle pourrait être atteinte d’ici 2020 dans certains des pays étudiés. ■ On a entendu trois témoins, lesquels ont tous fait la même déclaration. ■ L’une des possibilités de lutte contre le chômage est la mobilité de la main-d’œuvre, laquelle est toutefois source de problèmes sociaux.
Dans cet emploi, le pronom lequel utilisé en fonction de sujet équivaut à une relative coordonnée par une conjonction de coordination (et, mais) et il peut se paraphraser ainsi :
Des progrès ont été accomplis en ce qui concerne l’égalité entre les sexes dans l’enseignement, et cette égalité pourrait être atteinte d’ici 2020 dans certains des pays étudiés. ■ On a entendu trois témoins, et ces témoins ont tous fait la même déclaration. ■ L’une des possibilités de lutte contre le chômage est la mobilité de la main-d’œuvre, mais cette mobilité est source de problèmes sociaux.
Remarque : on ne peut pas répéter lequel en le coordonnant avec et (*et lequel/*et laquelle etc.). Si on veut répéter le pronom relatif, il faut obligatoirement utiliser et qui :
On entendu trois témoins, lesquels ont fait la même déclaration et qui [et non : *et lesquels] semblaient dignes de foi.
Dans le style soutenu, on utilise également le déterminant relatif lequel, laquelle, lesquel(le)s qui précède le sujet de la relative, et qui correspond également à un groupe coordonné par et (ou mais) :
Le Parlement a examiné longuement la réforme fiscale prévue pour l’an prochain, laquelle réforme est censée relancer la consommation. Eduskunta käsitteli pitkään ensi vuodelle suunniteltua verouudistusta, jonka uskotaan piristävän kulutusta. ■ Ce procédé comprend les étapes consistant à définir un premier facteur d’état d’infrastructure (ICF), lequel facteur est une représentation numérique de l’état d’un réseau.
L’un des cas les plus fréquents d’utilisation du déterminant relatif lequel est la construction auquel cas, mot à mot « jossa tapauksessa » (= jolloin) :
Vous serez peut-être absent, auquel cas vous me préviendrez. Olette ehkä poissa, jolloin ilmoittanette siitä etukäteen.
Cette expression est plus ou moins figée, car normalement, pour dire tapauksessa on utilise la préposition dans : dans ce cas (et non pas *à ce cas). On devrait donc dire logiquement dans lequel cas, mais la forme ancienne auquel cas s’est maintenue.
Dans la langue courante on répète généralement l’antécédent, sans déterminant (sans article ou sans lequel) :
Le Parlement a examiné longuement la réforme fiscale prévue pour l’an prochain, réforme qui est censée relancer la consommation. ■ Ce procédé comprend les étapes consistant à définir un premier facteur d’état d’infrastructure, facteur qui est une représentation numérique de l’état d’un réseau…
Cette répétition de l’antécédent peut dans certains correspondre en finnois au déterminant relatif jollainen :
Devalvaatiota päätettiin lykätä, jollaisella päätöksellä tuli olemaan kohtalokkaita seurauksia. Il fut décidé de sursoir à la dévaluation, décision qui devait avoir des conséquences fatales. ou Il fut décidé de sursoir à la dévaluation, laquelle décision devait avoir des conséquences fatales.
Au total, lequel en fonction de sujet (ou déterminant de sujet) de relative représente une variante relativement secondaire de qui, utilisée surtout dans le code écrit strict. D’une façon générale, dans l’expression écrite au niveau moyen (B2+), il vaut mieux utiliser lequel (pronom ou démonstratif) avec prudence et préférer par exemple des constructions de remplacement comme et qui ou mais qui.
L’un des emplois courants du pronom ce (la forme faible du pronom ça) est celui où il est utilisé comme antécédent du pronom relatif. Dans ce cas, il correspond en finnois au pronom se + mikä (avec antécédent non groupe nominal). Le pronom relatif qui complète le pronom faible est qui/que/dont et, après préposition, quoi (puisque ÇA, dont ce est un allomorphe, ne renvoie pas à un groupe nominal). On obtient ainsi les combinaisons suivantes :
ce qui | ce à quoi | ce pour quoi | ce envers quoi |
ce que | ce sur quoi | ce à partir de quoi | ce avec quoi |
ce dont (ce + de quoi) | ce contre quoi | ce vers quoi | ce vis-à-vis de quoi etc. |
Dans les groupes ce qui et ce que, on supprime l’e de ce dans la prononciation courante, ce qui /ski/
et ce que /skɶ/
. Mais quand ce est devant une préposition, on maintient l’e de ce, aussi bien devant une consonne que devant une voyelle (e ne s’élide pas) :
Je n’ai donc pas la moindre idée de ce à quoi /dɶsɶakwa/
(et non */dɶsakwa/
) vous faites référence. ■ C’est précisément ce contre quoi /sɶkõtʁɶkwa/
(et non */skõtʁɶkwa/
) nous nous battons.
Devant consonne, on entend cependant certains locuteurs faire tomber l’e muet (la séquence /skõtʁɶkwa/
n’est pas totalement impossible). La tendance à le maintenir est cependant très forte. Mais devant voyelle, de toute façon, cet e ne s’élide pas dans ce cas.
Exemples :
Ce qui te ferait du bien, c’est de faire de la natation. ■ Il est resté ce qu’il était. Hän jäi siksi, mitä hän oli. ■ Il fait toujours ce qu’il veut.■ Ce n’était pas ce à quoi (/sɶakwa/
) j’avais pensé. Se ei ollut sitä, mitä ajattelin. ■ Le développement de la sécurité est ce vers quoi (/sɶvɛʁkwa/
), doivent tendre tous nos efforts.Turvallisuuden lisääminen on se, mihin meidän on pyrittävä kaikin voimin. ■ Cette mesure stimulera l’économie à hauteur de 4,5 milliards par rapport à ce qui aurait été le cas si les cotisations n’avaient pas été gelées. ■ Le cahier des charges est ce à partir de quoi (/sɶapaʁtiʁdɶkwa/
se définit la relation entre le client et l’agence. ■ Contrairement à ce que pensent beaucoup d’apprenants de français, le groupe ce que n’est pas une « expression figée ». ■ On ne peut véritablement saisir la portée et la novation de cette pensée qu’en restituant ce vis-à-vis de quoi (/sɶvizavidɶkwa/
et contre quoi (/sɶkõtʁɶkwa/
) elle s’exerce. ■ Atteindre les quarts de finale, c’est plus que ce à quoi je m’attendais à mon arrivée au tournoi.
Après la préposition en, l’emploi de ce est obligatoire en début de phrase, et il est facultatif dans les autres cas :
Ce en quoi il avait toujours cru lui paraissait soudain vide de sens. ■ Les critiques lui ont reproché son style un peu facile, (ce) en quoi ils n’avaient pas tort.
La forme ce de quoi est assez rare (mais pas impossible), et on utilise plus fréquemment ce dont :
Merci pour ton cadeau. C’est exactement ce dont j’avais besoin. ■ Ce dont il s’agit ici, c’est ton avenir.
Comme en finnois, la relative se place normalement immédiatement après l’antécédent, qui peut donc être assez éloigné du verbe dont il est sujet :
La réforme des diplômes, qui a été préparée pendant plusieurs années et devrait permettre aux étudiants d’achever leurs études plus rapidement, du moins en théorie et si les promesses des politiques dans ce domaine sont tenues, entrera en vigueur l’an prochain.
Dans le code écrit, une relative non spécifiante dont l’antécédent est un groupe nominal avec un déterminant indéfini peut se placer après le verbe de la principale (et non pas directement après l’antécédent), mais uniquement si le verbe est intransitif :
Une longue guerre commençait, qui allait durer dix ans. Alkoi pitkä sota, joka tulisi kestämään kymmenen vuotta. ■ Un vent violent se leva, qui fit claquer la toiture de tôle. Nousi kova tuuli, joka sai peltikaton kolisemaan.
Dans la relative, on observe généralement l’ordre des mots normal sujet-verbe-complément. L’inversion du sujet est possible :
a) si le pronom relatif est le seul complément du verbe et le sujet est un nom (pas un pronom personnel) :
C’est le vélo qu’a gagné Aija. / C’est le vélo qu’Aija a gagné à la tombola. [le CdP à la tombola empêche l’inversion.]■ Nous avons visité l’église dont nous avait parlé le guide. / Nous avons visité l’église dont le guide nous avait parlé hier. [le CdP-adverbe hier empêche l’inversion.]
Dans de tels cas, l’inversion permet de focaliser tel ou tel élément de la phrase. Comparer :
C’est le vélo qu’a gagné Aija. [information : ce vélo est celui d’Aija.]
C’est le vélo qu’Aija a gagné. [information, par exemple : Aija a deux vélos, et celui qui est désigné ici est celui qu’elle a gagné un jour à la tombola, et non pas l’autre, qu’elle a acheté.]
La délégation à l’environnement est allée visiter le site dont le journal local a parlé. [information, par exemple : le scandale du site a été révélé par le journal (local).]
La délégation à l’environnement est allée visiter le site dont a parlé le journal local. [information : c’est le journal local qui en a parlé, pas un autre journal.]
Comme souvent quand il s’agit de l’ordre des mots, la différence de sens produite n’est pas forcément très sensible ni même significative. Elle l’est surtout à l’écrit, à l’oral souvent nettement moins.
b) quand le pronom relatif est où, que le verbe est intransitif et que le sujet est un nom ou un pronom indéfini (pas un pronom personnel) ; dans ce cas, si le verbe est mono- ou dissyllabique, l’inversion est très fréquente :
À Odense, j’ai visité la maison où a vécu Andersen. ■ C’est un parc où ne vient jamais personne.
Mais si le verbe a un complément ou si dans la proposition il y a un adverbe ou un complément de phrase, on emploie l’ordre des mots normal :
C’est un parc où les gens amènent souvent leurs enfants. ■ Ce n’est pas l’endroit où le bus s’arrête d’habitude. ■ La délégation à l’environnement est allée visiter le site dont le journal a parlé hier.
Le mode habituel du verbe de la proposition relative est l’indicatif. Il y a quelques cas où le verbe peut être au subjonctif ou à l’infinitif.
On utilise le subjonctif dans une relative spécifiante pour exprimer une nuance de but ou de conséquence (quelque chose doit être tel qu’on puisse faire…). Dans ce cas-là, en finnois on utilise le konditionaali pour exprimer la même nuance :
Je cherche un livre qui soit facile à lire. Etsin kirjaa, joka olisi helppo lukea. ■ Il faudrait quelqu’un qui connaisse bien la musique classique. Me tarvitsemme sellaisen henkilön, joka tuntisi hyvin klassisen musiikin. ■ Ils n’ont pas trouvé de séjour qui leur convienne. He eivät löytäneet sopivaa matkapakettia. ■ Pour les vacances, j’aimerais aller quelque part où il ne fasse pas trop chaud. Haluaisin lähteä lomalle sellaiseen paikkaan, jossa ei olisi liian kuumaa. ■ Il n’a rien trouvé qui lui plaise. Hän ei löytänyt mitään, mikä tyydyttäisi häntä.
S’il n’y a pas de nuance de but, on utilise l’indicatif :
Je connais quelqu’un qui veut garder des enfants le mercredi. ■ J’ai trouvé un appartement qui me permet de recevoir plus de monde.
Dans la langue courante et dans le français parlé, il est assez fréquent qu’on n’utilise pas le subjonctif, même s’il y a une nuance de but :
Je ne vois rien qui me plait. ■ On n’a trouvé personne qui avait les qualifications nécessaires.
Très souvent, un konditionaali dans une relative en finnois se traduit donc par un subjonctif en français. Mais le konditionaali peut évidemment aussi être un véritable conditionnel exprimant la condition, qui se traduit alors par un conditionnel en français :
Alkuillasta torilla sattui välikohtaus, jolla olisi voinut olla vakavat seuraukset. En début de soirée, il y a eu un incident qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.
À la place du subjonctif, quand l’antécédent indéfini de la relative spécifiante est précédé d’une préposition et que le sujet de la principale est le même que celui de la relative (coréférence du sujet), on peut aussi utiliser l’infinitif ; le même procédé existe en finnois :
Elle n’avait personne à qui raconter ses soucis. Hänellä ei ollut ketään, jolle kertoa huolistaan. = Elle n’avait personne à qui elle puisse raconter ses soucis. ■ Il ne connait personne en qui avoir confiance. Hän ei tunne ketään johon luottaa.= Il ne connait personne en qui il puisse avoir confiance. ) ■ Il cherchait un endroit calme où [= dans lequel] passer ses vacances. Hän etsi rauhallista paikkaa, missä viettää lomansa. = Il cherchait un endroit calme où il puisse passer ses vacances. ■ Il lui faudrait quelqu’un sur qui se reposer. Hän tarvitsisi jonkun ihmisen, joka olisi hänelle tukena.=Il lui faudrait quelqu’un sur qui il puisse se reposer.
Les relatives infinitives s’emploient surtout dans le code écrit après des verbes exprimant le but comme chercher, avoir besoin de, falloir etc. (elle n’avait personne à qui … signifie elle avait besoin de quelqu’un à qui …), mais aussi dans le français parlé dans des expressions plus ou moins figées comme on ne sait plus à qui se fier ei oikein tiedä kehen luottaa, on ne sait plus qui croire, je ne sais que dire.
Le subjonctif s’utilise aussi dans une relative spécifiante quand la relative est complément d’un superlatif :
C’est le plus beau concert auquel nous ayons assisté cette année. ■ Il m’a offert le cadeau le moins cher qu’il ait pu trouver. ■ C’est le témoignage le plus sérieux que nous ayons recueilli. ■ C’est le plus gros mensonge que j’aie jamais entendu ! C’est le plus beau tableau que j’aie jamais vu. ■ C’était la plus merveilleuse musique qu’il nous ait été donné d’entendre. ■ C’est l’hôtel le moins cher que vous puissiez trouver ici. ■ C’est la seule solution qu’on puisse envisager. ■ La première personne que nous ayons vue était un Finlandais !
Les adjectifs premier, dernier et seul et l’expression il n’y a (pas) que, qui exprime l’idée de « seul », ont le sens d’un superlatif et la relative qui les complète est en général au subjonctif :
André est le seul qui ait accepté de m’aider. ■ Arrivés dans notre petit village en Auvergne, la première personne que nous ayons rencontrée était un Finlandais ! ■ Ces voisins sont les seuls avec qui nous ayons eu des problèmes. ■ Il n’y a pas que toi qui saches faire la cuisines !
Si premier et dernier indiquent un ordre (dans le sens de « järjestys ») concret (par exemple le premier d’une série), on utilise l’indicatif :
Nous devions visiter trois églises ; la première que nous avons voulu visiter était malheureusement fermée.
Il n’est pas toujours facile de savoir quel mode utiliser. Suivis du subjonctif, premier et dernier indiquent une nuance supplémentaire. Comparer :
(a) C’est la dernière possibilité que tu as de réussir. Se on sinun viimeinen mahdollisuutesi onnistua. (b) C’est la dernière possibilité que tu aies de réussir. Se on nyt aivan viimeinen mahdollisuutesi.
La phrase (a) signifie objectivement qu’on avait par exemple trois possibilités de réussir un concours, et que c’est maintenant la dernière des trois, car le concours ne sera plus organisé après cela. La phrase (b) peut être dite par exemple sur un ton un peu menaçant et moins objectif : dans la réalité, il se pourrait qu’il y ait encore d’autres possibilités.
Il y a un moyen pratique de savoir quel mode employer : premier et dernier entrainent le subjonctif dans la relative si on peut les traduire par ihka ensimmäinen et vihoviimeinen (ou si on peut ajouter aivan devant l’adjectif en finnois). Comparer :
Saavuttuamme auvergnelaiseen kyläämme, aivan ensimmäinen ihminen, johon törmäsimme, oli suomalainen! [emploi de aivan possible, donc subjonctif en français]
Mais :
Meidän piti käydä kolmessa eri kirkossa, ensimmäinen, jonka halusimme nähdä, oli valitettavasti kiinni. [?? ihka ensimmäinen/aivan ensimmäinen, jonka seraient étranges, car ensimmäinen a une valeur numérale. Il n’y a pas de subjonctif dans ce cas en français].
La relative spécifiante (restriktiivinen) est une proposition qu’on ne peut pas supprimer sans que le sens général de la phrase change ou devienne illogique :
J’ai oublié la lettre que je devais poster. [sans la relative : J’ai oublié la lettre. = n’importe quelle lettre] ■ Les gens qui fument s’exposent à de graves maladies. [sans la relative : « Tous les gens s’exposent à de graves maladies ». Ce n’est pas tout à fait absurde, mais ce n’est pas l’idée de la phrase.] ■ Découvrez un voisin qui va vous accompagner. [publicité d’une banque] ■ Le réseautage, ou comment rencontrer des gens qui peuvent vous aider. Verkottuminen eli kuinka tapaan ihmisiä, jotka voivat auttaa minua. ■ L’orateur a aussitôt riposté avec des arguments dont la justesse a cloué le bec à son adversaire. Puhuja vastasi heti niin osuvilla perusteilla, että hänen vastustajansa jäi sanattomaksi.
Dans l’interrogation indirecte, la relative qui développe le complément du verbe est toujours spécifiante :
On se demande ce qu’il va encore inventer. ■ Elle ne sait plus sur qui compter. ■ Personne ne sait sur quoi cela débouchera. ■ Je ne sais pas qui le lui a dit.
Ponctuation : en finnois, à l’écrit la proposition relative (comme toutes les propositions subordonnées) est conventionnellement précédée et suivie d’une virgule. En français la relative spécifiante n’est normalement ni précédée ni suivie d’une virgule), puisqu’elle est un complément nécessaire de l’antécédent.
Quand le verbe de la relative spécifiante est le verbe être, on peut souvent supprimer qui est (dans le code écrit surtout) :
Je fais les courses dans un supermarché qui est très bien fourni. → Je fais les courses dans un supermarché très bien fourni. ■ Je cherche un livre qui soit facile à lire pour un jeune enfant. → Je cherche un livre facile à lire pour un jeune enfant.
Avec d’autres verbes que être, on peut utiliser des constructions avec une préposition ou un participe :
Les gens qui ont les cheveux roux supportent mal le soleil. → Les gens aux cheveux roux supportent mal le soleil. ■ L’élan est un animal qui vit dans la forêt et dont la viande est excellente. → L’élan est un animal vivant dans la forêt et à la viande excellente. ■ Les relatives sont une construction qui pose parfois des problèmes. → Les relatives sont une construction posant parfois des problèmes.
On peut aussi remplacer les relatives par des infinitives, quand le verbe de la principale est un verbe de perception :
Il regardait les bateaux de plaisance qui manœuvraient. → Il regardait les bateaux de plaisance manœuvrer dans le port. ■ Je l’entends qui arrive. → Je l’entends arriver.
La proposition relative peut aussi apporter simplement une information supplémentaire ou une précision qu’on peut supprimer sans que le sens change énormément :
On a entendu trois témoins, lesquels ont tous fait la même déclaration. ■ Je viens de lire un livre, que j’ai trouvé très intéressant. ■ Quatre tomes sont déjà disponibles, dont trois que vous pouvez voir sur la photo ci-dessus.
Souvent, cette information exprime la cause, le but, la concession, la condition etc. La proposition relative est alors dite « non spécifiante » (epärestriktiivinen). Elle se comporte donc souvent comme une proposition adverbiale insérée (upotettu) dans une autre proposition. Dans les exemples ci-dessus, la relative indique une cause :
La Finlande, où il y a beaucoup de lacs, est un pays idéal pour la pêche de détente. ■ Les Bonin, qui ont acheté une nouvelle maison, nous ont invités à pendre la crémaillère. ■ Il est allé au marché aux puces avec sa femme, qui aime les antiquités.
La relative non spécifiante est généralement prononcée avec une intonation différente (avec une pause et sur un ton plus bas, dite « parenthèse basse »), qui isole la proposition du reste de la phrase. Pour cette raison, à l’écrit, la relative non spécifiante est séparée du reste de la phrase par des virgules. En finnois, on trouve le même type de différences entre les relatives et, à l’oral, l’intonation de la relative non spécifiante est aussi différente de celle de la relative spécifiante. Mais en finnois, à l’écrit, les virgules sont obligatoires dans les deux types de relatives et à l’écrit la différence est donc moins nette qu’en français.
Dans le français parlé, il y a une tendance à simplifier les constructions relatives. Sur beaucoup de points, cette tendance est déjà ancienne et (malgré ce que croient les puristes) n’est pas une innovation ou une « dégradation » de la langue moderne. L’étudiant de français langue étrangère rencontrera très certainement ce genre de constructions dans le français parlé dans un pays francophone ou même à l’écrit, sur Internet ou d’autres supports. Malgré cela, les variantes du français parlé qui sont exposées ci-dessous restent du domaine du français non conventionnel et ne sont pas admises dans la norme du code écrit.
Les constructions relatives ont ceci de particulier que le pronom relatif cumule (kumuloi, yhdistää) deux fonctions. C’est à la fois :
Les constructions relatives sont donc relativement complexes. Une phrase comme
Je ne connais pas la dame avec les grands-parents de laquelle nous sommes partis en excursion.
contient une construction avec les grands-parents de laquelle, que de nombreux apprenants de français langue étrangère auraient des difficultés à former spontanément. Mais les constructions de ce genre sont difficiles ou inutilement compliqués pour de nombreux francophones aussi. Pour cette raison, dans le français parlé il y a une tendance à simplifier la structure relative en la décomposant en deux fonctions distinctes (on utilise parfois à ce propos le terme de « décumul ») :
1) la fonction de subordination
2) la fonction grammaticale du pronom.
La fonction de subordination est généralement assurée par le mot que, qui devient une sorte de « subordonnant relatif » passepartout.
Dans sa forme la plus simple et la plus courante, le décumul consiste à simplifier un pronom relatif CVP ou un CdP (dont, à qui, où etc.) en le remplaçant par que, en conservant la forme normale du verbe :
Ça c’est exactement le genre de truc que j’aurais besoin. [forme normale : dont] ■ C’est le livre que je te parlais l’autre jour. [forme normale : dont] ■ C’est Summer, la fille que je te parlais tout à l’heure au petit déj, elle est trop belle ! [forme normale : dont] ■ À moins qu’il t’ait donné trois billets de saison à la place qu’on était hier, je ne veux pas le savoir ! [forme normale : où] ■ En fait j’ai deux sessions de MSN, et il y en a une que je me sers plus que l’autre. [forme normale : dont] ■ [à propos d’une voiture :] Et pour les ailes arrières, c’est un des trucs que je me souviens bien et elles sont vraiment très prononcées. [forme normale : dont]
Dans d’autres cas, notamment quand le relatif est un élément d’une structure prépositionnelle, la fonction subordonnante est exprimée par que et la fonction grammaticale est exprimée par exemple par une préposition (anaphore prépositionnelle) :
le magasin devant lequel je t’attendais → le magasin que je t’attendais devant ■ le type avec lequel tu es parti → le type que tu es parti avec
Quand le relatif est le pronom où (à sens spatial ou temporel), le décumul se fait souvent en ajoutant que après où (où exprime la fonction grammaticale, et que, la subordination) :
Avec ma coloc, on s’est dit : « C’est dimanche, c’est la fête, c’est le jour où qu’on travaille pas et que c’est trop bien : célébrons cette occasion ». ■ Comme si je me souvenais de toutes les fois où qu’ils se sont disputés ! ■ Ils en ont jamais parlé de la gamine, depuis le jour où qu’on l’a mise dans la terre, dans son trou à elle, pour toujours.
On trouve également la forme où c’est que (comme dans l’interrogation indirecte) :
C’est dans le magasin où c’est que t’as acheté tes shorts. ■ Va voir le topic où c’est que je raconte mes problèmes intestinaux.
Le subordonnant que peut aussi s’utiliser avec au moment où, décomposé en au moment que, ou bien combiné avec où que :
Par exemple, vous achetez un produit version 3.2, les mises à jour seront gratuites jusqu’au moment qu’on arrive à la version 4. ■ Alright, là c’est toujours le moment où que je sais absolument pas trop quoi dire, vraiment…
On trouve également d’autres types de modifications, qui sont moins fréquentes que les précédentes :
– le pronom sujet qui peut devenir que :
C’est pas nous qu’on l’a dit. [= nous qui l’avons dit].
– on observe également un décumul du pronom sujet qui sous la forme subordonnant que + pronom sujet :
C’est moi que je leur ai dit d’aller faire ça. [c’est moi qui leur ai dit]
L’un des points auxquels étudiant de français langue étrangère doit faire attention est la prononciation du pronom qui : la forme de ce pronom est souvent instable devant voyelle et on a tendance à élider le i (qu’). Ce phénomène est très fréquent dans le français parlé et touche tous les locuteurs. De plus, dans le français parlé, le l final du pronom il ou ils est régulièrement supprimé devant une consonne. Il(s) se prononce ainsi /i/
et les deux groupes suivants se prononcent de la même manière :
les gens qui voient les gens qu’ils voient |
/leʒɑ̃kivwa/ |
Il faut donc éviter de confondre qui avec le groupe qu’il(s), autrement dit [que + il(s)] prononcé /ki/
. Inversement, le cas échéant, il faut aussi savoir interpréter un groupe qu’ comme le pronom qui élidé quand on le rencontre à l’écrit (ce qui n’est pas si facile pour un non francophone), comme dans ces exemples relevés dans des blogs et des forums (dans tous les exemples, qu’ est la forme élidée de qui) :
C’est pas moi qu’ai dit ça, c’est Mylène. ■ Un journaliste qu’avait rien pigé non plus m’a demandé ce que moi j’en pensais. ■ Bon, déjà, au début, c’est lui qu’a pris le volant : la voiture était neuve de ce matin, il voulait pas la casser tout de suite. ■ Y a truc qu’est pas normal dans cette histoire. ■ Sans quoi dernièrement j’ai regardé Phénomènes, un film qu’aurait pu être sympa, mais la fin pardon, c’est du gros n’importe quoi. ■ N’empêche… c’était quoi ce rêve débile qu’était pas tout à fait un rêve ■ Évidemment dans leur élan ils se sont battus avec la police qu’avait rien compris, et ils ont bien dû casser une centaine de voitures. ■ Y a ceux qu’ont raté l’avion parce qu’ y z’étaient enfermés dans les toilettes. ■ Je suis pas de celles que t’entendras parler pour rien dire, ni de celles qu’ont pas de cervelle.
Remarque : cette élision de qui est cependant typique du français parlé. Dans le code écrit, elle n’est pas admise et il est exclu de l’utiliser dans un texte de type officiel, administratif, scientifique etc. Il ne faut pas la confondre avec l’élision de que devant voyelle, est tout à fait la norme à l’écrit comme à l’oral :
les choses qu’ils a dites ■ les histoires qu’écoutent les enfants etc.
50. Les propositions relatives. Mise à jour 26.2.2024