Dans cette grammaire, le « pronom ÇA » désigne de façon générique les différentes formes du pronom anaphorique ÇA. Ce pronom anaphorique renvoie (viittaa) à un antécédent (korrelaatti) qui n’est pas un groupe nominal identifiable dans le contexte. Le pronom ÇA s’oppose au pronom IL, qui renvoie à un groupe nominal.
En finnois, le pronom se peut renvoyer à un groupe nominal (a) ou à un référent non nominal (proposition, idée etc.), mais en français on utilise deux pronoms différents :
He remontoivat keittiön. Nyt se on tilavampi ja toimivampi. Se = keittiö (groupe nominal)
He remontoivat keittiön. Se oli melko kallista. Se = kun he remontoivat keittiön.
Ils ont rénové la cuisine. Maintenant elle est plus pratique et fonctionnelle.
Ils ont fait refaire leur cuisine. Ça a couté pas mal d’argent.
✎ Voir la page consacrée à l’opposition IL vs ÇA.
Le pronom ÇA peut être utilisé comme sujet ou complément du verbe, comme attribut du sujet ou comme complément prépositionnel, et aussi être focalisé ou détaché. Voir les formes dans le tableau ci-dessous.
Les formes sujet de ÇA (ça, ce, c’, ç’, cela) peuvent également être utilisées comme indices de personne verbale, qui n'ont pas d'antécédent ni de référent. Dans cet emploi, elles alternent avec l’indice de personne verbale il. Les indices de personne verbale sont décrits dans un chapitre séparé.
Le pronom ÇA a des allomorphes, qui sont nettement moins nombreux que ceux du pronom IL. Au minimum, il y en a seulement deux (voir Super-résumé ci-dessous). Dans les explications sur cette page et en général dans la présente grammaire, le terme « pronom ÇA » peut désigner génériquement les allomorphes ça, ce, c’, ç’, cela (ou les formes le, y, en, là-dessus, là).
formes faibles | ||||
---|---|---|---|---|
sujet | complément direct attribut, sujet postposé | complément prépositionnel | ||
ça cela ce c’ ç’ | le l’ | y en |
formes pleines | ||||
---|---|---|---|---|
prépositionnelles | détachées / focalisées | |||
ça cela là-dessus (par) là | ça cela |
La forme de base du pronom, utilisable dans pratiquement tous les cas, est ça. Les formes ce et cela en sont des allomorphes secondaires. Les manuels de grammaire présentent généralement ÇA comme une variante de ce/cela utilisée dans le français parlé ou familier. En réalité, c’est l’inverse : ce est une forme faible de ÇA, utilisable dans un nombre de cas limités, et ça/cela sont des formes pleines, qui s’opposent essentiellement par le style (cela code écrit vs ça français courant écrit ou parlé).
Adopter la perspective inverse des grammaires traditionnelles, c’est-à-dire considérer ce et cela comme des allomorphes secondaires de ÇA, est plus conforme à la réalité du français moderne et permet de simplifier la description du fonctionnement de ce pronom.
Les formes du pronom ÇA sont peu nombreuses, mais l’alternance entre les formes ça, ce, cela obéit parfois à des règles compliqués (voir ci-dessous), que même les francophones ne maitrisent pas toujours parfaitement. Mais l’utilisation de ÇA n’est pas forcément si difficile :
1. En assimilant les règles de bases suivantes simplifiées au maximum, l’apprenant de niveau débutant et moyen peut produire des énoncés qui sont toujours grammaticaux dans le français courant (même si dans le code écrit on peut utiliser plutôt une autre forme) :
langue courante | code écrit strict | |
---|---|---|
• sujet devant toutes les formes de personne 3 de tous les verbes sauf est, étai(en)t, sont • complément de verbe direct (CVD) • attribut du sujet • complément prépositionnel (CVP) | ça | cela |
Forme sujet obligatoire devant est, étai(en)t, sont | c’, ce |
2. Dans le français parlé, les formes faibles de ÇA le (CVD), et y/en (CVP) peuvent toujours être remplacée par la forme pleine ça (avec une préposition dans le cas du CVP) ; dans certains cas (par exemple dans le code écrit), on utiliserait en principe plutôt la forme faible, mais l’utilisation de ça n’est jamais agrammaticale :
Je ne l’avais pas compris. = Je n’avais pas compris ça.
Elle n’y pense plus. = Elle ne pense plus à ça.
Tes amis t’en ont parlé ? = Tes amis t’ont parlé de ça ?
Ce qui est nettement plus difficile pour les finnophones, mais aussi pour d’autres apprenants de français langue étrangère (même de langues proches du français comme l’espagnol ou l’italien), c’est de savoir décider quand il faut utiliser le pronom IL et quand il faut utiliser ÇA. Cette difficulté concerne surtout le niveau débutant et moyen. Au niveau plus avancé (B2/ C1), dans l’expression écrite et la lecture de textes scientifiques ou littéraires, il faut en outre savoir choisir certaines formes ou identifier certains emplois particuliers de ÇA.
Quand le pronom ÇA est sujet d’un verbe, il a cinq formes possibles : ce, c’, ç’, cela, ça. En réalité, il n’y a que quelques cas très limités où on utilise obligatoirement les formes ce/ç’ : devant le verbe être, et seulement devant certaines formes du verbe être, c’est-à-dire seulement 4 formes verbales au total .
Dans tous les autres cas (autres verbes, autres temps d’être), on pourrait utiliser la forme générique ça. Mais l’un des cas où on utilise obligatoirement la forme c’ est le groupe c’est, qui est l’un des outils ou des expressions les plus fréquents du français. Autrement dit, les formes devant lesquelles on utilise obligatoirement ce/ç’ sont peu nombreuses, mais elles sont très utilisées. Ceci peut donner l’impression que le système est plus compliqué qu’il ne l’est en réalité.
langue courante | code écrit | |
---|---|---|
Devant tous les verbes sauf être | ça | cela |
Forme sujet obligatoire devant est, était, étaient, sont | c’, ce | |
Forme sujet au choix devant toutes les autres formes d’être (formes simples ou avec auxiliaire) | ça | ce, c’, ç’, cela |
La forme de ÇA sujet de verbes autres que être est ça. La forme correspondante dans le code écrit est cela :
Est-ce que tu pourrais me dire comment se termine le film ? Ça (cela) m’intérrese. ■ Si tu connaissais tes conjugaisons, ça (cela) t’éviterait bien des problèmes. ■ Il n’a pas encore répondu. Ça (cela me semble bizarre. ■ Il est souvent fatigué. Ça (cela) a des conséquences sur son travail. ■ Être bénévole, ça (cela) permet de sortir de son quotidien. ■ Quand il n’y a pas de neige à Noël, c’est triste, mais ça (cela) risque de devenir de plus en plus fréquent.
Mais dans l’interrogation avec inversion du sujet, qui est caractéristique du code écrit, le pronom sujet du verbe est uniquement à la forme cela, pas la forme ça :
Cela vous semble-til normal ?■ Cela pourrait-il être évité ? ■ Cela nous donnera-t-il les moyens de lutter contre ce phénomène ?
Remarque : on entend (et on trouve sur Internet) de nombreux hypercorrectismes (utilisation d’une question avec inversion en même temps que ça) : Ça vous inquiète-t-il ? Ça me concerne-t-il ?. dans l’expression écrite soignée, cet emploi doit être évité.
Pour plus de clarté, les exceptions et les cas particuliers sont regroupés à la fin du paragraphe.
a. Le pronom ÇA peut se mettre à la forme ce (élidée c’ devant voyelle) quand il est en fonction de sujet du verbe être. Dans l’exemple (a) ci-dessous, le verbe est inquiéter, donc on utilise ça ; dans l’exemple (b), le verbe est être, donc on utilise c’ ; dans l’exemple (c), le premier verbe est faire, on utilise donc ça, tandis que le deuxième est être, le pronom est donc à la forme c’ :
(a) Il n’est pas encore rentré. Ça (cela) inquiète ses proches.
(b) Il n’est pas encore rentré. C’est inquiétant.
(c) L’argent, ça ne fait peut-être pas le bonheur, mais c’est quand même assez utile.
La forme ce sujet du verbe être peut s’utiliser dans le code écrit devant toutes les formes de personne 3/6 du verbe être (sauf quelques exceptions). Dans le français parlé, elle est obligatoire devant les formes est et était (c’est, c’était); devant les autres formes, on pourrait utiliser ce, mais, dans l’immense majorité des cas, on utilise la forme ça (voir e. ci-dessous) :
Ce serait une bonne idée réserver une table bien à l’avance, vu que c’est le weekend. ■ La robe lui allait bien ? – Oui, c’était vraiment joli. ■ Ce fut cet artiste qui eut l’honneur de graver le portrait modèle de la reine. ■ On va faire du VTT demain, ce sera une excellent occasion de tester mon nouveau dérailleur arrière. ■ Manger des légumes, c’est bon pour la santé. ■ C’étaient certainement des arguments qui ont surpris les lecteurs.
b. On utilise aussi la forme c’ devant le pronom en qui précède être (code écrit et français parlé) ; cependant, ça est parfois utilisé devant en dans le français parlé, voir Remarques et exceptions (b):
Ce serait une mauvaise conclusion mais, au moins, c’en serait une. ■ Cela n’avait pas seulement un gout d’aventure, c’en était une vraie. ■ Il y a beaucoup d’autres auteurs islandais dont je me régale, alors je suppose qu’un de perdu, c’en seront dix de retrouvés. ■ Ce n’était pas encore avril en son éclat, c’en étaient déjà les promesses.
c. L’adverbe négatif ne devant le verbe être n’empêche pas l’utilisation de ce :
Ce n’était pas la peine de se presser tellement pour finir dans un bouchon de 15 km ! ■ Ce ne fut pas une simple affaire de les convaincre de se rallier à notre parti. ■ Si vous aviez mieux planifié l’itinéraire, ce n’aurait pas été aussi long. ■ Ce n’a pas été une mince affaire de sortir la voiture du fossé. ■ Ce ne sont pas des danses traditionnelles ? – Non, ce n’en sont pas.
d. Dans le code écrit de style relativement soutenu, on utilise aussi la forme ce devant un auxiliaire modal (devoir, pouvoir, savoir), également à la forme négative (mais il est plus fréquent d’utiliser la forme cela, voir ci-dessous) :
L’autonomie, c’est et ce doit être davantage encore, la contrepartie naturelle de la responsabilité. ■ Ce ne devrait pas être une question que l’on pose une fois et qu’on oublie par la suite. ■ Ce ne peut être lui. ■ Il existe des facteurs décisifs, mais dans le cas qui nous occupe, ce ne peut en être un.
Dans le dans le code écrit strict, on pourrait aussi utiliser cela à la place de ça (mais ce n’est pas toujours possible voir ci-dessous) :
Ce n’est pas du cognac, mais cela y ressemble. ■ Cela n’est pas trop dur ? ■ C’est une hypothèse, cela ne saurait en aucun cas être une certitude. ■ Il risque d’y avoir des licenciements, mais cela ne devrait pas être forcément le cas. ■ L’équité consiste à la fois à favoriser les défavorisés et à reconnaitre les compétences effectives, cela ne peut être l’un sans l’autre. ■ Allez voir un médecin immédiatement, car d’après les symptômes, cela pourrait être une méningite. ■ Cela ne pourrait-il pas être possible de reporter le départ d’un jour ?
e. Cependant, dans le français courant (écrit et oral), l’utilisation de la forme c’/ce est obligatoire uniquement devant les formes courantes est, était (étaient), sont. Dans TOUS les autres cas, on peut utiliser la forme ça dans le code écrit courant et le français parlé:
Ça n’est pas du cognac, mais ça y ressemble. ■ Ça ne peut pas être lui. ■ Ça n’est pas trop dur ? ■ C’est une hypothèse, ça ne saurait en aucun cas être une certitude. ■ Allez voir un médecin immédiatement, car d’après les symptômes, ça pourrait être une méningite. ■ Le climat norvégien : ça peut être dur à vivre. [titre de journal] ■ Ça pourrait pas être possible de reporter le départ d’un jour ? ■ Ne roule pas si vite ici, ça pourrait être un coin à radars.
f. Dans le français parlé, on utilise rarement les formes ce sont ou c’étaient (à l’oral, celle-ci est de toute façon phoniquement identique à c’était et difficilement reconnaissable comme un pluriel), parce que même avec un attribut pluriel, on utilise généralement le singulier : c’est des amis à moi, plutôt que ce sont mes amis, qui est typique du code écrit :
C’est des chaussures comme ça qu’il me faudrait. ■ N’écoute pas ce qu’il dit, c’est des fadaises ! ■ C’était ces clés-là que tu cherchais ? ■ Ces tableaux, c’est des copies, pas des originaux.
On peut donc dire que dans le français parlé (oral et écrit), la forme c’ s’emploie obligatoirement seulement devant les deux formes d’être est et était; devant toutes les autres formes, on peut utiliser ça.
La combinaison des différents paramètres présentés ci-dessus explique la variété des formes possible de ÇA comme sujet du verbe. Cette variation est très fréquente et banale. Les francophones l’utilisent sans y penser, mais elle peut être déroutante pour l’apprenant de français langue étrangère, d’autant plus que la structure phonique et rythmique du groupe verbal peut aussi varier grandement.
On obtient ainsi les oppositions suivantes français parlé/code écrit strict/code écrit strict (sur l’accord au pluriel du verbe être, voir ci-dessous) :
français parlé (oral et écrit) | code écrit courant | code écrit strict |
---|---|---|
c’est lui | c’est lui | c’est lui |
ça sera lui | ce sera lui | ce sera lui |
ça semble utile | cela semble utile | cela semble utile |
ça pourrait être lui | cela pourrait être lui | ce pourrait être lui |
ça parait pas simple | cela ne parait pas simple | cela ne parait pas simple |
ça en serait pas | cela n’en serait pas | ce n’en seraient pas |
ça peut pas en être | cela ne peut pas en être | ce ne peuvent en être |
Certaines constructions où on utilise normalement ce sont donc transformées de façon parfois surprenante pour l’apprenant de français langue étrangère. Remarquer que dans les exemples suivants, les formes en couleur sont simplement des allomorphes (ça, ce, cela) du pronom ça :
singulier | |||
---|---|---|---|
C’en est un. Cela doit en être un. Ça doit en être un. Cela peut en être un. Ça peut en être un. Ce doit en être un. Ce peut en être un. |
C’en est un autre. Cela doit en être un autre. Ça doit en être un autre. Cela doit en être un autre. Ça peut en être un autre. Ce doit en être un autre. Ce peut en être un autre. |
C’en est un aussi. Cela doit en être un aussi. Ça doit en être un aussi. Cela peut en être un aussi. Ça peut en être un aussi. Ce doit en être un aussi. Ce peut en être un aussi. |
C’est ça. Cela doit être ça. Ça doit être ça. Ça pourrait être ça. Ça peut en être un autre. Ce doit être ça. Ce peut être ça. |
pluriel | |||
C’en sont. Cela doit en être. Ça doit en être. Cela peut en être. Ça peut en être. Ce doivent en être. Ce peuvent en être. |
C’en sont d’autres. Cela doit en être d’autres. Ça doit en être d’autres. Cela doivent en êtred’autres. Ça peut en être d’autres. Ce doivent en être d’autres. Ce peuvent en être d’autres. |
C’en sont aussi. Cela doit en être aussi. Ça doit en être aussi. Cela peut en êtreaussi. Ça peut en être aussi. Ce doivent en être aussi. Ce peuvent en être aussi. |
Le verbe être peut se mettre au pluriel seulement après c’/ce. Après ça/cela, il reste au singulier. Il règne cependant un certain flottement sur ce point et on trouve de nombreux exemples où on fait l’accord au pluriel avec ça/cela. Exemples :
Est-ce que cela doivent être des actions ordinaires à plein droit de vote ? ■ Cela seraient des solutions à envisager. ■ Je précise que cela doivent être des analyses originales. ■ Cela auraient pu être des barres de fer ou de bois. ■ Si vraiment il y avait des financements cela seraient des financements occultes. ■ Sinon ça ne pourraient être que des gaz de combustion qui font ça.
Le plus simple est de toujours mettre le verbe au singulier après ça/cela.
Dans le français parlé et le code écrit courant, on peut donc utiliser ça comme sujet du verbe dans de très nombreux cas. Dans le code écrit strict (rédaction scientifique, lettre officielle etc.), le choix est plus difficile. Dans l’expression écrite au niveau B2+/C1, il faut savoir choisir les formes de ÇA en fonction du mot qui suit le pronom ÇA (position) et du style :
position | style | forme | exemples | |
---|---|---|---|---|
1 | devant forme de être commençant par e/é , devant sont et le pronom en |
code écrit | c’, ce | c’est, c’était, ce sont, c’étaient, c’eût été, c’en sont, c’est égal, c’en est un, ce sont des cas, c’étaient des amis, c’en sont de grands |
langue courante | ||||
français parlé | ||||
2 | devant forme de être commençant par d’autres lettres et devant ne |
code écrit | ce, ç’ | ce sera, ce serait, ce fut, ç’aurait été, ce soit, ç’ait été, ç’a été, ç’avait été, ce n’est pas, ce ne serait pas, ce n’aurait pas été, ça eût été |
langue courante | ||||
français parlé | ça | ça sera, ça serait, ça aurait été, ça n’est pas, ça sera, ça aura été, ça soit, ça ait été, ça a été, ça avait été, ça n’est pas | ||
3 | devant pronom |
code écrit | cela | cela te sera utile, cela m’est égal, cela me parait opportun |
code écrit, devant le | ce | ce l’est, ce le sera, ce l’a été, ce l’eût été | ||
langue courante | ça | ça l’est, ça te sera utile, ça m’est égal, ça me parait bien | ||
français parlé | ||||
4 | devant auxiliaire modal devoir, pouvoir, savoir |
Code écrit | cela | cela doit être lui, cela pourrait être une solution |
Code écrit soutenu | ce | ce doit être lui, ce pourrait être une solution, ce ne peut être lui, ce ne saurait être acceptable | ||
Langue courante | ça | ça doit être lui, ça pourrait être une solution | ||
français parlé |
Remarque : à la forme interrogative avec inversion du sujet, certaines de ces formes ne peuvent pas être utilisées.
Comme on le constate, dans le français parlé et le code écrit courant, on peut donc utiliser ça comme sujet du verbe dans de très nombreux cas. La forme ce/c’ est obligatoire seulement devant les formes de être qui commencent par e/é dans la langue courante, et devant sont dans le code écrit.
En cas de doute, dans le français parlé et le code écrit courant, on peut donc se raccrocher à la bouée de sauvetage (pelastusrengas) suivante :
Forme sujet obligatoire devant est, étai(en)t, sont | c’, ce | |
Devant tous les autres verbes ou formes verbales | ça |
Remarque : dans le code écrit strict, il faut aussi savoir utiliser les formes ce/cela quand c’est nécessaire. Mais l’utilisation de la forme ça dans un cas où on devrait utiliser par exemple cela n’est jamais réellement agrammaticale (sauf devant est, étai(en)t, sont). Pour en savoir plus, voir le pronom ÇA.
a. Dans les formes interrogatives avec inversion, on ne peut pas toujours utiliser la forme ce : serait-ce est usuel, mais sera-ce est quasiment inusité (voir l’interrogation totale).
b. Quand ce précède une forme du verbe avoir utilisé comme auxiliaire à un temps composé du verbe être (plus-que-parfait, futur antérieur, conditionnel passé, subjonctif passé), on ajoute une cédille au c. Il ne s’agit pas du pronom ça élidé, mais bien de ce, comme on le voit aux autres temps : c’eût été, ce serait et à l’accord du pluriel ç’auraient, ç’aient (l’auxiliaire ne pourrait pas être au pluriel si le sujet était ça) :
C’est à ce moment-là que ç’a commencé à aller mal. ■ Je ne veux plus m’engager davantage, ç’auront été là mes seuls combats. ■ Bien que ç’ait pu interférer avec les mesures, les résultats restent assez convaincants. On ne peut pas se prononcer de façon certaine, mais il se peut que ç’aient été les Romains qui ont fait bâtir ce sanctuaire. ■ Ç’auraient été des bouleversements et des désastres encore plus soudains et plus étendus.
c. Devant le pronom en, on utilise fréquemment ça. Dans le groupe au singulier c’en est un…, on utilise presque toujours la forme c’, et rarement ça, même dans le français parlé, mais à l’imparfait ou au conditionnel, on peut dire couramment ça en était/ça en serait, et même au pluriel ça en seraient (ce qui est impossible au présent *ça en sont) :
Parce que c’est une chose de porter des jolis dessous, ça en est une autre qu’ils soient aussi confortables et adaptés à notre morphologie. ■ Mais ce ne sont pas des clichés ! Ça en seraient par contre, si c’étaient des composantes récurrentes dans les comics. ■ Il a manqué de précision dans l’exécution de la manœuvre, au point où ça en était exaspérant. ■ Bonjour ! Et j’espère que ça en sera un bon pour vous et moi. ■ Enfin, ça en sera peut-être dans le futur. ■ J’ai aussi supprimé des erreurs (enfin je crois que ça en étaient) ! ■ Pour une erreur, ça en était une monumentale !
d. Dans le code écrit, on peut utiliser le verbe savoir comme une variante de pouvoir dans la construction ce ne saurait être (= ce ne pourrait être) :
C’est une hypothèse, ce ne saurait en aucun cas être une certitude. ■ Si séparation du pouvoir il y a, ce ne saurait être que celle établie par Montesquieu entre exécutif, législatif et judiciaire;
e. Au présent de l’indicatif, la forme cela est inusitée devant le pronom le : on évite de dire cela l’est (pour des raisons d’euphonie). On utilise donc uniquement ça l’est, même dans le code écrit courant (aux autres temps, on peut employer cela) :
La voile, c’est passionnant. – Oh, oui, ça l’est vraiment ■ Cela peut être évident pour des spécialistes en mathématiques, mais ça l’est moins si l’on cherche à découvrir et à comprendre.
Dans ce cas, dans la langue soutenue, à la place de ça l’est, on peut utiliser le pronom ce devant tous les temps simples d’être, voir Exceptions (f) :
Savoir gérer sa respiration, c’est capital pour la voix chantée, ce l’est moins pour la voix parlée, qui n’exige pas le même genre de tenue. ■ Ce fut, certes, toujours difficile, mais ce l’est certainement plus encore aujourd’hui avec la concentration de l’édition. ■ Était-il indispensable de démissionner ? Oui, ce l’était.
Il ne faut toutefois pas abuser de ce dans cet emploi, qui est nettement du style soutenu et peut sembler surprenant dans un style écrit courant, ni mêler la forme ce et la forme ça, comme on le constate assez souvent :
Le biodiesel ? Si ça n’est pas utile pour vous, ce l’est forcément pour quelqu’un autour de vous. [Il aurait été préférable d’utiliser deux fois ce ou deux fois ça].
f. Dans le code écrit, on utilise parfois cela même devant est : Cela est une affaire délicate. (Tämä on hankala tapaus). Cet emploi est souvent peu plaisant à l’oreille (à cause de l’hiatus ?), mais il s’explique par le fait que ce n’est plus toujours senti comme un véritable démonstratif, et quand on veut renvoyer à une idée de façon plus précise, on emploie cela au lieu de ce. Mais le plus souvent, c’est un style « langue de bois » assez disgracieux ou archaïsant (il était d’usage courant au XVIIe siècle).
Comme dans le cas du pronom IL, le pronom ÇA a la même forme (le) quand il est complément direct du verbe (CVD) ou attribut du sujet. Cependant contrairement au pronom IL, en fonction de sujet postposé ÇA n’a pas de forme particulière, on utilise ça/cela. L’emploi de ÇA comme sujet réel est assez rare, car en fonction de sujet réel ÇA est le plus souvent focalisé (mis en relief) et ne peut donc être qu’à une forme pleine ça/cela :
On a fait de gros efforts pour améliorer la sélection rationnelle des candidats, mais c’est vrai qu’il nous restera toujours ÇA comme objectif de développement.
Ce qui caractérise ÇA en fonction de CVD ou d’attribut du sujet, c’est qu’il peut prendre la forme faible le et se placer devant le verbe, exactement comme la forme le du pronom IL. Il existe donc deux pronoms le : l’un est une forme du pronom IL, l’autre une forme du pronom ÇA (même si les manuels de grammaire présentent généralement le comme une forme unique).
Contrairement au pronom IL, qui a trois formes CVD/attribut le la les qui varient selon le genre et le nombre, le pronom ÇA a une seule forme, le, qui est invariable (pas de pluriel ni de féminin).
L’utilisation de la forme le CVD devant le verbe est fréquente, mais pas obligatoire, on peut aussi utiliser ça. Le choix entre les deux formes est expliqué plus loin. Quand il est CVD, ÇA (à la forme le) peut renvoyer à une phrase, une complétive, une idée sous-entendue etc. :
Est-ce que nous aurons le temps d’aller en Laponie ? – Je l’espère. ■ Tout ce qui est arrivé, nous l’avions prévu. ■ Ce qu’il a fait ? Vous le savez bien ! ■ Il nous a demandé de reporter la réunion. → Il nous l’a demandé. ■ Il a demandé que la réunion soit reportée. → Il l’a demandé. ■ Mes amis m’ont proposé d’aller en Inde. → Mes amis me l’ont proposé. ■ Le médecin à conseillé à mon père de faire de la natation. → Le médecin le lui a conseillé. ■ Il lui a dit d’aller à la piscine deux fois par semaine. → Il le lui a dit.
Le pronom le peut être CVD du verbe d’une proposition complément de comparatif. Il renvoie alors à la proposition qui est l’objet de la comparaison :
Le finnois est bien moins difficile qu’on (ne) le prétend. ■ Cela a mieux réussi que je le pensais. ■ La Finlande a eu moins de médailles qu’on ne l’attendait.
Dans les propositions compléments de comparatif, on peut aussi utiliser, à la place de le ou en même temps que le, l’adverbe ne explétif.
Contrairement à ÇA CVD, qui peut être soit à la forme faible le ou à la forme pleine ÇA, quand ÇA est attribut du sujet, on l’utilise presque toujours la forme faible le. Le pronom attribut le peut se substituer à des adjectifs, des participes passés ou toute sorte d’antécédents qui se comportent comme des adjectifs : noms de profession ou exprimant un rôle ou un statut, ou un groupe prépositionnel figé ayant valeur d’adjectif :
Ces règles sont-elles compliqués ? – Oui, elles le sont. ■ Armand était instituteur et son fils l’est aussi.Armand oli luokanopettaja ja hänen poikansa on myös. ■ Ne gardez que ce qui mérite de l’être ( ce qui mérite d’être gardé). Pitäkää vain se, mikä kannattaa pitää. ■ Il finira par être d’accord. → Il finira par l’être. ■ Tu es étonné ? – Oui, je le suis. ■ Marie a toujours rêvé de devenir pompière et elle l’est finalement devenue. Marie aina haaveili palomiesammatista ja hänestä tulikin se. ■ Laissez-vous séduire comme je l’ai été (< comme j’ai été séduit). ■ Les recommandations de la Commission n’ont pas encore été prises en considération dans toute la mesure où la Commission avait supposé qu’elles le seraient. ■ Saviez-vous que vous êtes espionnés et que vous l’êtes même depuis longtemps déjà ? ■ Les grands artistes ont toujours été imités et ils le seront toujours. ■ Il est de nouveau en colère. → Il l’est souvent.
Le pronom le est sans genre et, donc, invariable. Il ne prend pas la forme la au féminin ni les au pluriel. En effet, il remplace le contenu abstrait de l’adjectif, et non pas le sujet de l’adjectif (cf. le finnois hän on sitä) :
Elle est fidèle à ses principes et elle le restera toujours. ■ Ces règles sont difficiles, et elles le sont même pour les francophones.
Quand le nom de métier n’est pas un adjectif indiquant la catégorie socioprofessionnelle mais est un véritable nom qui sert à définir l’identité de la personne (Qui c’est ? C’est un professeur), on utilise la forme en du pronom IL :
Ce professeur est un physicien de renom international et son collègue en est un aussi.
1) le peut remplacer un participe passé, exprimé ou non exprimé. C’est une construction qui n’existe pas en finnois et qui est malaisée à traduire.
2) Le peut remplacer un adjectif et dans ce cas, en finnois on peut reprendre l’adjectif par sitä :
Mieheni oli hyvin myönteinen ja kiinnostunut suomen kielestä. Ja kyllä minäkin olin sitä, vaikka asenteet 1970-luvun Ruotsissa olivat hyvin kyseenalaistavat.
Cependant, l’utilisation de sitä est rarement obligatoire. C’est pourquoi, comme dans le cas de en allomorphe du pronom IL, il faut faire un effort conscient pour penser à et s’habituer à « rajouter » le en français.
Rappel : le pronom le peut aussi être 1) une forme du pronom IL 2) une particule verbale.
Le pronom ÇA peut être utilisé après une préposition, soit comme complément de verbe prépositionnel, soit comme complément de phrase. Il peut se substituer à une phrase, une idée, un adjectif, un pronom, ou bien une proposition complétive (devant une complétive la préposition de ou à peut être effacée, mais elle réapparait dans la forme du pronom ÇA qui se substitue à la complétive, lire…).
Après préposition, on utilise généralement la forme pleine ça/cela : pour cela, contre ça, après ça, avec ça, envers cela etc. Mais il existe trois formes syncrétiques correspondant à trois prépositions particulières, à, de et sur. Les formes y et le sont des formes faibles. IL n’y a pas de forme syncrétique pour d’autres prépositions :
forme avec préposition + ça/cela | à ça/cela | de ça/cela | sur ça/cela | pour ça/cela, contre ça/cela avec ça/cela, vers ça/cela etc. |
forme syncrétique | y | en | là-dessus | - |
Comme on le voit dans le tableau, il n’y a qu’une seule forme syncrétique pour à ça / à cela, de ça / de cela, sur ça / sur cela : dans les formes syncrétiques l’opposition entre la forme de la langue courante ça et la forme du code écrit strict cela est effacée.
On constate aussi que les formes y et en peuvent être des allomorphes de deux pronoms différents, IL et ÇA. En revanche, les formes là-dessus et là s’utilisent seulement comme allomorphe de ÇA.
fonction | IL | ÇA |
---|---|---|
sujet | il, elle, ils, elles | ça, cela, ce |
CVD | le | le |
CVP à+ | y | y |
CVP de+ | en | en |
CVP sur+ | sur lui animé, sur celui-ci non animé | là-dessus, sur ça, sur cela |
CVP par+ | par lui animé, par celui-ci non animé | par ça, par cela, par là |
autre préposition (contre) | contre lui animé, contre celui-ci non animé | contre ça, contre cela |
L’utilisation des formes faibles y et le à la place de la construction avec pronom plein à ça, de ça est très fréquente. Dans certains cas, il faut cependant choisir entre la forme faible et la forme pleine, ce qui n’est pas toujours très facile (voir ci-dessous). Quand on ne sait vraiment pas choisir, on peut toujours utiliser la forme pleine à ça / de ça : ce n’est pas toujours la forme attendue dans certains cas, mais ce n’est jamais agrammatical. Les formes pleines là-dessus et par là s’utilisent seulement avec quelques verbes et posent moins de problèmes.
Quand ÇA se substitue à un complément prépositionnel introduit par à, la forme du pronom est y. L’équivalent finnois de y dépend de la construction du verbe en finnois. Le pronom y ne doit pas être confondu avec la forme y du pronom IL :
Nous allons au match de baseball ce soir. Penses-y ! [y : pense au fait que nous allons au match] ■ Il a essayé de faire le problème tout seul, mais il n’y arrive pas. [y : à faire le problème] ■ Les avions arrivent rarement à l’heure, mais j’y suis habitué. [y : au fait que les avions…] ■ Ce n’est pas du vrai cognac, mais ça y ressemble beaucoup. [du cognac : valeur générique] ■ Nous étions prêts à rencontrer les représentants du gouvernement local, mais ceux-ci n’y étaient pas disposés. ■ À l’époque du passage à l’euro en 1999, la majorité des Français n’y étaient pas favorables.
Le pronom y peut aussi se substituer à un groupe introduit par une autre préposition à sens spatial que à (dans, sur) :
Ils attendaient qu’on leur accorde un nouveau crédit de recherche et ils y avaient mis tout leur espoir [y = dans le fait qu’on leur accorderait] ■ Tu crois qu’ils nous viendront en aide ? – N’y compte pas trop ! [compter sur qch] ■ Tu pensais pouvoir profiter du weekend pour repeindre la cuisine, eh bien n’y compte pas, on aura de la visite. [compter sur qch].
Le pronom ÇA peut se substituer à un complément introduit par la préposition de et dans ce cas, la forme du pronom est en. L’équivalent finnois de en dépend de la construction du verbe en finnois. Le pronom en ne doit pas être confondu avec la forme en du pronom IL.
Il s’est excusé de ne pas avoir prévenu de son absence. → Il s’en est excusé. [s’excuser de quelque chose] ■ Tu veux aller au concert ? – Non, je n’en ai pas très envie. [avoir envie d’aller au concert] ■ Je vais prendre un bain. J’en ai bien besoin. [avoir besoin de prendre un bain] ■ C’est vrai qu’ils vont divorcer ? – J’en ai bien peur. [← avoir peur de quelque chose] ■ Il faudrait que nous partions ensemble. Essaye de l’en convaincre. [← de le convaincre du fait qu’il faut…] ■ Il faut qu’il vienne. Tu devras l’en persuader. [← le persuader de venir] ■ Je lui parlerai quand j’en aurai le temps. [← le temps de lui parler] ■ Nos voisins ont vendu leur maison. J’en suis désolé, parce qu’ils sont vraiment sympathiques. ■ Les délégués étaient très satisfaits que [= de ce que] le traité ait pu être signé aussi rapidement. → Les délégués en étaient très satisfaits.
Quand ÇA renvoie à un groupe dépendant de la préposition sur, on utilise couramment la forme syncrétique là-dessus. Cette forme est hybride, parce qu’elle est syncrétique mais n’est toutefois pas une forme faible. Elle s’utilise dans le code écrit courant et le français parlé, surtout après les verbes compter sur, revenir sur qch, insister sur qch :
Nous avons déjà parlé de ce problème et je suis désolé de revenir là-dessus, mais c’est une question très importante. ■ Le paiement a plusieurs semaines de retard, et pourtant moi je compte là-dessus pour vivre. ■ En allemand, nous insistons là-dessus, le prétérit n’est pas identique à l’imparfait français, et il peut remplir la fonction propre au passé simple. ■ C’est là-dessus que s’appuient certaines théories de voyage dans l’espace-temps. ■ Quel est votre avis là-dessus ? ■ Je n’en sais pas plus que vous là-dessus. ■ Le vrai problème vient d’un défaut de l’industrie pour prendre en charge une partie du financement de la recherche, et c’est là-dessus qu’il faut se concentrer. ■ L’historien n’a strictement rien à dire là-dessus.
On peut utiliser là-dessus dans un style écrit argumentatif (par exemple article scientifique). Mais dans le code écrit strict, il vaut mieux éviter la forme là-dessus et utiliser des tournures avec un groupe prépositionnel (par exemple sur cette règle si on parle d’une règle) ou un nom passepartout comme sur ce point, sur cet aspect, sur cette chose, sur ce sujet, ou encore la forme normale sur cela :
C’est sur cela que s’appuient certaines théories de voyage dans l’espace-temps. ■ Nous n’avons rien d’autre à ajouter à ce sujet. ■ De plus, comme tout objet, les fonctions JavaScript possèdent des attributs et des méthodes. Nous reviendrons sur cet aspect par la suite car il est capital dans la mise en œuvre de programmation orientée objet par prototypage. ■ Le vrai problème vient d’un défaut de l’industrie pour prendre en charge une partie du financement de la recherche, et c’est sur cet aspect qu’il faut se concentrer.
Remarque : le groupe là-dessus est aussi fréquemment employé dans la langue courante comme un adverbe de temps, dans le sens de « et maintenant / à présent ». C’est une variante de l’expression sur ce : Bon, les amis, là-dessus, je vous laisse. [Dictionnaire de l’Académie française, 5e éd. 1814, sv. dessus :] « Là-dessus, pour dire Sur cela, à ces mots, dans le moment. Là-dessus, il nous quitta ».
Le verbe entendre par peut s’utiliser dans le sens de « signifier », dans une tournure courante où il est complété par l’adverbe là, qui sert d’allomorphe du pronom ÇA :
Qu’entendez-vous par là ? Mitä te tarkoitatte sillä ? ■ J’aimerais bien qu’on m’explique ce que les politiciens entendent par là. Kuulisin mielelläni, mitä poliitikot tarkoittavat sillä.
Dans cet emploi, l’utilisation du groupe par là est quasiment obligatoire, car sans ce groupe, le verbe entendre signifie soit « kuulla » soit « edellyttää ». Comparer :
J’entends que nous aurions dû faire preuve de plus détermination.
Kuulen kerrottavan, että meidän olisi pitänyt osoittaa enemmän päättäväisyyttä.
J’entends par là que nous aurions dû faire preuve de plus détermination.
Tarkoitan, että meidän olisi pitänyt osoittaa enemmän päättäväisyyttä.
J’entends que nous fassions preuve de plus détermination. Vaadin, että osoitamme enemmän päättäväisyyttä.
J’entends par là que nous ferons preuve de plus détermination. Tarkoitan, että tulemme osoittamaan enemmän päättäväisyyttä.
Si ÇA renvoie à un groupe introduit par une autre préposition que à (dans), de ou sur, il n’existe pas de forme syncrétique particulière et la préposition est exprimée devant ÇA :
C’est vers ça que nos efforts communs doivent tendre. ■ Lumière, ombres, reflets, c’est avec tout cela que le réalisateur joue dans le film. ■ Il y a eu de nombreux abus dans ce secteur et la direction de la concurrence ne cesse de mettre les consommateurs en garde contre cela.
Souvent, à la place du groupe préposition + ÇA en fonction de complément de phrase, on emploie aussi divers adverbes :
avant ça = avant, auparavant
depuis ça = depuis, depuis lors
après ça = ensuite, après, puis
à cause de ça, pour ça (causal) = aussi, donc
En finnois, le pronom de personne 3 en principe deux formes :
Nous avons de nouveaux voisins. Ils sont très sympathiques. (he)
J’ai une nouvelle table. Elle est toute blanche. (se)
Le train a de nouveau du retard. C’est rageant. (se)
En français, le système des pronoms ne repose pas sur une opposition entre un référent humain et un référent non humain, mais sur la différence entre un pronom qui renvoie à un groupe nominal (antécédent groupe nominal → IL) et un pronom qui renvoie à tout autre élément qu’un groupe nominal (antécédent non groupe nominal → ÇA) :
Le pronom ÇA peut avoir comme antécédent toutes sortes d’éléments autres qu’un groupe nominal (GN). L’« étendue » de cet antécédent peut aller du simple adjectif à une phrase, une idée, un texte, le contexte etc. D’une façon générale, la sémantique de ÇA ne pose pas de problèmes, puisqu’en finnois le pronom se s’utilise de façon assez similaire :
Proposition :
Il est nécessaire de revoir ce texte, à mon avis c’est même indispensable.
Tu pourrais me dire comment se termine le film ? Ça [cela] m’intérrese.
Si tu connaissais tes conjugaisons, ça [cela] t’éviterait bien des problèmes.
Il refusera, ça ne fait aucun doute.
Il refusera, je le [forme CVD de ça] sais d’avance.
Ne roule pas si vite, c’est dangereux.
Phrase :
Il n’a pas encore répondu. Ça [cela] me semble bizarre.
Il faut encore emballer les cadeaux. Qui est-ce qui va s’en [forme CVP de ça] occuper ?
Adjectif :
Pour une fois, il est satisfait, il l’est pourtant assez rarement. [le forme attribut de ça]
Participe :
J’ai été séduit par ce produit et je suis sûr que vous le serez aussi.
Le pronom ÇA peut reprendre une phrase, une proposition, une construction verbale. Cet emploi est illustré par l’utilisation de ÇA dans la langue courante pour répéter le contenu d’une question (excepté après quoi et combien) sous forme de reprise diaphoni que (quand on « répond » à une question ou on reprend une affirmation antérieure). Le pronom ça remplace le groupe verbal après le mot interrogatif, et il est toujours à la forme pleine ça :
J’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit qu’il était à l’école avec toi. – Ah bon ? Qui ça ? (= Qui a dit qu’il était à l’école avec moi ?) ■ Pierre et François vont venir en Finlande. – Quand ça ? (= Quand est-ce qu’ils vont venir en Finlande ?) ■ Finalement, on a décidé qu’on allait pas se marier. – Pas possible ! Pourquoi ça ? (= Pourquoi vous avez décidé que vous n’alliez pas vous marier ?) ■ Moi aussi, je vais pratiquer mon allemand, mais sans quitter mon fauteuil. – Ah bon, comment ça ? (= Comment tu vas pratiquer ton allemand sans quitter ton fauteuil ?)
Remarque : on entend aussi des gens utiliser la forme cela dans ce genre de reprise diaphonique : Pourquoi cela ? La reprise diaphonique avec ÇA est cependant typique du français parlé, et on utilise prioritairement la forme ça (sauf dans Comment cela ?, assez fréquent, et qui est devenu presque une expression figée, parfois avec une valeur ironique.)
Cette utilisation de ÇA est facile à comprendre pour les finnophones, car en finnois on peut exprimer la même idée avec niin (qui est une forme se, « ça »), sitten ou ‑kA (ou dans le code écrit ‑hAn) :
Quand ça ? Milloinka? Milloin? ■ Qui ça ? Kuka sitten? Kukahan? ■ Comment ça ? Miten niin? ■ Pourquoi ça? Miten niin? Miksiköhän?
Après comment, le pronom ça peut aussi exprimer l’idée de « comment est-ce possible ? » :
L’agence a envoyé un mail pour nous informer de l’annulation du voyage. — Comment ça ? (= Comment est-possible que le voyage ait été annulé ?).
Comme en finnois, on peut aussi répéter un adjectif attribut :
J’ ai parlé avec ton frère hier. Il avait l’air vraiment préoccupée. — Comment ça, préoccupé ? Miten niin huolissaan?
Il y a cependant des cas où ÇA renvoie formellement à un nom ou un groupe nominal, mais ce n’est qu’une apparence, car le contenu de ce nom ou groupe nominal ne désigne pas une entité identifiable et pronominalisable par il. Dans les exemples suivants :
L’argent, ça ne fait pas le bonheur, mais ça peut toujours servir. ■ Offre-lui du chocolat noir, il aime ça ■ La télévision, ça m’énerve parfois. ■ Je crois que lui, la musique, ça ne l’intérrese pas. ■ Les enfants, ça fait du bruit. ■ Ce n’est pas du vrai cognac, mais ça y ressemble beaucoup.
on ne renvoie pas à un nom identifiable en particulier (une pièce de monnaie, un chocolat noir, une télévision, une musique etc.), mais à tous les objets du monde correspondant à la définition du nom et considérés comme un tout, autrement dit au contenu virtuel d’une catégorie et non pas à une entité précise. Il est donc normal qu’on n’utilise pas un pronom renvoyant à un groupe nominal. Comparer :
Tu manges du chocolat au lait ? – Non, je n’aime pas ça, c’est trop sucré.
Tu ne manges pas ce chocolat au lait ? – Non, il est trop sucré.
Tu aimes bien la musique classique ? – Oui, ça me plait beaucoup.
Tu as aimé la musique du film ? – Non, elle était banale.
Dans la phrase (a) ci-dessous, le premier ça a une valeur générique (« les bébés en général »), tandis que le second ça (ça ne dure…) renvoie anaphoriquement au contenu de la proposition ça pleure tout le temps. Devant le verbe être, on utiliserait la forme ce (b) :
(a) Un bébé, ça pleure tout le temps, mais ça ne dure jamais longtemps. ■ (b) Un bébé, ça vous occupe toute la journée, mais c’est si mignon.
Cette double valeur de ça, générique et anaphorique, permet de jouer sur le sens. Dans la phrase (dite par une femme sur un ton perfide) : Un homme, ça fait un bon passetemps, mais ça ne dure jamais longtemps. Le référent du deuxième ça (ne dure jamais longtemps) est ambigu : il peut renvoyer à homme de façon générique ou bien à l’idée de faire un bon passetemps. Cette ambigüité repose sur le double sens de durer, qui peut aussi signifier « rester en bon état, rester exploitable/utile ».
Un nom peut aussi exprimer une action verbale ou remplacer une proposition. Dans les exemples suivants, les mots voile et golf désignent des activités (des actions verbales), opposés à des noms concrets. Dans le premiers cas, on reprend les noms par ÇA, dans le deuxième par IL :
Tu aimes la voile (purjehdus) ? – Oui, ça me plait beaucoup. ■ Elle est tout le temps en train de parler du golf (golf, golfaaminen). Ça la passionne !
La voile (purje) est toute neuve et elle ne sera pas utilisée pour le championnat. ■ Un golf (golfkenttä) vient d’ouvrir à côté de chez nous. Il est très fréquenté le weekend.
Dans les exemples suivants :
C’est la manière dont ils ont réagi qui l’a convaincue qu’elle avait raison. ■ C’est son approche très professionnelle du problème qui me plait chez lui.
les groupes nominaux sujets [manière dont ses élèves ont réagi] et [approche très professionnelle du problème] remplacent en fait des propositions, [comment ses élèves ont réagi] et [comment il aborde le problème] ou [le fait qu’il aborde le problème de façon très professionnelle]. Dans ce cas, on les remplace par le pronom ÇA :
C’est ça (cela) qui l’a convaincue qu’elle avait raison. ■ C’est ça (cela) qui me plait chez lui.
Remarque : la pronominalisation de manière ou approche par IL n’est pas impossible, par exemple :
Que pensez-vous de la manière dont ses élèves ont réagi ? → Elle ne me surprend pas. ■ J’ai beaucoup apprécié son approche très professionnelle du problème, elle montre que nous avons là un collaborateur précieux.
Mais dans les phrases clivées ou les constructions disloquées, on utilise généralement ÇA, comme dans les exemples ci-dessus.
Quand ÇA a une valeur générique, on utilise presque uniquement comme CVD la forme pleine ça, et non pas la forme faible le, qui renvoie trop à un groupe nominal :
Tu manges du chocolat au lait ? – Non, je n’aime pas ça, c’est trop sucré. ■ Je ne regarde pas la télévision, parce que je ne supporte plus ça. Mais : Tu devrais au moins regarder les informations, tu le supporterais sans doute [le CVD ne renvoie pas à un nom, ni générique ni autre, mais à une proposition ou une idée : le = le fait de regarder les informations] .
Cette particularité provoque bien des incertitudes chez les apprenants de français langue étrangère. Dans le cas du verbe aimer, il s’y ajoute également un blocage sémantique : aimer avec un CVD à référent groupe nominal (que la forme le évoque fortement) signifie aussi « être amoureux de » :
Tu manges du chocolat noir ? – ??Oui, je l’aime. ■ Je ne regarde pas la télévision, ??parce que je ne l’aime pas.
En revanche, dans des cas similaires, on peut facilement utiliser y et en, qui, au contraire de le, ne renvoient pas aussi nettement à un groupe nominal :
Il est passionné de voile, il y consacre tous ses loisirs et il en parle sans arrêt.
Quand le nom est un nom propre à référent animé, il est repris par le pronom il, exemples (a) et (b). Mais quand le nom propre renvoie à un non animé, on utilise en général ÇA, exemple (c) :
(a) J’ai vu Pierre, il va devenir pilote sur Rafale.
(b) Orane [nom de chienne] me suivait partout, elle avait l’air d’avoir faim.
(c) Nous avons été très surpris en revoyant Budapest après de si longues années, ça a beaucoup changé et c’était évidemment très différent des années 1980.
ÇA remplace également un nom d’ouvrage (livre, tableau, films etc;) ou un nom d’auteur quand le nom de l’auteur désigne son œuvre par métonymie :
On a visionné en une semaine les cinq saisons du Bureau des légendes. C’est incroyablement prenant et bien fait ■ Tu aimes Bach ? – Non, ça ne me dit rien. ■ Et Schubert ? – Oui, j’aime ça.
Le point commun de ces deux emplois de ÇA est qu’il n’est pas interchangeable avec la variante code écrit cela (mais les hypercorrectismes sont fréquents, voir ci-dessus ). Les énoncés suivants sont théoriquement non recevables ou à la limite de l’acceptabilité :
Tu manges du chocolat au lait ? – *Non, je n’aime pas cela. [cela renverrait à l’action de manger. ■ Tu aimes bien la musique classique ? – ?Oui, cela me plait beaucoup. ■ Nous avons été très surpris en revoyant Budapest après de si longues années, ?cela a beaucoup changé. ■ Nous sommes allés revoir au cinéma La Guerre des étoiles ? Cela n’a pas pris une ride. ■ Tu aimes Bach ? – ?Non, cela ne me dit rien.
Dans le code écrit courant et le français parlé, on emploie fréquemment la forme ÇA de préférence aux formes de IL correspondantes, en dehors de toute valeur déictique :
(1a) Elle a aimé la robe que tu lui as offerte ? – Oui, ça lui a plu.
(2a) Elle était bonne, la soupe ? – Ça manquait un peu de sel.
(3a) Tu as aimé le film ? – Ça m’a pas tellement plu.
(4a) Comment tu trouves ces jupes ? – Ça me plait pas mal.
(5a) Regarde ta plaie au genou, ça saigne. Il faut soigner ça.
(6a) Tu as aimé la musique du film ? – Non, c’était banal.
Dans le code écrit (et dans le français parlé aussi), on pourrait dans tous ces cas aisément utiliser le pronom IL sous ses différentes formes :
(1b) Elle a aimé la robe que tu lui as offerte ? – Oui, elle lui a plu.
(2b) Elle était bonne, la soupe ? – Elle manquait un peu de sel.
(3b) Tu as aimé le film ? – Il ne m’a pas tellement plu.
(4b) Comment tu trouves ces jupes ? – Elles me plaisent assez.
(5b) Regarde ta plaie au genou, elle saigne. Il faut la soigner.
(6b) Tu as aimé la musique du film ? – Non, elle était banale.
Dans les exemples 1 à 6, le pronom ÇA semble renvoyer à un groupe nominal (la robe, la soupe, le film etc.). En réalité, le fait d’utiliser le pronom ÇA indique un changement de catégorie de référence. Quand on dit Regarde ta plaie au genou, ça saigne !, le pronom ça désigne l’ensemble de la plaie de façon plus vague, « ce que tu as au genou ». Ça désigne un référent moins strictement délimité : au lieu de désigner l’objet initial (plaie, robe, soupe etc.), on désigne de façon plus large la situation dans laquelle cet objet est impliqué. Le pronom a une valeur propositionnelle, autrement dit, il renvoie à une proposition P (au sens de « chose qu’on dit au sujet de quelque chose ») : le fait d’offrir la robe ou la réaction au cadeau, le moment où on a gouté, l’impression éprouvée en écoutant la musique etc.
Dans ces emplois, le pronom ça a toujours une certaine valeur déictique (c’est au départ un déictique), parce qu’on désigne la situation et non l’objet, comme si on s’y trouvait. La différence entre je n’avais pas pensé à ça et je n’y avais pas pensé est que ça renvoie plus concrètement à la situation d’énonciation (ce que tu me dis / ce que vous soulignez/ce que les gens viennent de dire/de me rappeler etc.). Mais en situation d’anaphore, la différence effective est très faible :
Est-ce que vous avez pensé au problème de l’égalité des chances ? → Je n’y avais pas pensé. / Je n’avais pas pensé à ça.
On retrouve le même phénomène en finnois. Dans la phrase Sinulla on haava polvessa, se pitää hoitaa, le pronom se désigne la situation et ne renvoie pas nettement au mot haava. La différence avec le français, c’est qu’en finnois on utilise le même se dans les deux cas, alors qu’en français on fait la distinction entre la (la plaie) et ça (situation).
Selon le même processus sémantique, le pronom ÇA s’utilise très fréquemment dans les constructions disloquées, où il renvoie à un groupe nominal (GN) détaché. Ce GN est thématisé et met en place le cadre de la situation à propos de laquelle on dit quelque chose (le propos) :
Alors, cette robe, ça te plait ? ■ Le café, c’était pour qui ? Kenelle se kahvi tuli? ■ Ça vous plait, ce film ? ■ La terrine de poisson, c’était pour Monsieur, l’assiette de crudités, c’est pour Madame. Kalateriini oli herralle, vihanneslautanen rouvalle. ■ Et la musique du film, tu trouves ça comment ? ■ Ça coute combien, cette voiture ■ C’est cher, tes bouquins ? ■ Ça lui arrive souvent, les crises d’asthme ?
Dans ces exemples, on aurait aussi pu utiliser le pronom IL :
Ils sont chers, tes bouquins ■ Le café, il était pour qui ■ Il vous plait, ce film ■ La terrine de poisson, elle était pour Monsieur, l’assiette de crudités, elle est pour Madame. ■ Elle coute combien, cette voiture ?
Remarque. La phrase Elles lui arrivent souvent, les crises d’asthme ? seraient cependant douteuse, à cause du double sens du verbe arriver (« se produire », mais aussi « être à destination, terminer son voyage »).
1. Les formes *Cela doit être cela ou *Cela doit être ça sont inusitées. En revanche, on peut dire Ça doit être cela (mais c’est plutôt rare).
2. Au pluriel, le verbe être prend la forme du pluriel seulement après c’/ce. Après ça/cela, il reste au singulier. On trouve cependant sur Internet de nombreux exemples où on fait l’accord au pluriel avec ça/cela par hypercorrectisme, sur le modèle de par exemple ce seraient, ce doivent être :
Cela seraient des solutions à envisager. ■ Je précise que cela doivent être des analyses originales. ■ Cela auraient pu être des barres de fer ou de bois.
Dans le code écrit strict, cet accord est agrammatical. Le plus simple est de retenir qu’on accorde toujours le verbe au singulier après ça/cela.
En fonction de complément direct ou prépositionnel du verbe, ÇA peut donc prendre la forme faible des pronoms le, en, y. Dans de nombreux cas, on a le choix entre cette forme faible et la forme pleine ÇA. Au niveau débutant, il n’est pas nécessaire de savoir choisir entre les deux, car à la place de le (CVD), y/en (CVP), on peut toujours utiliser ça (avec une préposition dans le cas du CVP) sans que l’énoncé devienne agrammatical. Mais au niveau plus avancé (B2/C1), il est nécessaire de savoir 1) interpréter la différence de sens produite par l’alternance entre formes dépendantes et formes autonomes et 2) utiliser cette alternance, par exemple dans les phrases clivées (C’est de cela qu’il faudrait parler), qui sont une construction banale et utile, par exemple dans l’argumentation scientifique.
Exactement comme les démonstratifs celui-ci et celui-là, qui, parallèlement à leur fonction de pronom déictique, servent également de pronom anaphorique (ils peuvent être des formes du pronom IL), le pronom ÇA est un pronom démonstratif qui assure parallèlement les fonctions de pronom anaphorique (sur le flottement entre les deux valeurs, voir les démonstratifs). Le plus souvent, il n’y a pas de forme différente pour ÇA démonstratif (déictique) et ÇA anaphorique. Pour cette raison, la différence entre la valeur anaphorique et la valeur de démonstratif de ÇA n’est pas toujours très nette. Le fait de distinguer ÇA démonstratif et ÇA anaphorique peut à priori sembler inutile et en général les grammaires françaises ne font pas cette distinction.
Cependant, dans certains cas, on a le choix entre une forme faible et une forme pleine de ÇA. Aux formes faibles syncrétiques le, en, y correspond en effet une forme dissociée de ça/de cela, à ça/à cela, ainsi que le montre le tableau ci-dessous . Dans d’autres cas, il n’y a pas de forme faible syncrétique particulière (par exemple pour ça n’a pas de forme syncrétique équivalente) :
faible | plein | ||
---|---|---|---|
le | Je le sais. | ça | Je sais ça. |
y |
J’y pense. | à ça | Je pense à ça. |
en | J’en parle. | de ça | Je parle de ça. |
pour ça | Je l’ai fait pour ça. |
En outre, il existe la forme pleine syncrétique là-dessus, qui peut se substituer au groupe sur ça/sur cela dans le cas de certains verbes.
Comme en finnois le pronom se qui correspond à ÇA ne connait pas ce genre de variation et peut exprimer indifféremment la valeur anaphorique ou déictique, dans certains cas, les finnophones peuvent être embarrassés pour choisir la forme à utiliser en français. Comment les distinguer et comment choisir entre forme faible et forme pleine ?
Quand on a le choix entre forme faible et forme pleine, la forme pleine a une valeur plus déictique et permet normalement de focaliser le pronom :
Est-ce que le conférencier a parlé des découvertes faites dans le domaine des nanotechnologies ?
(a) – Non, il n’en a pas parlé.
(b) – Non, il n’a pas parlé de ça.
Dans la phrase (b), le mot ça a davantage une valeur déictique, parce qu’on en met en relief le signifiant : « il a parlé d’autres choses du même genre, mais pas de ça ». Les deux réponses possibles (a) et (b) correspondent en finnois à deux traductions qui diffèrent par l’ordre des mots :
(a’) Non, il n’en a pas parlé. Ei, hän ei puhunut siitä.
(b’) Non, il n’a pas parlé de ça. Ei, siitä hän ei puhunut.
À l’oral, on pourrait aussi marquer en finnois l’opposition entre (a) et (b) en utilisant la réponse (a’), mais en insistant sur le pronom : Hän ei puhunut SIITÄ. Quand on le choix entre le ou ça, y ou à ça et en ou de ça, la forme pleine apporte donc une information supplémentaire par rapport à la forme faible (focalisation, insistance etc.)
Dans les autres cas, il n’y a pas de choix entre forme faible et pleine de forme différente. La forme ça/cela est la seule disponible et la différence entre anaphorique et déictique n’est pas toujours nettement perceptible :
Ça m’intérrese. ■ Il faut lutter contre ça.
Il existe plusieurs moyens pour faire ressortir (et d’identifier) la valeur déictique de ÇA :
a. Dans certains cas, on peut utiliser le pronom ceci, qui a conservé la valeur déictique forte que cela/ça a perdue. Comparer :
Lors du débat télévisé, tous les candidats ont parlé du chômage. Cela prouve que c’est un problème d’actualité. Televisioväittelyssä kaikki ehdokkaat ottivat esille työttömyyden. Se osoittaa, että se on ajankohtainen ongelma. Cela = le fait que tous les candidats aient mentionné le chômage. ■ Lors du débat télévisé, l’un des candidats vient de parler du financement des partis. Ceci me rappelle un autre problème, celui du financement de la campagne. Televisiolëhetyksessä yksi ehdokkaista mainitsi puolueiden rahoituksen. Tästä tuleekin mieleen toinen ongelma, kampanjan rahoituksen ongelma. Ceci = le problème du financement des partis mentionné par un candidat. [Si on avait dit cela, ce serait le fait que le candidat ait mentionné le financement des partis.]
La règle établie par les scolaires et les puristes selon laquelle on devrait utiliser cela pour renvoyer à ce qui précède (anaphore) et ceci pour annoncer ce qui va venir est tout à fait dénuée de fondement et ne tient pas compte de la réalité de la langue moderne.
b. Le plus souvent, on utilise les procédés de focalisation habituels du code écrit ou du français parlé, qui font ressortir la valeur déictique du pronom :
phrase normale | procédé de focalisation | phrase avec mise en relief |
---|---|---|
Ça m’intérrese. | dislocation | Ça, ça m’intérrese. |
C’est vraiment beau. | dislocation | Ça, c’est vraiment beau. |
Il faut lutter contre cela. | phrase clivée | C’est contre cela qu’il faut lutter. |
Cela nous intérrese beaucoup. | phrase pseudo-clivée | Ce qui nous intérrese beaucoup, c’est cela. |
Les procédés sont variés et le caractère déictique peut varier en fonction du contexte, et on ne peut pas toujours dire avec certitude que telle forme est « plus déictique » qu’une autre. On peut ainsi très bien dire dans le français parlé j’avais pas pensé à ça à la place de j’y avais pas pensé, sans aucune valeur véritablement « déictique ». Dans le français parlé, notamment, la limite entre ça anaphorique et ça déictique est très floue et cela complique considérablement la compréhension du système référentiel de ÇA par les apprenants de français langue étrangère. Comme décrit ci-dessus, le pronom ça est fréquemment utilisé dans le français parlé à la place de IL comme une sorte de pronom anaphorique polyvalent. On peut ainsi dire :
Tu as une plaie au genou. Il faut la nettoyer. Ou Tu as une plaie au genou. Il faut nettoyer ça.
Cette ambigüité entre deixis et anaphore est très bien illustrée par la valeur « méprisante » qu’on attribue parfois à ça.
a. De nombreuses grammaires mentionnent un usage particulier de ça, qui aurait une valeur péjorative ou méprisante dans certains contextes. En quelque sorte, pour rendre l’antécédent « méprisable », on utiliserait ça à la place de IL :
Regarde ces gosses mal élevés, tu as vu comment ça mange et ça se tient à table ? ■ Et dire que j’ai été me marier avec ça ! ■ Ces « militants », ça parle de « classe » et ça ne sait même pas écrire correctement le français. ■ Et là-dessus le morveux a ricané et lui a dit : « Pouvez pas vous débarrasser de moi comme ça, ch’suis confédéré. » Quelle décadence, mes amis. Ça se veut Suisse, et ça ne sait même pas parler. ■ Mais tu entends ce type ? Ça connait rien à la politique et ça prétend donner des leçons !
En vertu de cette règle, les versions « non méprisantes » seraient donc :
Regarde ces gosses mal élevés, tu as vu comment ils mangent et ils se tiennent à table ! ■ Et dire que j’ai été me marier avec lui ! ■ Ces « militants », ils parlent de « classe » et ils ne savent même pas écrire correctement le français. ■ Quelle décadence, mes amis. Il se veut Suisse, et il ne sait même pas parler. ■ Mais tu entends ce type ? Il connait rien à la politique et il prétend donner des leçons !
Pourtant, comme on le constate, avec le pronom IL, le mode de référence change complètement, il s’agit plus nettement d’un anaphorique. En fait, le mot ça n’a pas de valeur méprisante en lui-même. Dans ces phrases, le fait d’utiliser ça à la place de IL établit une distance entre l’énonciateur et l’énoncé, exactement comme si le locuteur était concrètement en face de l’objet de pensée dont il parle et qu’il le désignait d’un geste du doigt au destinataire du message. Dans tous les exemples cités, l’antécédent de ça, facilement identifiable dans le contexte, est pour ainsi dire « mis en scène » dans la situation et comme montré du doigt par le locuteur, qui, ainsi, « prend ses distances » par rapport à lui comme un spectateur. L’effet de style est obtenu par le fait qu’on emploie ça comme un véritable déictique alors qu’on est dans un contexte anaphorique. Ce qui est méprisant, ce n’est pas le mot ça en lui-même, c’est précisément le fait de parler d’une personne de cette manière (comme avec dégout) au lieu de la désigner par un simple anaphorique.
Dans l’exemple suivant (extrait d’un blog), malgré les similitudes avec les exemples présentés ci-dessus, le mot ça ne doit pas s’interpréter de la même manière. Ici, ça a une valeur générique amenée par l’indéfini une pétasse… :
Une pétasse qui se promène avec ses copines, ça s’entend, ça ne sait pas parler sans gueuler et ça rigole sans arrêt, comme ça, on a encore plus de chance de se faire remarquer.
b. Dans le français parlé, on utilise ça après un impératif dans des expressions à valeur ironique (avec un datif éthique) :
Regardez-moi ça ! Katso nyt tuotakin! ■ Écoute-moi ça ! Vai sillä lailla! (= kaikkea sitä kuuleekin).
La phrase écoute-moi ça peut cependant aussi signifier simplement « kuuntelepas tätä ».
Dans certains cas, l’utilisation de ça, loin d’exprimer le mépris, peut même être laudative (admirative ylistävä) :
Ça travaille sérieusement, à la permanence ! ■ Eh ben, ça pédale ferme !
Là encore, le pronom ça n’a pas de valeur laudative intrinsèque, c’est la distanciation établie par le pronom qui introduit la nuance laudative. Ça peut désigner les gens ou vous et en utilisant la forme ça, le locuteur s’exclut du groupe auquel il fait référence, exactement comme dans l’emploi « méprisant », mais cette fois avec une sorte d’envie : « vous travaillez dur (et moi je n’en fais pas autant) ».
Devant certains verbes, les formes le, y et en du pronom ÇA ne sont plus de véritables pronoms, mais sont devenues des éléments de construction de certaines locutions verbales. Dans l’évolution du vocabulaire, ces pronoms ont peu à peu perdu leur sens, ou le sens originel de la construction s’est peu à peu obscurci : le pronom n’a plus d’antécédent identifiable et il est devenu un simple élément morphologique et phonique du verbe. Quand il est précédé de ce pronom, le verbe a généralement un autre sens que le verbe d’origine : emporter/l’emporter, avoir/y avoir etc. (voir les exemples).
a. Particule verbale le
l’emporter voittaa : C’est un Finlandais qui l’a emporté. Suomalainen voitti.
se le tenir pour dit ottaa neuvosta vaari : Je me le tiendrai pour dit. Pidän sen mielessäni.
l’échapper belle päästä pelkällä säikähdyksellä : Nous l’avons échappé belle. Olipa täpärällä!
b. Particule verbale en
en appeler à vedota → J’en appelle à votre bon sens. Vetoan järkeenne.
en avoir marre (fam.) saada tarpeeksi → J’en ai marre de l’école ! Koulu ottaa päähän.
en baver (fam.) kokea kovia → J’en ai bavé pour cet examen. Olipa kova homma, tuo tentti.
en croire olla uskomista → Si j’en crois les rumeurs… Jos huhuihin on uskomista…
À l’en croire, il est le meilleur skieur du monde. Jos häneen on uskomista, hän on maailman paras laskettelija.
en découdre avec qqn tapella jkn kanssa
en faire à sa tête toimia omin päin → Il n’en fait qu’à sa tête. Hän on itsepäinen.
en être de olla jollain tavalla, olla asian laita → Qu’en est-il ? Miten on asian laita?
J’aimerais savoir ce qu’il en vraiment. Haluaisin tietää, miten asia oikeasti on. quoi qu’il en soit oli miten oli
en pouvoir jaksaa → Je n’en peux plus. En jaksa enää.
en réchapper selviytyä → Peu en ont réchappé. Vain harvat jäivät eloon.
en vouloir à kantaa kaunaa → Je ne t’en veux plus. En ole enää sinulle vihainen.
s’en aller lähteä → Nous nous en irons demain. Lähdemme huomenna.
s’en faire murehtia, huolestua → Ne vous en faites pas ! Älkää murehtiko.
s’en falloir puuttua → Il n’est pas très travailleur, il s’en faut de beaucoup. Hän ei ole kovin ahkera, kaukana siitä.
Il s’en est fallu de peu. Oli hiuskarvan varassa.
s’en remettre à luottaa → Je m’en remets entièrement à toi. Luotan täysin sinuun tässä asiassa.
s’en foutre olla välittämättä → Je m’en fous ! Ei kiinnosta!
s’en tenir à pitäytyä, pitää kiinni → On s’en tiendra à ce qui a été décidé. Pidetään kiinni siitä, mitä on päätetty.
c. Particule verbale y
y aller (1) lähteä → Maintenant, il faut que j’y aille ! Nyt minun on mentävä!
y aller (2) tehdä, menetellä → Vas-y doucement ! Ota rauhallisesti!
y aller de (1) olla pelissä → Il y va de notre réputation. Kyse on maineestamme.
y aller de (2) ruveta [pas d’équivalent exact en finnois] → Et chacun y est allé de sa chanson. Ja jokainen lauloi vuorollaan [pakollisen] laulunsa.
s’y connaitre (fam.) olla asiantuntija → En maths, lui, il s’y connait. Matikassa hän on haka.
s’y retrouver pysyä mukana (fig.) → Avec tous ces formulaires, on ne s’y retrouve plus. Kaikkien näiden kaavakkeiden kanssa menee ihan sekaisin!
y paraitre näkyä → Après deux semaines de repos, il n’y paraitra plus. Ei muuta kuin kaksi viikkoa lepoa ja kaikki on taas kunnossa.
s’y prendre (bien ou mal) menetellä → Tu t’y prends mal. Teet sen huonosti.
savoir y faire (fam.) olla taitava → Pierre sait y faire pour convaincre les gens. Pierre se sitten osaa taivutella ihmisiä.
ne plus y tenir olla kärsimätön → Maintenant je n’y tiens plus, je téléphone pour connaitre le résultat du concours. Nyt en malta enää odottaa, soitan ja kysyn pääsykokeen tuloksia.
Avec le pronom y associé au verbe avoir, on forme le verbe y avoir, qui est un des « outils grammaticaux » les plus employés du français. Voir ci-dessous.
Ces deux verbes, dont le premier est familier, le deuxième très familier, sont d’un emploi très courant dans le français parlé et sont intéressants du point de l’utilisation des formes faibles de ÇA comme particule verbale.
a. Dans le verbe en avoir marre, le passage du pronom en au statut de particule verbale est complètement achevé. On peut utiliser un CVI non redondant introduit par de, et le pronom qui reprend le groupe nominal complément de en avoir marre de est obligatoirement à la forme pleine (bien que cette solution puisse sembler logique et tentante à l’apprenant de français langue étrangère, il est impossible de placer un deuxième en devant le verbe, *j’en en ai marre :
J’en ai marre de toute cette histoire ! ■ Ils commencent à en avoir marre de tout ça.
b. Dans le cas de s’en foutre, le passage de en au statut de particule verbale n’est pas complètement achevé. On peut utiliser soit la formule (a), sans le pronom en, soit la formule (b), sur le modèle de en avoir marre :
(a) Je me fous de ses opinions. Je me fous complètement de ce qu’il dira ■ (b) Je m’en fous de ses opinions. Je m’en fous complètement de ce qu’il dira.
La raison pour laquelle la grammaticalisation de en dans s’en foutre n’est pas entièrement achevée est sans doute le fait qu’il existe un sens particulier de se foutre de, « tourner qqn en dérision pitää pilkkanaan » (variante très familière de l’expression se payer la tête de qqn) ou « plaisanter avec qqn juksata », qui ne contient pas la particule en. Le verbe se foutre a la même double valeur que se moquer de, dont il est la version très familière. Ce sens implique que le complément indirect soit à référent humain, le complément peut aussi être gueule, qui désigne par métonymie la personne. On peut ainsi opposer :
(a) Non, mais tu te fous moi ? [« Tu te moques de moi ? »]
(a’) Arrêtez de vous foutre de ma gueule ! [« Cessez de vous moquer de moi ! »]
(a’’) Je me fous de toi, là, gentiment. [« Je te fais marcher. / Je plaisante. »]
(b) Je m’en fous de lui. [« Il ne m’intérrese pas ! »]
(b’) On s’en fout de ta bagnole. [« Ta voiture ne nous intéresse peu. »]
Le verbe avoir employé avec le pronom y forme l’un des outils grammaticaux de base du français, le verbe y avoir (il y a, il y avait etc.). Il pose cependant aux apprenants finnophones (et à d’autres sans doute) un certain nombre de problèmes concernant la morphologie et la syntaxe.
Il y a est prononcé couramment /ija/
ou /ja/
sans /il/
(a). C’est de cette manière qu’on prononce couramment la construction il n’y a qu’à+ infinitif, qui signifie « il suffit de » (b) :
(a) Il y a quelqu’un ? /jakɛlkɛ̃/
■ Il n’y a que la vérité qui blesse. /jaklaveʁitekiblɛs/
■ Il n’y a plus rien. /japlyʁjɛ̃/
(b) Il n’y a qu’à partir plus tard. /jakapaʁtiʁplytaʁ/
Lähdetään sitten myöhemmin. ■ Il n’y a qu’à demander /jakadmɑ̃de/
à ton frère. Kysytäänpäs veljeltäsi.
Le plus souvent, il y a sert à exprimer l’existence et correspond au finnois on [olemassa] :
Il y a beaucoup de châteaux-forts en France ■ En été, il y a beaucoup de moustiques en Finlande ■ Je suis sûr qu’il y a un moyen ■ Ce printemps, il y a eu peu de gelées matinales ■ Il y avait énormément de monde au salon de la plaisance. Veneilymessuilla oli valtavasti ihmisiä. ■ Il n’y a pas de temps à perdre. Ei ole aikaa hukattavaa. ■ Il n’y avait plus rien à faire. Mitään ei ollut enää tehtävissä.
Il y a a aussi le sens de « se produire, se passer » :
Qu’est-ce qu’il y a ? Mitä? Mitä nyt? Mitä tapahtuu? Mitä taas [haluat]? Niin? No? [comme réponse dans la langue parlée] ■ Ce qu’il y a, c’est que… Ongelma on vain se, että ■ Il y a que je ne veux pas partir. Minä vain en halua lähteä.
Différences avec le finnois :
a. en finnois, dans la phrase on [olemassa] ratkaisu, le nom ratkaisu est le sujet (e-subjekti) du verbe olla. En français, dans la construction équivalente il y a une solution, le groupe nominal une solution est le complément direct du verbe il y a (comme en allemand dans Es gibt eine Lösung). L’article indéfini peut donc prendre la forme de dans une phrase négative :
Il n’y a pas de solution. ■ Il n’y a pas d’autre solution.
b. Le pronom y est sans référent. Dans le verbe il y a, le pronom y est devenu une simple particule verbale et n’a donc pas d’antécédent. Il ne« représente » rien (ni un nom ni autre chose). En finnois, il y a ne correspond donc pas à siellä on, mais seulement à on. Si on veut exprimer la même chose que le finnois siellä on / siinä on, il faut rajouter un pronom ou un adverbe de lieu. Mais cela ne peut pas être y, car on ne pourrait pas dire *il y y a, qui serait logique, mais agrammatical. Il faut donc dans ce cas utiliser d’autres verbes ou d’autres adverbes (là-bas, là etc.) ou formuler la phrase autrement :
Siellä oli paljon kukkia. Il y avait beaucoup de fleurs là-bas. / On y trouvait beaucoup de fleurs ■ Siellä on kuiva ilmasto. Le climat y est sec. / Il y fait sec. ■ Siinä on erilainen maku. Il/elle/Ça a un gout différent. / On y sent un autre gout.
c. Il y a ne peut pas dépendre d’un autre verbe impersonnel, et notamment pas de falloir. Pour traduire par exemple le finnois täytyy olla ratkaisu, on ne peut donc pas dire (erreur constatée fréquemment) *il faut y avoir une solution (ou, pire, **il y faut avoir une solution). Il faut dire :
Il doit y avoir une solution. ou Il faut qu’il y ait une solution.
Pour traduire siinä täytyy olla, il y a donc une double difficulté : on ne peut pas utiliser il faut (täytyy) (*il faut y avoir), ni traduire le mot siinä (il faut *y y avoir). La forme correcte est :
siinä täytyy olla = il doit y avoir ici/ il doit y avoir là-dedans / cela doit comporter…, cela doit contenir, on doit y trouver etc.
Nykyisin oppikirjaa ei voida enää myydä ilman kuvitusta. Siinä täytyy olla värivalokuvia. De nos jours, un manuel scolaire non illustré ne peut plus se vendre. Il faut qu’il contienne / Il doit contenir des photographies en couleurs.
La suite il faut y avoir existe cependant. On peut en effet utiliser le verbe avoir dans son sens habituel de « posséder, disposer de » avec le pronom y utilisé comme un véritable pronom en fonction de complément de phrase (exemples a et b) ou indirect (exemple c, verbe avoir intérêt à qch) :
(a) Pour passer son permis dans un autre État, il faut y avoir un domicile. [y = dans un autre État] ■ (b) Rapidshare est le plus populaire, mais il faut y avoir un compte pour bénéficier d’un bon débit. [y = chez Rapidshare] ■ (c) Pour former une demande en justice, il faut y avoir intérêt. [y = à une demande]
Dans la langue parlée, le verbe il y a + relative est utilisé pour introduire un groupe nominal sujet avec un déterminant indéfini, ou un pronom indéfini sujet : la langue parlée n’aime pas commencer les phrases directement par un déterminant ou un pronom indéfini. En quelque sorte, il y a sert à « engager » ou « actualiser » le sujet du verbe :
Code écrit ou langue courante | français parlé |
---|---|
Des gens attendent devant le magasin. | Il y a des gens qui attendent devant le magasin. |
Quelqu’un t’a téléphoné. | Il y a quelqu’un qui t’a téléphoné. |
De l’eau a coulé le long du papier peint. | Il y a de l’eau qui a coulé le long du papier peint. |
Quelqu’un n’était pas content. | Il y avait quelqu’un qui n’était pas content. |
À l’avenir, de moins en moins de gens apprendront le français. | À l’avenir, il y aura de moins en moins gens qui apprendront le français. |
Remarque: pour désigner cet emploi, de nombreux auteurs ou manuels de français langue étrangère utilisent le terme à la mode de « présentatif » (comme pour c’est ou voici). On peut à la rigueur admettre que voici/voilà sert à présenter quelque chose ou quelqu’un, mais dans les phrases C’est dès le début de l’épidémie qu’il aurait fallu instaurer le confinement ou À l’avenir, il y aura de moins en moins gens qui apprendront le français, on voit vraiment très mal qui ou ce qui est « présenté » (esitelty).
Il n’y aucune différence de sens avec la manière de dire du code écrit, c’est simplement une manière différente de présenter les choses. Dans certains cas, l’utilisation de il y a permet de construire plus simplement certains verbes (voir ci-dessous). Cette manière de dire est quasi générale à l’oral, et elle est tellement courante qu’on l’utilise même devant des déterminants définis, mais c’est moins fréquent et plus familier. Elle s’utilise surtout pour annoncer un évènement — grand ou petit :
Code écrit ou langue courante | français parlé |
Le téléphone sonne. | Il y a le téléphone qui sonne. |
La casserole déborde. | Il y a la casserole qui déborde. |
L’ampoule a grillé. | Il y a l’ampoule qui a grillé.Lamppu on palanut. |
La grève commence demain. | Il y a la grève qui commence demain. |
Ma montre ne marche plus. | Il y a ma montre qui marche plus. |
Ton frère t’appelle. | Il y a ton frère qui t’appelle. |
Les Finlandais ont gagné. | Il y a les Finlandais qui ont gagné. |
L’utilisation de il y a comme actualiseur d’indéfini est également très fréquente, dans la langue courante et parlée (mais peu fréquente dans la rédaction écrite soignée) pour remplacer le pronom certains, grâce à une construction avec proposition relative. On remplace le pronom indéfini par des gens ou le pronom en (voir il y en a qui) :
Il y a des gens à qui ce genre de vêtements ne convient pas. / Il y en a à qui ce genre de vêtements ne convient pas. ■ Il y a des gens que ça dérange. / Il y en a que ça dérange.
L’utilisation de il y a comme actualiseur de groupe nominal indéfini n’est pas toujours une simple variante libre de la langue parlée. Elle permet aussi de construire plus facilement certains verbes. Comparer les phrases suivantes :
(a) Il y avait beaucoup de paquets où il manquait une pièce.
(b) *Beaucoup de paquets manquaient une pièce. [agrammatical]
(c) ?À beaucoup de paquets manquait une pièce. [à la limite de la grammaticalité]
(d) ?À beaucoup de paquets, il manquait une pièce.
(e) Dans beaucoup de paquets, il manquait une pièce.
(f) De nombreux paquets étaient incomplets.
On ne pourrait pas transformer directement la phrase (a) en commençant par beaucoup de (b), car manquer est intransitif. La version (c) n’est pas non plus possible, car le CVI ne peut pas s’utiliser en tête de proposition si le sujet n’est pas devant le verbe ; la phrase (d) serait plus acceptable, mais resterait douteuse, car le groupe À beaucoup de paquets se retrouve en position de complément circonstanciel, et devant le mot paquet on utilise dans ce cas la préposition dans. La phrase (e) est ainsi tout à fait acceptable dans la langue courante. Mais dans le code écrit on préfèrerait sans doute une phrase sur le modèle de (f) .
Le verbe y avoir s’utilise dans des expressions temporelles. Il correspond dans ce cas en finnois à la postposition sitten ou la construction siitä on (kulunut)… kun :
Le paquet est arrivé il y a deux jours. Paketti saapui kaksi päivää sitten. ■ L’hypermarché a ouvert il y a peu. Automarketti avasi ovensa hiljattain. ■ Il y a trois heures que je suis arrivé. Tulin kolme tuntia sitten. ■ Il y aura bientôt onze ans que nous sommes mariés. Olemme olleet naimisissa kohta yksitoista vuotta. ■ Il y avait deux ans que j’habitais à Paris. ■ Il y a longtemps que je l’ai vu. En ole nähnyt häntä pitkään aikaan.
On pourrait considérer que il y a forme une locution prépositionnelle (figée) qui introduit un complément de temps sur le modèle d’autres prépositions : depuis deux jours – après deux jours – il y a deux jours. Cependant, le verbe y avoir reste une locution verbale non figée, car il peut se mettre à d’autres temps :
Il y avait déjà trois ans qu’il était parti. ■ Il y aura bientôt dix ans depuis notre dernière rencontre. ■ Bien qu’il y ait déjà longtemps de son accident, le souvenir continuait de le hanter.
Avec le pronom ça, on forme la locution comme ça. Elle est très utile et très pratique, parce qu’elle peut s’utiliser à la fois comme un adverbe (= näin, niin, tällä tavalla, sillä lailla) et comme un adjectif (sen kaltainen, sellainen, tämän tyyppinen) :
Ça va mieux comme ça ? Onko nyt parempi?
Ne t’énerve pas comme ça ! Älä nyt hermostu tuolla lailla.
Dans un cas comme ça, il vaut mieux être prudent.
Il n’avait jamais été dans une station comme ça. Hän ei koskaan ollut ollut sellaisessa hiihtokeskuksessa.
Comme ça est cependant familier. Dans la langue écrite, on peut le remplacer par l’adjectif tel (antéposé) ou pareil (postposé) ou la construction de ce genre, ou par l’adverbe ainsi, ou, dans le style soutenu, par la locution adverbiale de la sorte. Comparer avec les exemples précédents :
Est-ce mieux ainsi ?
Ne vous énervez pas de la sorte ! Älkää nyt hermostuko tuolla lailla!
Dans un tel cas / dans un cas pareil / dans un cas de ce genre, il vaut mieux être prudent.
Il n’avait jamais été dans une station de ce genre.
C’est ça ! Aivan!
Ça y est, il y a une panne de courant. Kappas, sähkö on poikki.
Alors, ça y est ? Joko tulet?
Ça y est, il est rentré ? Joko hän tuli ?
Ça y est, j’ai fini. Olen jo lopettanut.
Ça ne fait rien. Ei se mitään! / Ei se haittaa.
Ça ne va pas. Ei käy. / En voi hyvin.
Ça va pas, non ? Mitä sä oikein ajattelet? / Oletko hullu? / Lopeta nyt jo!
Et avec ça ? Tuliko muuta ?
Ça n’en vaut pas la peine. Se ei kannata.
Ça n’a pas de sens. Se on järjetöntä.
Donne-moi ça ! Anna tänne!
à part ça lisäksi, muuten
Et avec ça, il pleut. Ja kaiken kukkuraksi sataa vettä.
Alors ça ! Että kehtaatkin!
Ça alors ! Ei voi olla totta! / Mitä ihmettä! / Hyvänen aika!
Rien que ça ! Vai sillä lailla !
À part ça, ça va. Muuten kaikki on hyvin.
comme ci, comme ça jotenkuten
Comment ça va ? – Comme ci, comme ça. Kuinka voit? – Kohtalaisesti.
Ne pas confondre le pronom ça et l’adverbe çà (avec accent grave). Cet adverbe çà s’utilise essentiellement dans les expressions çà et là (siellä täällä, sinne tänne) et de çà, de là (sieltä täältä, siellä täällä, sinne tänne).
En français moderne, la forme ça est la forme de base du pronom ÇA. La variante cela est utilisée essentiellement dans le code écrit. Les deux formes sont en principe équivalentes, mais dans de nombreux cas, elles ne sont pas interchangeables. Beaucoup d’usagers francophones imaginent qu’il suffit de transformer ça en cela pour transformer le français parlé en langue écrite « élégante ». Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Dans certains cas, on ne peut pas du tout employer cela à la place de ça (ou bien ce serait très étrange), et dans d’autres cas la phrase avec sujet cela a une autre signification qu’avec un sujet ça.
II y a de nombreux cas où il n’y pas d’alternance possible, même à l’écrit, exemple : Comment allez-vous ? – *Cela va bien (seule forme possible : ça va bien, ou je vais bien). La pression scolaire et puriste (sentiment d’insécurité linguistique) fait que l’on constate de nombreux hypercorrectismes : ça est senti comme familier, cela comme « officiel », « correct », et certains locuteurs qui ne maitrisent pas complètement les distinctions entre les styles et les codes auront tendance à remplacer systématiquement ça par cela dès qu’il passent en langue écrite, pour « faire joli ». Dans bien des cas, une telle transformation n’est pas possible et ça est la seule forme utilisable.
La liste ci-dessous donne quelques exemples. Pour chaque exemple, on indique :
On ne donne en général qu’une possibilité, il peut y en avoir d’autres qui seraient synonymes. Certaines des formes proposées sont plus ou moins virtuelles, car elles ne s’utiliseraient sans doute pas à l’oral (mais on pourrait les trouver par exemple dans la langue classique). Les formes hypercorrectes avec cela dont le sens est étrange ou inattendu sont marquées d’un point d’interrogation (?), qui signale conventionnellement une forme dont la recevabilité est douteuse.
Ça | Il ne manquait plus que ça. Se nyt tästä enää puuttui! |
Cela | Il ne manquait plus que cela. Vain tämä puuttui enää. |
Ça « élégant » = | C’est la dernière chose dont nous avions besoin. |
Ça | Ça m’énerve! Ottaa päähään! |
Cela | Cela m’énerve. Se hermostuttaa minua. |
Ça « élégant » = | Cela m’irrite. Cela m’agace. |
Ça | Ça marche! Sopii! OK! / Nyt se toimii! |
Cela | Cela marche. Se kävelee. |
Ça « élégant » = | Cela fonctionne. C’est en ordre. |
Ça | Ne vous énervez pas comme ça. Älkää nyt hermostuko tuolla lailla! |
Cela | ?Ne vous énervez pas comme cela. Älkää hermostuko kuin tuo. |
Ça « élégant » = | Ne vous énervez pas de la sorte. / Ne vous énervez pas ainsi. |
Ça | Ça chauffe ici. Täällä huhkitaan. |
Cela | Cela chauffe. Se kuumenee / Se lämpenee. |
Ça « élégant » = | Les gens s’activent ici. |
Ça | Ça va barder. Kohta räjähtää. |
Cela | ?Cela va barder. ?? Se tulee asentamaan kattopaanuja. |
Ça « élégant » = | Il y a de l’électricité dans l’air. |
Ça | Ça y est? Joko on valmis? |
Cela | Cela y est-il? Onko se siinä? |
Ça « élégant » = | Êtes-vous prêts ? ou Nous y sommes ? |
Ça | Comment ça va? Kuinka voitte? |
Cela | ??Comment cela va-t-il? (employé seul est quasiment agrammatical) |
Ça « élégant » = | Comment allez-vous? |
Ça | Comme ci comme ça. Joten kuten |
Cela | *Comme ceci comme cela. (n’existe pas comme expression idiomatique) |
Ça « élégant » = | Moyennement / Tout doucement. |
Ça | À part ça, ça va. Muuten kaikki menee hyvin. |
Cela | ?À part cela, cela va. (agrammatical) |
Ça « élégant » = | Sinon, tout va bien. |
Ça | Ça vient ! Kohta on valmis. |
Cela | ??Cela vient! (employé seul est très étrange, voire impossible) |
Ça « élégant » = | Ce sera bientôt prêt / terminé. |
Ça | Ça doit être ça. Se on varmaan niin. / Sen on pakko olla se. |
Cela | **Cela doit être cela. (agrammatical) |
Ça « élégant » = | C’est sans doute cela. |
Ça | Ça pue ici. Täällä haisee. |
Cela | ?Cela pue ici. Se haisee täällä. (se dit difficilement, car le verbe puer employé ainsi n’est pas du style du code écrit strict). |
Ça « élégant » = | Il y a une mauvaise odeur ici. |
Ça | Ça casse pas des briques. Ei ole häävi. |
Cela | ?Cela ne casse pas des briques. ?Se ei riko tiiliskiviä. |
Ça « élégant » = | C’est ordinaire / c’est médiocre. |
Ça | Ça ne prend pas avec moi. Tuo temppu ei onnistu minun kanssani. |
Cela | ?Cela ne prend pas avec moi. (ininterprétable hors contexte) |
Ça « élégant » = | Je ne me laisserai pas berner. / Je ne me laisserai pas influencer. |
Ça | Ça me gratte. Kutittaa. |
Cela | Cela me gratte. Se raapii minua. |
Ça « élégant » = | J’ai des démangeaisons. |
Ça | Ça me fait suer. Ärsyttää. / Ottaa päähän. |
Cela | Cela me fait suer. Se saa minut hikoilemaan. |
Ça « élégant » = | Cela m’agace. / Cela m’irrite. |
Ça | Ça glisse. [Täällä] On liukasta. / Luistaa hyvin. |
Cela | Cela glisse. Se luistaa. Se liukuu. |
Ça « élégant » = | C’est glissant. |
Ça | Ça suffit ! Riittää jo! Lopeta! |
Cela | Cela suffit. Se on riittävää. Se riittää. |
Ça « élégant » = | Cessez ! |
32. Le pronom ÇA. Mise à jour 1.3.2024