Le pronom celui/ce est la base qui sert à former les pronoms démonstratifs celui-ci et celui-là et ceci, cela, ça (ça est la forme réduite de cela). Il doit être distingué de ces pronoms, car son comportement est différent.
Le pronom celui/ce est une forme faible. Il ne peut pas être utilisé comme forme pleine, c’est-à-dire après une préposition ou comme forme détachée ou focalisée. On ne peut pas dire par exemple *J’ai choisi celui, *Celle est intéressante, *Je n’avais pas pensé à ce. Le pronom celui/ce est normalement soutenu par un élément qui en complète le sens, le plus souvent une proposition relative ou une construction prépositionnelle : celui qui a dit ça, celle du haut, ce à quoi tu penses etc.
Cependant, dans certains cas limités, la forme ce peut être utilisée comme forme pleine, voir ci-dessous.
a. Les formes celui, celle, ceux, celles renvoient à un antécédent (korrelaatti) qui est un groupe nominal. Ce sont des formes faibles du pronom IL.
b. La forme ce renvoie à un antécédent qui n’est pas un groupe nominal (par exemple un pronom indéfini, une phrase, un verbe, une idée etc.). Le pronom ce est donc une forme faible de la série des formes du pronom ÇA.
Antécédent GN (forme faible de IL) | |
---|---|
singulier | pluriel |
celui | ceux |
celle | celles |
Antécédent non GN (forme faible de ÇA) | |
ce |
Le pronom faible celui, ce doit être complété par un élément pour pouvoir être utilisé comme constitutant de la phrase.
1. Il peut être complété par un affixe (jälkiliite) -ci ou -là (ou -la sans accent grave après ce) et devient alors un pronom démonstratif à part entière (täysivaltainen) ; ces pronoms « démonstratifs » sont également utilisés comme des formes du pronom IL :
à antécédent groupe nominal | |
---|---|
singulier | pluriel |
celui-ci celui-là | ceux-ci ceux-là |
celle-ci celle-là | celles-ci celles-là |
à antécédent non groupe nominal | |
ceci / cela / ça |
Remarques :
2. Le pronom faible est aussi souvent complété par une proposition relative ou participiale, ou une construction prépositionnelle. Comparer :
Comme couleur de la voiture, j’ai pris celle-là.
Comme couleur de la voiture, j’ai pris celle qui était immédiatement disponible.
Elle a choisi ceux-là.
Elle a choisi ceux de devant.
Elle a choisi ceux qui sont devant.
Cela me parait bizarre.
Ce qu’il a dit me parait bizarre.
Je n’ai pas bien compris ça.
Je n’ai pas bien compris ce que tu as dit.
Beaucoup de confusions et d’erreurs fréquentes chez les apprenants de français finnophones (et autres) peuvent être évitées si on se rappelle que les pronoms faibles celui/ce ne peuvent pas être utilisés seuls. Des phrases comme
*Celui m’a plu. ■ *Je pense à celle. ■ *Ce me dérange. ■ *Ils sont venus avec ceux.
sont agrammaticales. Le mot ce peut parfois être utilisé comme sujet (dans le verbe c’est, voir ci-dessous), mais il ne peut jamais être employé seul par exemple comme complément de verbe (*il a dit ce).
En finnois, le mot se peut être un pronom et un déterminant avec différentes valeurs. Il ne faut pas confondre :
se déterminant démonstratif | Se tuoli on vanha. | Cette chaise est vieille. |
se déterminant à valeur d’article défini | Joko korjasit sen tuolin? | Alors, tu as réparé la chaise ? |
se déterminant cataphorique | Se tuoli, jonka ostit on rikki. | La chaise que tu as achetée est cassée. |
se pronom à antécédent GN | Korjaan sen huomenna. | Je la répare demain. |
se pronom à antécédent GN devant relative | Se, jonka korjasit, ei kestänyt kauan. | Celle que tu as réparée n’a pas résisté longtemps. |
se pronom à antécédent non GN | Se olisi tosi kivaa! | Ça serait vraiment sympa. |
se pronom à antécédent non GN devant relative | Se, mitä sanoit, oli mielenkiintoista. | Ce que tu as dit était intéressant. |
Exemples d’erreurs typiques constatés dans des examens d’entrée ou autres travaux écrits (voir Confusions induites par le finnois) :
*Ces qui ont terminé peuvent sortir.→ Ceux qui ont terminé peuvent sortir.
*Il qui a dit ça a raison.→ Celui qui a dit ça a raison.
Je choisis *les qui me plaisent. →Je choisis ceux qui me plaisent.
Elle habite dans *cette qui est devant.→ Elle habite dans celle qui est devant.
*Celles ne *la plaisent pas. → Elles ne lui plaisent pas. ou Celles-ci/celles-là ne lui plaisent pas.
Le pronom faible celui/ce est utilisé comme forme faible des pronoms IL ou ÇA quand ils sont antécédents d’une proposition relative :
Tu vois ces maisons ? Celle qui [la maison qui] est verte est la nôtre. ■ Rejoue-moi cette sonate, c’est celle que [la sonate que] je préfère. ■ Ceux qui [les personnes qui ]ont terminé leur examen peuvent sortir. ■ Ceux qui habitent à la campagne sont obligés d’avoir une voiture. ■ Celui qui saura répondre à cette question aura certainement le prix Nobel ! ■ Il y a plusieurs réponses possibles à cette question, mais je n’avais pas pensé à celle que vous proposez. ■ Une brochure gratuite prévue pour les étudiantes sera envoyée à toutes celles qui en feront la demande.
ce qui | ce à quoi | ce pour quoi | ce envers quoi |
ce que | ce sur quoi | ce à partir de quoi | ce avec quoi |
ce dont (ce + de quoi) | ce contre quoi | ce vers quoi | ce vis-à-vis de quoi etc. |
Dis ce que tu penses. ■ Ce qui m’a bien plu, c’est la musique du film. ■ Elle ne pensait déjà plus à ce dont on avait dit à son sujet.
Dans les deux cas, on utilise en finnois le pronom se. Quand se renvoie à un groupe nominal (exemples a et b), il peut se mettre au pluriel ; quand il ne renvoie pas à un groupe nominal, il est toujours au singulier :
a) Se, jota ajattelet | celui à qui tu penses |
b) Ne joita ajattelet | ceux à qui tu penses |
c) Se, mitä suunnittelet | ce que tu projettes |
Normalement, en finnois on utilise le pronom relatif joka quand l’antécédent est un GN et mikä quand ce n’est pas un GN (pronom indéfini, phrase, idée etc.). On peut donc différencier :
Se, jota ajattelet | celui à qui tu penses |
Ne, joita ajattelet | ceux à qui tu penses |
Se, mitä ajattelet | ce à quoi tu penses |
Mais dans le finnois parlé, on utilise fréquemment mikä à la place de joka. Dans le finnois parlé, il faut donc savoir faire la différence entre
Se, mitä ajattelet (antécédent non GN) |
ce à quoi tu penses |
Se, mitä ajattelet (antécédent GN kirja, finnois parlé) |
celui auquel tu penses |
En finnois, le pronom en fonction d’antécédent de relative n’a pas de forme particulière : on utilise le pronom se habituel, qui peut renvoyer à un groupe nominal ou à n’importe quel autre constitutant de phrase. Plus rarement, on peut utiliser le pronom à référent humain hän comme antécédent du relatif : hän joka sanoo (voir exemples dans le Pronom IL) Dans la langue courante (écrite et parlée), c’est le pronom se qui remplit cette fonction.
Il n’y a donc pas de distinction dans le finnois courant entre le pronom antécédent de relative à référent humain et celui à référent non humain. De plus, on emploie couramment dans le finnois parlé le pronom se à la place de hän. Dans la langue courante, le finnois utilise donc un seul mot, là où le français utilise quatre formes différentes :
Type de pronom | français | finnois |
---|---|---|
pronom à antécédent GN sujet de verbe | il | se (hän) |
pronom à antécédent GN devant relative | celui | se |
pronom à antécédent non GN sujet de verbe | ça | se |
pronom à antécédent non GN devant relative | ce | se |
Le pronom celui (celle, ceux, celles) peut aussi être utilisé comme sujet de constructions participiales, qui sont équivalentes par le sens à une proposition relative. Ces constructions s’utilisent dans le code écrit :
ceux qui ont terminé = ceux ayant terminé ■ ceux qui sont en famille = ceux étant en famille ■ à toutes celles qui n’ont pas essayé ce produit = à toutes celles n’ayant pas essayé ce produit ■ Les candidats ayant été retenus sont ceux ayant déjà une expérience professionnelle. ■ Le conférencier considère que « la nécessité d’une formation à l’écologie s’impose plus que celle ayant trait à l’économie… » ■ n’ayant pas pu s’inscrire à temps peuvent encore le faire en envoyant un courriel. ■ Malheureusement, la plupart desdits jeux sont quasiment identiques à ceux étant sortis chez le concurrent Nintendo.
Ces participes sont des formes verbales (ayant = qui a). Il ne faut pas les confondre avec des adjectifs (énervant, vieux, amusant). On utilise le pronom celui seulement devant des constructions relatives, participiales ou prépositionnelles, mais pas devant un adjectif. Quand on reprend un GN contenant un adjectif, on utilise simplement l’article défini :
Grand fan de dragibus Haribo, il se trouve que j’aime tout particulièrement les verts et les noirs, bien meilleurs que les autres selon moi. ■ Ce ne sont pas les exemples qui manquent, aussi avons-nous choisi les plus récents. ■ Dans cette perspective, il est demandé de ne pas multiplier inconsidérément les clichés en plusieurs couleurs et de n’en retenir que les plus instructifs et les plus parlants. [parlants est ici un adjectif qui signifie « osuva, valaiseva »]
La forme ce du pronom faible celui/ce ne peut pas être utilisée comme tête de construction participiale (a), il faut utiliser la construction avec une proposition relative (b) :
(a) *ce ayant provoqué, *ce étant dit, *ce ayant été observé, *ce faisant du bruit
(b) ce qui a (ou avait) provoqué, ce qui a (ou avait) été dit, ce qui a (ou avait) été observé, ce qui fait (ou faisait) du bruit
Dans le code écrit strict, on peut en principe utiliser une participiale, mais elle doit avoir comme sujet le pronom démonstratif cela (mais pas la forme du français parlé ça) :
cela ayant provoqué des incidents, cela étant dit sur un ton plus bas, cela ayant été observé de nombreuses fois
Mais il est nettement plus fréquent et beaucoup plus simple et sûr (turvallinen) d’utiliser une construction avec ce + proposition relative, car on ne peut pas toujours utiliser le participe (par exemple cela faisant du bruit serait un mélange inattendu de code écrit strict et de français courant).
Le pronom celui remplace le groupe nominal dans les constructions du type nom + préposition spatiale. En finnois, on peut parfois utiliser le pronom se, mais le plus souvent il faut utiliser un adjectif, ou une autre construction :
Dans le code écrit (et dans le français parlé aussi, évidemment), on peut l’utiliser surtout avec les prépositions de et à, plus rarement sur ou d’autres prépositions à sens spatial :
C’est dans le tiroir du haut ? – Non, dans celui du bas.Onko se ylimmäisessä laatikossa? – Ei vaan alimmaisessa. ■ Je n’ai pas pu prendre le train de 8 heures. Je prendrai celui de 11 heures. ■ Les chiens à poil ras sont plus faciles à entretenir que ceux à poil long. ■ C’est la clé du milieu ou celle à gauche ? ■ le journal d’aujourd’hui et celui d’hier tämän päivän ja eilinen lehti ■ Les paysages de France sont plus variés que ceux d’Allemagne.
L’exemple suivant utilise à la fois une construction prépositionnelle et une construction participiale :
Dans un tel cas, il y a deux employeurs distincts, celui avant le changement de forme juridique et celui résultant du changement de forme juridique.
Un des cas d’utilisation les plus fréquents de ce genre de construction est celui où le pronom celui est suivi d’un complément du nom (exprimant notamment la possession). Dans ce cas, le finnois n’utilise pas de pronom, mais des constructions elliptiques ou des adjectifs :
C’est le numéro de téléphone de Marie ? – Non, c’est celui d’Aurélie. Onko se Marien puhelinnumero? – Ei vaan Aurélien. ■
À qui est cette voiture ? – C’est celle du voisin. Kenen auto tämä on? – Se on naapurin.
Dans le français parlé, on peut utiliser aussi d’autres prépositions que des prépositions spatiales, mais c’est un style plus familier :
Donne-moi celui en bois. Anna se, joka on puusta tehty. ■ Il a perdu celle avec une clochette. Hän hukkasi sen, jossa oli kulkunen.
Ces constructions prépositionnelles peuvent la plupart du temps être remplacées par des propositions relatives :
celui d’hier = celui qui est venu/arrivé hier ■ ceux d’Allemagne = ceux qui existent en Allemagne ■ celui du bas = celui qui est en bas ■ ceux à poil long = ceux qui ont le poil long ■ ceux en métal = ceux qui sont en métal ■ celle à gauche = celle qui est à gauche ■ celui du voisin = celui qui est au voisin.
Le pronom ce ne peut pas être utilisé en tête de construction prépositionnelle (erreur fréquente chez les apprenants de français langue étrangère) :
*ce de gauche, *ce d’hier, *ce d’après
Comme mentionné ci-dessus, ce ne peut pas occuper toutes les fonctions du GN. On ne peut pas dire par exemple :
*Je suis contre ce. [forme correcte : contre ça]
*Tu ne savais pas ce. [forme correcte : pas ça]
*Il l’a fait avec ce. [forme correcte : avec ça]
Cependant, dans certains cas, ce peut être utilisé comme une forme pleine. Le cas d’emploi le plus typique est celui où ce est un allomorphe du pronom ça qu’on utilise à la place de ça (ou cela) en fonction de sujet du verbe être. Les formes du pronom ÇA dépendent de la forme verbale ou du pronom devant lequel il se trouve, du code (code écrit ou français parlé), et du temps du verbe être :
position | style | forme | exemples | |
---|---|---|---|---|
1 | devant forme de être commençant par e/é , devant sont et le pronom en |
code écrit | c’, ce | c’est, c’était, ce sont, c’étaient, c’eût été, c’en sont, c’est égal, c’en est un, ce sont des cas, c’étaient des amis, c’en sont de grands |
langue courante | ||||
français parlé | ||||
2 | devant forme de être commençant par d’autres lettres et devant ne |
code écrit | ce, ç’ | ce sera, ce serait, ce fut, ç’aurait été, ce soit, ç’ait été, ç’a été, ç’avait été, ce n’est pas, ce ne serait pas, ce n’aurait pas été, ça eût été |
langue courante | ||||
français parlé | ça | ça sera, ça serait, ça aurait été, ça n’est pas, ça sera, ça aura été, ça soit, ça ait été, ça a été, ça avait été, ça n’est pas | ||
3 | devant pronom |
code écrit | cela | cela te sera utile, cela m’est égal, cela me parait opportun |
code écrit, devant le | ce | ce l’est, ce le sera, ce l’a été, ce l’eût été | ||
langue courante | ça | ça l’est, ça te sera utile, ça m’est égal, ça me parait bien | ||
français parlé | ||||
4 | devant auxiliaire modal |
Code écrit | cela | cela doit être lui, cela pourrait être une solution |
Code écrit soutenu | ce | ce doit être lui, ce pourrait être une solution, ce ne peut être lui | ||
Langue courante | ça | ça doit être lui, ça pourrait être une solution | ||
français parlé |
Comme on le constate, dans le français parlé et le code écrit courant, on peut donc utiliser ça comme sujet du verbe dans de très nombreux cas. La forme ce/c’ est obligatoire seulement devant les formes de être qui commencent par e/é dans la langue courante, et devant sont< dans le code écrit.
En cas de doute, dans le français parlé et le code écrit courant, on peut donc se raccrocher à la bouée de sauvetage (pelastusrengas) suivante :
Forme sujet obligatoire devant est, étai(en)t, sont | c’, ce | |
Devant tous les autres verbes ou formes verbales | ça |
Remarque : dans le code écrit strict, il faut aussi savoir utiliser les formes ce/cela quand c’est nécessaire. Mais l’utilisation de la forme ça dans un cas où on devrait utiliser par exemple cela n’est jamais réellement agrammaticale (sauf devant est, étai(en)t, sont). Pour en savoir plus, voir le pronom ÇA.
Dans le français parlé, la forme ce remplace il comme indice de personne verbale dans les constructions avec sujet inversé :
C’est normal que tu sois si fatigué [code écrit : Il est normal que…]. ■ En semaine, c’est difficile de trouver une place de parking. [code écrit : Il est difficile de trouver…] ■ C’est étonnant de le voir en si bonne forme après sa maladie. [code écrit : Il est étonnant de le voir…]
Verbe | indice de personne verbale | |||
---|---|---|---|---|
Verbe intransitif | code écrit / français parlé | il | Il importe que vous soyez tous actifs. Il faut que tu viennes. | |
Verbe d’état (être) | Attribut adjectif | code écrit | il | Il est normal d’hésiter. Il est normal que tu hésites. |
français parlé | ce | C’est normal d’hésiter. C’est normal que tu hésites. | ||
Attribut GN | code écrit / français parlé | ce | C’est une chance que tu sois là. C’est une grande chance de faire ce voyage. | |
Verbe transitif | code écrit | cela | Cela me désole de ne pas pouvoir venir. Cela me désole que tu ne sois pas venu. | |
français parlé | ça | Ça l’ennuie de devoir rentrer si tard. Ça m’énerve qu’il soit toujours en retard. |
Le pronom ce s’emploie comme pronom indépendant équivalent à ça dans des tournures qui sont des survivances d’une époque de la langue où ce pronom servait de pronom anaphorique plein. Mais ces cas sont limités, et surtout ces constructions ne sont pas productives : on ne peut pas les appliquer à d’autres cas (autres verbes ou autres prépositions) que ceux mentionnés ci-dessous.
Dans le code écrit, surtout dans le style administratif et juridique, ce peut remplacer une proposition qu’on ne veut pas répéter. Il est alors toujours précédé de la conjonction et. Les propositions commençant par et ce sont toujours des ajouts, des commentaires détachés. Le finnois n’a pas d’équivalent, on peut traduire et ce par exemple par vieläpä :
La Commission s’efforcera de présenter une nouvelle proposition de directive, et ce avant la fin de l’année. Komissio pyrkii antamaan uuden direktiiviehdotuksen – vieläpä vuoden loppuun mennessä. ■ Cette forme n’est plus usitée, et ce depuis fort longtemps. Tämä muoto ei ole enää käytössä – ja sitä ei ole enää aikoihin käytetty. ■ Chez McDonald’s, plus de 80 % des contrats sont à durée indéterminée. Et ce dès le premier emploi [publicité pour McDonald’s]. ■ Les textes existent donc, le conseil des ministres les a approuvés et ce depuis plus de six mois, et malgré cela il n’y a toujours rien sur le terrain. ■ Si les conditions de votre billet le permettent, vous pourrez annuler ou échanger directement votre e-billet en ligne et ce jusqu’au départ du train. [site SNCF]
Dans le premier exemple et ce équivaut à « et elle s’efforcera de présenter une nouvelle proposition de directive », dans le deuxième exemple, il équivaut à « et elle n’est plus usitée » ou « et elle ne l’est plus ». Dans cet emploi, ce peut être remplacé par cela à l’écrit et par ça dans le français parlé. Cette tournure (avec la forme ça) est aussi tout à fait courante dans le français parlé :
Le train ne s’arrête plus dans notre village, et ça depuis belle lurette ! Juna ei enää pysähdy kirkonkylään ja siitä on tosi kauan. ■ Il faudra changer ce robinet, et ça le plus rapidement possible. Tämä hana on vaihdettava, niin pian kuin mahdollista!
La locution figée ce me semble est une variante de la construction moderne il me semble ou me semble-t-il utilisée en incise. L’expression il me semble / ce me semble est une sorte de locution figée à valeur adverbiale qu’on ajoute comme un commentaire, toujours après une phrase. Elle correspond au finnois sanoisin ou näköjään et correspond dans le français parlé à l’expression on dirait :
Vous n’êtes guère enthousiaste, ce me semble. Ette ole kovin innostunut, sanoisin.
Français parlé : T’es pas très enthousiaste, on dirait.
Bien que les exemples ci-dessous soient tirés (respectivement) de Molière et de Voltaire, ce me semble s’emploie aussi en français moderne, mais s’utilise plutôt dans un style soutenu et il vaut mieux ne pas en abuser, faute de paraitre affecté (les hypercorrectismes sont nombreux) :
Vous grondez, ce me semble, un petit. ■
Le grand mérite de Catherine fut, ce me semble, d’avoir vu cette possibilité dans un moment où les généraux ne paraissaient voir qu’un malheur inévitable.
Dans cette locution, la forme de pronom ce est le sujet d’un verbe autre que le verbe être, ce qui est normalement impossible en français moderne (excepté les cas de devoir être, pouvoir être, savoir être). Il ne faut donc pas prendre modèle sur cette structure et extrapoler l’emploi de ce sujet à d’autres verbes.
Ces locutions figées sont la survivance de constructions anciennes dans lesquelles le pronom ce pouvait fonctionner librement comme sujet ou CVD d’un verbe (ce qui est impossible dans l’usage moderne). Dans les expressions ce faisant (niin menetellessään, niin tehdessään), ce disant (niin sanoessaan, niillä sanoilla), pour ce faire (niin tehdäkseen, sitä varten), le mot ce est un CVD antéposé :
Ce disant, il ouvrit la porte. ■ Ce disant [Gargantua] pleurait comme une vache, mais tout soudain riait comme un veau (Rabelais). ■ Ce faisant, vous vous causez du tort. ■ L’Union contribue à la réalisation d’un niveau d’emploi élevé en encourageant la coopération entre les États membres […]. Ce faisant, elle respecte pleinement les compétences des États membres en la matière. ■ Lorsque vous utilisez des pesticides, il importe d’agir de façon sûre et responsable. Pour ce faire, il faut d’abord lire attentivement le mode d’emploi. ■ Faire Face est un magazine imprimé auquel vous pouvez vous abonner en ligne. Pour ce faire, cliquez sur le lien.
Dans l’expression figée sur ce, le pronom ce est utilisé comme un pronom indépendant après préposition. Cette expression, qui signifie « après cela », s’est lexicalisée dans le sens de « ensuite », « alors ». En finnois, elle équivaut à sen jälkeen, sitten. Elle est fréquente dans le français parlé également, dans le sens de « et maintenant », pour clôturer un propos, et se traduit en finnois par nyt ou no niin. Quand cette expression signifie « ensuite, puis », ce renvoie anaphoriquement à la phrase qui précède, au contexte. À l’oral, dans le sens « et maintenant / à présent » (servant à clore un propos, voir aussi le pronom là-dessus), l’expression sur ce a un sens nettement déictique :
Sur ce, il se tut. Ja sitten hän vaikeni.
Bon, sur ce, il faut que je parte. Mutta nyt minun pitää lähteä.
Sur ce, il est temps de passer à l’examen de l’ordre du jour. No niin, nyt on aika käsitellä esityslistaa.
Cet emploi de ce après préposition n’est possible que dans l’expression sur ce. Après une autre préposition, on emploie ça/cela :
malgré ça ■ et avec ça ■ en dépit de cela etc.
On ne peut pas utiliser ce après sur en dehors de l’expression sur ce, par exemple comme complément d’un verbe comme compter sur ou dans des constructions prépositionnelles. Il faut utiliser ça ou cela :
Nous comptons sur cela. ■ Sur ça (= à ce sujet), il a des idées bien arrêtées. etc.
Le pronom ÇA peut se trouver en position d’apposition à toute une phrase. il reprend alors un contenu qui n’est pas un groupe nominal (GN). Quand il est complété par une relative, il passe à la forme faible ce. Comparer :
(1) Il n’a pas protesté, fait étonnant.
(2) Il n’a pas protesté, ça, c’est étonnant.
(3) Il n’a pas protesté, ce qui est étonnant.
Dans l’exemple (3) ci-dessus, le pronom ce est en fonction d’apposition, comme la forme détachée ça dans l’exemple (2) ou le GN fait étonnant dans l’exemple (1). Le pronom reprend toute la phrase précédente ou l’idée de la phrase précédente, et il est ensuite développée par la relative, comme dans les exemples suivants :
La Finlande est séparée de la Suède par la mer Baltique, ce qui rallonge les voyages en voiture vers le sud de l’Europe. ■ Les enfants sont déjà couchés, ce qui m’étonne. ■ Le ministre a annoncé qu’il allait démissionner, ce que tout le monde savait d’avance. ■ Le 15 du mois était un jour férié, ce à quoi nous n’avions pas pensé. ■ Il faut aider les hortensias à retrouver une certaine vigueur tout en évitant de se priver de fleurs cet été, ce qui serait le cas si on coupait toutes les tiges à ras du sol.
On pourrait paraphraser tous ces exemples en remplaçant le pronom ce par un GN en position d’apposition :
La Finlande est séparée de la Suède par la mer Baltique, chose ennuyeuse.
Les enfants sont déjà couchés, fait étonnant.
Le ministre a annoncé qu’il allait démissionner, nouvelle connue d’avance.
Le 15 du mois était un jour férié, oubli fâcheux.
En finnois, dans ce cas, le pronom se n’est pas exprimé.
En français, quand le pronom ce est en position d’antécédent de relative (la relative peut aussi être une interrogative indirecte), il est toujours exprimé. Il y a quelques rares exceptions. En finnois, il est exprimé dans certains cas, et généralement sous-entendu dans d’autres.
cas / fonction | finnois | français |
---|---|---|
sujet | obligatoire | obligatoire |
complément prépositionnel (adverbiaali, fr. = après préposition) |
obligatoire | obligatoire |
complément direct | facultatif | obligatoire |
attribut | facultatif | obligatoire |
apposition | interdit | obligatoire |
Quand le pronom ÇA (fr. ce, fi. se) se trouve en fonction de :
1. sujet du verbe de la principale, en finnois il est exprimé :
Se, mikä sai hänet lähtemään, on arvoitus. Ce qui a provoqué son départ est un mystère.
2. à un cas oblique (paikallissija) ou après préposition, en finnois il est exprimé :
Hän ei luottanut siihen, mitä hänelle sanottiin. Il ne se fiait pas à ce qu’on lui avait dit. ■ Se mitä hän nyt sanoo, on ristiriidassa sen kanssa, mitä hän sanoi viimeksi. Ce qu’il dit maintenant est en contradiction avec ce qu’il a dit la dernière fois. [cas 1 + cas 2]
3. complément direct du verbe de la principale, en finnois il est généralement sous-entendu :
En ymmärtänyt, mitä hän selitti. Je n’ai pas compris ce qu’il a dit. ■ En ymmärrä, mikä sinua häiritsee. Je ne comprends pas ce qui te dérange. [interrogative indirecte] ■ Vuokranantaja voi pyytää, mitä huvittaa, kun vuokralaisen on pakko saada asunto. Le bailleur peut demander ce qui lui chante, vu que le locataire est obligé de trouver un logement.
Dans la première phrase, par exemple, l’antécédent CVD sitä n’est pas exprimé devant mitä (= en ymmärrä ”sitä mikä” häiritsee sinua). En français, l’antécédent ce est toujours exprimé. Ainsi, contrairement à ce que pensent beaucoup d’apprenants (et à ce qui est même écrit dans une grammaire finlandaise), le groupe ce que n’est pas une « expression figée » qui correspond à mitä, il se décompose tout à fait normalement en un pronom ce antécédent du pronom relatif, et ce pronom relatif que. C’est en finnois que le mot mitä est particulier dans ce cas, car il contient à la fois l’antécédent et le pronom (sitä/sen + mikä/mitä).
4. attribut du sujet de la principale, en finnois il est généralement sous-entendu :
Hän on mitä on. Il est ce qu’il est. ■ Olemme mitä syömme. Nous sommes ce que nous mangeons. ■ Tule miksi haluat. Deviens ce que tu veux.
5. en apposition à la principale, en finnois il est toujours sous-entendu :
Suomen ja Ruotsin välissä on Itämeri, mikä tekee automatkat pitkiksi. [et non pas *se mikä]
La Finlande est séparée de la Suède par la Baltique, ce qui rallonge les voyages en voiture. ■ Lapset ovat jo nukkumassa, mikä on yllätys. [et non pas *se mikä]
Les enfants sont déjà couchés, ce qui est étonnant.
Ministeri ilmoitti aikovansa erota, mitä kaikki jo aavistelivat. [et non pas *se mitä]
Le ministre a annoncé qu’il allait démissionner, ce que tous pressentaient déjà.
Hän ei ole vielä vastannut, mikä tuntuu yllättävältä.
Il n’a pas encore répondu, ce qui me semble surprenant.
En finnois, même quand le pronom antécédent se est facultatif (cas 3 et 4 ci-dessus), il peut être exprimé s’il est mis en relief pour une raison particulière ou pour diverses raisons sémantiques ou morphosyntaxiques, ce qui montre bien que dans l’emploi habituel (en ymmärtänyt, mitä he halusivat sillä tehdä), il est bien présent de façon latente dans la structure de la phrase :
Sitä en ymmärtänyt, mitä he halusivat sillä tehdä ■ Sitä olemme, mitä syömme, olkoon ruoka lääkkeemme. ■ Hänestä ei tullut sitä, mitä hän oli toivonut.
Cette absence du pronom en finnois et l’absence du pronom en anglais également (voir tableau ci-dessous) sont sans doute l’une des causes des nombreuses erreurs commises par les finnophones dans le maniement et l’interprétation du pronom antécédent de relative. Le mot ce peut donc avoir trois fonctions différentes :
Après voici et voilà, le pronom ce est effacé et on on utilise de quoi, à quoi, sur quoi etc. :
Voici de quoi j’aurais besoin : … Tarvitsisin seuraavaa: … ■ Voilà de quoi je voulais vous faire part. Sen halusin saada tietoonne. ■ Voilà à quoi je voulais en venir. Siihen minä tähtäsin. ■ Voilà sur quoi il faudrait insister. Sitä juuri pitäisi painottaa.
Cependant, le pronom est assez souvent exprimé après la préposition à, notamment comme complément du verbe ressembler; dans les autres cas, il vaut mieux ne pas l’utiliser :
Voici ce à quoi pourrait ressembler une relation de confiance avec vos tiers. ■ Feux au vert pour Legoland à Charleroi: voilà ce à quoi le parc pourrait ressembler. ■ Voilà ce à quoi je suis confrontée.
Il règne un certain flottement à ce sujet, ce qui entraine, par un effet d’hypercorrectisme, l’utilisation inutile de ce après d’autres prépositions que à, comme dans ces exemples, assez maladroits, trouvés sur Internet :
Voici ce de quoi s’occupe une agence email marketing. ■ Voilà ce sur quoi je travaille en ce moment. ■ Voilà ce à quoi servent vos dons.
Devant les groupes prépositionnels suivants, on n’exprime pas le pronom faible ce (ces groupes se sont grammaticalisés et se comportent comme des locutions adverbiales) :
après quoi minkä jälkeen, ja sitten sans quoi muuten avant quoi mitä ennen grâce à quoi minkä ansiosta, jolloin sur quoi ja sitten, jolloin |
moyennant quoi sillä, sen avulla au lieu de quoi sen sijaan faute de quoi muuten à la suite de quoi en conséquence de quoi minkä seurauksena |
Exemples :
Je vais encore lire un peu, après quoi j’irai me coucher. ■ Dis-leur d’être plus soigneux, faute de quoi ils devront tout refaire. ■ Les enchérisseurs doivent être munis d’une pièce d’identité officielle, faute de quoi l’offre sera rejetée. ■ Les trois premières fonctions suffisent à expliquer 95% de la variation totale, moyennant quoi il est possible de différencier les zones avec remontée d’eau.
Le caractère figé de ces groupes se voit dans le fait qu’ils sont fréquemment utilisés comme adverbes de liaison en tête de phrase :
Les frites sont cuites tout au long du service, puis jetées 7 minutes après la fin de la cuisson si elles n’ont pas été servies. Moyennant quoi on peut toujours servir toujours des frites chaudes.
L’expression sur quoi peut être un groupe figé à valeur temporelle, qui signifie « à la suite de cela, ensuite » ; mais on peut aussi utiliser sur quoi de façon tout à fait indépendante et le rattacher à ce, en début de phrase :
Ce sur quoi je voudrais revenir, c’est le problème des équivalences des diplômes.
En position postposée, on utilise plutôt un autre antécédent que ce, pour éviter la confusion avec la locution sur quoi de sens temporel :
Il reste encore le problème des équivalences des diplômes, question sur laquelle nous reviendrons ultérieurement.
Les autres pronoms personnels (personne 1/2/4/5) se mettent à la forme pleine. Quand la relative est non spécifiante ou quand le pronom antécédent n’est pas un pronom personnel, on n’utilise pas de forme particulière, comme le résume le tableau suivant.
Quand le pronom personnel est antécédent du relatif dans une phrase clivée, il est toujours à la forme pleine.
pronom | devant relative spécifiante | devant relative non spécifiante ou dans phrase clivée |
---|---|---|
je | moi | moi |
tu | toi | toi |
il | celui | lui |
il | celui | celui-là (référent non animé) |
elle | celle | elle |
cela | ce | cela |
ça | ce | ça |
nous | nous | nous |
vous | vous | vous |
ils | ceux | eux |
elles | celles | elles |
rien | rien | rien |
celui-là | celui-là | celui-là |
Le tableau suivant présente une comparaison des systèmes du finnois, de trois langues romanes et de l’anglais. On présente seulement à titre d’exemple le cas du pronom sujet et du pronom en position d’antécédent de relative. Les cas du complément et les formes de pronom en position pleine n’y figurent pas. Le tableau montre que le système diffère dans chacune d’elles et qu’aucune ne permet de fournir un modèle directement comparable au finnois. Même les langues romanes divergent nettement l’une de l’autre. On notera avant tout que, dans chacun des cas exposé, le finnois utilise un seul et même pronom (se). Sur le plan didactique, l’enseignement du fonctionnement de ce système aux finnophones nécessite donc l’identification de toutes les fonctions et valeurs possibles (par rapport au français) de se en finnois.
langue | sujet de verbe | antécédent de relative | |
---|---|---|---|
renvoie à un GN
| finnois | se | se [joka] |
français | IL | ceLUI [qui] | |
italien | ø | quelLO [che] | |
espagnol | ø | EL [que] | |
anglais | he/she/it | the one/those [who] | |
ne renvoie pas à un GN | finnois | se | se [mikä] |
français | ça | ce [qui] | |
italien | ø | quello [che] | |
espagnol | ø | lo [que] | |
anglais | it | ø [what] |
Le signe Ø signifie qu’on n’utilise rien. Les capitales indiquent une forme générique qui peut s’accorder en genre et en nombre. Les mots en minuscule sont en principe invariables (sauf le finnois se, qui se décline).
Les règles exposés ci-dessus concernent les cas où le pronom antécédent de proposition relative est un pronom personnel de personne 3 et la relative une relative spécifiante. Dans les autres cas, c’est-à-dire quand le pronom est un pronom personnel de personne 1-2-4-5 je tu nous vous, ou quand la relative n’est pas spécifiante, la forme du pronom personnel est la forme pleine habituelle :
Elle a toujours eu confiance en nous, qui l’avons constamment soutenue. ■ J’ai souvent pensé à ce jeune élève, qui était si sympathique. → J’ai souvent pensé à lui, qui était si sympathique. ■ Moi qui lui ai toujours fait confiance, me voilà bien récompensé. ■ On pourra toujours s’adresser à eux, qui n’ont jamais manqué de nous aider. ■ Pourquoi ne partez-vous jamais en voyage, vous qui avez tant d’argent ? ■ Tout le monde avait eu une pensée pour lui, qui, alité, n’avait pas pu assister à cette fête.
Si on supprime les propositions relatives dans les exemples ci-dessus, il reste des pronoms pleins (compléments prépositionnels ou détachés) :
Elle a toujours eu confiance en nous. ■ J’ai souvent pensé à lui. ■ Moi, me voilà bien récompensé. ■ On pourra toujours s’adresser à eux. ■ Pourquoi ne partez-vous jamais, vous ? ■ Tout le monde avait eu une pensée pour lui.
Le pronom est aussi à la forme pleine quand il est antécédent d’une relative dans les phrases clivées (c’est moi qui…), voir le tableau ci-dessus et la forme des pronoms dans Les relatives clivées.
Quand le pronom antécédent de la relative n’est pas un pronom personnel, il n’est pas modifié par le fait d’être complété par une relative, quel que soit le type de relative :
Je ne vois rien qui m’intérese. ■ C’est le tien qui a le mieux marché. ■ Il y en a certains qui ne sont jamais contents. ■ Il faudrait encore nettoyer celui-là, qui est le plus mal en point.
Comme le montre le dernier exemple ci-dessus, il est donc possible d’utiliser la forme celui-là comme antécédent d’un pronom relatif. Dans ce cas-là, il s’agit bien d’un véritable pronom démonstratif, qui se distingue justement du pronom faible. Voir le détail au point suivant.
Bien que devant un pronom relatif on utilise habituellement comme forme de pronom à antécédent GN la forme celui (voir ci-dessus), il n’est pas impossible de rencontrer également la forme celui-là, qu’il faut savoir identifier correctement. Cette forme peut correspondre aux emplois suivants (entre parenthèses figure le renvoi aux exemples ci-dessous) :
On peut donc faire la liste suivante, qui tient compte des formes possibles du pronom de personne 3 à référent GN devant antécédent de pronom relatif et du pronom celui-là :
1a. Celui qui = pronom faible (forme faible), forme du pronom de personne 3 à référent GN il (finnois se) :
Le thème du nouveau film de ce réalisateur ne diffère pas beaucoup de ceux dont nous venons de parler. ■ Tu reconnais ce morceau ? Il ressemble à celui que nous avons entendu la dernière fois en voiture.
1b. Celui-là qui = forme focalisée de celui qui (2a) devant relative spécifiante (en finnois se juuri) :
Tout le gotha était présent pour rendre un vibrant hommage à celle-là qui a impressionné le monde tant par son professionnalisme que son savoir-faire. ■ Ce système se retourne contre ceux-là précisément qu’il devait soulager le plus.
2a. lui qui = forme du pronom de personne 3 à référent GN animé il devant relative spécifiante dans les phrases clivées (finnois se) :
C’est elle [la danseuse] qui m’a appris à aimer le tango. ■ Ce n’était pas à eux qu’il fallait remettre ce paquet.
2b. Celui-là qui = forme du pronom de personne 3 à référent GN non animé il devant relative spécifiante dans les constructions clivées (en finnois se) :
C’est celui-là [le morceau] qui m’a appris à aimer le tango. ■ Ce n’est pas de celle-là [la recette] que tu m’avais parlé l’autre jour.
3a. lui qui = forme du pronom de personne 3 à référent GN animé il devant relative non spécifiante (en finnois hän/se) :
Nous nous sommes adressé à elle, qui était la seule capable de nous renseigner. ■ Personne ne s’est plus souvenu de lui, qui avait pourtant tout sacrifié pour cette cause. ■ Eux qui n’avaient jamais voyagé avant, les voilà continuellement en train de prendre l’avion.
3b. celui-là, qui = forme de celui-là devant relative non spécifiante (en finnois hän/se) :
Directement après avoir terminé le premier tome, qui se lit très facilement et rapidement, j’ai continué avec celui-là, qui se lit de la même manière. ■ Cette augmentation n’a rien à voir avec celles-là, qui étaient le fruit du désordre économique et politique. ■ Je cherchais un bon écran depuis longtemps, et finalement je suis tombé sur celui-là, qui passe un peu inaperçu dans les évaluations, mais qui est excellent. ■ Je visite les blogs et je tombe sur celui-là qui est un merveilleux moment de détente.
Dans le code écrit, quand le pronom celui-là est suivi d’une proposition relative qui n’est pas une phrase clivée (§2) et qu’il ne correspond pas au cas particulier de la focalisation du pronom faible (1b), cette relative est toujours non spécifiante. Autrement dit, il y a toujours une rupture, une pause entre l’antécédent et le relatif. Cette pause peut être nette ou légère, et dans la réalisation orale elle peut être à peine perceptible. Normalement, à l’écrit, elle est transcrite par une virgule, mais parfois cette virgule manque, comme dans le dernier exemple ci-dessus (on ne peut donc pas déduire la construction à partir de la simple présence ou absence de la virgule). Qu’il y ait pause nette ou non, virgule ou non, il s’agit bien de deux éléments séparés, contrairement au groupe celui qui (cas 1a) ou celui-là qui (cas 1b), où il n’y a aucune rupture ni pause.
Dans le français parlé, on rencontre fréquemment la forme longue en -là (celui-là prononcé /sɥila/
) utilisée devant relative spécifiante à la place de la forme faible celui qui devrait normalement s’utiliser (1a). On relève cet emploi dans l’expression orale, et on en trouve de nombreuses occurrences sur Internet :
Je souhaite être en contact avec celles-là qui désireraient avoir de nouveaux amis. ■ Pour ceux-là qui ne le savent pas, il n’est pas tellement commode de venir dans la musique sans passer dans un orchestre. ■ Je prends mon journal chez celui-là qui est deux rues à côté, plutôt que chez cet autre qui est sur mon chemin.
Cet emploi n’est cependant pas conforme à la norme du code écrit et l’étudiant finnophone de français ne doit pas en conclure qu’il constitute une variante « libre ». Pour les finnophones, la situation est déjà passablement compliqué en ce qui concerne le pronom antécédent de relative, et il vaut mieux ne pas multiplier inutilement les options.
Au total, les possibilités sont variées et il n’est pas étonnant que les apprenants de français langue étrangère (de tous horizons linguistiques) éprouvent des difficultés à choisir la bonne forme du pronom. Ce qui est encore plus difficile, c’est de savoir distinguer entre les différentes formes de celui-là + pronom relatif : focalisation devant relative spécifiante (1b), forme pleine à référent non animé devant relative dans une construction clivée (2b), et forme pleine devant une relative non spécifiante (3b) où manque la virgule qui devrait normalement être utilisée. À cela s’ajoute encore une quatrième possibilité, l’utilisation dans le français parlé de la forme celui-là à la place de la forme celui (1a) qui est la norme du code écrit. Le tableau suivant résume la situation (les numéros renvoient aux points figurant ci-dessus, où on trouvera des exemples) :
forme | type de relative | explication | |
---|---|---|---|
1a | celui qui | spécifiante | forme normale |
1b | celui-là qui | spécifiante | variante de 2a avec focalisation du pronom celui |
2b | celui-là qui | spécifiante | phrase clivée |
3b | celui-là, qui | non spécifiante | |
3b | celui-là qui | non spécifiante | variante de 3b, avec absence de la virgule attendue |
3b | celui-là qui | spécifiante | variante français parlé de 1a (voir FLE) |
Remarque : la distinction entre les différentes valeurs des pronoms celui/celui-là pose également des problèmes aux francophones, notamment quand il s’agit de distinguer entre construction attributive et phrase clivée, voir le point suivant.
Le problème de la distinction entre les formes du pronom antécédent de relative se retrouve également dans le cas des phrases clivées. Quand un pronom est en fonction d’attribut du sujet, il faut distinguer les cas où il y a focalisation et ceux où il s’agit d’une simple construction attributive avec relative. La focalisation est fréquente dans les phrases clivées, autrement dit les constructions c’est + relatif (voir les phrases clivées et les difficultés d’interprétation).
Quand un pronom personnel de personne 1-2-4-5 est en position d’attribut du sujet, il est toujours à la forme pleine moi toi nous vous. Ces pronoms ne peuvent se trouver en fonction d’attribut antécédent de relative spécifiante que dans la construction c’est … + pronom relatif :
C’est moi qui ai dit ça. ■ C’est toi qui as téléphoné hier soir ? ■ C’est nous qui le leur avons raconté. ■ C’est vous que j’ai rencontré à ce séminaire l’an dernier ?
Il en va de même pour tous les autres types de pronoms (à l’exception du pronom de personne 3/6, voir point suivant) :
C’est le tien que j’ai retrouvé d’abord.
On peut également trouver des formes pleines des pronoms personnels de personne 1-2-4-5 devant un pronom quand la relative est non spécifiante, voir ci-dessous.
Quand le pronom attribut est un pronom de personne 3 dans une phrase clivée, la construction c’est… peut recevoir deux interprétations, qui ne sont pas très faciles à distinguer :
a. Il peut s’agir d’une simple construction attributive, dans laquelle le pronom ce renvoie à un antécédent nominal (Qui est Molière ? C’est un écrivain du XVIIe siècle) ou non nominal. Dans ce cas-là, le pronom antécédent de relative est à la forme « faible » celui/ce :
C’est celui/celle qui me plait le plus. [pronom IL, p. ex. acteur/actrice, livre/montre]
Ce sont ceux/celles dont je t’avais parlé. [pronom IL, p. ex. acteurs/actrices, livres/montres]
C’est ce qui me plait le plus. [pronom ÇA, renvoie à une phrase, idée etc.]
Comparer avec d’autres pronoms :
C’est quelqu’un qui m’a fait une bonne impression. [en parlant p. ex. de Jean] ■ Ce n’est rien qui puisse t’intéreser. [en parlant d’une chose, d’un évènement etc.]
b. C’est peut être le verbe servant à introduire l’élément extrait d’une phrase clivée. Dans ce cas, le pronom ce (c’) ne renvoie pas anaphoriquement à un objet de pensée déjà mentionné ou identifiable, mais au contraire annonce ce qu’on va définir. Il conserve alors sa forme normale pleine en position détachée lui/ celui-là/ ça :
C’est lui/elle qui me plait le plus. [pronom IL +animé, p. ex. acteur/actrice ]
C’est celui-là/celle-là qui me plait le plus. [pronom IL −animé, p. ex. livre/ montre]
C’est ça/cela qui me plait le plus. [pronom ÇA]
On distingue donc pour le sens en finnois :
Phrase clivée :
C’est lui/elle qui me plait le plus. Hänestä pidän eniten. [antécédent GN animé]
C’est celui-là/celle-là qui me plait le plus. Siitä pidän eniten. [antécédent GN non animé]
C’est ça/cela qui me plait le plus. Siitä pidän eniten. [antécédent non GN]
Pas de focalisation :
C’est celui/celle qui me plait le plus. Se on se, josta pidän eniten. [référent GN animé]
C’est ce qui me plait le plus. Se on se, mistä pidän eniten. [référent non GN]
Autres exemples (a = sans focalisation du pronom, b = avec phrase clivée) :
a) C’est celui qui a le mieux marché.
b) C’est celui-là qui a le mieux marché.
a) Ce sont celles que je préfère.
b) Ce sont celles-là que je préfère.
a) Ce sont ceux qui nous semblent les plus adaptés.
b) Ce sont ceux-là qui nous semblent les plus adaptés.
a) Personnellement je choisirais cette cravate, c’est celle qui me plait le plus.
b) Personnellement je choisirais cette cravate, c’est celle-là qui me plait le plus.
Si le pronom dépend d’une préposition, la construction avec phrase clivée diffère complètement de la construction attributive. Le mot que est alors une conjonction et non plus un relatif. Dans les exemples ci-dessous, a = sans focalisation du pronom, b = avec phrase clivée :
a) C’est celui à qui j’ai pensé.
b) C’est à celui-là que j’ai pensé.
a) C’est celle dont je t’ai parlé.
b) C’est de celle-là que je t’ai parlé.
a) Ce sont ceux contre qui il se bat.
b) C’est contre ceux-là qu’il se bat.
a) Ce sont celles pour lesquelles il n’a pas encore trouvé de place.
b) C’est pour celles-là qu’il n’a pas encore trouvé de place.
Comme on le voit, dans la construction avec phrase clivée, le verbe ne s’accorde pas au pluriel, puisque ces groupes ne sont pas attributs du sujet. La distinction entre les deux constructions pose des problèmes aux francophones eux-mêmes.
À cause de la polysémie du pronom finnois se, le pronom antécédent de relative en français est source de nombreuses incertitudes pour les finnophones. On relève fréquemment chez ceux-ci des erreurs du type
se joka traduit *le qui ou *lui qui
ne jotka traduit *les qui ou *ces qui etc.
*Je choisis le qui me plait.
*Elle habite dans cette qui est devant.
Le pronom finnois se étant également un démonstratif, qui peut fonctionner comme déterminant démonstratif cataphorique introducteur de nom antécédent de relative (Se talo, jonka näet tuolla, on meidän), il n’est pas étonnant que les catégories se mélangent dans l’esprit des apprenants. On a relevé aussi plus d’une fois pour ne jotka les versions **cettes qui, bel exemple de double confusion entre les catégories grammaticales déterminant/ pronom (celle / cette) et entre les formes (*cettes pluriel « féminisé » de ces).
Dans l’enseignement de ce point de grammaire aux finnophones (mais ces indications s’adresseraient mutatis mutandis aussi aux apprenants italophones, par exemple) il convient de souligner les différences entre le finnois et le français :
En finnois, le pronom se qui sert de pronom de personne 3 sert également de pronom antécédent de relative. En français, il y a deux formes différentes, il et celui (voir tableau tableau).
Il faut donc éviter de confondre Le pronom ce (forme du pronom ÇA) invariable et celui (forme du pronom IL), qui s’accorde en genre et en nombre (celle, ceux, celles) :
celui qui m’intérese : se, joka kiinnostaa [celui = un homme, un livre]
ce qui m’intérese : se, mikä kiinnostaa [ce = les choses, tout]
celui dont je parle : se, josta puhun [celui = un être humain, un objet]
ce dont je parle : se, mistä puhun [ce = les choses, tout etc.]
De plus, phonétiquement, ce ressemble beaucoup à ceux. En général, l’e de ce est rarement prononcé (sauf dans un style soutenu) et ce devient un simple /s/
(transcrit c’) : c’ que tu dis /skɶtydi/
. Dans les cas pouvant provoquer des confusions, on allonge légèrement le eu de ceux /søˑ/
(ceux qui m’intéresent) :
ceux qui m’intéresent ne, jotka kiinnostavat (minua) [ceux : les gens, les films, les animaux]
ce qui m’intérese se, mikä kiinnostaa [ce = tout ce qui peut intéreser]
ceux qui arrivent ne, jotka saapuvat [ceux = les gens, les trains]
ce qui arrive se, mitä tapahtuu [ce = tout ce qui se produit]
Dans le cas des constructions avec complément du nom (genetiivirakenteet), en finnois on n’utilise pas de pronom anaphorique du tout :
c’est celle [la voiture] de ma sœur = se on siskoni.
À cause de l’absence de pronom équivalent en finnois, cette langue utilise par exemple des adjectifs pour rendre les constructions prépositionnelles :
le journal d’hier eilinen lehti ■ le concours de l’an dernier viimevuotinen kilpailu
Pour cette raison, les apprenants de français ont parfois tendance à appliquer cette transformation de l’adjectif de façon inverse à tous les adjectifs. Exemple de formes erronées relevées chez des apprenants finnophones :
la plus grande partie de ces romans sont *ceux les plus vieux = … sont les plus vieux.
Le subjonctif français reste un sujet complexe surtout pour les étudiants non-francophones, comme *ceux finnophones. = … comme les finnophones.
De plus, les manuels FLE se distinguent de *ceux finlandais. = … se distinguent des finlandais.
34. Le pronom celui/ce. Mise à jour 28.11.2022